(flashback) Just gonna stand there and watch me burn ► Walter&Camille

Installée à son bureau, Camille essayait en vain de se concentrer sur son devoir de littérature. Toutes les conditions étaient pourtant réunies pour qu'elle travaille sérieusement, Aali n'était même pas là. Et pourtant, cela faisait bien une demi heure qu'elle n'écrivait que de la merde, bien trop tourmentée par ses pensées. Elle posa son stylo sèchement et alla faire chauffer de l'eau pour se faire un café. Elle n'en pouvait plus. Depuis le nouvel an, elle ne cessait de se repasser dans sa tête la soirée du nouvel an assez désastreuse qu'elle avait passé entre Demyan qui à présent la détestait et Owen qui lui avait piqué une crise. Et puis, surtout, elle n'arrivait pas à oublier le visage de Faith qui chaque nuit venait la tourmenter. Abattue par son décès, elle ressentait en plus de cela le goût amer de la culpabilité au fond de sa gorge, chaque fois qu'elle pensait à elle. Comment les choses avaient-elles pu se passer ainsi ? Alors que son eau commençait doucement à bouillir, quelqu'un frappa à la porte de la chambre. Il était tard, elle était déjà en nuisette d'ailleurs, et elle savait qu'Aali ne dormait pas là cette nuit. Alors qui ça pouvait bien être ? Le pas traînant, elle alla ouvrir la porte.

En survêtement, la capuche remontée sur sa tête, Walter se tenait devant sa porte avec une expression qui lui était peu familière. Instantanément, Camille fronça les sourcils. Salut, je peux rentrer ? Il faut qu'on parle. Il semblait bizarre, presque malade, et elle se demandait bien de quoi il voulait lui parler. Si vraiment il souhaitait lui parler... Cela faisait un moment qu'ils se côtoyaient tous les deux, et elle savait bien qu'en général Walter ne venait pas pour discuter. Etait-ce un nouveau stratagème pour attirer les filles dans son lit ? Si c'était le cas, il avait frappé à la mauvaise porte. Ce n'était pas pour rien qu'elle n'avait pas prit contact avec lui depuis le décès de Faith. Elle se sentait mal, tellement mal vis à vis de son amie, et voir la cause de son mal être juste devant la porte de sa chambre n'était pas le plan qu'elle s'était imaginée pour la soirée. Néanmoins son visage préoccupé la poussa à accepter. Oui d'accord, entre. Elle s'écarta afin de le laisser passer et referma la porte derrière lui. A l'autre bout de la pièce, la bouilloire frémissait d'impatience et Camille s'empressa de l'éteindre avant qu'il n'y ait une catastrophe. Tu veux un café ? demanda-t'elle après un moment d'hésitation. Ce n'était pas de l'excellent café, simplement le café à diluer au goût vraiment pas terrible qu'elle prenait quand elle bossait et Walter ne buvait certainement pas ce genre de truc, alors pourquoi elle lui avait proposé ? Elle sortit un premier mug, attendant tout de même de recevoir sa réponse.

Il accepta sa proposition et tandis qu'elle remplissait son mug de café, il ôta sa capuche, dévoilant un visage marqué qu'elle ne lui connaissait pas. Elle lui tendit sa tasse, s'en remplit une également avant de se tourner vers lui, adossée à son bureau. Pendant instant elle se demanda si elle devait se couvrir ou non, mais après tout elle s'en fichait. Ce n'était pas comme si Walter ne l'avait jamais vue ainsi, voire dans des tenues bien plus dénudées que ça, et les questions d'étique lui passaient bien au-dessus ce soir-là. Ca fait un moment qu'on s'est pas vu à cause de ... ça. Mais je crois vraiment qu'il faut qu'on parle finit-il par dire, ne la quittant pas du regard. A peine eut-il prononcé ces paroles que Camille sentit une boule se former au creux de son ventre. Elle savait pertinemment de quoi il voulait parler, mais rien que le fait d'y penser lui faisait mal. Venait-il simplement pour soit-disant parler, espérant ainsi régler le problème et qu'elle revienne dans ses bras ? Qu'est-ce qu'il y a à dire hein ? Elle n'y pouvait rien, elle doutait de sa sincérité. Voilà des jours qu'elle ne pensait qu'à ça, que le remord la bouffait de plus en plus. Elle ne savait pas comment s'en sortir, et elle avait pensé qu'éviter Walter serait une bonne solution. Égoïstement, elle avait rejeté la faute sur son dos, mais bien loin de la soulager ce sentiment de culpabilité n'avait fait que s'accroître. Ce que tu as fait l'a détruite, voilà ce qu'il y a à dire ! Et je l'ai fait moi aussi en lui mentant par la même occasion dit-elle presque en criant. Elle détourna le regard, les yeux humides et la gorge sèche. Elle était dure, certainement cruelle, mais elle souffrait trop pour tout garder pour elle. Comment on a pu.. ? dit-elle la voix tremblante, en essuyant une larme naissante au coin de son oeil.

