(+ Mei) encore toi ?!

« Nan… tout mais pas toi » lança brusquement Eventine alors qu’il accompagnait le petiot que sa meilleure amie lui avait laissé dans les pattes. Viktor avait cinq ans tout juste, débordait d’énergie, mais hélas sa mère s’était fait interner dans un hôpital psychiatrique très loin d’ici pour protéger la chair de sa chair. Elle n’avait fait confiance qu’au prince pour s’occuper de son trésor et voilà pourquoi il venait aujourd’hui dans le service pédiatrique de l’hôpital : pour s’assurer que tout allait bien. « Je te laisse trente secondes bonhomme, faut que je salue une vieille amie » fit-il avant de prendre Mei par le bras sans douceur, l’amenant dans un couloir désert, l’air menaçant. « Hors de question que tu le touches sans l’avis d’un pro derrière, j’ai aucune confiance en toi espèce de punaise ! »

Je me trouvée à l’hôpital pour travailler. Et je tombais sur l’idiot de la dernière fois, lui souriant, je lui disais : « Tout d’abord, on dit bonjour. Ensuite, on demande, est-il possible d’avoir une personne qui s’occupe du petit ? Et de deux, on sourit un peu, et de trois, malheureusement pour vous, il n’y pas d’autres docteurs en pédiatrie étant donné qu’elles sont toutes les deux enceintes. Mais je peux vous trouver une infirmière si vous le voulez. » Enlevant mon bras, je faisais un signe de tête à une infirmière qui pourrait donc s’occuper de l’enfant. Je disais à l’idiot de service : « Elle débute, comme la plupart d’entre elles, ici. Bon courage, je vais voir mes patients. »

« Je n’ai aucune politesse à te devoir alors que tu as pourri plusieurs de mes partitions. Tu ne respectes rien, pourquoi devrais-je le faire face à ta faible position ? » répliqua-t-il froidement, bien au-delà de la colère. Il n’était cependant pas question qu’il la laisse partir aussi l’attrapa-t-il sans violence par le bras. « Tu laisserais un enfant sans assistance ou alors avec celle d’une infirmière ? Bravo pour la non assistance à personne en danger… mais dis moi, si je témoigne contre toi face à ton chef, qui aura raison d’après toi ? Une minable interne sans envergure ou bien un prince ? Ton problème ma chère c’est que tu ignores tout de la personne que tu as en face de toi. Si tu es compétente parfait, prouve-le, mais si je dois te reprocher quoi que ce soit face à ce bout de chou, compte sur moi pour faire de ta vie un enfer, et j’ai bien plus de moyens de pression que tu n’en n’auras jamais dans ta misérable vie. »

Alors là, ma main partait sur sa joue et je lui disais : « Tout d’abord tu me dis de ne pas m’occuper de ton bout chou. Et maintenant tu dis que je suis une incapable. Tu ferais mieux de rester à ta place. Soit tu fais comme je te le dit et tu attends un peu et tu acceptes mon aide. Soit tu prends l’infirmière qui va faire ce que je dis. Soit tu vas dans un autre hôpital, tu as le choix. Quand à mon chef, figures-toi que jusqu’à présent il n’a rien à me reprocher. Donc pour une fois, il serait bien mieux pour toi de te calmer. Tu sais les infirmières font ce que l’on demande, mais bon, va dans la salle d’attente deux, j’arrive. Et tu ferais mieux de te calmer ou j’appelle la sécurité. »

« Ah oui, ton chef n’a rien à te reprocher ? Je te signale que c’est mon tour, que tu as installé le gamin dans une salle d’examen alors te barrer comme une voleuse, ce n’est pas franchement un comportement professionnel. Je n’ai rien contre les infirmières mais elles ne sont pas médecins et je ne me fie qu’aux avis de médecins lorsqu’il s’agit d’un gosse. Tu n’es pas contente du ton que j’emploie ? Il fallait agir moins connement la fois passée si tu voulais que je te considère comme quelqu’un d’intelligent. Maintenant tu fais ton boulot, tu le fais bien et tu fais passer en prime Viktor maintenant comme c’était convenu » reprit-il, bien décidé à ne pas lâcher l’affaire. Après tout, ce n’était pas sa vie qui était en jeu mais celle de l’enfant qu’il avait adopté par la force des choses…

