(+ Declan) secrets are poison

Mallory n’aurait jamais cru, dans sa vie toute entière, qu’elle expérimenterait un jour le travail d’escort girl. Si quelqu’un lui avait envoyé ça au visage, sûrement ce serait-il pris une mandale en retour… mais ce soir, force est de constater qu’elle brillait par sa robe outrageuse, sa prestance, sa conversation et… par son accompagnateur qui n’était autre qu’un homme très influent et très riche. La raison d’un tel job nocturne ? Sauver le club. Son crew était dans la merde jusqu’au cou et malheureusement, la jolie anglaise manquait cruellement d’options. Jamais elle n’irait jusqu’à coucher, c’était hors de question, mais être payée un tel prix pour supporter de se faire tripoter juste les fesses pendant quelques heures, elle pouvait le supporter aisément. Au pire, elle se dégoûterait quelques semaines et puis tout rentrerait dans l’ordre. Du moins c’est la pensée à laquelle elle s’accrochait vivement jusqu’à ce qu’elle ne croise son regard… Declan. Magnifique dans son costume, classieux au possible, et au bras d’une femme non moins époustouflante. « Merde… » murmura-t-elle sans savoir comment réagir. Dans une première hypothèse, l’irlandais allait garder ses distances. Dans une deuxième… elle allait en prendre pour son grade !

 « N’empêche, amener ta sœur à ce genre de soirée pour te tenir compagnie, c’est petit Declan. Tu n’as trouvé aucune cruche à te mettre sous la langue ? Tu fais pitié grand frère, quand je vais dire à m’man que son bichon ait devenu un impuissant tsss » me taquina ma sœur tandis que je la fusillais du regard. Moïra pouvait être aussi chieuse qu’un tic flanquée dans le cou d’un clébard sur le retour mais je l’adorais comme ce n’était pas permis.  « Vas-y et je lui dirais que tu t’envoies le fils de Dante, je suis pas sûr qu’elle apprécie que tu fréquentes avec un petit employé de la famille » débitais-je avec ironie. Ma sœur me fusilla du regard mais je savais que j’avais fait mouche si bien qu’un sourire amusé trôna rapidement sur mes lèvres.  « Connard ! » m’insulta-t-elle mais je ne l’entendais déjà plus. Non mon attention était focalisée sur une femme, habillée d’une manière que la décence désapprouverait et au bras d’un homme qui pourrait être son père s’il ne lui malaxait pas le cul comme on ramone une cheminée.  « Je reviens ! Va te chercher à boire si ça te change » marmonnais-je en déposant un baiser sur la joue de ma sœur pour mieux m’éclipser, lançant un regard on ne peut plus compréhensible à Mallory : ramène ton cul fissa !

Dans la merde, Mallory l’était jusqu’au cou ! Au regard que lui lança Declan la seconde qui suivit leur premier contact visuel, elle sut qu’il ne l’incitait pas à la suivre dans un coin tranquille pour lui conter fleurette, bien loin s’en faut. Elle parvint à se détacher de son accompagnateur grivois au bout de cinq longues minutes en prétextant tout bêtement une envie pressante pour mieux retrouver Declan dans une salle isolée ou personne ne les entendraient si d’aventure il leur prenait de pousser des cris. Mais autant dire que Mallo était dans ses petits souliers car il avait l’air aussi aimable qu’une porte de prison rouillée… et encore, elle était presque tentée de dire qu’elle en avait connu de plus aimables. « Écoute, si tu es en colère, c’est temporaire, d’accord ? Je suis un peu coincée… ah je ne sais pas comment t’expliquer ça, c’est compliqué ! Pitié dis quelque chose franchement tu me flanques la trouille là… »

 « Depuis quand tu t’habilles en pute pour te faire peloter par un vieux pervers ? ça dure depuis combien de temps ?! » lui demandais-je d’une voix froide. Elle avait voulu que je dise quelque chose, elle avait été servie mais en même temps, il ne fallait pas s’attendre à mieux de ma part car la galanterie, la gentleman attitude s’étaient envolées en même temps que je l’avais aperçu. Je ne pensais tout de même pas avoir une réaction disproportionné car tout homme voyant sa petite-amie se faire ravager les fesses par un inconnu qui pourrait être son père, ça faisait mal même pour un gars pourtant reconnu comme quelqu’un de sans pitié comme moi. Oui, j’avais bien dit petite-amie car je considérais cette femme comme tel puisqu’il nous arrivait de nous voir régulièrement et pas que pour parler. Seulement, je me rendais compte que j’avais pris mes rêves pour des réalités et la chute n’en était que plus brutale.  « Donne-moi une bonne raison de pas aller péter la gueule à ce type ! »

