(+ Caleb) I won't apologize... it'd unfair

« Le problème Caleb c’est que si tu laisses courir, c’est ta tête à toi que tu vas prendre, toi que tu vas bouffer… mais je suppose que même en disant ça c’est comme si je pissais dans un violon » soupira-t-elle, plus lasse encore avant d’écarquiller les yeux. Pour le coup, elle se releva, suffisamment maladroitement pour se cogner le genou contre une table basse et éclater de rire dans la foulée devant le « haut comique » de la situation. Vraiment, il valait mieux en rire qu’en pleurer. « Donc, si je suis bien ton raisonnement, tu me pourris, je fuis, tu me pourris encore, je me sens comme une merde, tu fais un petit mea culpa… ou pas, pour mieux me dire que tu vas te barrer pendant un temps considérable à Perpète les petites olives pour un stage ? Mais à part ça tu ne me donnes pas du tout l’impression que je suis nuisible et que tu veux me fuir loin, trèèèès loin ! » Thaïs était un peu sarcastique et elle s’en voulut car pour le coup, non seulement elle se payait une crampe abdominale importante mais en plus elle avait la tête qui tourne, ce qui la poussa à s’asseoir sur le canapé, mains dans son visage. « Que veux-tu que je te dise ? C’est pour ton avenir, je suppose… je ne m’estime pas le droit de t’en empêcher. »

« Que veux-tu que je fasse d’autres Thaïs ?! Que je continue à t’agresser comme un connard parce que je ne sais pas user de ma tête quand un mec t’approche même pour te demander l’heure ?! Tu veux que je fasse quoi, dis le moi ?! Au stade où j’en suis, ce n’est même plus une question de confiance, je crois que le pape lui-même s’approcherait de toi que j’aurais envie de le démonter rien que pour le plaisir ! Alors merde à la fin, je suis censé faire quoi ? Attendre que ça s’enlise au risque de finir par te prendre réellement comme un punching ball au sens premier du terme ?! » rétorquais-je avec agacement tout en me massant le poing car ce soir, je m’étais pas mal esquinter pour faire passer ma colère. Et c’est ce que je craignais, ne pas être en mesure un jour de la contrôler. Malheureusement ma femme comprit tout de travers et je me pris la tête dans les mains mais comme je lui tournais le dos, je ne vis pas sa position sur le canapé. « Je dois t’en parler depuis des jours mais j’ai toujours repoussé la discussion.. Je ne te fuis pas et je ne te considère pas comme un nuisible. Tu es en train de tout confondre et oui, c’est de mon avenir professionnel dont il s’agit mais tu as ton mot à dire, nous sommes mariés je te le rappelle » soupirais-je avant de me retourner et de froncer les sourcils. « Thaïs… tu te sens bien ? Je crois qu’on ferait mieux de remettre cette conversation à demain, tu n’es pas en état et je ne veux pas que tu en souffres ni toi, ni le bébé »

« Je ne sais pas !! En parler à quelqu’un en qui tu as confiance, ou qui serait neutre j’en sais rien !! » répliqua-t-elle, à la limite du désespoir tant cette discussion tournait en rond et qu’ils n’arrivaient pas à accorder leurs violons. Thaïs avait donc toutes les raisons du monde de ne pas se sentir bien mais d’un autre côté, qui était-elle pour l’empêcher de réaliser son rêve ? Elle supposait que ce stage était important pour lui… « Et je peux savoir pourquoi tu as repoussé la discussion ? Je ne pense pas t’avoir déjà sauté à la gorge parce que tu m’aurais annoncé une nouvelle du genre ! Je ne dis pas que ça va être simple pour moi de te voir partir des mois mais je ne serais pas celle qui t’empêchera de réaliser ton rêve, hors de question. Je prendrais mon mal en patience, je suis une grande fille. » Thaïs inspirait et expirait profondément histoire d’oublier la douleur mais celle-ci savait parfaitement se rappeler à son bon souvenir, en revanche. « Ça va passer, au point où j’en suis. »

