(+ Caleb) I won't apologize... it'd unfair

La dispute avait été violente cette fois. Du moins suffisamment pour que Thaïs hurle avant de prendre juste son chien et ne claque la porte sans autre forme de procès. Combien de temps avait-elle erré sous la pluie, à grelotter parce qu’elle n’avait pris ni manteau, ni téléphone ni argent en partant sur le coup de la colère ? Des heures. Caleb avait mis un moment à la chercher mais désormais, le silence qu’il lui imposait était cent fois pire maintenant qu’ils se trouvaient dans la voiture, sur le chemin sur retour. « Tu vas rester muet encore longtemps ? » demanda-t-elle subitement, fatiguée, trempée et blessée qu’il ait réagit de cette façon en premier lieu. « Je t’ai déjà dit que j’étais désolée d’être partie comme ça sans rien… » Thaïs avait une voix presque murmurante tant cette dispute l’épuisait dans tous les sens du terme. Ses yeux étaient humides mais elle refusait de pleurer : ce n’était pas le moment. « Tu attends quoi de moi exactement Caleb ? Mais réponds bordel c'est insupportable tu ne vois pas que ça me panique ton silence ?! »

J’étais furieux, j’étais blessé et surtout inquiet. Encore une fois, Thaïs n’en avait fait qu’à sa tête et elle était partie, seule, dans la nuit sans téléphone et encore moins un manteau. Je devais peut-être m’estimer heureux qu’elle ne porte rien de blanc sur elle cette fois-ci ou qu’elle ait mis une culotte. En tout cas, d’avoir tourné des heures et des heures dans la ville pour la retrouver n’avait pas arrangé mon humeur. « Va prendre une douche chaude et change toi, tu vas attraper la mort à rester trempée par la pluie » lâchais-je froidement tandis que j’enlevais moi-même mon haut trempé pour le jeter dans la panière à linge sale. J’étais vraiment en rogne alors il valait mieux ne pas trop me piquer sinon je craignais l’explosion. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que j’en ai ras le cul de ton comportement irresponsable ? Bordel, tu ne peux pas t’enfermer dans la chambre ? Non, faut que tu te casses à chaque fois de l’appartement pour errer dans la ville avec même pas un manteau sur le dos !! Putain Thaïs, t’es pas toute seule, tu portes notre gosse, tu ne peux pas te montrer raisonnable même dans tes actes ?! Marre de devoir aller te chercher comme un con car je peux pas rester sans paniquer à l’idée qu’il t’arrive une merde » explosais-je car dans le fond, si nous nous étions disputé, c’était purement et simplement parce que je ne supportais plus son amitié avec son ex.

D’accord, il était venu la chercher mais Thaïs s’attendait tôt ou tard à un retour de flammes. C’était toujours comme ça après chaque dispute sauf que cette fois-ci, au départ du moins, la jolie blonde n’avait rien fait de mal et ne comptait pas s’excuser même si elle avait péter une durite par la suite. « Irresponsable, hein ? Et à cause de qui je me suis barrée pour éviter d’entendre des horreurs !! Merde mais regarde-toi dans une glace Caleb, tu m’as pourrie parce que tu ne supportes pas que je sois amie avec Alec alors qu’il ne se passera plus jamais rien entre nous ! » explosa-t-elle à son tour, les larmes s’écoulant en rafales contre ses joues sans qu’elle ne puisse les retenir cette fois. « Je veux bien que je ne sois pas parfaite mais au départ je n’ai rien fait de mal !! C’est toi qui m’a poussée à la fuite et JUSTEMENT j’ai pensé au bébé parce que si tu penses que ce genre de stress est bon pour moi et pour lui, tu te plantes le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate !! » Thaïs le dépassa aussitôt pour aller prendre docilement une douche, y restant un temps considérable notamment pour calmer ce flot de larmes incontrôlables. Elle s’emmitoufla dans un peignoir confortable avant de prendre une couette chaude dans le placard à proximité du salon pour s’allonger sur le canapé illico : autant qu’elle reste dans son coin puisqu’il semblait être fatigué de devoir veiller sur elle.

«Ouais c’est vrai, je devrais dire amen parce que tu es cul et chemise avec ton ex-petit ami… Sûr que je suis content pour toi ! Dis-moi, vous vous rappelez le bon vieux temps aussi pendant qu’on y est ?! » balançais-je en m’en voulant tout de suite après mais c’était ma jalousie qui parlait, celle de voir l’histoire se répéter une nouvelle fois. Thaïs pouvait comprendre bon sang ! Elle était la première à craindre le pire dès que je m’approchais de Maelys alors que nous n’avions même pas couché ensemble. Eux, ils étaient sortis ensemble et d’après les bruits de couloir que j’avais entendu, tout le monde pariait pour un retour de flammes alors merde. « C’est vrai qu’aller te trimballer en plein hiver sans manteau sous la flotte, c’est te montrer raisonnable que je suis con ! » protestais-je avant d’aller me changer, ruminant toujours avant de la voir prendre de quoi dormir sur le canapé. « Putain Thaïs ramène tout ça dans la chambre, tu vas pas pieuter sur le canapé dès qu’on se dispute bordel… Dis le moi, je peux toujours aller pioncer à mon ancienne chambre avec Eventine, je te dérangerai peut-être moins si dormir avec moi te fait chier à ce point ! »

