(DRUG ABUSE) 'tow' someone fucked up really bad, w/ billander

Assise dans l'obscurité de ma salle de bain, seulement éclairée par la pleine lune à l'extérieur, j'étais recroquevillée sur le carrelage gelé, une épaule appuyée contre ma baignoire. J'étais courbée en deux, le visage strié de larmes .. le même état que celui que je me traînais depuis mardi, mais qui s'empirait de jour en jour. J'avais fait sauter toutes les fêtes organisées, parce que je refusais de croiser ceux que je connaissais. Surtout depuis que j'étais tombée nez à nez avec Jude mercredi soir. En y repensant, mon estomac se tordit et je m'affalai encore un peu plus, le corps à la fois électrisé et assommé d'une fatigue morale. Comment tout ça avait pu autant déraper aussi rapidement ? Une minute, Alex et moi planions sur un nuage, heureux d'être enfin débarrassés du drame de l'épidémie, la minute suivant, nous poussions les portes de la descente aux enfers. Et j'étais entraînée dans un tourbillon destructeur, pas de branches auxquelles me raccrocher, juste de la douleur et des regrets. Toute cette histoire avait fait remonter mes pires souvenirs à la surface et les spectres de mon passé s'abattaient avec force sur mes épaules déjà frêles. J'avais mal rien qu'en songeant au visage d'Alex, mes doigts jouant nerveusement avec les cachets étalés sur le sol. Mes mains tremblaient ; j'avais déjà énormément consommé ce soir, mais j'pouvais pas arrêter là .. pas alors que j'me sentais si mal .. il m'en fallait plus. Pourquoi ça m'aidait pas ? D'habitude ça m'faisait oublier .. J'écrasai furieusement plusieurs cachets, puis me penchai au-dessus et les fis disparaître en à peine quelques secondes. Je restai un moment contre le sol, sentant une pression désagréable dans ma poitrine. Alors je me redressai, tournant violemment la tête en croyant entendre la voix de mon père appeler mon prénom. Mais j'avais beau scruter la pièce, je ne trouvai rien. Sauf que sa voix continuait à retentir .. ou était-ce celle de Jude ? Non .. La pression sur ma poitrine m'écrasa d'autant plus et je me mis à suffoquer, prenant de grandes inspirations qui me semblèrent futiles puisqu'elles ne calmaient pas la brûlure dans mes poumons. J'eus alors chaud, puis froid, sentant de la sueur dégouliner dans ma nuque, juste avant que je ne me laisse tomber contre le sol. Ma tête était coincée dans un étau et j'entendais toujours ces putains de bruits anormaux, j'avais l'impression qu'un avion passait dans la pièce. Affalée au sol, je me débattais pour pouvoir respirer, mais rien n'y faisait, l'air n'était plus suffisant. Je fermai les yeux quelques secondes, juste le temps d'essayer de me calmer. Juste quelques secondes ..

