(+ Bambi) I can't tell you my secret

Voilà plus d’une semaine que je n’avais pas revu Bambi. Il faut dire que je m’employais à éviter du mieux que je pouvais ma meilleure amie. Je ne pouvais pas lui faire face alors que j’avais l’impression que mon esprit me jouait des tours en sa présence, que toute ma vie partait en lambeau. Je peinais d’ailleurs à m’y retrouver entre un petit-ami aux abonnés absents, l’engueulade avec ma mère si bien que cela faisait une semaine que je galérais avec Jack qui n’arrivait pas à dormir. D’ailleurs, une semaine que je dormais dans un hôtel non loin de la fac de peur de réveiller ma colocataire. J’étais épuisée et mon coach durcissait chaque jour un peu plus l’entrainement. En somme, j’étais au bout du rouleau. « Au moins, cet aprem, tu dors mon chéri » murmurais-je en regardant mon bébé dormir à poings fermés dans son lit parapluie. Des coups résonnèrent à la porte de ma chambre et je m’empressais d’ouvrir. « Bambi ?! » m’exclamais-je maladroitement en me mordillant la lèvre. Je n’avais qu’une envie, me fondre dans ses bras… HELP ME PLEASE ! « Euh, je peux t’aider ? Jack dort alors s’il te plait, fais pas trop de bruit » la suppliais-je.

« Au moins tu te rappelles de mon prénom ! » murmura Bambi, fidèle à la promesse implicite qu’elle venait juste de faire à Mina en vue d’éviter de réveiller Jack. Mais la jolie Mather était tout de même en rogne : pas un coup de fil ni un sms en UNE SEMAINE. Ni retour d’appels, d’ailleurs ! Cela ne ressemblait guère à la demoiselle, tant et si bien que la blondinette n’avait pas eu d’autre choix que de venir la trouver en personne. « Tu as l’air d’un zombie… je peux savoir ce que t’as foutu pendant une semaine que tu ne m’as jamais rappelée ? T’es vraiment bizarre en ce moment Mina ! » lança-t-elle, sourcils froncés, évitant surtout d’avoir le mot de trop et de ménager les susceptibilités. « Je suis passée pour voir comment tu allais… tu as des nouvelles créations dans ton armoire ? J’peux voir ? »

Bien que murmurée, la remarque fit mouche et je baissais la tête coupable. Oui, je l’avais évité mais c’était pour le bien de notre amitié. Bambi ne devait surtout pas apprendre tout ce qui se passait dans ma tête lorsque je la voyais. Je ne voulais pas voir son visage se figer dans une expression de dégout car moi-même, je me dégoutais. Merde, c’est vrai quoi, elle était mon amie, la plus proche même et je ne pouvais m’empêcher de la désirer mais pas uniquement sexuellement. Je voulais plus avec elle que je n’en avais voulu avec qui que ce soit. « J’avais beaucoup de choses à faire, tu sais les partiels etc.. Je ne veux pas me rater et puis mes parents sont en vacances alors je garde Jack » lui mentis-je n’osant pas lui dire que je m’étais disputé avec ma mère et que du coup, je me retrouvais à gérer mon fils entièrement pour la première fois depuis mon accouchement. « Je.. oui oui » répondis-je avant de me rappeler qu’il y avait des tenues que je ne voulais absolument pas qu’elle voit. « En fait non.. c’est trop moche, regarde pas ! Je.. peux t’aider en quoique ce soit sinon ? » tentais-je de noyer le poisson.

Bambi n’était ni née de la dernière pluie, ni complètement idiote et puis elle connaissait bien trop Mina pour se contenter de vagues excuses… surtout pas alors qu’elle voyait la fatigue marquer son beau visage, chose qui lui fit froncer les sourcils avec d’autant plus de virulence. « Je vais faire semblant de te croire » avoua-t-elle pour bien montrer qu’elle n’était pas dupe mais que si la jolie Dunster ne voulait pas lui dire la vérité, libre à elle. La belle Mather n’était pas du genre à fouiner dans la vie d’autrui sans le consentement de ce fameux autrui, du moins jusqu’à aujourd’hui car son changement soudain d’avis lui mis la puce à l’oreille. « Qu’est-ce que tu me caches ? » demanda-t-elle avant de n’en faire qu’à sa tête, se dirigeant jusqu’à l’armoire, qu’elle ouvrit, découvrant par la même occasion plusieurs tenues si affriolantes qu’elle n’avait pas pu les faire pour quelqu’un, impossible. A moins que ce quelqu’un ou en l’occurrence cette quelqu’une soit prostituée de métier. « Tu peux m’expliquer ? » fit-elle d’un ton des plus glacials en prenant un cintre en main contenant une tenue de cuir des plus suggestives.

