Thélia ❥ All I want for Christmas is you.

Elle m'avait quitté. Comme l'imbécile heureux que j'étais, je l'avais laissé s'échapper, je n'avais même pas essayer de la retenir, la poussant presque à franchir la porte de mon appartement sans se retourner, histoire de ne pas voir à quel point mon visage était déformé par la tristesse. Je l'aimais. Je l'aimais et je l'avais laisser s'en aller, faisant tout pour qu'elle ne me quitte et emporte mon cœur avec elle. Du coup, je me retrouvais ce 24 décembre au soir, à plus d'une heure du matin, à monter tranquillement les marches qui menaient de son immeuble jusqu'à la porte de son appartement. Lorsque je lui avais imposé une pause alors que je m'apprêtais à partir en Italie, je lui avais trouvé un cadeau là-bas. Une petite chose sans importance mais que je tenais exclusivement à lui offrir. Qu'elle l'accepte ou pas, elle pourrait ensuite en faire ce que bon lui semble. Mais je ne saurais dire, je voulais juste qu'elle l'ait. Elle m'avait cependant rendu le bracelet que je lui avais offert, et j'avais ainsi passé des heures à le contempler, me demandant pourquoi je m'étais comporté de la sorte avec elle. Je ne dormais plus, ne mangeais plus, en somme, je vivais toutes les étapes prédominantes d'une rupture. Même notre dernier échange d'sms m'avait laissé sous-entendre qu'elle la vivait mieux que moi, et malgré cela, l'envie de la revoir s'était faite grandissante jour après jour. Autant faire le tour du monde pour l'oublier que ça ne marcherait pas. Mon cadeau était en fait composé de deux parties, d'une que j'avais rangé dans la poche intérieur de mon manteau, au-dessus de mon costume, et l'autre que je tenais dans la main. Approchant alors de la porte de son immeuble, je me stoppais. Il était tard, et c'était le soir du réveillon. Histoire d'encore plus d'embêter. Peut-être était-elle en famille, peut-être pas. J'attendis quelques instants planté derrière la porte, écoutant. Mais aucune voix ne provenait de l'habitation. Dans tous les cas, si elle n'était pas là, je songeais que je pouvais tout aussi bien tout déposer dans sa boîte aux lettres. Respirant un grand coup, je toquais tranquillement à la porte, attendant. Puis posant une main contre le mur à côté de la porte, je baissais la tête, me sentant presque nauséeux. Quand la porte s'ouvrit, je relevais mon visage et mon cœur s'arrêta dans ma poitrine. Je venais de tomber pile sur elle. Su celle que j'aimais. Je ne sus soudainement, plus quoi dire. « Euh... Je sais que je suis la dernière personne que tu as envie de voir en ce moment mais... » Je me stoppais, le réalité me revenait en pleine face. Qu'étais-je en train de faire ? « Pardon, je n'aurais pas du venir... » Que devais-je faire ? Repartir avant qu'elle ne me le demande ? Je ne savais plus quoi faire.

« Pourquoi tu es venu Théo ? » Je déglutissais péniblement en entendant sa phrase. Elle ne m'avait pas crier dessus et son ton ne m'indiquait pas que je devais effectivement m'en aller, mais elle ne semblait pas non plus joyeuse de me voir. Cette constatation fit en sorte que mon cœur se contracte douloureusement dans ma poitrine. Mon Dieu, venir la voir était une grosse erreur. Elle ne voulait pas de moi, pas que je sois là devant chez elle. Lorsqu'elle sortit de son appartement, avant de refermer la porte derrière elle, je me surpris à reculer quelque peu. La savoir aussi prêt me rendait fou. Je cherchais mes mots, mal à l'aise. Qu'est-ce que j’espérais au juste ? Qu'elle m’accueil les bras grands ouverts ? Non, il fallait tout simplement être fou pour croire une telle chose. Surtout après ce que je lui avais fait. Là elle me donnait juste la sensation d'avoir envie que je m'en aille. « Pour...te voir. » Et si jamais je m'étais attendu à ce que la voir me fasse autant de mal, je ne me serais jamais déplacé. «  Et aussi pour te donner ceci. » Je lui tendis alors le petit paquet que j'avais dans la main, et qui était en vérité une boite carrée pas plus grande qu'une main normale. « Je sais que nous...ne sommes plus ensemble et que recevoir quelque chose de ma part ou des cadeaux et bien la dernière chose que tu souhaite mais... Je tenais à ce que tu l'ai. Peu importe ce que tu en feras. » Elle pouvait en faire ce que bon lui semblait ensuite. Lorsqu'elle l'ouvrirait elle tomberait nez à nez avec une petite boite à musique ronde beaucoup moins grosse qu'une orange, de couleur argent, avec des petites pierres multicolores sur chaque côté. « Ah, et tu auras besoin de ceci pour l'ouvrir. » Mettant une main dans la poche intérieur de mon manteau, j'en retirais cette fois-ci une boîte noir, de celle qui contienne un collier, une chaîne etc... et la lui tendit. Espérant amplement qu'elle ne l'accepte. Le second cadeau permettait en réalité d'ouvrir le premier. Il s'agissait d'une longue chaîne fine en or, orné d'un petit pendentif rond qu'il fallait introduire dans la boite, qui était en fait une boite à musique, tournant ensuite la chose comme une clef dans une serrure. Dans la boite, une fois ouverte, elle pourrait voir qu'il s'y trouvait une petite danseuse étoile qui tournait accompagné d'une petite musique que je jugeais étrange mais bon. L'intérieur du dos de la boite à musique ronde était gravé d'une petite inscription intitulé, I love you, T. Évidemment, en la faisant graver, je ne m'attendais pas à ce que nous en soyons là à mon retour. « Je suis aussi désolé de te déranger ce soir, mais comme c'est ...noël et que tu adores cette fête... Je ne pouvais pas me permettre de ne pas te donner ceci avant de partir pour Londres. » Je marquais une nouvelle pause, me passant une main dans les cheveux. « Pardon, je parle trop. » J'allais probablement m'en aller maintenant.