Dire que c'était une mauvaise semaine n'était qu'un euphémisme. Bon, j'avais passé le week-end à Londres pour l'enterrement de mon oncle que je détestais. Ca, ça pouvait aller. Le truc, c'était que j'étais en quelque sorte en froid avec Billie, à cause d'une engueulade qui a eu lieu par sms lorsque j'étais complètement bourré. Forcément, moi + alcool + sentiments amoureux, c'est pas forcément la meilleure combinaison possible, surtout quand elle me rembarre pour s'occuper de Jude. D'autant plus que si j'avais été lucide, j'aurais pu comprendre. Mais ça a dégénéré. Ensuite, après être rentré, on a eu une nouvelle engueulade le mardi, juste avant l'événement Lowell/Mather/Quincy qui avait eu lieu le soir même. Forcément, je me devais d'être présent puisque j'étais le président de la Mather House et je devais remettre des prix. Mais l'humeur n'y était pas du tout. Puis le lendemain, j'avais été appelé pour venir à Sotchi puisqu'il se passait un truc avec Anya et son accouchement. Je m'y étais rendu après avoir eu une conversation avec ma petite soeur qui se trouvait être mal à cause de notre situation familiale. Super ! Du coup ouais, j'étais mal toute la semaine, même à Sotchi où je suis resté quelques jours. C'était assez intense mais j'avais décidé de rentrer assez rapidement, histoire de mettre une nouvelle fois les choses à plat avec Billie. Pendant une escale à Paris, je lui envoyais un message de Saint-Valentin histoire d'y penser quand même, ça faisait déjà presque trois mois que nous étions ensemble et c'était notre première journée des amoureux que nous passions séparément. Puis le reste du vol était quand même épuisant... Si bien que j'étais claqué en arrivant tard à la Mather House. J'avais déposé toutes mes affaires dans ma chambre et je m'étais directement dirigé vers la chambre de ma petite amie. Certes, elle risquait de pas vouloir me voir puisque je n'avais reçu aucun message de sa part aujourd'hui... Mais je tentais le coup malgré tout. Je frappais mais pas de réponse. Enfin si, une réponse de Simon qui se mit à aboyer plusieurs fois. J'entrais donc, inquiet et je retrouvais le chien qui était carrément agité et qui n'arrêtait pas de se diriger vers la porte de la salle de bains, grattant cette dernière énergiquement. Fronçant les sourcils, je cherchais à savoir pourquoi il faisait ça et ça ne faisait qu'un tilt. Billie devait être dans cette pièce. J'ouvrais la porte assez rapidement et là, c'était le choc. Je retrouvais ma petite amie allongée à terre, pâle. Pris de peur dans l'immédiat, je ne bougeais pas alors que Simon venait la rejoindre, la léchant à chaque partie de peau qu'il pouvait trouver. Elle ne réagissait pas... Bordel Billie, qu'est-ce que t'as foutu ? Dans un élan de lucidité, je me retrouvais accroupi à ses côtés, je tentais de la mettre dans une position qui n'est pas dangereuse pour elle et j'attrapais mon téléphone pour appeler les urgences. Je flippais, ça s'entendait. J'avais peur de la perdre... surtout à cause de la drogue. Parce que soyons honnête, ce n'était pas la première fois que je la retrouvais comme ça. J'attendais à ses côtés, que les urgences arrivent. Ils m'avaient dit de dégrafer ses vêtements pour l'aider à respirer et je l'avais fait, sans trop réfléchir. Tout ce que je voulais, c'était la retrouver en vie et lui dire que je l'aime. C'est ça, je l'aime et putain que j'regrettais toutes mes paroles. Je retrouvais un peu d'énergie quand finalement les secours sont arrivés. Tout s'est passé si vite... qu'assez rapidement, je me retrouvais dans l'ambulance, en route pour l'hôpital.

Le calme était revenu de façon brutale dans la pièce, possédant chaque recoin avec acharnement. Un silence lourd, pesant, anormal prenait ses droits tandis que son corps gisait sur le carrelage gelé, inanimé. Ses mains étaient prises dans ses cheveux, crispées dans les dernières secondes pendant lesquelles elle s'était débattue pour faire fonctionner ses poumons. Mais rien n'y avait fait, l'air lui avait manqué et l'inconscience avait frappé à sa porte avant qu'elle ait eu le temps de faire le moindre geste. Désormais, les seuls bruits envahissant cette atmosphère lugubre étaient ceux du chiot s'agitant derrière la porte, grattant régulièrement sur le bois. Puis la silhouette de son petit ami était apparue, affolée et tout s'était enchaîné. Les secours débarquèrent aussi rapidement que possible, les gyrophares clignotant et illuminant les murs de la confrérie tandis que dans la chambre tout se précipitait ; les gestes des premiers secours étaient effectués et bien vite son corps était embarqué sur une civière pendant qu'on lui infligeait un massage cardiaque. La panique était totale dans l'ambulance, son corps restait inerte et son cœur refusait d'obéir aux ordres qui lui étaient donnés. Les gestes s'enchaînaient, on tentait de la maintenir en vie le temps d'arriver à l'hôpital. Une fois là-bas, plusieurs internes et un médecin furent assignés au cas. Du jargon médical volait dans tous les sens, le mot Naloxone revenait le plus souvent. L'un parlait de lavage d'estomac, l'autre répliquait que c'était inutile et un débat agité était lancé tandis qu'on continuait de s'affairer à maintenir un rythme cardiaque régulier. Plusieurs heures, de nombreuses grosses frayeurs et des jurons poussés à tout bout de champ furent nécessaires avant d'atteindre enfin un état stable. Son cœur battait enfin de son propre gré et régulièrement, mais une évidence était tout de même énoncée par les médecins : pour l'instant, elle restait plongée dans le coma.