« Je ne sais pas si ça suffira » marmonnais-je car je trainais ce problème depuis trop longtemps comme cette histoire de stage. Effectivement, je ne savais pas pourquoi j’avais trop tardé à lui en parler, peut-être parce que je m’attendais à ce qu’elle soit plus virulente, qu’elle cherche à me retenir, je ne sais pas. En fait, je ne m’étais pas attendu à cette acceptation. Je parlais quand même de partir à New York ou à Paris mais elle ne semblait pas trop calculer à moins qu’elle ne soit fatiguée de ma personne. C’était peut-être une façon de me faire comprendre qu’elle avait besoin de vacances. Bon sang, notre mariage commençait bien. Toutefois, j’oubliais tous nos soucis en la voyant être en peine de cette manière. « Non, tu dois prendre soin de toi ! » lui dis-je avant de m’approcher pour mieux la soulever dans mes bras histoire de la ramener dans notre chambre où je l’allongeais sur le lit venant à son contact, en posant ma main sur ventre. « Essaie de te calmer et de respirer tranquillement, ça devrait passer » murmurais-je d’un ton radouci en massant son ventre comme pour tenter de la soulager. Je ne supportais pas de la voir souffrir.

En même temps, si Caleb n’essayait pas, comment diable pouvait-il savoir que cela ne suffirait sans doute pas ? Thaïs était prête à tout pour l’aider et même accepter qu’il n’aille extrêmement loin d’elle pendant un temps qui lui semblerait rapidement être une éternité… mais au lieu de poursuivre cette discussion, il la souleva bientôt pour mieux l’allonger sur leur lit, commençant à la masser en l’incitant à respirer profondément. « J’ai du mal à respirer… » avoua-t-elle mais c’était avant tout dû aux larmes qui s’écoulaient insidieusement et qu’elle se mit à cacher en plaçant son bras contre ses yeux. « Je ne veux pas que tu me jettes, je t’en prie, je ferais tout ce qu’il faut même te laisser partir très loin pour ton stage mais me laisse pas… comment tu veux que j’y arrive sans toi ? Tout à l’heure j’ai eu l’impression que tu me détestais c’est horrible !! Puis pourquoi tu ne m’as pas parlé de ton stage avant ? Je veux pas de secret entre nous, ça me tue de te sentir mal et de ne rien pouvoir faire parce que tu m’exclues en me hurlant dessus ! » Thaïs s’assit pour mieux prendre les mains dans les siennes quelques instants, maudissant le fait de ne pas pouvoir voir son visage. Mais c’était avant de grimacer et de pousser un petit râle de douleur.

Si le Caleb jaloux avait fait la malle, c’était bien pour laisser place au Caleb protecteur. J’avais conscience de me transformer en véritable douche écossaise mais je ne pouvais guère faire autrement. « Hey hey… chérie, calme toi sinon je t’amène voir un médecin, là essaie de rester allongée » me redressais-je aussitôt pour la plaquer doucement sur le matelas, me positionnant légèrement au-dessus d’elle avant de déposer un chaste baiser sur ses lèvres, le premier depuis de nombreuses heures. « Je n’ai pas l’intention de te quitter, je t’aime trop pour ça… Je m’excuse, je ne voulais pas te hurler dessus mais si tu savais combien je t’aime mon épouvantail blond… Je peux pas me passer de toi, je t’aime tant » murmurais-je ses paroles entrecoupées de baisers tous aussi doux les uns que les autres. « Je pensais que te parler de mes stages te rendrait triste alors j’ai tardé mais ce n’était pas dans une volonté de te cacher quoique ce soit. Je n’ai pris aucune décision encore » ajoutais-je avant de la bercer dans mes bras. « Il faut que tu essaies de te calmer maintenant, ce n’est pas bon pour vous deux »

