(+ Declan) motorcycle romance

« Ouaaaais c’est ça fous-toi de moi alors que tu conduis ta Harley comme une grand-mère ! » lança Mallory alors qu’elle venait juste d’arriver au tattoomotor show en pleine banlieue de Cambridge avec son crew. Hors de question que de ne pas être là bas, même s’il fallait venir sur une civière. Les pics de potaches allaient bon train d’ailleurs jusqu’à ce que son regard se pose sur une silhouette bien loin de lui être inconnue. Mallo s’excusa auprès de ses comparses, se dirigeant vers Declan en lui souriant jusqu’à ce qu’elle ne soit à moitié menacée d’une arme – en toute discrétion bien évidemment. « Hey, easy ! Si c’est pour te la jouer Western je vois pas très bien ce que tu fous là » s’adressa-t-elle au « garde du corps » de l’irlandais en le fusillant du regard, non sans hausser les sourcils. « Mauvaise idée d’être civilisée manifestement, je vous laisse vous éclater en solo » lâcha-t-elle à moitié hilare, haussant les épaules avant de tourner les talons. Avais-je oublié de signifier que Mallo, en dehors de son cuir aux couleurs de son crew, portant une combi en cuir la mettant particulièrement en valeur ? Bien sûr que non !

"Charlie, j'ai vraiment pas besoin de toi aujourd'hui, qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive et je suis un grand garçon alors dégage cousin" râlais-je de mauvaise humeur tandis que je toisais mon cousin d'un regard noir. Pour une fois que je pouvais me rendre dans ce genre de manifestation. "J'ai des ordres de tata alors désolé cousin mais je te suis comme ton ombre !" me répondit-il tandis que je grognais sous sa réponse. La poisse ! Bon gré, mal gré, j'enfonçais les mains dans mon jean, marchant parmi les différents stands. Je me serais bien refait un tatouage songeais-je avant de sentir une tension derrière moi. Je la reconnaissais, c'était celle de mon cousin dès qu'une personne m'approchait d'un peu trop près. "Reviens ici petite anglaise, mon cousin est un peu trop parano" marmonnais-je tandis que je la rattrapais par le poignet. "Tu es venue avec ta colonie de vacances?" lui demandais-je avec un léger sourire.

Mallory adorait les manifestations du genre surtout lorsqu’elle pouvait s’y rendre avec son crew, mettre son cuir sans craindre qu’on ne l’emmerde avec ça et se foutre éperdument du regard des autres. Cependant elle ne pensait pas une seconde qu’un espèce de garde du corps sur le retour la menacerait littéralement alors qu’elle ne faisait que dire bonjour… une chance que Declan l’ait rattrapée sans quoi Mallo serait retournée auprès de son crew et à ciao bonsoir. « Je ne vois pas très bien ce que j’aurais pu te faire même avec mes petits bras m’enfin… je suis venue avec ma famille à moi » fit-elle d’un ton légèrement amusé, non sans toiser plus narquoisement ledit cousin l’ayant précédemment menacée. « Je venais juste te dire bonjour, point barre. Il se trouve qu’en Angleterre on apprend ce genre de politesse mais je ne suis pas sûre que je vais continuer sur cette voie si monsieur joyeux numéro un reste à me scruter comme si j’allais t’arracher les tripes… besoin d’un garde du corps, peut-être ? »

"Grande famille à ce que je vois. Ils font un tarif de gros pour le cuir?" demandais-je, amusé non sans garder son poignet au creux de ma main comme si je me refusais à la laisser s'échapper. J'avais longuement pensé à elle depuis notre rencontre et notre tandem avorté dans les douches. Cette femme m'obsédait et sa tenue n'était pas pour me déplaire non plus, il faut l'avouer. "Je t'ai dit, il y a beaucoup de choses que tu ignores sur moi et il vaut mieux que cela reste ainsi. Cela a du bon parfois le mystère non?" la taquinais-je tandis que je pouvais aisément sentir le questionnement de mon cousin. On avait pratiquement grandis ensemble, autant dire que je connaissais toutes ses réactions. Il se demandait qui était cette fille avec qui je me montrais aimable. "Par contre, il y a beaucoup mieux comme bonjour tu ne trouves pas? Laisse moi te montrer comme un irlandais salue" lui dis-je avec une lueur amusée dans le regard avant de cueillir un baiser sur ses lèvres. "Bonjour l'anglaise" lâchais-je peu après. "Au passage, très jolie tenue ! Si tu cherches à séduire, je crois que tu ne peux pas mieux t'y prendre, tous les mecs te reluquent"