Si j'avais été un mec qui pleure, ouais je me serais certainement mis à pleurer. Mais c'était pas le cas et j'enfouissais tout mon désespoir en moi, tentant de ne pas le faire ressortir. Parce que bon, c'est pas que je me mettais à paniquer énormément en voyant ma petite amie inanimée sur le sol de sa salle de bain, mais un peu quand même. Je tentais de faire les choses bien et j'appelais les secours afin qu'un hôpital la prenne en charge assez rapidement. Elle devait être soignée, je ne voyais pas d'autre solution possible. Elle pouvait pas partir si rapidement, je l'aimais et je pouvais pas vivre sans elle, même si les événements récents restent assez compliqués à gérer. Je l'aimais et elle avait pas le droit de me quitter comme ça. Alors je suivais les secouristes dans l'ambulance où ils tentaient encore de faire repartir son coeur et au bout d'un moment, ils avaient réussi. Aux urgences, j'avais été mis à l'écart, parce que j'étais pas assez stable pour pouvoir suivre tout ce qu'ils disaient. Bordel quoi, fallait pas qu'elle meurt aujourd'hui. Non, non, non... Non. Dans un moment où j'pouvais m'exprimer assez normalement, je m'étais mis à envoyer des messages à Roxanna et Jude, ses meilleurs amis. Ils devaient être au courant de ce qui se passait et... et voilà. Finalement, les médecins avaient réussi à la stabiliser et l'avaient mis en soins intensifs. Elle n'était pas réveillée, non. Elle était dans le coma... Et j'dois avouer que c'est assez flippant, dans la mesure où la dernière fois qu'un de mes proches était dans le coma, c'était Hendrix et il est resté dans cet état là pendant une bonne semaine. Non, je voulais pas que Billie reste dans le coma pendant une semaine, je sais pas si j'arriverai à le supporter tout simplement. Pénétrant dans sa chambre, j'avançais doucement, jusqu'à être à côté d'elle et là, je m'autorisais à pleurer, seul avec elle. Je m'asseyais sur le siège à ses côtés, attrapant sa main sur laquelle je posais mes lèvres, le regard dirigé vers son visage. "Réveille toi, s'il te plait.." Putain j'avais aussi Simon à m'occuper... J'inspirais et j'expirais. Dès que je rentrerai, je m'occuperai de lui.

