(+ Sam) + you're my superman... and my idiot

Samuel allait devoir s’y habituer : depuis qu’il lui avait fait sa réflexion sur son poids, Anna en faisait une fixette mais d’un autre côté, c’est cette dernière qui l’avait conduite sur le chemin d’un potentiel bébé en route. Elle ne s’était pas trompée ! « Je n’y peux rien ! Puis là je risque d’en prendre de plus en plus, ce qui est normal, d’autant que je n’ai pas vraiment eu le temps de manger à heures fixes… j’ai mangé hein ! Ne va pas t’imaginer des choses ! Mais c’est vrai tu me trouves belle ? » Dans la famille je n’ai pas confiance en mon talent de séduction, je voudrais Thaïs, Anna… et c’est déjà pas mal. Les deux allaient faire la paire, c’était une certitude. « Juste un peu… mais je prends mon mal en patience, en général je leur parle et après ils se calment. Ils sont deux en même temps, ils manquent de place… »

« Oui je te trouve belle, merveilleusement belle ! Petit cœur, c’est normal que tu prennes du poids, tu es enceinte !! C’est tout ce qu’il y a de plus naturel et puis merde, je les aime tes formes alors arrête de te mettre martel en tête ! Tu es M-A-G-N-I-F-I-Q-U-E » rétorquais-je en lui caressant rapidement la joue pour mieux déposer un chaste baiser sur ses lèvres avant de sourire, goguenard. « Va falloir leur faire de la place alors ! Au fait, tu n’aurais pas passé une échographie, quelque chose que tu aurais oublié de me montrer par exemple ? » demandais-je avec l’espoir de pouvoir voir mes bébés sur une photo, une vidéo, n’importe quel support tant que je pouvais les apercevoir. J’avais adoré suivre la grossesse de Mallory mais là, c’était encore mieux car je savais que personne viendrait m’enlever mes bébés. Nous allions pouvoir fonder une famille, une famille dont j’avais désespérément besoin de m’entourer. « J’ai envie de fêter l’événement mais on a plus le droit de boire ni l’un ni l’autre »

Anna laissa son sourire s’agrandir d’autant face aux compliments de Samuel, qui lui faisaient extrêmement du bien car il ne pouvait pas savoir à quel point elle avait stressé… stressé qu’il ne la trouve plus à son goût, ou pire… « Je sais je suis pénible mais je craignais que ça te rebute ou que tu trouves ma grossesse précipitée » avoua-t-elle, légèrement penaude, avant de se rendre compte qu’effectivement, elle avait complètement oublié de lui montrer l’échographie. « Comment tu veux que je leur fasse de la place ?! » soupira-t-elle avant de secouer gentiment la tête de gauche à droite, ouvrant un tiroir pour lui montrer la quelque dizaine de clichés qu’elle avait récupérés. L’avantage de bosser à l’hôpital où elle était susceptible d’accoucher… « Voilà ! J’ai le DVD aussi, j’ai récupéré tout ce que j’ai pu, après tout je suis responsable du service neurochirurgie, il faut bien que ça ait des avantages ! Et oh j’ai tout prévu amour ! » s’exclama-t-elle avant de se ruer vers le frigo pour sortir une bouteille de champomy et deux flûtes. « Tadaaaam ! »

« Elle est plus ou moins précipitée car je ne m’attendais pas le moins du monde à ce que tu tombes enceinte aussi vite mais ce n’est pas pour me déplaire. Loin de là même. » répondis-je avant d’hausser les épaules à sa remarque suivante. Comme si j’avais une idée de comment leur faire de la place avant de la regarder partir ouvrir un tiroir pour en revenir avec une dizaine de clichés mais également un DVD mais ce qui me fit éclater de rire, ce fut le champomy. « Sérieusement, si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer, tu es au courant n’est-ce pas ? » plaisantais-je avant de la débarrasser des flutes et du champomy. Après tout, c’était à l’homme de faire le service. « On se matte le dvd ? tu pourras m’expliquer un peu tout ce que je verrais car je t’avoue que la dernière écho que j’ai vu, date d’il y a vingt-quatre ans et des brouettes alors je crains que le matériel se soit un peu plus performant » m’amusais-je à dire.

« Si ça ne te déplait pas j’ai gagné ma journée, tu viens de faire voler en fumée trois semaines de stress » avoua-t-elle non sans honte car d’ordinaire, Anna ne ruait pas dans les brancards de cette manière. Elle analysait chaque situation avec sang froid et calme… mais là, les hormones avaient fini par se jouer d’elle. « Je pense à ton bien être mon chéri et à celui des jumeaux, nuance » reprit-elle avec un petit sourire malicieux avant de mettre aussitôt en place le DVD dans le lecteur – vu qu’ils se trouvaient juste en face du fameux écran plasma qu’il utilisait pour ses soirées rugby, c’était pratique – non sans mettre la lecture sur pause le temps qu’ils trinquent. « Regarde déjà les clichés, comme ça tu me poseras toutes les réponses que tu voudras une fois que j’aurais remis en marche. Santé au plus merveilleux des fiancés et des papas ? »

