(+ Sam) + you're my superman... and my idiot

« Sauf que chéri, à moins de me découper en rondelles pour avoir accès aux enfants, tu ne peux pas encore les toucher donc il va peut-être falloir que l’archéologue en toi se suffise de clichés et d’un DVD, tu ne penses pas ? » ironisa-t-elle non sans comprendre où il voulait en venir, bien que de son côté, Anna était justement fan des photos immortalisant des moments précis. Elle aimait pouvoir repenser à tel ou tel instant des années après. « Je suppose que c’est pour ça que nous n’avons jamais pris de photo ensemble ? » demanda-t-elle néanmoins pour la beauté de la chose, avant de mettre un temps considérable pour caler son dos douloureux avec une armée de coussins, contre le canapé. Qu’est-ce que ce serait dans quelques mois… « Ma mère n’a entendu parler de toi qu’en termes élogieux et j’ai même réussi à lui faire lire ton livre, qu’elle a adoré. Pourquoi ne t’aimerait-elle pas ? Par contre pour la bijouterie, ce n’est pas à l’homme de faire la surprise à sa femme ? A moins que pour cela aussi, tu ne sois pas fan des traditions ? »

« Mais j’ai jamais dit que j’allais me transformer en Dexter et te découper en morceaux… Je sais me montrer patient ! Je suis même la patience incarnée ! » protestais-je avec vigueur avant d’afficher une moue boudeuse. Je ne plaisantais même pas, j’étais d’une patience d’ange lorsque je le désirais car en même temps, on ne passait pas des heures et des heures à fouiller dans le sol sans apprendre l’art noble de prendre son mal en patience. Bon là, j’avouais pour le coup avoir grandement envie de voir nos enfants mais c’était le père qui parlait. « Ça te manque de ne pas avoir de photos ? Tu sais, je ne suis pas réfractaire, cela me dérange pas de faire des photos… C’est juste que ça ne sera jamais mon réflexe d’en faire.. Je ne suis pas fana du genre mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas en faire pour te faire plaisir » lui signalais-je avec un sourire séducteur avant de l’embrasser pour mieux l’allonger sur le canapé, ses jambes étalées sur mes cuisses pour commencer à lui faire un massage de ses petons. « Faut toujours qu’on fasse tout le boulot… mais je ne connais pas tes goûts en matière de bijoux, t’en portes rarement où je n’ai jamais fait gaffe… Je veux une bague qui te plaise moi ! » bougonnais-je avant de soupirer « Tu veux que je lui dédicace un bouquin ? Tu veux me la présenter quand d’ailleurs ? » lui demandais-je avec curiosité.

« La patience incarnée, hum ? Je reste à l’affût du moindre détail, nous verrons ça ! Je vais tout de même planquer les couteaux de cuisine, sait-on jamais qu’il te prenne une frénésie meurtrière… » Certes, ce n’était pas forcément un humour des plus appréciables mais de la part d’Anna, il fallait le prendre façon trente-sixième degré. Il serait dit que même l’humour, elle ne l’exécutait pas comme le commun des mortels. « Et bien je dois avouer que j’adore prendre des photos de tout et de rien… ça me permet de ne jamais oublier certaines choses, certains moments que j’ai aimé particulièrement. Par exemple, j’aimerais bien pouvoir me dire que l’annonce des jumeaux a été un moment heureux, tu vois ce que je veux dire ? » A défaut, la jolie russe pouvait se contenter d’un massage de petons qui lui arracha un petit gémissement d’aise… peut-être un peu trop expressif. « Oulala c’est bon ça ! Oh je pense que ma mère ne sera pas contre une dédicace ! Elle vient la semaine prochaine pour quelques jours afin de nous voir, ma sœur et moi. Ce serait l’occasion… quant aux bijoux je n’en possède aucun. On ne m’en a jamais offert et je n’ai jamais eu les moyens… mais je peux t’accompagner si c’est ta question. »

« Tu regardes trop de séries policières petit cœur ! Le jour où je ferais du mal à une mouche, les poules auront des dents ! Je suis un non violent converti moi madame ! » rétorquais-je avec une petite moue boudeuse sans être pour le moins vexé pour autant. Il m’en fallait énormément pour me vexer ou alors simplement me parler de mon âge et me dire que je suis vieux mais là, nous étions dans un autre débat. Anna m’exposa sa vision des choses concernant ses photos et je voulais bien essayer de la comprendre. « Tu sais que tu es libre de me dire ce que tu veux, je ne suis pas le grinch et si tu veux que nous fassions des photos… j’apprendrais à voir le monde à travers ton regard. Tu me rends heureux pourquoi n’arriverais-tu pas à me faire changer d’avis ?! » répondis-je avant de lui offrir un massage du pied qui la fit gémir à m’en faire arquer un sourcil. Eh bien, ça lui faisait de l’effet. « Oui c’était la question… J’ai envie que nous choisissions ensemble même si techniquement ce n’est pas la tradition mais autant trouver la bague de tes rêves non ?! Pour ta mère, je ferais en sorte de me libérer pour la rencontrer… J’aimerai te faire rencontrer mes parents… enfin on a une relation plutôt étrange entre amour et haine. Je n’ai jamais pu leur pardonner de m’avoir enlever Thais »

