(+ Caleb) I trust you, that's why

Eventine n’avait pas peur : Thaïs ne l’intéressait pas en tant que femme potentiellement célibataire mais bien comme pote, comme confidente. Là-dessus, ils étaient parfaitement raccords et il devait admettre s’être légèrement plus confié à l’irlandaise récemment qu’à l’allemand. Mais il avait tout le temps du monde pour rééquilibrer les comptes… « Ben tiens ! En plus tu as de qui tenir… n’empêche, il paraît que tu veux une fifille, non mais comment tu vas te démerder pour ton carnet ? Parce que je te vois pas le léguer à une progéniture féminine, imagine elle en cause à ta femme… » pointa-t-il du doigt la chose non sans être hilare de l’anecdote Weyss : effectivement, imaginer le grand ambassadeur en vulgaire coureur de jupons… cela avait de quoi choquer ! « Ben il se trouve qu’elle est fan d’un patineur artistique et que j’ai un pass VIP pour le lui faire rencontrer en mai prochain. Si elle est pas sage, pas de pass ! »

« Tu veux que je traumatise ma fille ?! Hors de question que de lui filer mon carnet ! Au pire, je le filerai à un neveu bref à un mâle de la famille Weyss… Non, à ma fille, je lui apprendrais à castrer les mecs et à déjouer les plans des séducteurs » affirmais-je car hors de question qu’elle ne se fasse avoir par un prétendant à la noix. Ma fille saurait se défendre comme son père alors les mecs n’auront qu’à bien se tenir. En tout cas, je me marrais comme un con en pourrissant l’image de mon père mais il l’avait bien cherché et je ne faisais que dire la vérité. « Comment ça fan ??! Merde, me dis pas que c’est ce Candeloro ?! Je pensais qu’elle déconnait ce jour-là à la patinoire » me marrais-je comme un con à l’idée d’imaginer Thais faire des pieds et des mains pour rencontrer ce type. « Si tu as un pass pour cette nana française.. tu sais Clara Morgane, je te promets de faire tous mes devoirs » souriais-je comme un con. J’avais toujours eu un faible pour les blondes.

« Qu’est-ce que je disais ! Pas folle la guêpe… tu sais que ta fille va devenir une véritable killeuse ? Genre elle va pousser des types bons sous tous rapports au suicide, c’est moi qui te le dis ! M’enfin pas sûr que tu traumatises pas un neveu comme tu dis en lui filant ton calepin en même temps… » ironisa-t-il en haussant les épaules, n’allant pas jusqu’à trouver les réflexes de Caleb bizarres pour autant, depuis le temps il connaissait la bête à vrai dire. Ce n’était plus franchement un scoop dans le genre ! « Me dis pas que t’es jaloux d’un type qui a genre… je sais pas moi, vachement plus d’années qu’elle ! Je pense que c’est juste parce qu’elle l’admire, c’est tout. Elle m’a avoué qu’elle patinait très mal, mais ça empêche pas. Mais heu… poto, tu peux me dire comment tu vas te démerder pour faire mes « devoirs » comme tu dis alors que tu joues pas de violon ? »

« J’y compte bien ! Attends, je suis bien placé pour savoir ce que les mecs peuvent faire pour mettre une femme dans leur lit alors moi vivant, hors de question que ma fille soit prise pour une conne. Elle connaitra tous les plans foireux pour se protéger et comme ça, elle perdra pas de temps avec de minables séducteurs » affirmais-je avant d’hausser les épaules quant à la remarque sur mon neveu. Je ne voyais pas le mal à transmettre un petit trésor familial, c’était une tradition comme une autre. « Mais non je ne suis pas jaloux… Attends, faudrait-il encore qu’elle le voit régulièrement mais ce n’est pas le cas alors si elle a envie de le rencontrer, elle a le droit, je suis pas un tyran non plus » rigolais-je avant de jeter un coup d’œil à mon meilleur ami. « Je ne parlais pas de TES devoirs mais des miens Ev’… D’ailleurs, ça te dirait qu’on se fasse un petit bœuf à notre sauce ? Toi au violon et moi à la danse ? » lui proposais-je. Tant pis pour mon genou, j’avais trop envie de danser.

« Thaïs aura pas de souci à se faire : tu vas lui offrir un fusil à pompes et des grenades pour ses anniversaires ! » ironisa-t-il subitement, imaginant sans peine Caleb en train d’offrir des cadeaux si… spéciaux à sa progéniture féminine. Il avait beaucoup de défauts mais pas celui de lâcher autrui ou de ne pas protéger ses proches. « Mouais pas faut… je n’avais pas vu les choses sous cet angle mais en même temps on ne prête qu’aux riches ! Quant à tes devoirs hum… j’ai le droit de te dire que tu peux te les flanquer là où je pense mon canard ? » Ceci dit Eventine ne fut pas le dernier à se lever pour prendre aussitôt son écrin, l’ouvrir et accorder brièvement son violon, prêt à mettre le feu. « Prêt à danser sur Smooth Criminal ? Je le reprends à ma sauce pour mon prochain concert, ça me fera un entraînement. »

« Non le fusil à pompe ce serait ma propriété exclusive, je ne suis pas taré au point de confier des armes à ma progéniture par contre, elle aura le droit à la bombe lachrymo ainsi qu’au tazer… ça doit se brider ce genre de truc non ?! Alors, elle en aura un spécialement pour elle, je le ferais peindre en rose, ça fera girly » partis-je dans un délire tout en sachant que je n’en ferais pas la moitié préférant de loin foutre la trouille à ses prétendants rien qu’en les regardant. D’ailleurs, j’allais peut-être tenir un carnet de tous les prétendants refroidis. « Tout de suite les grands maux…mon petit crackers, voilà pourquoi Aidan est mon amant, il est bien plus doux que toi ! » râlais-je avant de lui proposer de danser sur une musique de son cru. Une vieille tradition que nous avions tous les deux depuis notre rencontre. « Toujours prêt à danser, tu sais bien par contre, on pourrait peut-être aller dans la salle de danse, je vais péter un truc si je danse ici » fis-je signe à Ev’ de me suivre dans la pièce vide qui me servait souvent à mes repet’ quand j’avais la flemme d’aller jusqu’à la véritable salle de danse dans le complexe sportif d’Harvard.