Elle avait accepté les deux paquets que je lui avais tendu sans broncher, presque sans réaction, me regardant comme si j'étais le cousin éloigné d'ET. Comme si ma présence devant chez elle et face à elle était totalement déplacé. Je baissais les yeux réellement très nerveux. Elle s'était appuyée contre le mur et elle semblait attendre quelque chose. « Pourquoi ce soir et pourquoi tu me donnes ça ? » Je fronçais les sourcils, alors que pour moi la réponse à cette question était plus qu'évidente. Mais apparemment, j'étais le seul à le voir. J'haussais les épaules. « Je te l'ai dit: parce que ce soir c'est noël et que je pars à Londres. » J'eus soudain une mimique qui prouvait que je comprenais peu à peu les conséquences de mes dernières paroles. Je venais lui offrir un cadeau pour lui annoncer que je repartais ? Elle allait me taper et me demander de déguerpir. « Deux jours. Je vais voir ma mère. » Je me passais une main dans les cheveux soupirant alors qu'elle avait continué. « Fin j’ai peut être loupé un truc mais je vois pas quoi et je t’avoue que je comprends pas. » Ses paroles me blessèrent quelque peu mais dans un certain sens je la comprenais. J'étais un peu imprévisible parfois et surtout très impulsif. Je ne réfléchissais qu'après aux conséquences de mes actes. Et là, le fait de me ramener devant chez elle pour lui apporter des cadeaux alors que nous n'étions plus ensemble, c'était tout à fait déplacé. Je me sentis soudain obligé de tout lui expliquer. « Tu n'as manqué aucun épisode. C'est moi...je... Enfin, lorsque j'étais en Italie, j'ai trouvé ceci un soir et ça ma tout de suite fait penser à toi et à tout ce que tu représentes pour moi. » Je marquais une pause, ayant signaler d'un mouvement de tête, la boite qu'elle avait dans la main lorsque j'avais prononcé le mot "ceci". Je repris plus doucement, m'appuyant à mon tour contre le mur. « Je tenais alors à te l'offrir, même si nous ne sommes plus ensemble et que tu me haie. » Je fuyais à présent son regard, mais j'étais bien déterminé à finir de lui dire ce que j'avais sur le cœur. « Tu es tout ce que j'ai toujours voulu avoir pour Noël, Elia. Et maintenant que c'est impossible, je tenais quand même à t'offrir un dernier présent, avant que tu ne m'efface totalement de ta vie. » Je me passais une main dans les cheveux, me demandant si je n'allais pas verser ma parfaite et unique petite larme du soir.

