(+ Sam) + you're my superman... and my idiot

Trois semaines que Samuel était partie en cure de son plein gré, prouvant ainsi à Anna combien il tenait à leur relation et même à la famille qu’ils formaient avec Moira et Thaïs. Il n’aurait pas pu lui fournir plus belle preuve à vrai dire et la jolie russe aurait voulu pouvoir le lui dire mille fois mais hélas, toute communication ou visite était exclue… et cela la tuait sur place, surtout avec ce qu’elle avait appris en cours de route. Désormais, son corps avait littéralement changé et l’angoisse n’en n’était que plus grande, surtout avec l’emploi du temps qu’elle se payait au passage. Ainsi, en cette belle matinée à sept heures tapantes, Anna rentra de sa troisième garde de suite complètement vannée, signalant à la nounou qu’elle pouvait rentrer chez elle avant d’embrasser sa fille dormant à points fermés pour mieux s’allonger sur le canapé. Impossible de dormir autre part… « Samuel ? » lança-t-elle d’une voix pleine d’espoir, coussin contre son corps tandis qu’elle se pointait à l’entrée de leur maison. La réaction fut immédiate : de l’émotion, elle se mit à sourire pour mieux se mettre à le taper sans vraiment de force à l’aide du coussin. « T’es qu’un crétin, crétin, crétin !! T’as critiqué mon kilo en trop mais c’est TA FAUTE !! Tes spermatozoïdes ont fécondé mes ovules !! TA FAUTE ! » vociféra-t-elle alors qu’elle éclata également en sanglots, ne se contrôlant plus. Bordel qu’il lui avait manqué…

Trois semaines. Cela faisait trois semaines que j’étais entré en cure de désintoxication et je tournais comme un lion en cage. Ce n’est pas tant le fait d’être sobre depuis ce temps mais bel et bien parce que mes proches me manquaient principalement ma femme et mes filles. Certes Anna n’était que ma fiancée mais j’avais eu trois semaines d’enfermement pour réfléchir encore et encore et j’en étais arrivé au constat que je l’aimais –ça je le savais déjà ; mais aussi que je la considérais depuis très longtemps comme ma femme. Lors de notre rencontre, il s’était passé quelque chose et maintenant je le comprenais : l’amour. J’étais tombé amoureux d’elle la première fois que je l’avais vu arriver dans ce bar, moulée dans cette robe et qu’elle avait fait la gueule car son rencard de collègue était venu avec un ami, moi en l’occurrence. Son caractère, sa personnalité, tout m’avait plus en elle. Désormais, je savais pourquoi et je fus donc heureux de la revoir. Moins quand elle commença à me taper avec un coussin. « Mais mamouuuur ! Qu’est-ce qui te prends ? C’est quoi cette histoire d’ovules…et pourquoi tu es euh…plus grosse du ventre ? » demandais-je bêtement avec mon bouquet de fleur à la main qui avait pas mal morflé durant la lutte.

Pourquoi cherchait-elle à l’assommer faussement avec un coussin ? Bah, même Anna ne savait pas mais elle mettrait très probablement la chose sur le coup des hormones. Cet élan de colère ne lui ressemblait pas, elle qui brillait par son contrôle et même sa froideur parfois mais là, c’était juste plus fort qu’elle. « Réfléchit CINQ SECONDES POURQUOI J’AI PLUS DE VENTRE ET JE TE PARLE D’OVULE A TON AVIS !! » vociféra-t-elle en se montrant de profil pour mieux lui asséner un coup supplémentaire, juste pour la beauté de la chose. Techniquement parlant il ne l’avait pas vraiment mérité mais c’était le principe. « Tu vas pas me faire une réflexion désobligeante sur mes kilos en plus hein… non parce que là j’en ai pas qu’un et c’est normal, le contraire serait même dangereux ! Mais tu es de retour pour de bon, hein ? Tu ne vas pas repartir ? Trois semaines… »