Je baissais la tête. Bambi avait toutes les raisons de m’en vouloir mais je ne pouvais pas lui avouer ce qui se passait dans ma tête. J’étais perdu. J’ignorais si ce que je ressentais pour elle était vraiment de l’amour ou si, je ne transposais pas tout simplement toute mon amitié à son égard en un amour virtuel. J’étais paumé et avoir Jack à temps plein était en train de me rendre dingue. J’avais besoin de dormir, j’étais au bord de la crise de nerf sans compter qu’en plus de mes études, je cumulais deux jobs dont l’un qui n’était pas des plus avouables. « Je… Je te cache rien ! » baragouinais-je piteusement mais déjà, ma meilleure amie ouvrait la porte de l’armoire. Et comme je le craignais, elle était tombée sur plusieurs de mes dernières créations. Celles-là, je n’en étais pas du tout fière mais elles m’étaient utiles pour mon travail. « Ne te mets pas en colère contre moi s’il te plait » reniflais-je en me laissant tomber assise sur mon lit. « Je me suis disputée avec mes parents et j’avais besoin d’argent… J’ai essayé de faire des heures sup’ au Lord Hobo mais ça ne couvre pas mes frais… J’ai pas beaucoup de talent Bambi et le seul que j’ai, c’est de plaire aux hommes » soupirais-je.

Dès que Bambi avait l’impression qu’on lui cachait quelque chose, elle se glissait littéralement dans la peau d’Hercule Poirot et fouinait jusqu’à dénicher LA preuve. La belle blonde savait par avance que le comportement de Mina n’était pas naturel, restait à savoir pourquoi : la Mather avait-elle fait quelque chose l’ayant froissée ? Avait-elle des soucis ? Bambi était bien prête à tout pour découvrir la vérité mais elle ne s’attendait pas une seconde à tomber sur de telles… créations ne laissant guère de doute quant à la raison de leur présence. « Tu te fous de moi ?! » s’emporta-t-elle aussitôt, car dire à Bambi de ne pas se mettre en colère, c’était comme demander au soleil de ne jamais se lever pendant quatre-vingt jours… une hérésie. « Arrête tes conneries trente secondes en me sortant que t’as pas de talent, je te trouve en trente secondes une cliente pour tes créations ! Alors c’est ça ta solution miracle… offrir ton corps à la merci du plus offrant ? Parce que je suppose qu’il s’agit bien de ça, non ? J’ose espérer que tu n’es qu’escort et que tu n’as pas définitivement franchi toutes les limites de la bienséance ! Merde Mina ! Pourquoi t’es pas venue me trouver au juste ?! Je t’aurais aidée bordel ! »

Elle allait me tuer, m'engueuler bref me passer au rouleau compresseur et je ne pouvais rien faire d'autre que de subir. Je ne pouvais pas lui expliquer les raisons premières de mes problèmes, elle ne pourrait pas comprendre et je ne voulais pas revoir la moindre expression dégoutée sur son si joli visage. "Bambi, s'il te plait... Jack va se réveiller" la suppliais-je de baisser d'un ton pour ne pas réveiller mon fils. J'avais tellement eu de mal à l'endormir que si je l'entendais une nouvelle fois pleurer, j'y perdrais mes nerfs en route. "Et tu aurais fait quoi?! Tu m'aurais donné de l'argent toutes les semaines pour palier à mes dépenses? Tu es ma meilleure amie, pas ma banquière" murmurais-je en sentant les larmes glisser sur mes joues. "Je... ne me prostitue pas si c'Est-ce que tu sous-entends. Je ne fais que tenir compagnie à des hommes... et des femmes fortunées en mal de présence" ajoutais-je en déglutissant péniblement. Je ne voulais pas qu'elle me juge trop durement. "Je sais que je suis une brillante créatrice mais le tissu n'est pas gratuit et en prime, je dois me racheter une machine à coudre car la mienne à rendu l'âme. Regarde autour de toi, je n'ai pas de place dans ma petite chambre d'étudiante pour créer... Et puis, je gagne deux fois plus en jouant les potiches"

