(+ Caleb) I trust you, that's why

« T’es vraiment retourné de l’axone toi, tu ne peux pas juste t’occuper de ton cul et de celui de ta presque femme ? » Ceci dit, la vengeance d’Eventine fut à la hauteur de la folie de Caleb : il avait trouvé LE moyen de pression ultime, qui ne souffre aucune date de péremption et qui en prime lui permettrait d’éviter qu’il ne le fasse chier à l’avenir. « Bah si tu veux surtout que j’évite de lancer malencontreusement l’idée à Thaïs, me fais pas chier ! » reprit-il en papillonnant des cils d’un air faussement innocent, réaction qu’il avait justement chipée à l’irlandaise car il l’avait trouvée particulièrement efficace la dernière fois qu’il l’avait croisée. C’est qu’elle avait du génie dans le genre ! « Ouaip, m’est avis que si ta femme tombe dessus on est juste tous cuits et elle fout les jetons quand elle hurle… et sinon pourquoi je te causerais vidange, depuis quand t’es mon garagiste perso ?! »

« Et arrêter de t’emmerder ? Autant me demander la lune ! » rétorquais-je avec un sourire à la limite du sadisme. Un rictus que je perdis rapidement quand mon meilleur ami trouva THE chose pour m’emmerder également de son côté. « En fait t’es qu’un sadique ! Tu as une bouille d’ange mais un démon dans le cul… Tsss t’en ai même très fier j’en suis certain » râlais-je pour la forme car faut pas déconner si je ne râlais pas, il allait croire que j’étais malade. En tout cas nous en arrivâmes à parler de nos conquêtes et de ce fameux carnet que j’avais en ma possession retraçant notre parcours sentimental (enfin plutôt sexuel). Malheureusement, j’avais un trou de quatre ans ayant été fidèle jusqu’au bout à Mary mais depuis janvier, je m’étais quand même pas mal rattrapé, surtout cet été. « Parce que tu pourrais faire un effort, faut que j’actualise mon carnet mec… Il sera collector quand on sera trop vieux pour bouffer autre chose que de la purée » l’incluais-je à plus forte raison parce que je voulais qu’il comprenne que je n’avais pas l’intention de jouer les pessimistes avec sa maladie. Pour une fois, je serais Caleb l’optimiste. « Putain ça me saoule, en ce moment mon genou fait un mal de chien » râlais-je en pliant et dépliant ma jambe.

« Je me disais aussi que finalement, « parfait » ne faisait pas partie de tes attributions ! A ceci près que personnellement, je n’ai jamais prétendu être un ange… et je suis particulièrement fier d’avoir un moyen de pression contre l’impressionnant Caleb Weyss ! J’ai de quoi casser ton mythe sur des générations mais n’aie crainte mon chou, ton secret est sauf avec moi » reprit-il dans un sourire à donner envie de lui arracher les yeux mais l’allemand ne s’en offusquerait sûrement pas, pas alors qu’il en avait très certainement autant à son service. Ils se connaissaient trop et depuis trop longtemps pour se chercher des poux de manière réellement sérieuse, après tout. « Pourquoi, t’as l’intention de faire un musée avec ce genre de conneries ? Je donne pas cher de nos peaux si un jour ta femme retrouve la vue et tombe dessus bordel de merde… et puis c’est toi qui devrait avoir vachement de données à mettre à jour, c’est toi le pire ! » protesta-t-il aussitôt avant de froncer les sourcils à sa plainte. « Tu t’es esquinté le genou ou c’est juste un changement de temps qui te provoque ça ? Peut-être qu’une visite chez le doc, ce serait pas du luxe… »

