(+ Caleb) I won't apologize... it'd unfair

Trois fois rien ?! Bon avec Thaïs, même une toute petite coupure ne paraîtrait jamais comme trois fois rien. Elle s’inquiétait tant que son cœur en battait la chamade et ses mains devenaient tremblantes de panique. « Mais si un jour tu te fais vraiment mal !! Caleb j’ai vraiment besoin de toi en ce moment ! » Thaïs ne cherchait pas à le faire culpabiliser, au contraire, mais plutôt à lui faire comprendre que ses accès de violence, ça ne pouvait plus durer. Ils allaient avoir un bébé et dieu sait combien elle allait être dépendante de lui, surtout à la fin de sa grossesse et à plus forte raison lors de son opération. « Pourquoi tu t’es pas gavé de crème glacée alors !! Je t’aurais accompagné comme ça… en plus c’est malin j’ai trop envie de glace, franchement c’est pas cool mari de moi… j’aurais envie de faire quelque chose mais j’ai l’impression de ne servir à rien pour ça et ça me tue. »

Même si Thaïs n’avait pas voulu me culpabiliser, elle y avait réussi tandis que je soupirais pour me rallonger sur le dos, un bras plié sous ma tête. Je m’en voulais mais elle ne pouvait pas comprendre et je n’avais pas l’intention de lui expliquer d’où venaient mes accès de colère. Il y avait des choses que même elle, n’aurait jamais le droit de savoir sur moi. Je ne pouvais pas le lui dire. « Je n’ai pas l’intention de te faire défaut ni quoique ce soit » grognais-je tandis que je tentais à présent de la rassurer comme je pouvais. « Et si ma tante en avait, on l’appellerait tonton. C’est dans mon caractère Thaïs ! Merde, je ne suis pas le prince charmant ni même un mec qui fait dans la dentelle… Et je n’ai jamais rien trouvé de très réconfortant à bouffer de la glace » marmonnais-je commençant à être de mauvaise humeur alors que tout semblait pourtant rentrer dans l’ordre. « Si tu veux faire quelque chose, va nous chercher le pot de crème glacée dans le congélateur… tu pourras toujours en manger » lâchais-je laconiquement.

Thaïs se mordit aussitôt la langue. « J’aurais mieux fait de fermer ma gueule » marmonna-t-elle à moitié dans sa barbe car cela partait d’une bonne intention et au lieu de le prendre comme tel, Caleb venait de se fermer à nouveau. « T’es pas obligé de t’en prendre à moi je m’inquiète, c’est tout ! Je n’ai jamais dit que tu allais me lâcher en cours de route !! Et puis arrête de dire que tu n’es pas le prince charmant, j’en ai rien à secouer que tu sois parfait, je ne suis pas tombée amoureuse de toi que pour tes qualités mais aussi tes défauts bordel de merde, faut te le dire en quelle langue, en russe ?! » Thaïs leva les yeux au ciel à sa dernière réplique, là c’était juste le pompon. Elle se leva rageusement et ouvrit la porte sans forcément de douceur en se la prenant sur le coude, bien évidemment, poussant un grognement pour mieux tâtonner jusqu’au frigo et… bloquer devant sans ouvrir la partie réfrigérateur. Il valait mieux qu’elle se calme pour éviter de s’esquinter encore quelque chose. « Respire, respire. »

Je crois que si j’avais été une femme, on aurait pu s’interroger sur le fait que j’avais mes règles pour être autant sur les nerfs à la moindre remarque. Cela faisait longtemps que je n’avais pas été dans un tel état, la dernière fois, c’était lorsque j’essayais de faire une cure de désintoxication. Je savais bien que reprendre ces foutus médicaments n’allait pas me réussir mais mon genou recommençait à me faire mal et plutôt m’amputer la jambe que de renoncer à la danse. Le problème, c’est que je retombais dans mes travers et qu’il fallait que je calme ça rapidement avant que Thaïs n’en parle à son père pour x raison. Samuel comprendrait rapidement que j’avais plus ou moins replongé et je n’étais pas sûr d’avoir envie de subir son courroux car ce crétin, sous ses allures de pacifiste rigolo se cachait un véritable sadique même si des deux, Nicolaï le battait à plate couture. J’ouvrais le tiroir de ma table de nuit, m’enfilant deux cachets pour mieux rejoindre ma femme. « Thaïs… Excuse, je suis un peu sur les nerfs en ce moment » m’excusais-je en entourant son corps de mes bras, glissant mon visage au creux de son cou. « je sais que tu ne pensais pas à mal… Pardonne-moi ! »