C'était l'un de ces moments de flou complet, cette léthargie intense dans laquelle j'étais plongée alors que tous les muscles de mon corps s'entêtaient à refuser de répondre à mes commandes. Mes yeux étaient clos, presque scellés, si bien que je n'arrivais pas à les ouvrir malgré l'effort. Quelque chose me gênait sur mon visage, j'avais envie de lever ma main pour le dégager, mais mon cerveau ne fit pas bien circuler l'information et mon bras refusa de réagir. J'étais si .. fatiguée. J'émis un léger couinement, puis grimaçai aussitôt à cause de la douleur que cela provoqua le long de ma trachée. Bon .. il fallait déjà que j'ouvre les yeux. Je ne savais pas combien de temps j'étais restée out de cette façon. Ce qu'il y avait de bizarre, c'était que je ne sentais plus le carrelage frais contre ma peau .. J'essayai de ne pas m'alarmer et je mis toute ma concentration dans la simple ouverture de mes paupières. Il me fallut plusieurs secondes pour les ouvrir entièrement et ce que je vis me porta un coup à l'estomac. Non .. Non .. ce putain de plafond plus blanc que la blouse de ceux qui exerçaient en-dessous, cette odeur familière, ces néons fluorescents .. Oh putain, non .. Eh merde, j'étais à l'hôpital. Pas encore .. Et comment j'étais arrivée là, d'abord ? Exactement les mêmes questions que quelques années en arrière, mais cette fois, j'espérais finir par avoir quelques réponses. Je sentais mes yeux me brûler et je réalisai enfin ce qui gênait mon visage depuis le début : ce foutu tube sous mon nez, pour assister ma respiration. Des larmes perlaient aux coins de mes yeux, qu'est-ce que j'avais encore foutu ? Doucement, mon regard fit le tour de la pièce, avant de venir se poser sur la forme familière à moitié étalée sur mon lit. Je n'avais pas besoin de voir son visage pour en être sûre ; Alex dormait, la tête reposée sur mon matelas. Pourquoi il était là .. ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Doucement, je retrouvai les sensations dans mon bras, remarquant qu'il était relié à je ne savais quoi. Ugh .. Je le bougeai à peine, tendant les doigts pour les passer dans ses cheveux aussi délicatement que possible. Je ne savais pas si j'avais envie de lui faire face, mais je ne pouvais m'empêcher d'établir un contact physique avec lui. Il était là, à proximité .. et je ne savais pas résister.

Elle ne se réveillait pas... bordel, elle ne se réveillait pas. J'avais passé la nuit à son chevet mais j'étais obligé de rentrer ne serait-ce que pour m'occuper de Simon, prendre une douche et tout le tralala. Du coup, j'avais vu avec Roxanna et Jude pour faire des roulements afin qu'un de nous se trouve à son chevet si jamais elle venait à se réveiller. N'être qu'en présence de médecins après un coma, ou même seule, c'est troublant, vraiment troublant et je voulais pas qu'elle vive ça. Donc on avait fait des roulements et je profitais des shifts de Jude et Roxanna pour faire ce que j'avais à faire. Ca fait déjà deux jours qu'elle est dans cet état et j'étais juste un zombie. Comment j'allais faire si elle ne se réveillait pas ? Les derniers mots que je lui ai dit, c'était de clairement rompre avec moi si elle était trop sous pression avec moi. Comment j'avais pu lui dire ça alors que je l'aimais comme un dingue et que je ne me voyais pas vivre sans elle. J'imaginais encore les moments qu'on passait ensemble dans sa chambre. Juste elle et moi, et Simon. Elle rit parce qu'elle est heureuse, je l'embrasse parce que ses lèvres me manquent et le chien aboie parce qu'il est jaloux. C'était un moment parfait et là... elle était allongée inanimée dans ce lit. Putain qu'est-ce que je donnerai pas pour la voir se réveiller et me dire qu'elle va bien. Comme deux jours plus tôt, j'étais assis sur le siège à côté du lit, et mes bras posés sur le matelas, j'avais calé ma tête afin de pouvoir la regarder. Seulement avec le temps qui passe, je m'étais endormi dans cette position. Je ne passais pas une bonne nuit, comme celle d'hier. Je cauchemardais une nouvelle fois sur ce qui s'est passé samedi soir... tout comme ce qui s'est passé il y a plusieurs années, à New York. J'avais retrouvé Billie dans la même position, sur le sol d'un squat miteux. Mon premier réflexe avait été de l'emmener aux urgences, c'était ce qui l'avait probablement sauvé... pareil pour cette fois. Extirpé de mon sommeil en sentant quelque chose sur ma tête, je mis du temps à remarquer qu'elle était enfin réveillée. Billie avait glissé sa main dans mes cheveux et la joie de la savoir en vie s'empara de moi. Je me redressais assez rapidement, venant prendre son visage dans mes mains avant de l'embrasser plusieurs fois, juste ses lèvres contre les miennes. Je n'étais pas violent ni rien, je faisais en sorte qu'elle ne soit pas brusquée, mais j'étais obligé de partager ce contact là avec elle tant j'étais heureux de la voir. "T'as besoin de quelque chose ? De l'eau, je sais pas... Non, attends, j'vais appeler les médecins, je... bouge pas, j'reviens." Bon, elle pouvait pas bouger, mais bon. Je sortais de la pièce, appelant le médecin de garde afin qu'il vienne l'examiner pendant que moi, j'restais sur le côté, ne la lâchant pas des yeux.

