Clairement, les évènements avaient joué contre elle mais il n’empêche que Caleb lui avait fait du mal et que même encore aujourd’hui, elle peinait à remonter la pente. Thaïs avait été mille fois tentée d’en finir, ou bien de tomber dans la prostitution tant ses problèmes d’argent avaient empiré. Non, il n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle avait pu ressentir même si l’inverse était vraie également. « Parce que tu crois que j’étais au courant pour les photos ?! Non, tu m’as juste dit que j’avais le cou couvert de suçons et point barre, sans autre explication tu m’as éjectée purement et simplement !! » s’emporta-t-elle alors qu’elle s’était redressée sur le lit, se mettant sur les genoux afin de lui faire face sans détour. Ils s’évitaient depuis trop longtemps. « Parce que tu crois que je ne t’aime pas plus que ma propre vie ?! Caleb si seulement j’avais pensé que cela aurait été utile, j’aurais trouvé les arguments les plus infaillibles pour te prouver que je n’avais rien fait mais… j’ai pensé que tu me les enverrais dans la gueule. Tu ne sais pas le nombre de fois où j’ai rêvé de me foutre en l’air pour arrêter d’avoir mal, mal d’être seule à en crever, mal d’être loin de toi, mal de savoir que tu es l’homme de ma vie mais que tu me détestes ! Mal de savoir que je peux encore être piégée et que le cauchemar risque de recommencer. Je n’y arriverai pas une seconde fois. C’est trop dur… »
« La ferme, tais-toi, je veux plus rien entendre » murmurais-je fébrilement tandis que je m’étais approché dès lors qu’elle avait parlé de se foutre en l’air. Non, je ne pouvais pas entendre ça, c’était au-dessus de mes forces si bien que je ravissais ses lèvres dans un baiser non pas passionné mais clairement désespéré. « Je t’interdis de dire ce genre de chose, je t’interdis même d’y penser. Rien à foutre, déteste-moi si tu veux mais je t’interdis de dire ça, je le mérite pas » repris-je avant de la serrer dans mes bras, comme si ma vie en dépendait. Je ne voulais plus rien entendre, je voulais simplement ressentir son corps contre le miens, entendre son cœur battre à l’unisson avec le miens. « Je laisserai plus jamais personne te toucher, je te suivrais partout, je te protégerai, je tuerai quiconque te voulant du mal même si ça veut dire que je dois me défenestrer… S’il te plait, reviens avec moi… Je peux pas vivre sans toi »
Thaïs écarquilla puissamment les yeux en sentant Caleb se rapprocher, la suppliant de se taire. Il n’en fallut pas davantage pour sceller ses lèvres, surtout lorsqu’il lui ravit un baiser marqué par le désespoir. Cela eut pour effet d’anéantir les dernières barrières qu’elle avait réussi à mettre entre eux, surtout lorsqu’il la serra dans ses bras car l’irlandaise éclata littéralement en sanglots. Retrouver sa chaleur, sa protection, entendre ses sentiments battre à l’unisson en même temps que son cœur… il ne pouvait pas savoir à quel point cela guérissait son propre palpitant blessé. « Je n’arrive pas à te détester Caleb… j’ai eus beau essayer c’est toujours moi que je finissais par blâmer » reprit-elle bien que Thaïs n’ait rien fait en l’occurrence si ce n’est avoir été la victime d’un malade mental. « Si tu savais comme tu m’as manqué… et tout à l’heure, te sentir si loin, ça ne faisait que me briser encore plus le cœur… je t’en prie, je t’en supplie, ne m’abandonne plus. Je ne le supporterai pas, ta présence m’est vitale Caleb… quand tu n’es pas là, je n’arrive même pas à respirer normalement. Je t’aime trop je crois… » Mais si Thaïs s’écarta, ce ne fut que pour s’emparer de ses lèvres avec autant de passion qu’elle put, malgré son manque de force. « En fait je t’ai menti… trois jours que je n’ai pas pu avaler quoi que ce soit, si tu savais comme j’ai faim… »