Thaïs bloquait devant ce foutu frigo sans même oser ne serait-ce qu’en approcher la porte, préférant se concentrer sur sa respiration en allant jusqu’à fermer les yeux. Il fallait qu’elle calme les battements de son cœur sans quoi elle allait bien finir par faire un malaise… même si être complètement nue au milieu de la cuisine n’était pas forcément mieux pour éviter d’attraper la mort ! Elle sursauta donc en entendant Caleb parler, se raidissant aussitôt de peur qu’il ne lui envoie une nouvelle amabilité en pleine face. Très étonnement… ce ne fut pas le cas. « Qu’est-ce qui t’arrive Caleb ? » demanda-t-elle aussitôt, sans pour autant le repousser alors qu’il venait d’entourer sa taille de ses bras puissants. « Autant tout à l’heure on s’est engueulés à cause d’Alec je veux bien mais là tu m’as carrément sauté à la gorge parce que j’ai eu le malheur de m’inquiéter pour toi. Il va falloir que je contrôle mes mots aussi et que je ne te dise plus rien ? Pourquoi es-tu sur les nerfs, qu’est-ce qu’il se passe ? Je suis ta femme, s’il y a une couille dans le pâté, ça devrait être à moi que tu en parles en premier… » soupira-t-elle, encore plus tendue que précédemment.

Je ne pouvais pas lui répondre par la vérité. J’en étais incapable car avouer que j’avais replongé dans mon plus gros vice n’était ni une chose aisée ni même quelque chose dont j’étais fier. Je me sentais pour le moins paumé mais je restais-là, lui mentant, faisant semblant d’être le même homme, celui qu’elle avait épousé alors que peu à peu, je redevenais ce Caleb renfermé et violent. Deux hommes luttaient en moi, celui qui désirait tout détruire pour une dose et celui qui aimait tendrement cette femme et qui se tuerait plutôt que de la faire souffrir. Je savais que je soufflais le chaud et le froid et qu’à la longue, cela l’épuiserait si ce n’était pas déjà fait. « Je suis stressé par les examens, je ne dois pas me planter mais ça n’excuse en rien mon comportement. Tout ira mieux dans quelques jours d’accord ? » soufflais-je. Il fallait juste que je m’approvisionne convenablement pour pallier à tous les cas de figure. « Tu veux qu’on se mange cette crème glacée au lit ? Si tu veux, je pourrais te lire un chapitre du bouquin que tu adores… » tentais-je de l’amadouer tandis que les cachets me détendaient progressivement.

Thaïs trouvait que cette excuse sonnait faux, mais sa confiance pour Caleb était telle qu’elle refusa de chercher plus loin. « Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant au lieu de t’énerver tout seul dans ton coin ? Je te jure, tu me fous les jetons des fois ! Tu as l’air vraiment au bord de la rupture… » reprit-elle en se tournant vers lui, un air si triste dans le regard que cela aurait pu briser le cœur de n’importe qui. Mais elle s’inquiétait pour Caleb, d’autant plus parce qu’elle le sentait en peine et que ce qui le touchait la touchait forcément aussi. « Je veux bien j’avoue que j’ai… faim ! Mais te sens pas obligé de me lire ce bouquin, on peut juste se faire un gros câlin parce que je pense qu’on en a autant besoin l’un que l’autre… » Délicatement, Thaïs glissa sa main contre la joue de Caleb pour mieux lui offrir un baiser des plus tendres, afin d’apaiser leur nouveau chapitre de dispute.