Ma main était dans ses cheveux, mes doigts serrés entre ses mèches. Enfin .. aussi serrés que ma faible force le permettait. Pour l'instant, je n'arrivais pas à croire qu'il était là, juste à côté de moi. J'avais passé une semaine d'enfer, une semaine à m'arracher les cheveux parce qu'il était loin, qu'il avait décidé de s'éloigner de moi volontairement et que je ne le supportais pas. Alors j'avais sombré avec force et rapidité, jusqu'à apparemment toucher le fond cette nuit. Cette nuit .. Combien de temps avait passé depuis .. quoi, mon overdose ? Je suppose que ça devait être ça, la cause de ma présence ici. Tout ce que je savais, c'était que quand j'avais fait mon overdose à quinze ans, j'avais fait trois jours de coma. Quand ma mère m'avait tiré dessus, j'avais perdu tellement de sang et je m'étais cogné la tête en tombant, ce qui m'avait valu à nouveau plusieurs jours de coma. Visiblement, j'avais des tendances à tomber dans un profond sommeil pour un oui ou pour un non, donc là .. j'savais pas combien de temps ça faisait que j'étais inconsciente. Mais pour qu'Alex dorme aussi profondément près de moi, ça devait faire un petit moment .. Il bougea tout d'un coup, finissant par se redresser et presque aussitôt, je sentis ses lèvres presser les miennes. C'était un peu trop écrasant comme sensation, je me sentais submergée par tout ce que je ressentais et les larmes qui étaient seulement présentes quelques secondes plus tôt se mirent à couler de mes yeux. « T'as besoin de quelque chose ? De l'eau, je sais pas... Non, attends, j'vais appeler les médecins, je... bouge pas, j'reviens. » Je ne réagis pas, me contentant de le fixer tandis qu'il quittait la pièce. Un médecin accompagné d'une infirmière débarqua dans la minute, regardant d'abord mes fonctions vitales avant de me faire toute une série de tests, me foutant une lumière en plein dans les pupilles pour terminer. Pendant tout ça, je restais silencieuse, me contentant de fixer Alex, qui me regardait lui aussi. J'avais encore envie de pleurer, de me terrer dans un trou pour ne pas avoir à vivre tout ce qui m'attendait. Le médecin s'installa sur une chaise près de mon lit et comme la première fois, me parla des centres de désintoxication qui offraient les meilleurs services, mais je n'écoutais pas. Je regardais toujours le Mather, mille paroles passant silencieusement dans mon regard. Je me sentais plus bas que terre et même si je n'avais pas la force d'affronter sa déception, je continuais de le fixer. Le médecin me serra le poignet avant de se lever, ce qui me donna envie de lui foutre un pain dans la gueule. Si j'en avais été capable .. Il posa un verre d'eau sur ma tablette, conscient qu'à cause de l'intubation que j'avais subi, ma gorge devait être en feu. Il quitta la pièce, me laissant seul avec .. mon petit ami ? J'savais même pas si j'avais encore le droit de l'appeler comme ça. Je bus mon verre d'eau le plus lentement possible, le reposant doucement ensuite. Je fixai le drap qui me recouvrait, cherchant mes mots, cherchant comment me justifier ou m'expliquer .. Mais je finis par fondre en larmes, m'étouffant entre deux sanglots. Ouais, j'étais pas au meilleur de ma forme ..