Pour le coup, je ne comprenais rien à rien. Je m’étais attendu à beaucoup de scénarios pour mon retour notamment celui où elle me sauterait dans les bras et où nous ferions passionnément l’amour mais pas à me faire taper avec un coussin et qu’en prime, elle passe de la colère à la perdition totale. « Euh… tu es enceinte ? » demandais-je presque timidement en levant les bras comme si je m’attendais à ce qu’elle continue de me frapper. Finalement, j’étais bon pour jeter les fleurs si gentiment achetée –qu’elle ne vienne pas se plaindre que je ne lui faisais pas de cadeau romantique après ! « Mais arrête Anna, j’ai rien dit ! T’es complétement hystérique ma parole » râlais-je car j’avais l’impression d’avoir une bombe à retardement dans les mains et ce n’était pas évident à gérer surtout que je combattais toujours mes vieux démons d’alcoolique. « Repartir n’est pas prévu au programme… Du moins je l’espère mais tu es vraiment enceinte ? Genre enceinte de chez enceinte, brioche dans le four, polichinelle dans le tiroir ? Mais depuis combien de temps ?! Je ne veux pas faire de remarque sur ton poids mais euh… ton ventre est assez gros pour un début de grossesse non ? » demandais-je timidement car nous n’avions fait l’amour que récemment alors c’était un peu difficile à croire.

Anna se calmait peu à peu, chose qui n’était pas peu dire et à sa question, elle hocha vivement et positivement la tête. Oui, elle était enceinte et pas que d’une semaine vu qu’elle avait fait un déni de la taille de l’état de Washington. « Oh tu m’as acheté des fleurs… » reprit-elle, les yeux humides d’émotion car elle n’était pas habituée à ce qu’il lui fasse de cadeau à vrai dire. Ou tout du moins il ne lui avait jamais offert de fleurs avant aujourd’hui. « Oui je suis bien enceinte de chez tes spermatozoïdes ont fécondé mes ovules ! Désolée pour la crise de nerfs mais ça fait trois semaines que je suis au courant et que je ne peux même pas te le dire… ou le dire à qui que ce soit vu que je voulais que tu sois le premier au courant ceci dit tu as raison, je suis enceinte de quatre mois et demi. J’ai fais un déni à cause de tout le stress que j’ai eu pendant des mois mais ta réflexion sur mon poids a fini par faire son chemin, j’ai fais une prise de sang, une écho et… ma prise de conscience a poussé mon corps à réagir de façon normale. Je sais tu ne voulais pas avant quatre ou cinq ans, mais… notre escapade au cinéma est responsable » fit-elle avant de lui sauter au cou pour l’embrasser. Avant de réussir à la calmer il allait falloir s’armer de patience.

« Oui enfin pour ce qu’il en reste » répondis-je piteusement car les fleurs en avaient pris un sacré coup dans la gueule avec l’attaque du coussin tueur et faisaient donc grise mine sans compter les cadavres de pétales à mes pieds. Bref, l’attention tombait à l’eau songeais-je en posant les fleurs sur le buffet bas. Anna me répondit enfin et m’expliqua tout avant de se jeter à mes lèvres pour m’embrasser passionnément. « Attends Anna ! » m’exclamais-je en prenant ses poignets pour l’éloigner légèrement. « Attends.. J’ai besoin d’un peu de temps pour réaliser car tu n’as pas conscience mais je débarque un peu et je suis totalement à l’ouest. D’abord tu m’agresses en me hurlant dessus et maintenant tu me sautes au cou alors… attends deux secondes que je remette de l’ordre dans la chambre de bonne s’il te plait » lui dis-je d’un ton extrêmement calme tandis que l’information faisait son chemin jusqu’à mon cerveau. J’allais être père et cela dans quatre mois et demi… « Oh bordel » murmurais-je avant de m’évanouir. Décidément, j’avais un problème avec les annonces de grossesse.