Difficile pour Bambi que de se calmer dans pareilles conditions. Ceci dit, la réplique de Mina lui rappelant que Jack dormait pas loin suffit, pour le moment du moins, à apaiser légèrement la colère sourde bouillonnant dans ses veines. Elle avait de la chance ! « J’suis pas ta banquière, et alors ?! Rien à taper, quand un ami est dans la merde, je l’aide point barre, c’est pas une question de banque ou de quoi que ce soit d’autre ! » répliqua-t-elle aussitôt, en murmurant certes, mais d’un ton extrêmement dur pour lui faire comprendre que ce genre d’excuses bidons ne marchait pas avec elle, loin de là. « Bordel de putain de merde Mina mais il te reste deux neurones dans le cerveau ?! Ouais, ce genre de métier apporte beaucoup d’artiche mais si jamais tu as un client violent qui te brise les doigts et t’empêche à jamais de créer ou de prendre soin de ton fils, tu fais quoi ? Ça te coûtait quoi de venir m’en parler, on aurait trouvé une solution !! Ne serait-ce que te trouver une place au palace de Vegas où je bosse bordel ! Là tu aurais eu pléthore de place où bosser, une machine à coudre offerte et des dizaines et des dizaines de robes à faire tous les jours… bordel ça me tue que tu me fasses aussi peu confiance !! »

"Peut-être mais je ne voulais pas qu'il y ait une histoire d'argent entre nous surtout que j'ignore si je pourrais te rembourser un jour" répliquais-je déjà fatiguée de ce bras de fer. Je ne voulais pas me disputer avec elle, je désirais tellement d'autres choses à son contact mais surtout, je ne voulais pas la décevoir davantage. "Et je ferais quoi de mon fils? Je ne peux pas le laisser à la première inconnue passant pour aller parcourir la moitié du pays un week-end sur deux. Si tu aimes cette vie, je n'ai pas forcément envie de subir la même chose déjà que je vais devoir voyagé pour mes compétitions de natations.." soupirais-je avant de me rapprocher d'elle, glissant mes bras autour de sa nuque pour me blottir tout contre elle. "Je te fais confiance Bambi, même plus que je ne me fais confiance mais je sais que si tu découvrais tout ce que je te cache, je te perdrais et je ne veux pas. Je ne peux pas. J'ai besoin de toi dans ma vie B. Je t'aime trop"soufflais-je, le cœur en miette sachant qu'elle ne comprendrait jamais ma déclaration. C'était mieux ainsi.

« T’es vraiment butée comme c’est pas permis ma parole ! » vociféra-t-elle toujours en murmurant, bien que la donne soit diablement difficile pour quelqu’un d’aussi nerveux que Bambi. Fallait-il qu’elle respecte et adore diablement Jack pour ne pas s’exclamer à s’en faire exploser les cordes vocales. Oh elle en avait follement envie histoire de la secouer et lui faire entendre raison… « Ton fils serait avec toi avec Vegas, tu l’emmènerais ! Mais tu as raison, c’est mieux de faire bander des yeux pervers avec ton cul ! » Sans doute était-ce un peu cruel de la part de la jolie Mather mais à sa décharge, les arguments de Mina lui donnaient littéralement envie de mordre. La solution que la Dunster avait choisie n’était pas la bonne, et surtout pas la plus équilibrée pour son petit bout, c’était l’évidence même. « D’autant que si tu le mettais à la crèche, il serait quand même avec une inconnue je te ferais remarquer ! Quant au fait de me perdre, c’est sûr que continuer à me raconter des cracks va vachement me mettre d’humeur… »