Pendant ces deux jours, j'étais passé par plusieurs états émotionnels. La peur dans un premier temps, la peur de la perdre, la peur de ne plus pouvoir l'avoir à mes côtés, la peur que le coma soit irréversible. Ensuite, j'avais eu le regret. J'avais regretté beaucoup des mots que j'avais eu à son encontre cette dernière semaine, les quelques fois où nous nous étions vus entre deux de mes voyages. J'avais également ressenti de la colère... Parce que j'ai pris conscience qu'elle se droguait de nouveau, qu'elle en avait été jusqu'à l'overdose, et que je n'avais rien vu des signes avant-coureurs. Bordel quoi... elle se droguait sous mon nez et je n'avais rien vu. Pleins d'interrogations venaient à moi, comme depuis combien de temps, pourquoi... Je sais que l'histoire avec sa tante était stressante. Robyn aussi peut-être ? Rha, pleins de questions sans réponses. J'avais besoin de lui parler et d'échanger avec elle, avoir des réponses. Et j'allais les avoir finalement, puisque sa main dans mes cheveux m'avait réveillé. Oui, elle était consciente et réactive. J'étais sûrement un peu trop euphorique de cette nouvelle pour elle... ouais, je l'étais. Mais j'avais pas pu m'empêcher de l'embrasser tant j'étais heureux de la sentir bouger, caressant mes cheveux. Je ne la laissais même pas en placer une que je bougeais directement pour aller chercher un médecin afin qu'il l'examine. On aurait tout le temps de parler plus tard je pense. Dans un coin de la pièce, j'observais le médecin faire des tests, vérifier ses fonctions vitales, ses réflexes. Pendant tout ce temps, j'étais présent, silencieux, le regard fixé sur ma petite amie. Je voyais bien les larmes dans ses yeux et ça m'tuait, mais j'étais patient. J'attendais que le médecin termine son contrôle pour finalement m'avancer jusqu'au siège, que je rapprochais une nouvelle fois le plus possible du lit avant de m'installer dessus, le regard toujours rivé sur Billie. Je la laissais boire tranquillement et, dès qu'elle eut fini, je restais tout aussi silencieux. Seulement, tout à coup, elle se mit à craquer et fondit en larmes juste devant mes yeux. Non, non, même si on traversait une mauvaise passe, je voulais pas qu'elle pleure. Alors je me redressais et je venais m'installer à côté d'elle sur le lit et je la prenais dans mes bras, faisant quand même attention à tout ce qui était branché à son corps. "Shhh... J'suis là, calme-toi." Je déposais mes lèvres sur sa tempe, restant collé à elle pour me montrer présent et réconfortant.

Le médecin était là, il me parlait continuellement, m'expliquant les procédures à suivre si je souhaitais me faire admettre en centre de désintoxication à ma sortie de l'hôpital. Il parlait, il parlait, mais je ne captais que très peu de mots, juste assez pour savoir qu'il parlait de ça. Il m'avait aussi parlé de mes conditions physiques à un moment et de mon état de santé, mais j'avais fait la sourde oreille. Tout ce que j'avais réussi à capter dans tout ça, c'était la réponse à la question que je m'étais posée en me réveillant. Le verdict était tombé : quarante-huit heures de coma. Putain .. deux jours d'inconscience .. Et Alex était près de moi. Quand était-il arrivé ? Et comment savait-il que j'étais là ? Je n'avais mis personne dans les contacts à prévenir en cas d'urgence, donc .. ça n'pouvait dire qu'une chose et je n'aimais pas du tout songer au fait que c'était lui qui avait dû me trouver dans ma chambre. Mais c'était forcément ça. Une nouvelle boule d'angoisse et de culpabilité se forma dans ma gorge et le médecin parlait encore et toujours. Je pense qu'il finit par comprendre que je ne l'écoutais pas. Après tout, je fixai Alex comme si ma vie dépendait du lien entre nos regards et je ne réagissais pas à ce qu'il me disait. Quand