Sur le coup, Anna se sentit extrêmement stupide car c’était la première fois que Samuel lui prenait les poignets pour la repousser. Le terme était peut-être extrême mais c’est ainsi qu’elle le ressentit aussi fit-elle un pas en arrière, sans froncer les sourcils ni même prononcer un mot. Il ne pouvait pas lui en vouloir non plus : avait-il seulement idée de ce qu’elle avait ressentit ? Son corps avait changé en l’espace de deux ou trois jours à peine et encore, il ne savait pas le meilleur : ils ne seraient pas parents d’un bébé mais de jumeaux… « Sam ?! » s’exclama-t-elle subitement avant de s’agenouiller pour lui tapoter la joue, avant de s’emparer de sa bouteille d’eau à proximité pour lui en mettre quelques gouttes sur la figure. Pas suffisamment pour créer un choc thermique mais assez pour le réveiller. « Tu as besoin que je fasse quelque chose avant de te laisser mettre de l’ordre dans la chambre de bonne comme tu dis ? » lâcha-t-elle avec une amertume qu’elle ne put décemment contrôler, tout en prenant son pouls en bon toubib.

Certes ma réaction était peut-être à cent lieues de ce qu’Anna aurait voulu mais j’avais l’impression que le monde avait continué de tourner vitesse grand V pendant mon absence. J’étais parti que trois semaines et voilà qu’à mon retour, ma fiancée me parlait d’être enceinte. Sur le coup, je m’évanouissais sous la force de l’émotion car j’avais toujours été un grand sensible mais Anna eut tôt fait de me réveiller et à son regard mais aussi à ses paroles, je sentais que ma réaction l’avait blessé. « Non tout va bien… Tout va merveilleusement bien » soufflais-je en me passant une main sur le visage pour ôter l’eau de ma vue avant de me redresser en position assise pour mieux poser une main sur son ventre de femme enceinte. « Oui… Tout va merveilleusement bien ! Désolé petit cœur et petit cœur junior II mais ça a été trop pour moi d’un coup » rigolais-je avant de prendre le visage en coupe d’Anna entre mes mains. « J’avais dit dans 4/5 ans pour toi mais j’en voulais un le plus tôt possible. Je veux des enfants avec toi Anna et je suis le plus heureux des hommes !! » lui affirmais-je avant de la serrer dans mes bras. « Je t’aime tellement »

Tous deux n’avaient pas forcément eu la réaction escomptée par l’autre mais rien ne les empêchaient de repartir sur de bonnes bases. D’ailleurs, les paroles et gestes de Sam eurent tôt fait d’ôter toute trace de blessure ou de déception du regard sombre d’Anna tandis qu’un faible mais non moins présent sourire se dessinait peu à peu contre ses traits. « Je sais… j’ai déversé trois semaines de retenue d’un coup j’en suis la première désolée » fit-elle amende honorable non sans poser l’une de ses mains sur celle de son fiancé qui caressait actuellement son ventre arrondi. « Petit cœur junior, c’est mignon… mais il va falloir que tu le mette au pluriel mon chéri » fit-elle alors qu’elle se laissait bercer par l’étreinte tant attendue qu’il lui offrait enfin, et à laquelle elle n’avait pas eu droit précédemment puisqu’il l’avait maladroitement repoussée. « C’est vrai, tu es vraiment heureux ? Qu’est-ce que j’avais peur que ce ne soit pas le cas… je me sens revivre si tu savais ! » Les larmes de joie qui s’écoulaient actuellement de ses joues le prouvaient bien.

J’allais être père, nous allions devenir parents, c’était le second plus beau jour de toute ma vie car le premier restait que j’avais finalement réussi à retrouver ma fille Thaïs. Je ne sais même pas si je pouvais comparer ces deux bonheurs –trois si on comptait ma rencontre avec Anna ; et je ne voulais pas le savoir mais simplement savourer cette paix. « Et moi je ne voulais pas te blesser ni même te repousser petit cœur » mis-je de l’eau dans mon vin bien que je regrettais de ne pas faire sauter le champagne pour fêter l’événement. Foutu sevrage à la con ! « Attends, tu peux répéter s’il te plait ?! Tu as bien dit qu’il y en avait plusieurs ? Oula j’ai la tête qui tourne » rigolais-je doucement en la serrant dans mes bras, conscient de vivre une étape supplémentaire dans ma vie. « Oh non petit cœur pleure pas… Tu sais que j’aime pas quand tu pleures… Je t’aime, je suis le plus heureux des hommes et tu ne pouvais pas me faire un plus beau cadeau… Je vais prendre soin de toi tu verras ! N’empêche, tu as vu la classe, j’ai réussi à t’en faire plusieurs en une fois ! Appelle-moi Dieu ! »