« On est doué ou on ne l’est pas ! J’ai toujours eu vocation de devenir l’antidépresseurs d’une femme » lui répondis-je pour détendre l’atmosphère allant jusqu’à déposer un baiser sur ses lèvres comme pour faire cesser tout sentiment de honte qu’elle pourrait ressentir. J’aimais bien quand elle faisait preuve d’un manque total de contrôle car des fois, Anna me faisait l’impression d’être inaccessible même pour moi. Il n’empêche que j’avais hâte de visionner ce DVD mais aussi de pouvoir appréhender ces deux petites vies qui grandissaient en elle. J’allais être papa, pour la seconde non troisième fois si je comptais l’adoption de Moïra et je ne pus m’empêcher de songer que le bonheur avait enfin retrouvé mon adresse. « Tu crois que nos gosses vont râler qu’ils ont le droit au respect de leur image ? » plaisantais-je de bon cœur en regardant les fameux clichés avant de prendre la flute de champomy pour trinquer avec elle. « Non, trinquons plutôt à notre famille Anna… Notre famille ! » rectifiais-je le coche car nous étions deux dans cette histoire alors hors de question qu’elle s’oublie. « Tu crois que Moïra va bien accepter les jumeaux ? »

« Tant que tu es le mien et pas celui de la voisine, tout me va chéri ! » ne put-elle s’empêcher de faire remarquer d’un ton admirablement sérieux, parce qu’il ne fallait tout de même pas pousser mémé dans les orties. Anna restait une femme jalouse, contrôlée certes, mais jalouse quoi qu’il en soit et pousser le bouchon n’était pas l’idée du siècle, surtout alors qu’elle avait de telles poussées d’hormones. « Tu te poses de ces questions je te jure ! Profite ! » Même si la seconde d’après, c’est avec un sourire très tendre qu’elle trinquait au champomy avec Samuel, n’étant pas fâchée qu’il n’éprouve pas le besoin de boire de l’alcool d’ailleurs. « A notre famille alors… mais pourquoi Moira n’accepterait-elle pas les jumeaux ? On va tout faire pour lui en parler de la façon la plus claire possible, qu’elle se sente concernée. Je ne veux pas la traumatiser, on va y aller doucement. »

« A jamais tiens mon petit cœur, tu le sais bien » lui répondis-je avant que l’on ne passe aux choses sérieuses à savoir les photos de l’échographie, le champomy mais également le DVD. Je me sentais comme un gamin au matin de noël, entouré de tous les cadeaux qu’il pouvait désirer et avoir. Je me sentais tout simplement bien et surtout fier d’avoir réussi à la mettre enceinte bien que la tâche n’avait pas été ardu. Finalement cette grossesse nous tombait dessus mais ce n’était pas pour me déplaire car je ne voulais pas perdre de temps. « Mais je profite petit cœur mais je profite ! J’aime juste me poser des questions connes de temps en temps, ça m’occupe la tête » plaisantais-je avant de trinquer avec elle. Bon, je n’étais pas fan de cette boisson pour gosse, ça manquait d’alcool mais ce n’est pas comme si j’avais le choix désormais. Si je rebuvais une seule goutte, je risquais de replonger et il était hors de question que ces trois semaines loin d’Anna n’aient servie à rien. « Je te fais confiance, tu sauras trouver les bons mots !  Tu sais, je regrette juste une chose, c’est que ma sœur jumelle ne soit plus de ce monde. Elle t’aurait adoré »

Anna dévoila un sourire à la fois attendri et sincère face à la déclaration de Samuel, non sans prendre sa main au passage pour la serrer dans la sienne et y déposer un tendre baiser. C’est fou comme ses hormones la poussaient à davantage d’élans affectueux, elle s’en faisait désormais la remarque. Elle se transformait en véritable louve doublée d’une maman poule avec Moira, mais son fiancé ne serait pas exempt d’élans d’affection de ce genre, à n’en point douté. « Les clichés des enfants ne t’occupent pas encore suffisamment la tête ? » plaisanta-t-elle de bon cœur avant de ne les resservir tous les deux en champomy, trouvant finalement cette boisson intéressante à défaut que ce ne soit du vrai champagne. Alcool exclu pour femme enceinte… « Je suis sûre que d’une manière ou d’une autre elle me connaît, mon ange. D’ailleurs en parlant de famille… est-ce que tu accepterais de rencontrer ma mère ? Je te rassure, c’est une femme charmante. Mais puisque tu m’as demandé ma main et que nous allons la faire grand-mère à nouveau, je veux à tout prix qu’elle te connaisse. Tradition oblige… mais si tu n’es pas d’accord cela peut attendre, je veux ton avis. »

« J’adore l’idée de voir pour la première fois nos enfants mais je n’ai jamais été fan des photographies. Je préfère voir de mes yeux, toucher… C’est crétin car bien souvent dans mon métier, certaines fresques peuvent être aussi utiles que des bibelots anciens… mais je ne sais pas, les sourires figés dans le temps ne sont pas pour moi » grimaçais-je car j’étais bien incapable pour ma part de regarder les nombreuses photos de ma jumelle au temps où elle était encore en vie. J’avais vu tellement de momies pour ne pas savoir en quel état devait être le cadavre de Sarah. C’était glauque mais c’était ma façon de voir les choses. Après, fallait pas s’étonner que je sois alcoolique et dépressif. « Euh tu veux que je rencontre ta mère ? Ma foi, ça ne me pose pas de problème mais tu es certaine qu’elle va apprécier que tu sortes avec moi ? Je veux dire je ne suis pas non plus un modèle de droiture mais je serais ravi de la rencontrer après tout, c’est ma future belle-maman… seulement tu ne crois pas qu’il serait bien de passer par une bijouterie avant ? »