(+ Caleb) I trust you, that's why

« C’est toujours une perte pour les femmes ! » fit-il en levant faussement les yeux au ciel d’exaspération, comme s’ils répétaient tous deux les répliques d’un très mauvais soap au rabais. « Tu ne m’aimerais pas si je ne te mouchais pas autant l’nez mon chou… t’en fais, je me débrouillerais pour avoir une cavalière. C’est pas comme si j’étais tout le temps seul ! Faut juste que j’évite de choisir une hystérique » nota-t-il plus pour lui-même qu’autre chose tout en sachant qu’il n’avait aucune idée précise de qui il pourrait bien inviter. Thaïs aurait sûrement une petite liste à lui soumettre… ou alors il laisserait le hasard faire les choses. « Lowell for life… Yeah ! Pourquoi tu crois que j’ai choisi la Lowell justement ? Non seulement parce que tous sont au moins les descendants de Da Vinci puis je ne sais pas, y’a plus… tu connais beaucoup de maisons qui t’accueillent à bras ouverts en mode « viens boire un p’tit coup à la maison fiston, on va te jouer un air de violon en dessinant ton bidon ? » C’est vraiment une famille. Franchement limite ça m’a presque fait suer de quitter la chambrette avec Aidan et toi tellement je me sens bien là bas, ça prouve à quel point c’est la meilleure des maisons ! Enfin, pour revenir à mon cas personnel, je voulais te l'entendre dire. Tu m’ôtes une belle épine du pied, en attendant… j’avais pas envie de demander à mes frères et sœurs, ils m’auraient bombardé de questions merci mais non merci ! Et sinon à part le mariage et le gosse, quoi de neuf dans ta vie de futur pendu ? »

« Avec le bol que tu as, tu vas tomber sur la seule psychopathe hystérique d’Harvard mais je te protègerai de mon corps s’il le faut sauf si elle est moche, là tu te démerderas » le taquinais-je bien que nous savions tous les deux que je n’en ferais rien à moins de subir le courroux dévastateur de Thaïs et je tenais bien trop à ma nuit de noce pour m’y risquer. En tout cas Eventine se lança dans un pamphlet à l’honneur de la Lowell House et j’arquais un sourcil un peu perplexe. Il n’avait pas besoin de me faire de la publicité pour notre maison, je connaissais absolument tout ce qu’il décrivait. « Euh ok… » lâchais-je sans trop savoir quoi dire mais je secouais rapidement la tête pour reprendre mes études. « Parce que tu crois que c’est pas déjà bien les nouvelles que je viens de te lâcher ? Tu veux que je t’avoue ma liaison avec Aidan ou quoi ?! » rigolais-je avant de redevenir sérieux. « En fait, j’ai eu une proposition pour un stage de trois mois à New York et un de six mois à Paris… Je ne sais pas quoi faire ni même quoi répondre. Thais est enceinte et je me vois pas la lâcher comme ça mais en même temps je me dis que ce genre d’opportunité, ça ne se reproduira peut-être pas deux fois dans une vie » soupirais-je surtout que bientôt, se posera la question de mon avenir. Il restait une année à faire pour ma future femme…

« Ça veut dire que si elle est divine comme une déesse, tu vas tellement tenir à ton sac à bonbons que tu vas éviter le rouleau à pâtisserie vengeur de Thaïs ? Ouais, elle m’a déjà menacé avec, elle fait vraiment peur des fois ta femme ! » Mais Eventine éclata bientôt de rire avant de pointer Caleb du doigt. « AHA ! Je savais que vous me cachiez quelque chose tous les deux… vous allez m’abandonner et moi je serai tout seul à me suicider avec un yaourt bulgare… snif… » Sauf que la plaisanterie ne dura pas et bientôt, ce fut une expression extrêmement sérieuse et à l’écoute qui fit face à Caleb. Bordel, et dire que le jeune prince s’estimait dans la merde, ce n’était rien à côté de son pote ! « Ah ouais… ça fait quand même neuf mois à penser qu’à ton boulot et pas à ta femme, suis pas certain que ça lui plaise des masses à ton irlandaise. Mais après je ne peux pas te donner sa réaction, je suis pas elle. Vaudrait peut-être mieux que t’en parle maintenant avec elle histoire que vous trouviez une solution… après ça dépend c’est quoi ta priorité. Avoir le job de tes rêves ou être avec ta femme et, en l’occurrence, ta progéniture » fit-il non sans lui tapoter l’épaule pour lui faire comprendre qu’il l’aiderait à sa façon s’il le pouvait.