« Tarif de gros extrêmement mérité ! » s’amusa-t-elle la seconde d’après, toujours sur le même ton mais surtout sans se dégager de l’étreinte qu’exerçait Declan contre son poignet. Si elle avait voulu s’en déloger, elle y serait parvenue sans peine vu qu’il ne la retenait pas de force mais ce qui la dérangeait, c’était de sentir le regard insistant de l’autre inconnu contre eux. Il y avait plus discret comme conversation bien que l’irlandais semblait s’en amuser plus qu’autre chose. « Je n’ai pas dit le contraire. Mais c’est pas évident d’être naturelle avec quelqu’un qui scrute ses moindres mouvements… justsayin’ ! » répliqua Mallory avant de se raidir légèrement lorsqu’il l’embrassa, sans pour autant ne pas lui rendre son baiser. Pourquoi était-ce si naturel à ses yeux, si logique même ? « Bonjour l’irlandais… et merci pour ma tenue c’était plutôt le but recherché ! Au moins je suis sûre que je serais repérée, reste à savoir par qui exactement mais comme tu l’as dit, le mystère, c’est le top ! »

Elle n'avait pas tort, Charlie pouvait être intimidant de temps en temps quand on ne le connaissait pas. En fait, il était un curieux mélange de la force tranquille de sa mère et de la dangerosité de son père bien qu'il conserve une douceur somme toute naïve de temps à autres. Je l'adorais, il était le seul savoir me canaliser. Ce n'était pas pour rien que ma mère l'avait placé à ma protection. "Est-ce une façon de me dire que tu as envie d'être seule avec moi? Il suffit de me le dire et j'essaierai d'être un gentil garçon mais bon... Pas certains que tes potes te laissent partir avec moi" lui souriais-je narquois. Charlie n'était pas le seul à nous observer, toute sa joyeuse bande s'en donnait à cœur joie. Est-ce pour cela que je l'embrassais? naturellement. J'aimais marquer mon territoire d'une façon ou d'une autre. " Je crois que tout le monde t'a repéré, tu vas avoir l'embarras du choix du moins, si ces mêmes personnes arrivent à survivre... Les accidents, c'est fou comme ils surviennent rapidement" marmonnais-je avant qu'un raclement de gorge ne se fasse entendre. "C'est bon Charlie, je peux gérer... Rentre" lui dis-je sans quitter la jeune femme du regard. "Tu t'expliqueras avec tata !" répondit-il avec nonchalance, nous quittant la seconde qui suivait.

« Un gentil garçon hein… ça vaut le coup d’essayer » fit-elle avant d’éclater de rire face à la menace de ce jeune homme qui semblait être son cousin, du moins si elle lisait bien entre les lignes. Mallory s’excusa quelques instants auprès de Declan pour mieux se diriger d’une démarche chaloupée auprès de son crew, ne l’ayant pas lâchée des yeux comme si elle n’était autre qu’une brebis menacée par un loup. Elle embrassa la joue de chaque membre, en prenant certains dans ses bras pour mieux leur dire qu’elle revenait et qu’ils n’avaient aucun souci à se faire pour elle : après tout, Mallo était démerde depuis très longtemps et c’est grâce à son talent en la matière qu’elle avait gagné sa place au sein du crew, même en tant que femme. « Mon crew ne t’emmerdera pas. Considère ça comme un renvoi d’ascenseur vu que tu as renvoyé ton cousin par contre pour les autres, je ne peux pas prédire comment ils réagiront. Tu veux aller où ? »