« Non, pas le médecin ! » protesta-t-elle, bien qu’incapable de se calmer pour le coup tant elle était tendue comme la corde d’un arc. Toute cette dispute avait eu raison du calme à peu près maintenu dont elle avait su s’armer : ses vieux doutes revenaient à la vitesse grand V, au même titre que ses complexes. « Caleb tu es tout pour moi, ton bonheur est ce qui m’importe en premier et quand tu m’as dit que tu en avais ras le cul de mon comportement irresponsable, ça m’a brisé le cœur… j’ai pas envie que tu me vois de façon si horrible, pitié pas toi… je t’aime trop je crois » essaya-t-elle de s’adoucir même si elle tremblait encore et qu’à plusieurs reprises, elle se tendit à cause d’une vague de douleur au point de s’accrocher à lui fortement, comme à une bouée de sauvetage. « J’ai du mal à me calmer… mais ça me rend triste, faut pas croire. Dès que tu es loin de moi plus d’une journée ça me tue, tu as bien vu comment j’ai réagis face à tes révisions ! Mais c’est important pour toi… alors je peux supporter. »

« Ok pas le médecin » répétais-je d’un ton doux tout en essayant de la détendre du mieux que je pouvais. « Je sais ce que j’ai dit mais c’était sous le coup de l’inquiétude, tu étais partie sans manteau, sans argent ni papier et surtout sans téléphone portable. Tu étais dans la nature et je n’avais qu’une seule trouille, qu’il t’arrive quelque chose. Mes mots ont dépassé ma pensée » soupirais-je avant de la serrer contre moi, me sentant impuissant à soulager sa douleur dont je n’étais ni plus ni moins le responsable. « Je te considère toujours comme la femme de ma vie chaton et rien ni personne ne changera cette vision que j’ai de toi…. Je pourrais essayer Boston, ce n’est pas trop loin et je pourrais rentrer plus souvent. Je pense qu’on va oublier Paris, six mois dans un autre pays, ça ne sera pas jouable » lui dis-je en déposant des baisers sur son front.

« J’étais perturbée… » avoua-t-elle car Thaïs pouvait devenir la pire des têtes en l’air dès qu’elle partait sur le coup de la colère ou qu’elle était tellement frappée par la tristesse que rien d’autre ne lui frappait le cerveau. « Je veux que tu me fasses confiance, Caleb… c’est toi que j’aime, toi que j’ai épousé et de toi que j’attends un bébé. C’est pour toi que j’ai organisé la soirée du siècle et réalisé ton fantasme après tes révisions, non ? Je ne suis pas elle et je préfèrerais sauter d’un pont plutôt que de te trahir. Je sais que ça peut paraître uniquement des mots mais t’ai-je déjà donné une raison de me méfier de moi ? » Thaïs était non seulement la gentillesse incarnée mais aussi la fidélité incarnée, ce n’était pas pour rien qu’elle n’avait eu que quatre hommes dans sa vie… « Tu es l’homme de ma vie poussin et quelque soit ta décision je te soutiendrais. Et avant que tu râles tu as bien mérité que je t’appelle poussin ! »

« C’est au-delà de la confiance Thaïs… Je sais que tu n’es pas elle et crois-moi, je ne vous confonds pas le moins du monde. Non, je crois que le problème vient de moi, tu pourrais te transformer en parfaite petite nonne, je serais même capable de jalouser ton crucifix. Je pense que je dois faire un travail sur moi-même avant que cela ne te fasse davantage souffrir. Je ne dis pas que cela changera du tout au tout mais il faut que j’arrive à effacer cette jalousie de mon esprit avant de t’étouffer » répondis-je le plus calmement du monde en déposant un baiser sur sa joue pour mieux grogner l’instant d’après. Je détestais quand elle m’appelait poussin. « Oui ma petite dinde aux marrons » répliquais-je en bougonnant tandis que je me redressais légèrement pour l’observer avec attention. « ça à l’air d’aller mieux non ? » ne pus-je m’empêcher de l’interroger, le ton grave.