Thaïs avait cru que Caleb se calmerait le temps qu’elle aille sous la douche mais non, à peine venait-elle de s’allonger sur le canapé qu’il reprenait déjà ses conneries et autant dire que la jolie blonde n’allait pas supporter ça longtemps encore. « Stop… » fit-elle cette fois-ci sans force, volonté ou même colère tant cette situation l’épuisait. « Là techniquement parlant on ne se dispute pas tu me prends pour un punching ball !! Quoi que je dise, quoi que je fasse je vais forcément finir comme elle, à te tromper dès que j’en ai l’occasion mais bordel de merde Caleb si tu ne me fais jamais confiance comment tu veux que ce mariage fonctionne ? Pourquoi t’es-tu marié avec moi ?! D’accord, tu peux m’envoyer dans la gueule que j’ai peur quand Maë t’approche mais je ne vous fait pas une scène, je ne pète pas un câble comme toi et je ne t’envoie pas plus que je dérange, que je peux aller ailleurs le temps que vous raviviez le bon vieux temps ! Moi je ne sais plus quoi faire… tu me rends coupable de quelque chose qui n’est pas un crime, attends je suis AMIE avec quelqu’un ! Combien de femme t’es-tu tapé de ton côté ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité mais vas-y, continue, enfonce-toi dans ta connerie mais moi j’arrête la discussion. J’arrête la discussion parce que je ne peux plus ! » Thaïs s’était relevée, tremblante, ses larmes s’écoulant encore contre ses joues et désormais, elle n’osait même plus s’asseoir sur le canapé. [b]« Puisque c’est tellement insupportable de t’occuper de moi, pourquoi tu ne me fous pas dehors ? Ça te simplifierait la vie… »/b]

Je savais que mon comportement n’était pas celui qu’elle attendait ni même celui que je devais avoir. Nous étions mariés et si cela ne signifiait rien pour elle, je n’aurais jamais vu autant de bonheur dans ses yeux le jour de notre mariage. Malheureusement la jalousie m’empêchait de réfléchir sereinement. Je n’avais qu’une envie, aller casser la gueule de ce type, de l’éloigner de ma femme car j’étais complétement paniqué à l’idée de la perdre. Le problème, c’est qu’à continuer ainsi, j’allais obtenir tout ce que je craignais. « Retourne te coucher dans notre chambre, je vais prendre une douche » lâchais-je sans douceur avant d’aller m’enfermer dans la salle de bain où je n’osais croiser mon regard dans la glace. Je me déshabillais pour mieux m’engouffrer sous une douche glacée pour calmer mes ardeurs. Je m’en voulais, c’était ça le pire. Je m’en voulais à un point qu’elle n’osait imaginer et sûrement est-ce cela qui me fit frapper contre le carrelage de la douche quitte à m’esquinter la main mais au moins, ce geste de violence eut raison de ma colère qui se calma progressivement. Je restais tout de même sous la douche froide avant d’en sortir, me sechant sommairement pour mieux bander ma main blessée. Ce n’est qu’au bout de très longues minutes que je retrouvais Thais dans notre chambre. J’enfilais un pantalon de pyjama. « Je… » commençais-je avant de soupirer. « Tâche de dormir, tu as besoin de repos pour le bébé » biaisais-je n’arrivant pas à me radoucir ni même à voir clairement au travers de mes craintes.

Thaïs poussa un profond soupir en l’entendant s’éloigner. Elle accepta docilement de retourner dans la chambre mais se trouvait tellement crispée que le sommeil ne risquait pas de la gagner. D’ailleurs, au retour de Caleb, elle eut l’espoir qu’il allait se radoucir et mettre cette odieuse dispute derrière eux mais non, rien… il se contenta de lui balancer une phrase balance et en guise de réponse, elle haussa les épaules, demeurant toujours dos tourné. Ce n’est qu’au bout de deux heures que, n’y tenant plus, elle se releva en prenant le nounours qu’il lui avait offert peu après leur rencontre, s’extirpant précautionneusement du lit en mode crise de panique. Elle fit les cent pas dans le salon avant d’aller serrer son chien dans ses bras, qui lui lécha doucement la joue. « Hein que je suis un cas désespéré ma belle ? Il y a des fois où je voudrais disparaître comme dans un tour de passe-passe. Je crois que je n’arriverais jamais à comprendre les gens… j’essaye de partager mon temps du mieux que je peux, de jongler entre mes amis, mes études, la préparation du mariage, mes angoisses vis-à-vis de bébé et crois-moi elles font la taille de la ville de la France entière… mais ce n’est encore pas suffisant. Je n’arrive pas à lui faire comprendre que dès qu’il m’engueule comme ça j’ai juste envie de sauter sous une voiture parce que son avis compte en premier… ça me déglingue. Il finira un jour par me laisser, tu verras. » Une chance que Gaïa, sa belle femelle labrador, soit là pour la léchouiller et lui offrir une occasion de câlin : qu’est-ce qu’elle en avait besoin !