Agacé, il était agacé. Lorsqu'il prononça le prénom de son amie défunte, Camille manqua de sursauter. Tu serais un sans coeur au point de rejeter la faute sur elle ?! dit-elle, un peu hystérique. L'entendre parler ainsi la dégoûtait, lui donnait même envie de le foutre dehors et de se boucher les oreilles bien fort. Mais d'un autre côté elle ne pouvait se résoudre à le faire taire, car ses paroles réveillaient en elle un écho qu'elle ne pouvait pas, et qu'elle ne voulait pas ignorer. Celui qu'elle n'était peut-être pas si coupable. Et lui non plus. Oui, elle savait parfaitement comment il était avec les filles, et c'est pour cette raison que tout était si simple entre eux. Il n'y avait jamais eut de querelle parce qu'aucun sentiments n'entrait en jeu. Ce que Camille regrettait réellement était que Faith se soit fait des illusions, et qu'elle l'ait laissée faire simplement pour ne pas lui avouer la relation qu'elle avait avec son propre petit ami, pour que personne ne le sache. Elle s'était conduite de manière si égoïste. Comment on a pu ? On a pu parce qu'on est jeunes. On a pu parce que Faith et moi on a été officiellement ensemble combien de temps ? Même pas un mois. On a pu parce qu'on en avait envie tous les deux d'accord ? Ses paroles étaient si convaincantes, et il semblait si sur de lui. Et pourtant dans son regard, elle avait l'impression qu'il cherchait son assentiment. Tentant de se calmer, elle passa sa main dans ses cheveux et bu une gorgée de café, avant de poser à nouveau son regard sur lui qui, apparemment, ne l'avait pas quittée des yeux. Elle ne pouvait pas le nier, elle avait toujours été irrévocablement attirée par Walter. Sinon comment aurait-elle pu faire ça à une amie ? Cette espèce d'attraction avait été plus forte qu'elle, et même dans un moment comme celui-ci, dire qu'il la laissait indifférente serait un mensonge. Elle avait envie d'y croire, de se dire qu'après tout, ce n'était pas de leur faute. Elle avait besoin qu'on lui enlève ce poids qui pesait sur ses épaules. Je ne sais pas... Rejeter la faute sur Walter n'était pas la solution. En y réfléchissant, il était sûrement mal lui aussi. Il ne pouvait pas réellement être indifférent face à tout ça. Ce fut à ce moment qu'elle prit conscience que peut-être, il était justement venu la voir parce qu'il souffrait autant qu'elle, voire même plus. Après tout même si ça n'avait été que pendant un mois, et même si il ne l'avait pas aimé, il avait forcément été attaché à Faith. Excuse-moi, pour ce que j'ai dit.

Ses paroles avaient plongé Walter dans une réflexion silencieuse. Finalement il lui répondit que ce n'était pas grave, et qu'il s'attendait à ce qu'elle lui dise quelque chose comme ça. Se sentant soudain un peu honteuse, Camille regretta ce qu'elle avait dit. Elle ne connaissait pas suffisamment Walter pour pouvoir le juger. Ce soir était d'ailleurs certainement la première fois qu'ils parlaient autant tous les deux, et d'un côté, elle se sentait rassurée de savoir qu'elle n'était pas la seule à vivre ce cauchemar. Ce simple échange lui avait fait comprendre qu'ils étaient deux. Au fur et à mesure qu'elle l'observait, elle avait l'impression de découvrir quelqu'un d'autre. Je regrette absolument rien de ce qu'il s'est passé entre nous, rien du tout. Je regrette juste de ne pas avoir vu que Faith allait aussi mal, je me sens coupable pour ça. Après, j'ai le droit d'être attiré par qui je veux, ça se commande pas. Étrangement, ses paroles firent naître un drôle de sentiment en elle, la laissant muette. Oui, ce genre de choses ne se commandaient pas, elle en était convaincue... mais qu'entendait-il en disant cela ? Que comme elle, il n'avait pas vraiment de contrôle sur leur relation ? Soupirant, il appuya sa tête conte le mur, presque à l'opposé de l'endroit où se trouvait Camille. Malgré exiguïté des lieu, elle n'était pas habituée à se tenir si loin de lui. En réalité moi non plus je ne regrette pas. C'est peut-être ça le problème, dit-elle en portant sa tasse à ses lèvres. Et moi aussi, j'aurai dû me rendre compte de son réel mal être. J'étais trop préoccupée par mes propres problèmes et... je n'ai pas fait attention. Je m'en veux tellement pour ça, j'aurai dû être là pour elle, mais ça aurait été hypocrite non ? dit-elle en le fixant droit dans les yeux, complètement paumée. Elle bu une nouvelle gorgée de café et fit la grimace. Désolée, ce truc est vraiment dégueu en fait. Je t'en voudrais pas si tu ne le finis pas dit-elle en s'approchant, un petit sourire d'excuse sur les lèvres.