(+ Mei) encore toi ?!

Eventine aurait préféré avoir affaire à un titulaire plutôt qu’à une interne et surtout à cette furie mais faute de mieux… il prenait son mal en patience comme dit l’autre. Cela ne l’empêcha pas de serrer la main de Viktor, qui s’était aussitôt emparé de la sienne comme s’il appréhendait chaque examen. A sa décharge, sa mère était en hôpital psychiatrique et personne n’osait lui dire franchement les choses, normal qu’il appréhende le bout de chou. « Tu ne vérifies pas son poids aussi ? Me fusille pas du regard je me renseigne, je ne remets pas en question ce que tu fais » coupa-t-il subitement, nettement plus inquiet pour le p’tit bout que par autre chose.

« Non, il va aller sur la balance maintenant que j’ai fini avec la tension. Avant, je vais voir s’il respire bien. » M’approchant de lui, je mettais donc mon appareil sur le corps de l’enfant, et je commençais à regarder s’il respirait bien. Puis finissant cela, je notais le tout sur ma feuille et le prenant pour le mettre sur le sol, je lui disais : « Tu vas aller sur la balance pour que je puisse avoir ton poids. » Lui souriant, je prenais donc note du poids et tout en regardant l’enfant, je lui disais en souriant : « Maintenant la taille, on va voir comme tu es grands. »

Eventine hocha simplement la tête sans répondre quoi que ce soit, devant bien admettre que jusqu’ici, il n’avait rien à lui reprocher. Bah, cette harpie devait être plus douée avec les enfants qu’avec les autres êtres humains vivant autour d’elle sur cette planète, cela expliquerait bien des choses. Jusqu’ici, Viktor était étonnement docile pour un garçon d’ordinaire turbulent mais lorsqu’elle voulut lui mesurer sa taille, il se dégagea plutôt vivement de ses bras pour se réfugier contre les longues jambes d’Eventine, qui s’agenouilla aussitôt. « Hey bonhomme, elle veut juste voir comment tu es beau et grand, tu n’as pas envie de le savoir ? De quoi tu as peur, raconte moi tout… »

Voyant l’enfant aller se réfugié dans les bras de l’inconnu, je lui disais en mettant à sa hauteur. « Tu sais ce que l’on va faire ? Et bien, je vais te donner une sucette parce que tu as été sage. Et tu auras ton bon point à mettre dans ton cahier. » Je m’approchais de lui, et je lui donnais le tout. Lui souriant, je me demandais bien ce que j’allais donc faire par la suite. Je disais à mon interlocuteur : « Bien, il faut attendre que le petit bonhomme montre sa taille. »

Pourquoi Viktor était-il si stressé ? Mystère et balle de golf. Peut-être que cette inconnue l’impressionnait ou qu’il sentait la tension désagréable entre les deux adultes, bref, l’espace d’un instant Eventine fut pris d’un léger remord mais il dû admettre que la toubib gagnait du terrain avec le petit, qui hocha la tête. « Allez, tu lui montres comme tu es beau et fort mon grand ? Après j’te promets, en rentrant je te bidouille les crêpes que tu aimes » fit-il d’un ton doux avant de l’amener de lui-même jusqu’à la toise pour enfants. « J’te laisse faire doc. »

« D’accord, cela ne sera pas long. » Etant rapide, je notais le tout, et je lui disais : « C’est fini, tu as été sage, et pour les enfants, il y a toujours une petite chose que je donne en plus. » Me dirigeant vers une boite pour les enfants, je donnais à mon interlocuteur adulte : « Tiens c’est un carré de chocolat, son médecin habituel lui en donne. Mon chef fait toujours ça. Donc en voilà pour le petit bonhomme. Encore merci d’avoir patienté un peu. » Je me demandais bien ce que cela pouvait donner par la suite mais bon. Autant rester calme.

Eventine restait près de Viktor non pas parce qu’il n’avait pas confiance en elle mais plutôt pour le rassurer de sa présence et éviter ainsi que le bambin ne se mette à gigoter ou pire, à s’impatienter joyeusement. Finalement, c’est un gamin tout sourire qui fit face à l’inconnue lorsqu’elle lui donna un carré de chocolat. « Ben dis donc… à défaut d’être aimable avec les adultes je te reconnais du talent avec les enfants » fit-il avec sérieux, sans sourire pour autant. Leur dernière altercation l’avait plutôt douché et il mettait toujours du temps avant de refaire confiance à quelqu’un. « Tu vas rester l’inconnue ou je peux au moins savoir ton nom ? »

« Disons que les relatiosn des adultes ne m’ont pas toujours apporté du bien….Les enfants au moins sont purs et ils sont là pour être soigné. Une fois guéri, je me dis qu’ils pourront vivre longtemps. » Je souriais mais avec la perte de mon père les relations humaines étaient difficiles pour moi…Je lui tendais la main : « Li Mei Ying Ivanov et toi ? » Oui ; deux noms de famille, celui de ma mère et celui de mon père. Je me demandais bien pourquoi est-ce qu’il était plus calme mais bon, pour une fois, je tentais de l’être aussi.

« Alors là tu ne m’étonnes pas du tout, très franchement » avoua-t-il car si Eventine ne s’était pas forcément très bien conduit lors de leur première rencontre, il n’avait pas saccagé son travail ni même détruit de partition dans un mouvement d’humeur. C’était quelque chose sur laquelle il avait du mal à passer, en toute honnêteté. « Eventine Casiraghi » répondit-il cependant en serrant sa main, bien loin de vouloir faire preuve d’impolitesse cette fois, pas devant Viktor en prime. « Je devrais te demander réparation pour des partitions d’une valeur inestimable que tu as détruite d’un mouvement de sale humeur… je ne sais pas vraiment ce qui me retient de le faire, d’ailleurs. »

« Je n’étais pas de mauvaise humeur, je n’ai juste pas apprécié que tu ne t’excuse pas de m’avoir marché sur les pieds. » Voilà, c’était dit, il fallait juste à attendre qu’il réagisse un peu. Je continuais donc à attendre qu’il ait fini de parler. « Tu peux le rhabiller, j’ai fini. » Je ne voyais pas trop quoi dire de plus, et pour ma part, je reculais donc pour pouvoir m’en aller s’il n’avait plus besoin de moi, je lui demandais quand même : « J’ai vu dans les dossiers qu’il faudra que tu penses aux vaccins. Cette année, il aura des rappels à faire. »