« Un truc girly… je te vois très bien peindre le bidule et t’en foutre plein partout, ton polo ou ta chemise aussi, vont être girly ! N’empêche, Thaïs aura pas grande chose à faire pour la protéger votre petiote, elle a peut-être un peu plus de soucis à se faire si jamais vous avez un mâle, vu que tu vas en faire un killer… » De toute façon, que le couple Weyss aient une fille ou un garçon, Caleb serait très certainement ultra sélectif avec les relations de l’un ou de l’autre. Une chance qu’il n’ait pas des jumeaux sans quoi il était bon pour faire une jolie petite syncope avant l’heure, le pauvre bichon. « Mouais… mais moi je suis un mâle, un vrai, t’as juste pas de goût mon petit sucre d’orge ! » Et après on ne dira pas que tous les mecs de la Lowell sont gays ! Encore fallait-il ne pas les entendre parler… mais trèfle de plaisanterie, Eventine suivit de près Caleb jusqu’à une salle d’entraînement, ce dernier oubliant manifestement son mal de genou face à son envie de se dégourdir les jambes. A ses risques et périls comme dit l’autre… « Prêt danseur étoile ? » le provoqua-t-il légèrement avant de placer son instrument contre sa joue et de commencer à jouer avec une dextérité quasi extraterrestre.

"Il faut bien que je l'élève convenablement mon gosse ou ma gamine" ripostais-je car dans l'un ou l'autre des cas, je savais que je serais heureux d'avoir un enfant avec ma femme. Je ne m'étais jamais réellement senti la fibre paternelle mais j'apprenais à l'avoir, à me sentir bien avec ce nouveau rôle qui me tendait les bras. Des fois, je craignais de ne pas être à la hauteur mais tous les pères devaient plus ou moins se partager cette crainte. "Ouais ouais... Tu m'en diras tant espèce de pub l'Oréal ambulante" le taquinais-je car on peut dire qu'il avait une sacré touffe de cheveux mais ça plaisait aux femmes apparemment. En même temps, entre Aidan, Eventine et moi, nous n'étions pas les plus pourris de la confrérie voire d'Harvard et notre succès n'était pas à démentir. En tous les cas, l'envie de danser me chatouilla les pieds et je proposais à mon ami de sortir son violon histoire de faire un petit bœuf à notre sauce. L'idée l'intéressa si bien que nous nous retrouvions bien vite dans cette salle de danse improvisée. "Tu sais ce qu'il te dit le danseur étoile?!" grognais-je même si je ne me sentais pas trop insulté car merde, ils dansaient bien ces types mais je n'avais décidément pas la carrure d'un danseur étoile. "Allez, envoie la sauce bébé!" m'exclamais-je prêt à me laisser porter par sa musique.

« Oh mais je n’en doute pas ! Attention, général en chef Weyss est dans la place ! » se moqua gentiment Eventine, tandis qu’il paierait cher pour pouvoir voir Caleb le jour de l’accouchement de Thaïs. Loin du beau brun l’envie d’assister, il avait beaucoup de mal avec tout ce qui touchait au sanguinolent mais quelque chose lui disait que sa brute de décoffrage de pote n’allait pas manquer d’être ému bien au-delà des mots pour l’arrivée de ce petit être qu’il aurait attendu pendant neuf mois. « Ma touffe est légendaire, que veux-tu… l’auréole, parce que j’me sens bien ! » Eventine éclata de rire à sa propre connerie avant de sortir un véritable sourire digne d’une pub pour dentifrice à Caleb face à sa remarque sur le côté danseur étoile. Ce n’était pas une insulte, après tout, il était bien danseur, non ? « Rock’n’roll baby ! » sonna-t-il avant de commencer une reprise on ne peut plus personnelle et osé de Smooth Criminal de Michael Jackson, marchant en jouant, vivant sa musique au moins autant que Caleb pouvait la vivre de son côté. A croire qu’ils soient fait pour former un duo détonnant du genre, tous les deux.

« Tu sais que t’es con quand tu t’y mets ?! Le mythe du prince charmant avec toi, il s’en prend un coup dans la gueule » rigolais-je mais c’était ce que j’avais toujours apprécié chez lui. Eventine était un mec bien et simple, qui ne se prenait pas la tête et surtout qui ne prenait la tête à personne sans quoi, cela n’aurait jamais pu coller entre nous deux. Je n’avais pas honte à dire que j’aimais ce mec pour ce qu’il était et j’emmerdais royalement ceux qui ne pouvaient pas le blairer car il ne rentrait pas dans le carcan du petit merdeux qui se la pète plus haut que son cul sous prétexte qu’il était prince de Monaco. Non, Ev’ restait un petit Belin et ça, ça me bottait bien. En plus, il n’avait pas son pareil pour me transporter avec sa musique si bien que j’en oubliais la douleur à mon genou pour danser sans m’arrêter, laissant transparaitre mes émotions bien plus efficacement qu’avec des mots. J’en oubliais tout le reste si bien que c’est essoufflé que je me laissais tomber au sol quand la musique s’arrêta. « Tu sais que je me prostituerai pour un air de toi ? » lâchais-je avec malice tandis que je tentais de regagner une respiration normale. « Je me suis niqué le genou mais ça faisait du bien ! »