« Moi je la trouve sexy lorsqu’elle est en colère mais ouais, je tiens à junior & Co alors va falloir que tu te réfugies dans les jupons de ton garde du corps. D’ailleurs, tu l’as flanqué où celui-là ? D’habitude il te suit partout » l’interrogeais-je avec un sourire moqueur car je le plaignais surtout en réalité. Je ne supporterai pas qu’on me suive 24h/24. Il y a des jours, où j’étais bien content d’être uniquement le fils d’un ambassadeur et non un prince comme mon meilleur pote. « Merde, je me suis vendu ! Tu sais, avec ta touffe, t’es supra sex, je suis certain qu’Aidan ne serait pas contre un plan à trois… ça te tente mon petit Monaco ? » lui demandais-je avant d’éclater de rire. On allait refaire un remake de la cage aux folles ou des Village People si ça continuait. « En fait, c’est soit l’un soit l’autre mais ça reste quand même des stages assez long. Bordel, je ne sais même pas comment aborder le sujet avec elle car je sais que cela ne sera pas facile mais va falloir que je me grouille pour éviter de lui dire la veille pour le lendemain. Enfin, j’attends une réponse d’un troisième… mais ouais, je ne sais pas ! D’un côté j’ai envie de réaliser mon rêve mais de l’autre, y a Thais et le bébé… Putain vla la prise de tête ! Reste célib mon gars et tu auras tout gagné » plaisantais-je bien que nous savions tous les deux que je n’avais jamais été aussi heureux qu’en couple et je lui souhaitais de connaitre le même bonheur.

« Toi, t’es surtout maso de la trouver sexy dans un moment pareil ! Mon garde du corps je l’ai semé on va dire… comme souvent lorsque je veux sortir pépouse et qu’il me casse le sac à bonbons justement. Qu’est-ce que tu veux qu’il m’arrive en venant à la Lowell House ? Il faudrait qu’il m’interdise d’aller en cours si je suis son raisonnement ! J’ai plus de chances de crever de maladie que par un élève avec une bombe sur lui faut pas déconner… » soupira-t-il, passablement excédé de la surveillance constante dont il faisait preuve, à tel point que même bouquiner tranquille torse et pieds nus dans son jardin faisait paniquer Aimé et l’obligeait à le chercher partout jusqu’à ce que Gauthier ne daigne lui dire où Eventine se trouvait… « Je t’en foutrais du Monaco, Y’A RIEN DE PETIT CHEZ MOI ! Petit poussin, va… » Vu qu’il venait de trouver une contre attaque, autant dire qu’Eventine se marra aussitôt comme une baleine. « C’est quoi la troisième réponse ? T’as peur d’en parler avec Thaïs parce qu’elle va péter une durite ou juste s’inquiéter comme la maman poule qu’elle est ? Déconne pas, l’autre jour à la répet, elle s’est cognée toutes les deux secondes, s’est mangé le parquet, j’ai bien cru qu’elle allait s’assommer et pourtant c’est à MOI qu’elle demandait sans arrêt si j’allais bien. Vaut mieux que tu lui parles maintenant… après ça va être plus difficile. Enfin tu la connais, pas moi qui t’apprends quelque chose ! Les trois offres sont vraiment intéressantes ? »

« Maso ou amoureux, à toi de voir lequel est le plus adéquate pour qualifier mon état mais merde, t’imagine même pas combien c’est explosif après lorsque nous faisons l’amour. C’est… j’adore la voir en colère, elle est juste sublime mais ce n’est rien pour moi alors n’essaie même pas de la plonger dans cet état… A moins que je ne sois pas loin pour jouer au pompier de service » plaisantais-je tandis que je me levais pour lui tapoter l’épaule, me dégourdissant au passage les jambes. J’en avais marre de rester des heures et des heures assis à réviser, j’avais envie de danser, de bouger, de reprendre là où ma vie s’était arrêtée. Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire et de le regarder avec un sourcil arqué. « ça mon gars, j’en ai aucune idée, je suis pas allé vérifier mais tu protestes un peu trop vite pour être honnête… Ah oui, ta touffe ! C’est sûr qu’elle est pas petite celle-là » provoquais-je mon meilleur ami avant de souffler « Et m’appelle pas POUSSIN !! » râlais-je. La suite de la conversation retourna sur mes stages et j’haussais les épaules dans un signe d’impuissance. « J’ai une offre de stage au Louvre à Paris, un au MET de New York et sinon un à Boston ce qui est pas trop loin de Cambridge donc plus proche de Thais ! » lui répondis-je. Les trois offres étaient intéressantes même si pour être honnête, mon CV serait bien plus enrichi et attractif avec un stage dans l’un des deux premiers choix.

