(flashback) Just gonna stand there and watch me burn ► Walter&Camille

Lorsque Walter lui donna son assentiment, Camille se sentit immédiatement plus légère. Finalement elle avait peut-être simplement besoin de ça, que quelqu'un lui dise qu'elle n'était pas responsable. Quelqu'un à qui se confier tout simplement, et qui la comprendrait. Walter ressentait certainement la même chose, lui qui ne laissait jamais paraître ses émotions. A présent elle avait l'impression de lui être liée, d'une certaine manière. Comme si toute cette histoire affreuse leur permettait de partager quelque chose. Lorsqu'elle croisa son regard, il lui fit un petit sourire, bien loin des sourires charmeurs et séducteurs qui faisaient sa réputation. Celui-ci semblait transmettre son désarroi, ses regrets aussi. Il était à l'image de la belle merde dans laquelle ils se trouvaient. T'inquiètes pas, je fais une exception parce que c'est ton café ... c'est vrai qu'il est pas terrible dit-il en riant. Camille rit à son tour, à la fois amusée et étonnée qu'elle puisse rire ainsi alors que la tension était à son comble quelque instants plus tôt. Certainement le contre-coup de tout ça, ses nerfs en avaient pris un coup. Walter tendit sa main vers elle comme pour l'inciter à se rapprocher, ce qu'elle fit naturellement. A présent que Faith n'était plus là, elle ne savait pas quelle attitude adopter. Etait-ce mal, de se tenir aussi près de lui ? De vouloir continuer à le voir malgré tout ça ? Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir épiée. Elle posa sa tasse sur l'étagère alors qu'il lui confiait se sentir débile, sa fierté laissée de côté. Tu n'as pas à te sentir débile. Et puis... tu n'es pas obligé de toujours faire le fier avec moi. Tu peux souffler, toi aussi. Elle saisit doucement la tasse de Walter remplie du café infecte pour la à côté de la sienne, effleurant au passage sa main froide.

Camille savait très bien comment était Walter, comment il se comportait avec le genre humain en général, et elle regrettait que Faith ne l'ai pas compris dès le départ. Elle avait voulu le dompter, le changer, et peut-être que ça avait été une erreur. Camille ne pouvait pas la juger non plus, parfois les sentiments nous font faire de drôles de choses, sa relation avec Demyan en était un parfait exemple... Walter était un homme fier, imbu de lui même, Camille l'avait toujours connu comme ça. Et oui, ça l'avait agacée, surtout la première fois qu'elle l'avait vu. Malgré la puissance de leurs rencontres, elle ne s'était jamais laissée faire, mais d'un côté elle avait accepté ce côté là de sa personnalité. En y réfléchissant, elle aussi elle était bizarre. Comment peut-on être autant attiré par son opposé ? Camille posa la tasse de Walter à côté de la sienne, lorsqu'elle sentit sa main se poser doucement sur sa tête, avant qu'il ne l'enlace de ses bras protecteurs. Fermant les yeux, elle s'abandonna avec un soupir de contentement dans cette étreinte. Ses bras vinrent d'eux-même se placer au creux de son dos, se serrant un peu plus contre lui. Son odeur devenue familière, la courbe de ses muscles, tant de choses réconfortantes qui peu à peu l'apaisaient. Pourtant, jamais ils n'avaient échangé d'étreinte pareille. Pour la première fois, elle distinguait autre chose derrière le simple contact physique. Le sentiment qu'à présent, ils pourraient se soutenir l'un l'autre. De la sincérité, aussi. Et le fait que malgré cette sensation d'être épiée, elle ne souhaitait pas s'éloigner de lui. Tu n'es pas coupable. Faith s'était noyée dans ses chagrins, et dieu sait ce qu'il lui était arrivé pour qu'elle en vienne à tomber en dépression. Certes Walter avait fait des erreurs, mais ce n'était pas lui qui avait déclenché sa mort. C'est un choix malheureux, qu'elle a fait seule.

Se tenir ainsi dans les bras de Walter avait quelque chose de rassurant. Elle avait toujours fait la forte en face de lui, montrant rarement peu de choses d'elle même. Que savait-il de sa vie, de ses pensées, de ses rêves ? Elle même ne connaissait pas grand chose de lui. En se confiant sur les tourments que la mort de Faith lui procuraient, elle avait l'impression de s'ouvrir davantage à lui. Plus comme le ferait une amie, et non pas un plan cul régulier. Le fait que Walter se dévoile lui aussi lui faisait du bien et petit à petit, elle commençait à découvrir des nouvelles facettes de sa personnalité. Moi aussi. Doucement, il posa sa tête contre la sienne, restant ainsi quelques secondes sans parler. Qui aurait cru qu'elle se serait confiée à Walter ? Si on lui avait dit ça quelques jours plus tôt, elle ne l'aurait pas cru une seconde. Et pourtant en partageant ainsi leurs désarrois, elle avait l'impression que les choses prenaient bien plus de sens que si elle s'était confiée à quelqu'un d'autre. Il n'y avait que lui véritablement qui pouvait comprendre ce qu'elle ressentait. Le principal, c'est que personne ne sache ce qu'il y a eu entre nous, j'ai pas du tout envie de t'entraîner dans cette histoire. Franchement je m'en fiche de ce que les autres peuvent dire de toute manière, j'ai déjà une longue réputation qui me suit alors tu sais. Ça m'embêterait plus que ça te suive toi. J'suis déjà un connard pour la moitié de l'université. Clairement, Camille était rassurée que personne ne soit au courant de leur relation, mais aussi que Walter le lui confirme. Qu'il ait autant d'égard pour elle la touchait, surtout qu'il était seul pour affronter tous les ragots et railleries des autres étudiants d'Harvard. Elle savait, comme tout le monde, qu'il avait trompé Faith avec Ariane sa meilleure amie. Mais apparemment celle-ci s'était soudainement éclipsée, laissant Walter seul pour faire face à tout ça. Doucement il s'écarta d'elle pour venir l'embrasser sur la joue, avant de la regarder dans les yeux et de lui dire que quoi qu'il arriverait, tout ça resterait secret. Merci. Reconnaissante, elle prit sa main en la serrant doucement, mais bien vite elle la relâcha, un peu gênée. Elle regarda ailleurs pour cacher sa gêne et s'éloigna en apportant leurs tasses dans l'évier de la salle de bain. Tombant sur une horloge, elle dit de là où elle se trouvait: Il est tard... tu veux rester dormir ? Proposition qui, pour une fois, était totalement dénuée d'arrières-pensées.