« En p… en pute ?! » Mallory perdit aussitôt les pédales à ce mot et ne put contenir sa gifle. Elle était partie toute seule et autant dire qu’elle fut secouée par le remord aussitôt mais ce mot la rendait marteau, littéralement. Certes, le procédé pour aider le club n’était pas forcément le plus reluisant mais cela payait bien, vite et sans bavure puisqu’à la fin de la soirée, elle quittait ce « vieux pervers » comme il venait de l’appeler sans dommage et sans autre promesse. « Je ne suis pas une pute, je ne couche pas avec cet homme et c’est la première fois que je le fais merde ! Je ne suis pas plus à l’aise que toi avec l’idée sauf que tu n’es pas celui qui le fait je te rappelle ! Le club a besoin de cash… beaucoup de cash et très vite. C’était la seule solution que j’avais sous la main alors je l’ai fais quitte à me dégoûter pendant des semaines. Ecoute, je suis désolée… je n’ai pas vraiment beaucoup d’options sans enlever mes vêtements. »

La gifle était partie et malgré moi, ma réaction fut virulente car je plaquais aussitôt Mallory contre un mur, ma main sur sa gorge comme si j’allais l’étrangler et autant dire que mon regard n’était pas le plus chaleureux de la terre.  « Ne t’avise plus jamais de lever la main sur moi sinon tu risques d’avoir un retour qui ne te plaira pas, crois-moi sur parole ! » déclarais-je froidement avant de lui demander abruptement ce qu’il en était. Elle avait intérêt à être convaincante même si rien n’excuserait le fait qu’elle était allée se foutre dans un beau merdier.  « Parce que tu crois naïvement que tu vas pouvoir jouer les accompagnatrices de charmes et repartir comme si de rien n’était ? Tu ne peux pas être aussi naïve ! Putain l’anglaise, tu as quelque chose dans ce cerveau ? Tu mets un pied dans ce milieu et après c’est le cul qui suit » lâchais-je avec une certaine amertume et déception tandis que je me forçais à relâcher la pression sur sa gorge, m’éloignant d’elle par la même occasion.  « Et venir m’en parler, ça ne t’a pas effleuré ? Que je suis con, je suis simplement là pour t’envoyer en l’air, c’est bien ça ? »

En l’espace de quelques secondes, une vive douleur s’empara du bas de son dos et de sa gorge alors que Declan la plaquait violemment contre le mur. Il lui faisait peur, mais sûrement était-ce le but recherché. Pendant un instant, Mallory crut qu’il avait sincèrement envie de la tuer, mais la raison lui échappait encore : une simple gifle lui avait fait perdre ses moyens à ce point, il ne devait pas forcément aimer les expressions délicates du genre. « C’est bien noté » lâcha-t-elle avec amertume, toussant lorsqu’il relâcha son étreinte. Mallo passa une main contre sa gorge douloureuse, refusant de le regarder. « Parce que je suis censée savoir que tu es riche à millions ?! Tu mélanges tout, ça n’a rien à voir avec toi et moi, mais… je ne sais même pas pourquoi j’argumente. Je vais éviter je ne voudrais pas que tu me passes par la fenêtre ! »fit-elle en quittant la pièce, le cœur battant, finissant sa soirée avant d’empocher ses gains et de se promettre de ne plus toucher à ce genre de milieu. Hélas pour elle, Mallo n’était pas au bout de ses peines avec Declan car trois jours plus tard, à la fac, c’est au bras d’une poulette blonde qu’elle le vit, bras dessus bras dessous. Aouch. Il pouvait toujours lui faire la morale… « T’es bien beau avec ta morale O’Malley, en attendant c’est toi qui va voir ailleurs ! »fit-elle avec amertume, les trouvant au détour d’un couloir désert. Declan lui foutait toujours les jetons mais en attendant, elle voulait défendre son honneur tout de même. « Dégage la bleue, t’as pas compris qu’il ne voulait pas de toi ? Il a trouvé une jument avec des plus gros arguments… »

Je m’en voulais mais au moins avais-je réussi à calmer ma colère suffisamment pour ne pas la tuer. Mallory avait de la chance que je me sois contrôlé au dernier moment sans quoi, elle aurait passé un sale quart d’heure. De ce côté-là, je tenais réellement de ma mère et ce n’était pas furieusement une qualité bien au contraire. Remarquez, je n’étais pas un enfant de chœur loin de là s’en faut. Je la laissais donc s’en aller, ne répondant rien à ses propos. Cela ne servait à rien, nous n’étions fatalement pas du tout sur la même longueur d’onde. Si elle voulait continuer de se vendre aux plus offrants, je n’avais rien à lui dire point barre. J’étais peut-être injuste mais j’étais ainsi. Je ne supportais pas ce genre de choses. Trois jours plus tard, j’avais pêché une blonde, pas trop conne mais au cul d’enfer. C’était un lot de consolation et une façon comme une autre de me voiler la face en m’imaginant que ne plus voir l’anglaise était une bonne chose. Il était presque normal que nous la croisions, à croire que le destin s’acharnait sur moi.  « J’ai pas besoin de la payer au moins » rétorquais-je avant d’être agacé par les propos de la blonde dont je ne me souvenais guère du prénom.  « On t’a pas sonné et je n’aime pas quand on parle à ma place… Dégage ! » lui dis-je en oubliant d’y mettre les formes. Personne n’avait le droit de critiquer Mallory… à part moi. La blonde se vexa d’être ainsi rabrouée.  « Connard ! » lâcha-t-elle avant de nous quitter.  « Je peux savoir c’est quoi ton trip de me taper une scène ? »