J'aimais son rire notais-je bizarrement dans un coin de ma tête. C'était étrange qu'elle m'obsède à ce point. Je n'avais jamais eu de petites-amies, souvent des histoires d'une nuit. Ce n'est pas que je ne voulais pas m'attacher mais j'en étais tout bonnement incapable. Je ne savais pas me poser, envisager l'avenir autrement qu'en solitaire. Enfin non, il y aurait toujours Charlie, ma plus fidèle ombre mais même lui, je sentais qu'il ne se plaisait pas dans la vie qu'il menait. C'était un littéraire, un doux rêveur, un amoureux du patinage artistique. Toutefois, il ne valait mieux pas le chercher sinon, autant dire que son mauvais côté refaisait surface. Il était plein de facette, comme Mallory. Oui, cette femme m'intriguait. "Ils ne me font pas peur, qu'ils essaient de me chercher des emmerdes et je peux te prédire une chose : ils auront très mal. Je ne suis pas un gentil garçon Mallory" répondis-je comme si, je voulais la mettre en garde mais pour le peu que je savais d'elle, je m'attendais à une répartie du genre : moi de même, même pas peur ou quelque chose du genre. Tant mieux après tout, je n'aimais pas les pleureuses. "Dans la partie réservée aux tatoueurs, ça te tente?" lui demandais-je non sans glisser un bras autour de ses épaules, profitant qu'elle ait le dos tourné pour faire un doigt d'honneur à son gang. Joueur? C'était de famille.

L’espace de quelques secondes, Mallory eut une expression plus sérieuse, surtout après la réplique de Declan une fois qu’elle fut de retour auprès de lui. « Il ne te chercheront pas de poux si tu ne me fais pas de mal, mais je te rassure tout de suite, gentille fille ne fait pas réellement partie de mes attributions. » Si l’on voulait le genre de fille douce, compréhensive et chiante, que l’on s’adresse à sa jeune sœur Kerriane. Mallo était davantage une louve manipulatrice et c’est son tempérament démerde qui lui avait valut d’être aussi respectée dans ce milieu. « Je ne sais pas si tu cherches à m’attirer vers toi ou à m’éjecter, c’est assez nébuleux… mais si tu voulais vraiment m’éjecter, tu ne m’aurais pas embrassée. Je crois que tu ne sais pas franchement ce que tu veux en fait » fit-elle remarquer non sans hausser légèrement les épaules, mine qu’elle s’en foutait pour le moment. Mallo l’accompagna auprès des tatoueurs, entourant son bras autour de la taille de Declan pour mieux esquisser un petit clin d’œil entendu à l’un d’entre eux, à l’origine de son tatouage dans le dos. « Envie de te faire encrer dois-je comprendre ? »

"J'aime ça" lui avouais-je avec un léger sourire. "Tu es quand même un paradoxe à toi toute seule. Tu peux être aussi assurée qu'attirante mais redevenir une jolie poupée lorsque l'on aborde certaine chose comme ton innocence... D'ailleurs, l'es-tu toujours où as-tu craqué ?" lui demandais-je sans me démonter. J'espérais qu'elle me dise qu'elle l'était toujours car dans le fond, j'aspirais à la faire devenir femme. C'était très con, je ne m'étais jamais senti l'âme d'un homme possessif. D'ailleurs, je m'étais toujours foutu de la gueule de mon père à ce sujet. "Je cherche peut-être simplement à te mettre en garde à mon sujet sans pour autant te chasser. Disons qu'une personne avertie en vaut deux" terminais-je par lui répondre après un léger silence tandis que je la serais un peu plus contre moi, marchant bras dessus bras dessous dans les allées du salon jusqu'au coin tatouage. "Ouais, ça me botterait bien, j'aime les tatouages même si je n'en ai pas un aussi grand que toi dans le dos" la taquinais-je. Non, les miens étaient plutôt concentrés sur les bras même si le tatouage de la famille ornait mon omoplate droite.