« Arrête je te haie pas. » Je relevais la tête dans sa direction, presque plein d'espoir. Mais c'était trop beau pour être vrai. Elle n'allait pas me tomber dans les bras, me pardonner si facilement et me dire qu'elle m'aimait. Nous n'étions pas dans un film Disney et j'allais probablement finir par dégringoler les marches que j'avais monter jusqu'à son appartement la tête la première, suite à cette conversation. « Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu fais celui qui est le seul à souffrir ? Tu crois que je me fiche de toi, que je tenais pas à toi, à nous ? Tu parles comme si c’est simple pour moi, comme si j’allais t’oublier en un claquement de doigt. » Parce que c'était un peu ce que je pensais. Je la regardais avec tristesse, comme un homme qui s'apprêtait à monter sur le chaise électrique. «  J’ai fait ce choix mais ça veut pas dire que je le vis bien, parfois on est amené à prendre des décisions qu’on veut pas prendre, alors fait pas comme si t’es le seul à souffrir, car c’est pas le cas. » Comme il serait simple de combler la distance qui se trouvait entre nous deux et d'attraper son visage en coupe entre mes mains et de l'embrasser comme si ma vie en dépendait. Mais là c'était impossible. J'avais trop merdé, voir même bousillé notre histoire. Je secouais la tête, elle n'avait pas tord mais non, ce n'était pas réellement ce que je pensais non plus. « Je n'ai jamais dit que j'étais le seul à souffrir. Je souffre pour moi, car je me sens responsable de ce qui s'est passé. Je me sens responsable de la fin de notre histoire, d'avoir perdu l'une des personnes à laquelle je tenais le plus. » Je marquais une pause cherchant mes mots alors qu'elle avait haussé le ton. « Eh merde je sais pas quoi te dire. Que veux-tu entendre ? » J'avais un peu écarté mes bras, comme si je l'invitais à si jeter dedans, ce qui n'étais pas le cas. « Que je suis désolé pour tout ce qui s'est passé ? Que je me sens comme une grosse merde chaque fois que je me vois dans le miroir ? Que je me demande chaque jour pourquoi je t'ai poussé à me quitter, pourquoi je ne t'ai pas rattrapé, pourquoi je t'ai laissé partir ? Alors désolé d'être malheureux et de te voir bien entourée et choyée avec toutes les possibilités pour surmonter notre rupture. » Je secouais la tête. Je ne voulais pas que sa se termine en dispute. Mais elle avait tout, son fils, son frère, ses amis, moi je passais la plupart de mon temps seul et enchaînais les gardes à l'hôpital pour ne pas sombrer encore plus dans la dépression. Je donnais alors un minable coup de poing dans le mur. « Désolé, c'est du à supporter comme situation. Je n'aurais pas du venir ici, t'offrir ceci c'était une mauvaise idée. Je ne sais pas ce que j'imaginais..que te crier mon amour suffirait à... » Je soupirais, songeant que je devais au plus vite quitter les lieux.

« Non mais ça va pas, je vais me faire tuer par mes voisins. » Alors là je m'en fichais carrément. Ils pouvaient sortir lui dire quelque chose, j'étais là pour régler leur compte. Fallait pas encore plus me faire chier. « Suffirait à quoi ? » Je n'avais pas fini ma phase précèdente et sur le coup, je ne sus quoi répondre. Oui, suffirait à quoi d'abord ? À la récupérer ? Comme si lui crier mon amour allait effacer tout ce qu'il s'était passé entre nous. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. «  & c’est quoi le rapport que je suis bien entourée ? Oui j’ai une grande famille, des amis formidables et alors ? Parce que tu crois que être entourée de toutes ces personnes m’aident ? Oui ils m’aident à pas me sentir plus seule et plus mal mais ça n’enlève en rien ce manque que j’ai, ça n’enlève en rien cette présence que tu as pris depuis tous ces mois. » Elle s'était avancée pour s'asseoir sur la première marche des escaliers, me tournant ainsi le dos. Malgré moi et les battements effrénés de mon coeur, je m'entendis murmurer: « Alors pourquoi souffrir chacun de son côté ? » Je me tus précipitamment, ne sachant pas vraiment à quoi correspondait mes paroles. Pas sur qu'elle ait les mêmes attentes que moi, loin de là. « Tu cherches quoi Théo ? Pourquoi me dire ça maintenant, j’ai cru comprendre que tu avais été clair à ton retour, tout comme quand on a parlé par message, alors tu veux quoi ? Voir que non finalement je vais pas aussi bien que tu le pensais ? Désolée de pas être à déprimée mais tu vois je suis pas une étudiante comme les autres, j’ai un fils et je peux pas me permettre de plus rien faire de ma vie et le laisser me voir devenir une épave. » Je n'étais pas venu là pour constater son chagrin il manquait plus que ça. J'avais juste eu besoin de la voir. De lui offrir mon cadeau. peut-être même de lui crier que je l'aimais. « Je ne suis pas venu ici pour constater ton mal-être. Je n'étais pas non plus censé te parler du mien. » La savoir de dos m'arrangeait un peu je devais le reconnaître. Mais ça me tuais aussi. J'étais fier d'elle, de la savoir forte pour son fils, de savoir qu'elle ne se laissait pas abattre comme moi. Qu'elle était forte pour nous deux. « Je n'ai pas non plus le droit de te demander quoique ce soit, d’exiger quoique ce soit, d’espérer quelque chose...tu as été très clair. Tu m'as bien dit que tu méritais mieux que moi. » Ma voix n'avait été qu'un murmure qui prouvait à quel point j'avais été blésé. Puis je fis quelque pas et venais m'asseoir près d'elle. Ni trop près, ni trop loin. « Mais, ouvres donc ce que tu as dans les mains, et tu comprendras ce que je cherches. » Puis je me mis à la fixer intensément, me sentant soudainement très proche d'elle.