« Je n’ai pas franchement envie de t’imaginer avec ta femme au pieu, merci, pas envie de faire des cauchemars pendant trois mois et de me ruiner en psy ! » le provoqua-t-il tout en éclatant de rire, fiérot de sa connerie. En même temps, Caleb lui tendait la perche : rien qu’imaginer Thaïs en mode furie lui foutait les jetons et il fallait qu’il puisse continuer à bosser musique avec elle… cruel dilemme. « Franchement, je n’ai pas envie qu’elle me flanque un coup de pied entre les roustons alors je vais être sage comme une image… POUSSIN ! » Si l’allemand le faisait chier, au moins, Eventine avait l’arme ultime : le surnom qui tue ! « Et je suppose que le Louvre et le MET, vu qu’ils sont beaucoup plus connus, seraient beaucoup mieux pour ta carrière ? Mais Thaïs, elle ne peut pas t’accompagner au pire ? Non parce que ce serait peut-être plus simple pour toi… tu n’aurais pas à être séparé de ta femme, ni à abandonner ton rêve. Mais reste à savoir quand c’est, par contre… »

« Tu as tort, tu pourrais vivre une vie sexuelle trépidante par procuration ! La dernière fois que tu as mis une femme dans ton lit ou plutôt que tu es allé dans le lit d’une femme remonte à combien de temps ?! Merde mec, faut te lâcher un peu… Un peu de sexe de temps en temps ne te poussera pas au mariage, il faut bien relâcher la pression de temps en temps, faire un peu la vidange » lâchais-je bien loin de l’image romantique que je pouvais de temps en temps renvoyer. Non là, c’était du Caleb 100% certifié à savoir brut de décoffrage. « Je t’emmerde mon petit Monaco ! Hein mon petit crackers, tu sais que t’es mignon pour un petit Belin ? » contre-attaquais-je car dans les surnoms débiles, nous pouvions être deux et il était hors de question que je me laisse faire comme ça. Je soupirais néanmoins par la suite. Pour le Louvre c’est de juillet à décembre… Pour le Met de Juin à Aout et pour celui de Boston, c’est tout le mois de mars »[/color][/b] répondis-je dans un premier temps. « Thaïs doit finir sa dernière étude, elle ne peut pas tout plaquer déjà qu’elle va être handicapée avec sa grossesse… Si elle désire venir alors je serais le premier heureux mais je ne veux rien lui imposer. Je crois que le mieux serait que je lui parle » décidais-je en regardant par la fenêtre.

« J’adore comment tu décris ça, sérieux tu ne veux pas continuer histoire que j’ai des cauchemars pendant des semaines ? Et pour ton information je fais régulièrement la vidange, j’en fais pas état international c’est tout ! » A la moindre baisse d’attention, il faut dire, ce genre de potin risquait de se retrouver effectivement dans la presse et loin du jeune prince cette envie. Caleb ne pouvait pas connaître sa chance d’être un peu moins sous le feu des projecteurs de cette manière… « J’en connais un que je vais appeler mon p’tit coq, ma petite cuisse de poulet dorée, mon coincoin en plastique et en sucre ! » reprit-il car si son acolyte Lowell savait donner des surnoms débiles, Eventine ne serait certainement pas le dernier, loin de là ! « Si ça se trouve elle va te supplier de l’emmener dans un de tes bagages, même à Perpète les petites olives… elle t’a dans la peau, il n’y a qu’à voir la façon dont elle te regarde ! »

« Ouais ben on dirait pas ! Tu as peut-être besoin d’une maîtresse à demeure, genre la nénette que tu peux soulever à l’abri des regards indiscrets. Tu pourrais même lui faire signer un contrat ou alors tu en prends une qui est tellement amoureuse de toi, qu’elle ne verra que toi et n’osera même pas te trahir de peur de te perdre. Voilà, il te faut une dépendante affective ! Tu dois bien avoir ça dans tes contacts, une fille qui ne demande que de t’avoir quitte à s’oublier » lâchais-je avec un cynisme qui me sied énormément au teint. J’étais ainsi et même si je m’adoucissais en présence de Thaïs, il ne restait pas moins que j’étais un homme d’un naturel cynique. « Je te jure, tu m’appelles encore une seule fois comme ça et je te fais une caricature de ta tête sur un corps de Monaco belin avant de l’afficher sur tous les murs d’Harvard ! Tu sais que je serais capable… Je te propose un deal, on arrête avec les surnoms débiles ! » lui proposais-je avec un léger sourire avant de grimacer une nouvelle fois à croire que mes lèvres ne savaient que se tordre dans tous les sens. « On verra bien, je dois juste trouver le bon moment pour lui en parler… Bon, niveau vidange, tu en es où ? Ça fait longtemps que tu n’as pas parlé à tonton Caleb de tes conquêtes…Je sais plus où j’ai foutu le carnet où on répertoriait toutes nos ex Aidan, toi et moi ! Fais chier… C’est là que je me dis que ça a ses avantages de sortir avec une femme aveugle » plaisantais-je.