MAMA TOLD ME NOT TO COME ◊ MINA

Vous le croirez si je vous disais que oui, Cody craignait un peu Mina ? Primo, il ne supportait pas qu'on hausse le ton avec lui. Ça ne l'énervait pas, c'est juste qu'il n'aimait pas, ça le bloquait. Secondo, comme il avait besoin d'elle, il se sentait presque soumis à chacune de ses exigences et ça frôlait limite l'asphyxie. Là par exemple, maintenant qu'il avait émis avoir des interrogations, il sentait qu'elle l'oppressait pour qu'il les dise afin de mieux l'engueuler par la suite. C'était vicieux. Il soupira. « Non c'est juste que ... » Non, il fallait qu'il arrête de parler de sa haine envers lui, ça ne faisait que la nourrir. Il dériva finalement sur le cours pour calmer les tensions. « … Je ne suis pas certain de comprendre les variations de la courbe. » se résout-il à dire en faisant une grimace. Qu'est-ce qu'il s'en fichait de cette courbe en réalité.

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Je ne voyais pas de quoi il avait peur. Enfin, d'accord, je pouvais comprendre qu'il ne voulait pas me déranger, vu comment je l'ai traité plus tôt, mais c'est quand même mon job de lui expliquer le cours, s'il y avait un passage qu'il ne comprenait pas. « Non c'est juste que ... » Que...? J'haussais les sourcils. Bon aller, sois gentille Mina. Ou du moins, essaie... « … Je ne suis pas certain de comprendre les variations de la courbe. » Ouais, moi non plus je n'avais pas aimé ce chapitre... « Pour faire simple, plus tu travailles, plus tu dois payer d'impôts. Mais à un certain moment, tu ne peux plus mettre tout ton travail au service de l'état. Ça reviendrait à ce que tout ton salaire parte pour le gouvernement. Donc, à un certain taux, la baisse du volume de production a pour effet de diminuer la base d’imposition. En gros, plus le taux d’impôt augmente, plus les rentrées fiscales sont importantes jusqu’à un certain taux. Après, les recettes baissent parce que personne ne voudrait travailler ou éviter la fraude fiscale pour éviter une taxation trop lourde. » Je m'étais finalement déplacée pour m'asseoir à côté de lui, et, en même temps que j'expliquais, je lui dessinais la courbe avec tous les détails de ce que je venais de dire.

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Non mais Cody, quand il avoua ne pas comprendre ce fichu Laffer (qui n'avait visiblement rien eu d'autre à faire de sa vie que torturer des étudiants en économie avec des théories bidons), il ne pensait pas que Mina prendrait au premier degré, qu'elle déblatérerait cinq longues minutes sur ce type. Cody la fixa avec des yeux gros comme CA, avant de reprendre le fil de ses explications, parvenant à assimiler deux-trois mots. Taxation, production ... On va dire que c'était entré dans sa tête. « Et c'est pour ça que les gens partent en Suisse ... » ajouta-t-il au discours de Mina avec une moue de scientifique. Actor studio attention. « T'es déjà allée en Suisse ? Il paraît que c'est beau, la montagne, la neige. Enfin je connais ça au Canada, aussi » Ah merde, c'est vrai, il n'avait pas le droit de copiner. Espérons qu'elle ne lui en tienne pas rigueur.

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Ouais, moi non plus je n'aimais pas ce chapitre. J'avais dû m'y prendre à plusieurs fois pour essayer de comprendre, vu les termes économiques qu'il utilisait. Moi, de mon côté, j'avais essayé de prendre le vocabulaire le plus simple pour l'expliquer à Cody, mais quand c'est l'économie, on ne pouvait pas non plus tout expliquer avec un lexique populaire. « Et c'est pour ça que les gens partent en Suisse ... » Je souris alors avant d'acquiescer. Il avait compris! « Exactement! » Sauf que voilà, je ne pensais pas qu'il allait détourner la conversation vers quelque chose de mieux... culturel. « T'es déjà allée en Suisse ? Il paraît que c'est beau, la montagne, la neige. Enfin je connais ça au Canada, aussi » Bien sûr, j'aurais dû m'en douter. Franchement, qu'est-ce qu'il faisait là... Néanmoins, je lui répondis quand même. « Oui, j'y ai déjà été, notamment pour faire du ski... Et pour le paradis fiscal. Mais là n'est pas la question. Allez, retourne dans ton chapitre. » Mon ton était calme, presque sympathique. Je retournais à ma place et repris mon travail.