Attendant la réponse de Walter, Camille lava rapidement leur tasses avant de revenir dans la chambre près de lui, évitant légèrement son regard après cet instant de gêne qu'elle avait ressentit. Comme contrarié par ce qu'il allait dire, Walter soupira avant de prendre la parole. Ça ne te fait pas peur d'être au centre des rumeurs Camille ? Je veux dire, tu sais très bien que les gens bitch un max sur moi et mes relations. Ça me ferait du bien de passer du temps avec quelqu'un, mais je ne veux pas que ça se fasse au détriment de ta réputation ou quelque chose comme ça. Il avait raison, bien évidemment. Même si elle se sentait proche des filles de sa maison, à partir du moment où l'une d'entre elles apercevrait Walter sortir de sa chambre, on pouvait parier qu'on la trouverait dans le Crimson de la semaine. Elle serait alors aux yeux de tous l'énième fille qui est passée dans le lit de Walter Kovalevski. Mais aussi l'impitoyable meuf qui couche avec l'ex de Faith récemment décédée, la sans coeur de la Cabot House, qui plus est ancienne amie de celle-ci... Elle voyait ça d'ici. Et qu'on la traite ainsi la rendrait malade. C'est vrai que ce n'est pas très raisonnable... Et pourtant, elle n'avait pas envie de rester seule. La solitude lui avait toujours fait peur, et l'idée de passer une nuit de plus seule à faire des cauchemars de Faith lui disant qu'elle était une traîtresse la tétanisait déjà. Elle aurait voulu lui dire qu'elle n'en avait rien à foutre des gens et de ce qu'ils pensent, qu'après tout ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient quand ils le voulaient. Mais à la place de cela elle leva les yeux vers Walter, un faible sourire sur les lèvres.

En pensant à sa situation, Camille se dit qu'être Walter Kovalevski en devait pas toujours être une mince affaire. Et là, elle entendait déjà toutes les filles indignées qui lui diraient qu'elle était folle, et qu'il méritait ce qui lui arrivait si elle l'entendaient penser ainsi. Pourtant dans sa position actuelle, elle ne pouvait pas le blâmer. Elle n'aimerait clairement pas être à sa place... Lorsqu'il lui dit qu'il trouvait trop bête le mot "raisonnable", elle rit à son tour. Oui, le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne vivait pas une vie très raisonnable. Et il n'avait pas tord, le concept du raisonnable était tout de même quelque chose de très abstrait... Etait-ce raisonnable de n'avoir rien dit à Faith sur elle et lui ? Etait-ce raisonnable de souhaiter rester aux côtés de Walter ce soir ? Etait-ce raisonnable de s'attacher à Demyan comme elle le faisait ? Et pourtant elle avait fait tout ça. Tu sais pas quoi ? Je t'aurais bien proposé d'aller manger quelque part, mais il est trop tard. J'ai envie de discuter, d'en savoir un peu plus. De connaître davantage de la Camille d'Harvard jusqu'à la connaître par coeur. Je sais même pas si t'as des frères et soeurs. Scotchée, Camille resta quelques secondes sans rien faire, à simplement l'observer. Il désirait en savoir plus sur elle. La découvrir, la connaître. C'était si spontané, si naturel. Peut-être qu'au final ils avaient fait les choses à l'envers depuis le départ tous les deux. Néanmoins, personne encore dans sa vie ne lui avait demandé une chose pareille. Et jamais elle n'aurait imaginé que ce serait Walter qui le ferait. Me laisse pas galérer comme ça haha, je cherche juste une excuse pour ne pas rester seul dit-il en riant, après avoir redétaillé sa chambre du regard. Ce fut certainement la phrase qui la fit craquer. Ok alors... allons-y ! S'étonnant elle-même, elle alla enfiler son jeans qui traînait sur la chaise, rentrant sa nuisette dedans, ainsi qu'un sweat bien chaud. Elle mit ses ballerines, attrapa sa veste en cuir et son sac à main et se dirigea vers la porte d'entrée. Je connais un café ouvert de nuit. Tu viens ? dit-elle l'air interrogateur à Walter qui n'avait pas bougé d'un pouce.