« Et bien on ne prête qu’aux riches ! » rétorqua-t-elle aussitôt car Samuel n’avait pas idée du nombre de patients qu’elle avait pu voir défiler dans un bloc opératoire depuis le début de son internat, et qui n’étaient autres que de victimes de violences de leurs proches. Bien sûr, son cher et tendre n’en viendrait jamais à de tels extrêmes mais comme quoi, il arrive que la nature des gens puisse changer du tout au tout sans crier gare. « Je n’avais pas vu les choses sous cet angle à vrai dire… mais rien que pour avoir une trace de ton minois charmeur sur mon bureau, cela vaut le coup, non ? » Certes, Anna ne s’attendait pas à ce que Samuel aille jusqu’à lui demander sa présence pour choisir la bague mais puisqu’il faisait un effort pour les photos, il était normal qu’elle fasse de même de son côté. « Ton jour sera le mien… quant à tes parents ils habitent dans le coin ou vivent ailleurs ? Je te comprends pour Thaïs… d’ailleurs ils sont au courant que tu l’as pour ainsi dire « récupérée » ? »

« Hum et tu montreras cette photo à tous les hommes qui entrerons dans ton bureau genre regardez-moi le dieu sur patte qui se trouve dans mon lit ?! Ne bouge pas, j’achète de suite ! » m’exclamais-je en sortant mon smartphone de la poche de mon pantalon pour mieux me pencher vers elle. « Dis ouistiti » m’exclamais-je avant de prendre une photo de nous car elle pouvait déjà la faire imprimer encadrer, tatouer voire même la faire poser sur du 4x3 histoire de bien souligner le fait que nous étions ensemble. « Regarde les beaux gosses que nous sommes !  Je suis trop beau, je m’aime mais tu es encore plus belle et c’est fou, je t’aime encore plus que je m’aime ! Si c’est pas de la déclaration de compet’ que je viens de te faire » déconnais-je car rester sérieux n’était vraiment pas dans mes cordes sur la longueur. Malheureusement, la conversation redevint rapidement sérieuse à mon plus grand dam mais bon, dans un couple, il fallait bien faire des compromis. « Non, ils habitent à Paris mais oui.. Disons que vu mes relations désormais avec ma sœur ainée, ils ne pouvaient pas ignorer le fait que Thais était à présent ma fille point barre. Mon père n’a visiblement plus envie de me parler mais ma mère… elle composera je pense enfin j’en sais rien et je m’en fous, Thais sait la vérité et c’est tout ce qui m’importe »

« Mais Sam ! » protesta Anna avant d’éclater de rire et de finalement jouer le jeu, offrant son plus beau sourire histoire de pouvoir effectivement dire qu’elle était en couple. Au moins, les esprits chagrins arrêteraient peut-être de l’emmerder à l’hôpital ?! « Une minute, hors de question que je sois la seule ! » La jolie russe lui chipa le portable des mains pour mieux prendre une photo à l’expression sexy dans une position des plus sexy afin de mieux le lui rendre la minute d’après. « Au moins toi aussi tu pourras fanfaronner ! D’accord, le ventre ce n’est pas le summum du sexy mais ma poitrine est un argument en soi ! » lâcha-t-elle d’un ton à la fois sérieux et provoquant avant de lui tirer la langue pour faire bonne mesure. A croire que côtoyer Samuel la rendait gamine au bout du compte… « Si tu m’aimais moins que tu ne t’aimes je crois qu’il y aurait un problème… mais chéri, nous ne sommes pas obligés de rencontrer tes parents si tu préfères les éviter. On peut tout aussi bien faire une soirée avec Thaïs, même si je la connais déjà, c’est surtout elle ta famille j’ai l’impression. »

« Arrête tes conneries avec ton ventre ! Tu es enceinte Anna, tu ne vas pas te taper la taille mannequin durant ta grossesse et puis tu ne l’as jamais eu et je m’en félicite ! J’aime tes formes, je les trouve très sexy alors merde, je ferais imprimer la photo en grand, style poster que j’afficherai au-dessus de mon bureau à Harvard comme ça tous mes étudiants verront combien je suis un veinard » déclarais-je d’un ton convaincu bien que je sentais qu’elle allait me mettre les nerfs en pelote à trop se fracasser la tête avec son manque de confiance. Je préférais de loin là Anna sûre et rebelle de notre rencontre mais peut-être avais-je ma part de responsabilité. Néanmoins, la discussion autour de ma famille ne m’aidait en rien à me détendre et je renversais la tête en arrière, fermant les yeux sans cesser pour autant mon massage. « J’en sais rien. J’ai une cousine également, elle s’appelle Julia… J’ai envie que nos enfants connaissent leurs grands-parents mais de l’autre, je ne prendrai jamais partie pour des personnes cautionnant la cruauté que l’on a fait subir à ma propre fille…Et toi… tu as de la famille mise à part ta sœur et tes parents ? »

« Ne t’énerve pas ! » protesta-t-elle aussitôt en levant les mains en signe de reddition. Anna ne pouvait pas s’empêcher de faire un complexe de la taille de l’état de Washington sur sa taille et pourtant dieu sait qu’avant de tomber enceinte, celle-ci était gracile. La jolie russe n’avait jamais eu l’intention de se transformer en mannequin au départ mais elle avait du mal à se dire que Samuel la trouvait parfaite telle qu’elle était, sans fioriture et sans maigreur surtout. « Considère que je n’ai rien dit mais je suis comme Saint Thomas, je croirais à cette fameuse photo dans ton bureau quand je la verrais ! » le taquina-t-elle avant de ne s’approcher pour embrasser tendrement et doucement ses lèvres. « Et bien je peux rencontrer déjà Julia pour commencer, tes parents peuvent arriver après. Laisse-toi un peu de temps vis-à-vis de tout ça, surtout. Pour ma part tu n’as personne d’autre à redouter, ma mère et ma sœur sont ma seule famille disons dans les environs. Mes grands-parents paternels sont décédés il y a de très nombreuses années et mes grands-parents maternels habitent en Chine, cela risque de rendre la rencontre plus… compliquée dirais-je. »