« Je suis navrée pour toi, mais il devra faire la queue comme tout le monde. Il a des parents qui attendent depuis deux heures et ils sont arrivés avant vous deux. » Un simple sourire, et voilà que je n’allais pas me laisser démonter par cet individu. Je lui disais : «Tu devras rester avec lui dans la salle deux vu qu’il est mineur, et tu attendras que je finisse mes consultations. » Je partais donc alors calmement, et je prenais le dossier suivant. En appelant le nom du couple, je les faisais rentrer dans l’autre salle. J’en avais juste cinq devant lui. Il allait devoir attendre. Mon chef m’avait dit : « pour éviter l’émeute, fais les patients dans l’ordre sauf pour les urgences. »

« Je ne suis pas contre attendre si c’est pour la bonne cause, ne va pas me faire dire ce que je n’ai pas dit. Tout ce que je veux c’est que tu fasses ton job : tu m’as bien reproché de critiquer ta profession, alors prouve-moi donc que j’ai tort » répliqua-t-il non sans hausser les épaules aussitôt. Eventine n’avait aucune intention de lui faire de cadeau mais pas d’être injuste sans raison : cette fois-ci, l’histoire n’était pas la même, ils ne venaient pas de se bousculer… mais il devait admettre avoir un sérieux mauvais à priori contre elle vu son comportement de la fois passée. « Tu crois franchement je vais le laisser seul ? Va donc faire tes consultations au lieu de dire des conneries plus grosses que toi ! » conclut-il avant de rentrer à nouveau dans la salle sans un nouveau regard pour Mei. Voyons voir comment elle allait s’activer celle-là…

Il me tapait vraiment sur le système mais bon, j’avais déjà vu le chef de la sécurité qui avait dit qu’il mettrait plus gens dans la salle de façon à calmer tout le monde. Puis je finissais donc mes consultations et je me dirigeais vers la salle deux. J’avais été prendre le dossier directement dans la pile, et je rentrais dans la pièce. Avec une sucette dans la poche de ma blouse et un bon point pour mettre dans le cahier du petit. « Bonjour Viktor, tu vas bien ? » Prenant donc le siège pour le retrouver devant lui, je tapais sur la table et il montait à l’aide du marche pied. Il mettait donc ses jambes devant moi et je lui disais : « On va commencer, tu es prêt ? »  Prenant le dossier, je l’ouvrais pour voir le dossier de l’enfant.

Eventine était d’un calme olympien à défaut d’être aimable car s’il tapait sur le système de cette presque parfaite inconnue, qu’elle ne s’inquiète de rien : il en avait autant à son service. Que ne ferait-il pas pour Viktor, y compris supporter cette harpie impudente ! « C’est pas une madame mon médecin » répondit l’enfant de façon très calme non sans prendre la sucette au passage. « Aujourd’hui c’est cette dame ton médecin alors on dit bonjour, Vik… » « Bonjour… » répondit-il aussitôt, obéissant plutôt bien à Eventine bien qu’en théorie il ne soit nullement son père. « Tu vas procéder à quoi exactement ? Je veux dire, comment tu vas procéder au juste ? »

« Je vais prendre la tension, écouter le cœur, regarder son soufflé, voir pour la taille et cela sera le tout. » Je prenais donc mon stéthoscope, et je lui disais : « Je vais écouter le cœur Viktor. Ne bouge pas et respire bien. » Je prenais donc le temps de lui dire : « C’est bien Viktor. Continue comme ça. » Notant donc sur ma feuille le résultat, je reprenais : « Je vais mesurer ta tension, surtout ne bouge pas. »Il ne fallait pas qu’il bouge sinon, il fallait que je recommence dans dix minutes. Je faisais attention, et tout en le réalisant, je regardais sue je n’avais rien oublié.