Les sanglots de ma petite-amie me brisaient le cœur et aussitôt, je resserrais mes bras autour d’elle, caressant sa longue chevelure pour l’apaiser. Je n’allais pas me plaindre qu’elle n’arrivait pas à me détester car c’était tout dans mon intérêt justement qu’elle ne le puisse pas. J’avais bien trop besoin d’elle pour batailler des années qu’elle me pardonne. Je crois que dans cette histoire, nous avions les torts partagés : elle, de n’avoir pas insisté et d’être partie et moi, de ne pas l’avoir écouté ni même cherché à l’écouter. Au final, nous étions passés à deux doigts de la catastrophe mais j’aimais à penser que notre amour était bien plus fort. Thais me rendait optimiste, j’étais pas dans la merde. « Nous sommes tous les deux en tort, inutile de revenir sur la question hein ? » murmurais-je en déposant un doux baiser contre sa tempe. « Je ne te laisserai plus » soufflais-je quelques instants plus tard contre ses lèvres avant qu’elle ne m’embrasse avec une passion qui me laissa à bout de souffle. Je faillis en perdre ma serviette songeais-je avec une connerie salutaire. « Alors mange ! J’ai commandé tout ce que tu aimes… Et je ne rigole pas, même si j’adore ton petit cul, je n’ai pas envie que tu te transforme en tas d’os… Je préfère quand tu as des formes » marmonnais-je avant de la libérer de mon étreinte pour mieux lui apporter le plateau garni à ras bord de mets délicieux. « Tu veux bien rentrer avec moi sinon ? »
« J’ai encore un peu de marge avant de me transformer en tas d’os, tu ne crois pas ? » reprit-elle non sans rouler des yeux sans animosité aucune, juste avec un brin d’ironie tout en remontant sur le lit pour mieux se jeter sur le plateau comme si sa vie en dépendait. On aurait pu croire qu’elle n’avait pas mangé depuis des semaines et d’une certaine façon, c’était le cas : les moments où Thaïs avait pu se nourrir s’étaient révélés relativement rares puisque toute sa paye passait dans tout à fait autre chose… à savoir régler ses dettes. « Je pensais que c’était évident mais oui, je veux rentrer avec toi. Cependant… je ne peux pas partir comme ça. Il faut que je résolve un certain nombre de soucis ici et ça risque de prendre un peu de temps. Peut-être qu’il faudrait que tu rentres d’abord et que je te rejoigne ? » Thaïs avait été embauchée par un mac, après tout, et on ne se détachait pas de ce genre de personnes ainsi. Elle avait également quelques loyers de retard et un imposant prêt à la banque, tant et si bien que partir tout de suite n’était pas envisageable une seconde. « Je sais, tu n’as sûrement pas envie de reparler de tout ça mais moi je crois que j’en ai besoin. Après notre altercation j’ai filé à l’hôpital pour être sûre qu’il ne m’avait rien fait, mais surtout, surtout pour être sûre que je n’étais pas enceinte. Tu ne peux pas savoir le soulagement que j’ai ressenti lorsqu’il m’a dit que je ne l’étais pas. Et même temps… je me suis rendue compte que ça faisait des années que je voulais un bébé mais que je n’avais juste pas rencontré la bonne personne. La dernière fois tu m’as demandé si je me voyais vieillir avec toi Caleb mais la vérité c’est que je me suis déjà projetée, et plus encore depuis que je suis ici. Je ne sais pas du tout pourquoi je te dis tout ça, je devais franchement pas être nette et très désespérée ! Ne m’écoute pas. »
« Ouais… Tu as encore de la marge mais tu ne vas pas râler sur le fait que je veuille que tu ais des formes ! Au moins, je ne suis pas un de ces crétins qui te rendra anorexique pour ressemble aux mannequins des publicités. Elles ne m’ont jamais fait fantasmer » haussais-je les épaules pour toute défense avant de lui demander une nouvelle fois si elle comptait rentrer à la maison avec moi et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa réponse m’arracha un grognement. Hors de question que de la laisser une nouvelle fois derrière moi. « On rentre ensemble point barre. Si tu t’inquiètes pour ton mac, je pense qu’il va être sonné un petit moment et à l’heure qu’il est, je pense bien qu’il est aux prises avec les flics de Boston » haussais-je les épaules avant de m’éloigner pour m’habiller, enfilant un boxer noir puis un jean, restant simplement torse nu. « Pour le reste, je rembourserai tes dettes même si je n’ai pas encaissé ton chèque donc si c’est seulement une histoire de fric, oublie la tout de suite… A moins que tu préfères qu’on prenne un peu nos distances ? Tu essaies peut-être de me dire que tu as besoin de temps pour te remettre ? » m’hasardais-je avant qu’elle ne me parle de ses examens et de son désir de maternité –enfin c’est ce que j’avais compris. J’avais un peu de mal à suivre notre conversation, perturbé à la fois par ma jalousie mais aussi par mon inquiétude. « Pourquoi je devrais oublier ? Je ne vois pas où tes propos sont cons ou que sais-je. J’aime l’idée que tu veuilles vieillir à mes côtés parce que je la partage seulement… j’arrive pas à savoir où nous en sommes tous les deux et ça me perturbe » soupirais-je.