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Mignon petit Cody parvint à décrocher à Mina la tortionnaire une phrase n'ayant aucun rapport avec le cours. Il vécut comme une victoire qu'elle parle de ses séjours en Suisse pour faire du ski sans ronchonner. Nan mais vous imaginez la scène ? La meuf parlait de ski et le mec arborait la tête de quelqu'un qui avait gagné les jeux olympiques quoi. Stratège, il ne poussa pas le bouchon plus loin, déjà très fier de son exploit. « On peut passer à autre chose ? J'ai compris Laffer, les taxes trop lourdes, les gens qui vont en Suisse pour faire du ski. What's next ? » Il parlait encore d'économie, of course. Sauf si Mina tenait à lui raconter ses vacances à Bora-Bora ou autres destinations paradisiaques.

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Zut, parler de la Suisse et du ski me donnait envie de repartir. Mais non, fallait que je me concentre sur ce travail. Ce Cody, il faisait quand même chié! Une question et il avait pu faire rentrer des images de vacance dans ma tête. Ah non, je ne le laisserai pas s'en tirer comme ça! « On peut passer à autre chose ? J'ai compris Laffer, les taxes trop lourdes, les gens qui vont en Suisse pour faire du ski. What's next ? » Je relevais mes yeux de mon écran, les sourcils froncés. Vraiment, il se sentait capable de passer à autre chose? Bon, s'il voulait alors... « Le chapitre suivant, la délocalisation. » Ça, c'était un chapitre facile mais on ne sait jamais hein...

Jouer à l'élève sérieux, modèle. D'accord. Ça allait cinq minutes. Là, le jeune homme ne tenait plus sur sa chaise, il avait envie de faire autre chose, de bouger, n'importe quoi. Mais rattrapé par sa conscience, il laissa ses pupilles brunâtres parcourir les lignes de son livre, accompagné d'un inévitable soupir de douleur. Douleur psychologique, la motivation n'y était pas. « On peut le sauter, celui-là je l'ai compris. » Les patrons d'entreprises qui délocalisent leur production dans les pays à bas salaires c'est bon, il avait saisi le gros du chapitre. Il s'accouda à la table et posa sa lourde tête sur sa main en attendant la suite du programme.

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À en voir le soupire et la tête que faisait Cody, il n'était franchement pas motivé. Et ça ne me motivait pas non plus. Mais j'étais quand même là, parce qu'il avait besoin de moi. Sauf que ça m'énervait de voir qu'il en avait rien à foutre. Je serrais doucement mon poing face à son manque de réaction. J'en fronçais même les sourcils. « On peut le sauter, celui-là je l'ai compris. » Oh vraiment, il avait tout compris? Bon et bien, un petit test alors. « Et bien, dis moi la différence entre délocalisation et sous-traitance alors. Et cite-moi les différents types de sous-traitance. Sans regarder le livre! » Je me penchais donc pour le prendre. Il m'énervait vraiment là.

À travers la fenêtre, Cody voyait le soleil à son plus haut, ses rayons tapaient fiévreusement contre les carreaux. Cette chaleur naturelle perturbait le jeune homme qui n'avait plus du tout envie de travailler. D'accord, dès le début, il n'avait pas spécialement montré d'entrain, à part dans les cinq premières minutes mais ça, c'était à cause du comportement de Mina qui ne l'encourageait pas. Maintenant, le soleil jouait avec ses nerfs. Mina aussi. Elle lui posa une colle sur le chapitre étudié et comme Bleeker était quand même à peu près certain de savoir y répondre, il tenta le tout pour le tout en rendant la chose intéressante ; « Et si on faisait un pari ? » Avant d'établir les termes du contrat, il voulait s'assurer que Mina se mouillerait ou si elle le remballerait sans discuter puisque ça semblait être une passion pour elle.

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Lui et ses yeux vers la fenêtre, lui et sa lassitude. Tout en lui semblait m'énerver! Je croyais qu'il voulait vraiment réussir ses études?! Il devait se foutre de ma gueule, mais à un point. J'avais envie de le frapper, sérieusement. Bref, là, je lui posais une question et il avait tout intérêt à me répondre correctement. Sinon, je partirais sans demander mon reste. Qu'il me supplie, je ne me retournerais quand même pas. « Et si on faisait un pari ? » Non mais il était vraiment sérieux là?! On est censé bosser, pas se faire de paris stupides. Je pinçais mes lèvres et plissais des yeux. « On est là pour bosser, pas pour s'amuser. Mais si tu y tiens tellement, je t'en prie, propose-moi ton idée. » Il voulait jouer à ça? et bien, il avait trouvé son partenaire!

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