« Carrément un mythe ?! Tu veux que mes chevilles explosent ou quoi ? » plaisantais-je avant de lever les yeux au plafond genre de dire cause toujours tu racontes que des conneries mon petit Belin. Je me relevais pour faire quelques pas histoire de dégourdir mes jambes mais aussi de détendre mon genou. Ce connard me faisait de plus en plus mal mais je n’osais pas aller voir un toubib. Je connaissais déjà le traitement : anti-inflammatoire et antidouleurs. Or, si je pouvais éviter ces derniers, ce ne serait pas de refus. « Hey j’ai pas vraiment beaucoup de choses à mettre à jour, je te signale que tu parles à un homme presque marié. Bon ok, depuis février j’ai bien carburé mais ouais… Vaut tet mieux que Thais ne tombe jamais sur ce carnet sinon elle va encore vouloir pieuter sur le canapé. La prochaine fois, je fous de la flotte dessus comme ça, je suis certain qu’elle restera dans mes bras. » m’amusais-je à répondre avant qu’il ne remarque mon problème. « Ouais ça me fait toujours ça en hiver mais dernièrement j’ai un peu trop forcé côté danse mais voir un doc très peu pour moi. Au pire, je prendrais un petit antidouleur, ça ne me fera pas de mal » marmonnais-je. Un ce n’était pas la mer à boire, ça ne pourrait pas me faire replonger et puis j’étais clean depuis des années. « Au fait comment ça se passe les études ? »

« Ah bon, t’as besoin de moi pour ça maintenant ? » lança-t-il d’un ton provocateur car il ne savait que trop bien que Caleb ne l’enverrait jamais chier. Ou à tout le moins, jamais méchamment. Eventine ne se serait jamais permis de réelle méchanceté envers son meilleur pote, qui plus est. « Tu peux me la refaire ? T’as quand même une femme pas banale : même pas c’est elle qui te vire sur le canapé histoire de pas dormir sur un truc inconfortable, elle s’exile toute seule… tu es sûr que c’est pas un alien ? Non parce qu’on pourrait se poser la question pour le coup ! Mais t’inquiètes… pour le moment ce carnet est pas une menace, elle ne peut pas le voir. Puis t’as qu’à le laisser à Aidan à la Lowell et puis le tour est joué… upgrade un peu tes infos manifestement j’ai loupé des trucs ! » Le beau brun fronça légèrement les sourcils, bien loin de connaître les antécédents de son pote sur la question mais n’étant pas fan pour autant de l’automédication. « J’suis débordé. Bientôt j’enchaîne trois concerts… d’ailleurs, je vais sûrement t’emprunter ta femme pour deux d’entre eux, bien possible. »

« Mais je te merde ! » m’exclamais-je en rigolant. J’allais finir par le lui coincer la tête au creux de mon bras et lui savonner la touffe pour lui apprendre la vie à celui-là pensais-je non sans amusement car j’adorais mon meilleur pote. Je crois bien qu’avec Aidan, ils m’avaient tiré à eux deux de ma morosité ambiante à la mort de Mary. Je ne sais pas où j’en serais sans eux. « A ton avis, pourquoi je veux la garder avec moi ? J’ai la meilleure des femmes, tu ne trouveras jamais mieux alors laisse béton, c’est un modèle unique. Je te promets que si tu trouves le même genre, je me teins les cheveux en rose pendant une semaine… Pour le carnet, c’est sûr qu’il n’y a pas péril en la demeure et puis non, je ne le prête pas. Y a toute ma vie sexuelle là-dedans » déclinais-je l’offre gentiment avant d’engager la conversation sur ses études. « Sérieux mec, lève le pied et va pas m’épuiser ma fiancée sinon je t’en colle une. Elle est enceinte alors t’y va mollo sinon je te la prête plus ! »