« M’aurait étonnée que tu ne rétorques pas ça évidemment, mais tu es bien libre de te taper qui tu veux et de croire ce que tu veux, tu me l’as très bien fait comprendre l’autre soir »fit-elle avec amertume avant d’être à moitié agressée verbalement par l’autre blonde, qui fut dégagée vite fait bien fait sous le regard étonné de Mallory. Elle aurait cru que Declan les laisserait s’entretuer, car Mallo était prête à rétorquer illico presto, mais cela la rassura presque avant qu’elle ne pousse un soupir la seconde qui suivit. « Je te tape une scène comme tu m’en as tapé une l’autre soir, je crois qu’on est quittes, mais ça ne me dit pas pourquoi tu attaques… pourquoi ça semble t’atteindre autant ? Pourquoi est-ce que tu t’en fais autant ? Je n’ai pas couché avec ce type et je m’en suis sortie en un seul morceau… je ne suis pas venue te trouver parce que je ne voulais pas te mêler à mes problèmes et aussi parce que la somme d’argent était très, très importante. Je ne connais rien de toi Declan… l’inverse est aussi vrai mais tu ne peux pas me blâmer de ne pas être venu te trouver alors que je pensais en toute honnêteté que tu n’aurais pas cette capacité financière. Ce n’était pas juste une question de fierté… j’ai fais ce que j’avais à faire pour aider le club, je n’ai pas honte. Je pense que tu peux comprendre ce que le mot « sacrifice » pour une famille veut dire… je suis désolée si je t’ai blessé, ce n’était pas le but. » D’un geste délicat, Mallo caressa doucement la joue de l’irlandais. « Et je m’excuse aussi pour la gifle, même si toi tu m’as flanqué un sacré bleu au bas du dos, tu défends très bien ta vie ! Tu ferais mieux de rattraper ta blonde, ce serait dommage que tu passes la soirée seul » fit-elle avant de lui offrir un faible sourire et de le dépasser, le cœur battant, se maudissant intérieurement. Mais que pouvait-elle espérer ? Rien.

Je sentais que ça allait une nouvelle fois partir en couille toute cette histoire, aussi préférais-je me la fermer quand elle en relança une couche sur cette soirée mais la blonde crut bon de l’ouvrir pour attaquer Mallory. Or, il était hors de question que je la laisse faire. Ce n’était pas très propre vis-à-vis de ma confrérie mais peu importe, lorsque j’étais énervé, j’oubliais très rapidement la bienséance ou même la galanterie envers les femmes. Je la dégageais sans problème, ne la regardant même pas partir, les mains dans les poches de mon jean, les yeux rivés sur mon anglaise. Oui, elle était à moi qu’elle le veuille ou non, que je sois furax ou non après elle. Silencieusement, je l’écoutais me poser ses questions et répondre à d’autres que je n’avais pas encore posés. Elle ne comprenait rien et je mesurais l’état de son innocence. J’avais peut-être fait d’elle une femme mais elle était totalement ignorante du reste. Je soupirais, la laissant me caresser la joue mais à peine avait-elle fait mine de me dépasser que je l’attrapais par le poignet pour la ramener vers moi, la plaquant en douceur contre les casiers derrière elle.  « Tu n’as absolument rien compris ?! Si j’étais si en colère petite ingénue, c’est que je nous considérais comme sortant ensemble. Tu crois que je suis du genre à avoir une relation suivie avec une femme ?! Les sexfriends, ce n’est pas trop mon trip, si je veux soulever une femme, je n’ai pas besoin d’avoir un numéro préenregistré sur mon portable. Alors ouais cela m’a blessé de te voir dans une robe qui te donnait des airs de prostitués que tu le veuilles ou non » soupirais-je, toujours agacé.  « J’ai aucune envie d’aller la retrouver, je me rappelle même plus de son prénom » haussais-je les épaules en dardant sur elle un regard scrutateur.  « Je te l’ai dit, je suis un homme dangereux l’anglaise mais plus que tout, je ne suis pas partageur que ce soit pour le bien de l’humanité ou quoique ce soit d’autres comme connerie alors si je t’embrasse là maintenant et que je te retrouve à te vendre aux plus offrants, tu regretteras d’avoir croisé ma route. On est bien clair tous les deux ? Je vais être gentil et t’accorder une seule chance de te tirer. C’est à prendre ou à laisser »