Je me couchais à ses côtés, tâchant de trouver le sommeil mais je me mentais à moi-même. Pour ce qui restait de la nuit, je n’allais certainement pas fermer l’œil et ce fut le cas car je sentis Thaïs quitter le lit. Je restais quelques instants sans savoir quoi faire, les yeux fixés sur le plafond blanc de notre chambre. Je savais que j’étais le seul fautif dans toute cette histoire et que si je ne mettais pas un mouchoir sur ma jalousie, je finirais par perdre cette merveilleuse femme mais j’ignorais si je serais capable d’un tel exploit. Je me relevais donc pour la rejoindre, l’entendant se confier à sa chienne. Je restais les bras croisé sur mon torse nu jusqu’à me racler la gorge pour signifier ma présence. « Je n’ai ni envie que tu te jettes sous une voiture et encore moins envie de divorcer et de te quitter » commençais-je avant de me rapprocher d’elle pour m’accroupir à côté de la chienne pour lui flatter la tête. « En m’épousant, tu savais que tôt ou tard, mes vieux démons reprendraient le dessus. Je suis un connard maladivement jaloux et possessif, je n’y peux rien et même si j’essaie de me soigner, ça ne changera rien. Je ne vais pas prétendre non plus à la palme du meilleur mari et si tu crains mon opinion, je crains de te perdre toi. Ce n’est pas évident pour moi de me dire que tu as couché avec ce type et que maintenant, vous n’êtes qu’amis à vous faire des câlins et autre connerie du genre… J’essaie de me dire que nous sommes mariés, que tu me seras fidèle mais je suis bien placé pour savoir que le risque zéro n’existe pas… Je crois simplement que je devrais apprendre à fermer ma gueule et mettre un mouchoir sur mes problèmes existentiels »

Ce soir, Thaïs venait de se rendre à quel point elle était proche de sa chienne et à quel point, même si elle ne pouvait pas répondre ni la comprendre, elle restait là, assise, sans bouger ni vouloir fuir. Même si en l’occurrence, Gaïa ne put empêcher la jolie blonde de sursauter à l’entente de la voix de Caleb. « Avec Alec cela a duré trois semaines, ce n’est vraiment pas ce que je peux appeler une « longue histoire ». On est devenus amis parce qu’on s’est rendus compte que ça aurait toujours dû être ainsi et que sortir ensemble était une erreur, point barre. Tu es toi aussi ami avec plusieurs de tes exs et je ne t’en pourrie pas pour autant… merde je comprends ta jalousie puisque je suis jalouse moi aussi mais là, ce n’est plus seulement ça, tu me prouves par a+b que tu n’as aucune confiance en moi et que quoi que je dise, j’aurais toujours tout faux. Sans oublier le fait que tu en aies manifestement ras le cul de mon comportement irresponsable et j’en passe. Avec toi, je n’ai pas le droit à l’erreur alors que tu fais de ton côté ce que tu me reproches ! Du côté de ta jalousie en tout cas. Mais ouvre les yeux Caleb : tu n’as pas épousé une femme parfaite je te signale ! » Thaïs tourna la tête, serrant cette fois-ci son nounours en ramenant ses genoux contre elle comme pour se protéger d'une énième dispute.

« Tu peux me dire avec quelle ex je suis ami ? Parce que la seule, ce serait Davina et on peut pas dire que nous soyons réellement ami et puis ce n’est pas la question. J’ai merdé, que veux-tu, je ne suis pas le prince charmant non plus » soupirais-je en me relevant histoire de faire les cents pas. « Fais ce que tu veux Thais, vois qui tu veux, t’es une femme libre, je n’ai plus envie de me prendre la tête parce que je suis jaloux… je crois qu’il faut que je me décroche de cette connerie sinon ça va finir par nous bouffer tous les deux et ce n’est pas ce que je veux. Je crois que je vais tout simplement laisser courir, arrêter de me prendre la tête car je ne fais au final que de te la prendre à toi donc autant que ça s’arrête de mon côté » ajoutais-je en me passant une main lasse sur le visage. J’étais épuisé de ma propre jalousie et possessivité, je devais arrêter de me prendre le chou comme ça, partir du prince qu’elle était ma femme point barre. Qui vivra verra en gros. « Il faut que je te parle de quelque chose de tout de manière. Je dois faire un stage pour valider mon doctorat et j’ai reçu trois propositions : un à New York de trois mois, un de six mois à Paris et un d’un mois à Boston. » lâchais-je l’information en restant toujours à bonne distance, observant la nuit noire à travers la fenêtre du salon.