D’un côté, Thaïs fut rassurée d’entendre Caleb lui faire comprendre qu’il ne souhaitait aucunement la rendre anorexique, mais de l’autre, la poursuite de leur conversation ne manqua pas de faire naître une vive panique chez elle. « NON ! » s’exclama-t-elle en fronçant les sourcils, la respiration haletante. La réponse ne pouvait ni être plus vive, ni plus évidente. « J’ai déjà l’impression que tu es à des kilomètres et ça me tue donc je ne veux pas prendre mes distances » reprit-elle aussitôt, particulièrement sûre d’elle-même bien que la situation ne soit pas plus évidente pour l’irlandaise que pour l’allemand. « Je ne dis pas que ça ne me fout pas la trouille… j’ai l’impression de ne plus reconnaître mon corps et d’être paumée dans des limbes dont je ne sors pas mais m’éloigner de toi serait cent fois pire. Mais j’ai peur aussi que ce que j’ai dû faire à Boston ne me rattrape une fois à Cambridge et je ne veux pas. Je voudrais juste que tout redevienne comme avant… mes propos concernant mon envie de bébé sont stupides pour ça, parce que je suis un désastre ambulant, que j’ai follement envie de te serrer tout contre moi mais que j’ose pas… » Thaïs avait les larmes aux yeux, maudissant une fois encore sa faiblesse. Si seulement tout pouvait retrouver sa place d’un claquement de doigt…
Je sursautais légèrement à son non car on ne pouvait pas dire qu’il ne sortait pas du cœur celui-là. Je fronçais les sourcils, la laissant s’exprimer pour mieux comprendre où elle en était et à plus forte raison, où nous en étions. Après tout, je l’avais quitté, j’étais revenu et repartir sans elle, c’était comme la quitter une seconde fois. Je ne pouvais pas rester et m’imaginer les pires scénarios la concernant comme la savoir Escorte Girl ou tentée de passer par la fenêtre etc. « Rien ne sera plus comme avant Thaïs, il y a eu trop de choses » répondis-je calmement en détournant le regard. Oui, je ne pourrais jamais faire comme si je n’avais jamais eu ces photos, comme si je n’avais jamais massacré un homme sous la colère et encore moins, de la savoir Escort girl. Non, je ne pouvais pas effacer tout cela de ma mémoire tout simplement parce que cette dernière refusait que j’oublie quoique ce soit et cela depuis ma plus tendre enfance. Néanmoins, je m’approchais d’elle pour la prendre dans mes bras, la berçant doucement contre mon torse. « Mais on peut aller de l’avant, tous les deux. Laisse-moi veiller sur toi, te protéger… Je serais prêt à tuer pour cela mais j’ai surtout les moyens pour te protéger, fais-moi juste confiance même si à présent, je n’ai fait que te blesser… Accroche toi à moi »
Il y avait eut effectivement beaucoup de choses mais entendre cela de la bouche de Caleb força Thaïs à fermer les yeux pour contenir à la fois sa colère et sa détresse. Est-ce que cela sonnait le glas de la fin ? Non, elle ne pouvait pas l’accepter. Même lorsqu’il l’avait jetée comme une malpropre elle n’avait pas pu alors maintenant… c’était cent fois pire. « Ce n’est pas fini, hein ? Dis-moi que ce n’est pas fini… » murmura-t-elle juste avant qu’il ne la serre contre lui et qu’elle ne puisse dès lors calmer les battements effrénés de son cœur en se blottissant plus fortement encore. Thaïs en avait follement besoin. « Je te fais confiance Caleb… sans toi je ne suis rien du tout » reprit-elle alors que son corps tremblait légèrement sous l’adrénaline précédemment ressentie. « Mais il faut que tu me crois… si ce sont les photos le problème je n’ai rien fais ! Je suis fatiguée d’être punie… si fatiguée ! Il ne pourrait pas y avoir une chose qui marche sur des roulettes ? »
Elle ne comprenait pas que j’étais revenu la chercher parce que je l’aimais comme un dingue et que je voulais que nous reprenions notre histoire tous les deux ? Je ne savais pas ce que je devais dire ou faire pour que cela rentre dans sa petite tête blonde alors, je la serrais dans mes bras, essayant par mes mots qu’elle comprenne enfin mais rien à faire, elle restait sourde comme figée dans sa méprise. « Arrête Thais bordel !! » grognais-je en la repoussant légèrement, les mains sur ses épaules. « Pourquoi tu ne veux pas comprendre que je suis revenu pour toi, que j’ai envie que nous deux, nous puissions reprendre notre histoire ?! Merde, qu’est-ce qu’il faut que je dise pour que tu comprennes que je t’aime comme un dingue et que je veux que tu rentres avec moi parce que tu me manques et que je tournes en rond là-bas ?! Je ne pourrais jamais oublier ces photos mais je sais que tu n’y aies pour rien et ça fait toute la différence. Je n’ai pas besoin d’examen médical ou de quoique ce soit… » m’emportais-je légèrement avant de l’embrasser comme si ma vie en dépendait.