il quitta la pièce, j'entendis vaguement parler de psychologue et j'eus aussitôt des sueurs froides en entendant ce mot. Non, il en était hors de question. Je buvais mon verre puis restai silencieuse, je n'avais pas dit un mot depuis que j'étais réveillée et je mettais la moitié de la faute sur le fait que ma gorge me faisait un mal de chien. Après ça, je ne tardai pas à éclater en sanglots. Trop de culpabilité, trop de pression, trop de haine, trop de .. de tout. Mes mains enveloppaient mon visage couvert de larmes, et je sentis rapidement le lit bouger, puis les bras d'Alex se refermer autour de moi. « Shhh... J'suis là, calme-toi. » Ses lèvres étaient contre ma tempe, c'était rassurant, mais je ne pouvais pas me calmer, comme il me le demandait. J'avais tout foutu en l'air en allant jusqu'à l'overdose. Jusqu'à il y avait encore une semaine, j'arrivais à contrôler mes dosages, j'en avais besoin mais ça n'était pas aussi excessif que les fois précédentes où j'avais replongé. « Je .. j'suis .. » Mais mardi, j'avais plongé tellement loin que j'avais fini par me prendre le sol de plein fouet. « J'suis désolée, Alex .. » Ma voix était rauque, déraillée. Je m'excusai pour beaucoup de choses ; entre autres pour le fait de me droguer alors qu'il me croyait clean et d'avoir été si loin que j'avais failli y laisser la vie. Tout ce que je pouvais faire, c'était m'excuser. Encore et encore.

Bien sûr que je faisais abstraction de tout ce qui s'était passé ces deux dernières semaines. Je voulais simplement retrouver Billie, en bonne santé. Pas dans le coma après avoir fait une overdose. Je voulais lui parler et partager encore et encore des moments tous les deux. La dispute que nous avions eu... Elle n'était rien à mes yeux. Elle était plus du tout dans mon esprit. Tout ce que j'avais en tête, c'était le moment où je pourrai de nouveau la serrer dans mes bras. Continuant de la fixer, son regard me fixant aussi, le médecin procédait à une batterie de tests pour vérifier que tout allait bien. Il avait du remarquer que ma petite amie n'était pas vraiment réceptive à ce qu'il disait et préféra s'en aller en nous laissant tout seul. Je ne faisais pas gaffe à ce qu'il pouvait dire ou faire en sortant, me dirigeant juste sur le siège afin d'être à ses côtés. Elle attrapait le verre d'eau et buvait tranquillement. Elle devait avoir mal à la gorge à cause de l'intubation qui avait eu lieu les premières heures d'hospitalisation. Verre reposé sur la tablette, elle se mit donc à me regarder. Et au lieu de parler, elle fondit en larmes devant moi. Non, non, fais pas ça Billie. Forcément, je me levais et je venais la prendre dans mes bras pour tenter de la calmer. Elle devait pas se mettre dans un état pareil. Après tout, c'était de ma faute, du moins en partie, si elle était là ce soir. J'avais fait le con à cause d'une jalousie à deux balles... Et elle l'a mal supporté. "Je .. j'suis .." Ca s'entendait à sa voix qu'elle avait la gorge mal en point, mais je n'y prêtais pas attention, préférant la rassurer dans un premier temps. La calmer semblait clairement difficile, mais je persévérais. Mes bras se resserraient encore autour d'elle, afin qu'elle se sente.. en sécurité. "J'suis désolée, Alex .." Je secouais la tête, ne voulant pas entendre ces mots là à ce moment précis. Je voulais juste qu'elle aille mieux et qu'elle se calme, c'est tout. "C'est moi qui suit désolé... De tout c'qui s'est passé." J'aurais du savoir qu'elle aurait du mal à supporter mes crises à cause du "je t'aime".. Après tout ouais, elle m'avait prévenu. Elle m'avait prévenu et j'en avais fait qu'à ma tête. "J'veux que tu t'reposes, ok ? Essaye de te calmer... On parlera après." Même si bon, en parler pourra raviver ce surplus d'émotions, j'en étais conscient.