« Moi aussi je t’adore mon canard ! » s’exclama-t-il pour mieux éclater de rire face aux louanges de Caleb à propos de sa femme. Évidemment qu’il ne pouvait pas la laisser filer : elle le bichonnait avant tout lui alors que l’allemand était réputé pour avoir un caractère de chien lorsqu’il s’y mettait. Ceci étant, pour le peu qu’il avait pu voir, le monégasque s’était rapidement rendu compte que Thaïs n’était pas en reste à ce niveau là et qu’en définitive, ils étaient aussi synchrones là-dessus. Qui se ressemble s’assemble, comme dit l’adage… « Sûr que si quelqu’un voulait te la piquer il signe direct son arrêt de mort là, rien que pour le coup du canapé et puis bon elle est pas mal physiquement en prime faut dire ce qui est, faut qu’tu la gardes ! Mais si t’as toute ta vie sexuelle là dedans, pourquoi tu le brûles pas ton calepin ? Genre c’est un trophée ? » Eventine n’en n’était pas au point de tenir les comptes mais en même temps, il était loin d’avoir autant de conquêtes à son actif. « Hey ça va, j’ai pas dit que j’allais lui faire suivre le bagne ! D’autant que c’est un bourreau de travail toute seule comme une grande… quant à moi, j’me reposerai quand je s’rai vieux et croulant ! »

« Ouais ben contente toi de la regarder de loin sinon j’ajoute ton nom à la longue liste des personnes dont j’ai envie de refaire le portrait » râlais-je suite à son compliment sur la beauté de ma femme. Je savais très bien qu’elle était belle, pas la peine d’en rajouter et puis, ami ou pas, Eventine devait s’attendre à ce que je râle. Il n’y avait pas plus jaloux que moi et encore moins possessif. « Mon calepin est une relique monsieur ! J’y tiens… Il faut bien que je transmette quelque chose à mon fils si un jour j’en ai un… Ce sera à lui de le compléter et ainsi de suite sur des générations et des générations de Weyss… » plaisantais-je à moitié sur la question car je sentais que j’avais tout intérêt à garder cette tradition secrète ou du moins loin des oreilles de ma future femme. « Ouais ben tues toi à la tâche si tu veux, rien à secouer du poireau mais veille sur Thaïs… Je ne sais pas, jette là dehors quand vous avez suffisamment répété car merde, pas envie qu’elle s’oublie plus que de raison. Elle atteint mon gosse et pas question qu’il lui arrive une bricole parce que c’est une toxico du piano » marmonnais-je dans ma barbe.

Eventine leva aussitôt les mains en signe défensif, sachant pertinemment qu’entre lui et Caleb, son canard en sucre aurait évidemment le dernier mot vu toutes les heures de muscu qu’il devait se traîner derrière lui, sans parler des heures d’entraînement de danse. « Comme si j’avais envie de te faire concurrence ! Tsss… non mais t’as vu en plus comme elle te regarde ? On dirait que tu lui as redonné la vie ! Ce serait criminel d’interférer » avoua-t-il non sans esquisser un clin d’œil taquin, comme à son habitude. Il aimait bien le provoquer, c’était de notoriété publique à vrai dire. « Si jamais t’as un mecton en gosse, tu vas lui refiler en héritage ? Gore… » souffla-il non sans éclater de rire juste après. « C’est une toxico du piano, crois-moi, elle est pire que je ne le serai jamais, une forcenée ta femme ! Ceci-ci, j’ai un bon moyen de pression qui a été efficace la fois dernière, donc tu peux compter sur moi… »

« Ce serait pas criminel, ce serait suicidaire » grognais-je car inutile de dire que je ne céderai ma place pour rien au monde et que le pauvre malheureux qui tenterait sa chance devant mes yeux, boufferait de la soupe durant des années avant que sa mâchoire ne se décide à revenir à la vie. « Ce n’est pas gore ! Il pourra prendre la suite de son père, c’est tradition ! Tu sais que mon grand-père et mon père tenaient le même genre de carnet ? Avant de rencontrer ma mère, c’était THE sérial baiseur ! Des fois je me demande quand je le vois aujourd’hui, s’il ne truquait pas son carnet car merde, j’ai l’impression de connaitre que le père ambassadeur » soupirais-je non sans sourire avec un certain amusement, massant mon genou douloureux. « C’est quoi ton moyen de pression ? » fronçais-je les sourcils car il m’intriguait énormément. De tout de manière dès que le prénom de ma fiancée se retrouvait dans une phrase, c’est fou ce que je devenais curieux.