TG #2 ► le bar

Au fur et à mesure de ma réponse je remarquai le visage de Camille qui se décomposait. J'étais allé trop loin, et j'en étais désolé mes mes sentiments prenaient le dessus. Je n'arrivais pas à comprendre comme Camille pouvait aimer quelqu'un aussi fort alors que cette même personne ne prenait même pas le temps de prendre soin d'elle. Elle me répondit d'un air énervé que c'était sa vie, qu'elle en faisait ce qu'elle voulait et que si je voulais, on pouvait arrêter notre mission faux couple. Sur le moment je fus tenté de tout arrêter, de continuer sur la même lancée mon discours et de lui faire voir la vérité en face mais je savais que je la blesserai encore plus et je n'avais pas le droit de faire ça. Je compris qu'elle devais faire son expérience elle même, quitte à ce qu'elle souffre encore par la faute de Demyan, je serais là pour la consoler. "Excuse moi Camille. Je suis allé trop loin, mais je tiens à toi, tu le sais, et je serais toujours là pour t'aider quoi qu'il arrive. Mais c'est aussi le rôle d'un ami d'essayer de faire voir à l'autre qu'il est en train de faire une erreur. Mais tu as raison ce n'est pas mon rôle même si parfois, j'aimerai être à la place de Demyan". Sur ce, j'avalais mon verre d'alcool d'un trait et me terrais dans le silence. Désormais rien ne serait comme avant, elle allait tôt ou tard remarquer qu'il l'aimait de plus en plus.

Le visage fermé, Camille avait l'impression d'entendre les paroles d'Owen résonner dans sa tête. Evidemment il avait raison, elle se voilait la face concernant Demyan. Vu ce qu'il lui avait balancé en pleine tronche à thanksgiving, et une fois de plus ce soir, n'importe qui aurait lâché l'affaire. Mais pas elle. C'était plus fort que tout, elle l'aimait, elle n'y pouvait rien. Elle ne pouvait tout simplement pas se résoudre à renoncer à lui. Excuse moi Camille. Je suis allé trop loin, mais je tiens à toi, tu le sais, et je serais toujours là pour t'aider quoi qu'il arrive. Mais c'est aussi le rôle d'un ami d'essayer de faire voir à l'autre qu'il est en train de faire une erreur. Les traits de Camille s'adoucirent un peu en entendant ces paroles. Bien sûr, Owen pensait bien faire. Mais tu as raison ce n'est pas mon rôle même si parfois, j'aimerai être à la place de Demyan ajouta-t'il. Sur ce, il attrapa l'un des shooter et le vida d'une traite soudain muet comme une carpe. Camille le regarda faire, surprise par ce qu'il venait de lui dire. Elle délirait où il venait de lui avouer qu'il était jaloux de Demyan là ? Perdue, elle chercha un autre sens à ses paroles, mais n'en trouva pas. Qu'est-ce que tu veux dire ? dit-elle réellement paumée.

Je reposai mon verre bruyamment, comme pour marquer ce qui se passait dans ma tête, parce que c'était vraiment le bordel. Qu'est ce qu'elle voulait là ? Que je lui avoue tout, comme si de rien n'était ! Mais je ne pouvais rien lui dire puisque son cœur appartenait à un autre ! J'imaginais la tête de mon ennemie et serrait le verre dans ma main, pensant l'écraser et le verre céda. Des bouts de verre se plantèrent dans ma main et les gouttes de sang qui s'éparpillèrent dans ma main me surprirent. Tout avait été si bref, tout était si bien avant que Camille ne reparle de son beau frère. Mais tout était cassé désormais, tous notre équilibre s'envolait en éclat lorsque je prononçai la dernière phrase. Je me levais, le verre encore incrusté dans ma main et me la tenant de l'autre. " Rien du tout. Je ne veux rien dire. Ne fait pas comme si tu ne l'avais pas remarqué Camille. Cherche au plus profond de toi, tu as la réponse, tu ne veux juste pas l'admettre. "

Camille avait besoin qu'Owen éclaircisse les choses. Sa dernière phrase était tellement.. bizarre. Elle ne pouvait croire au double sens que dissimulait ses paroles. Soudain, tout se passa très vite. Owen posa brutalement son verre sur le bar et, serrant le poing autour de celui-ci, le brisa en plusieurs éclats. Camille sursauta de surprise et poussa un cri de stupeur en voyant du sang apparaître sur la main de son ami. Mon dieu ça va ?! Mais c'est à peine si il y faisait attention. Rien du tout. Je ne veux rien dire. Ne fait pas comme si tu ne l'avais pas remarqué Camille. Cherche au plus profond de  toi, tu as la réponse, tu ne veux juste pas l'admettre. Paralysée par ce qu'il venait de dire, Camille l'observa alors qu'il regardait enfin sa main, se levant comme pour partir. Elle n'arrivait pas à y croire. Avec cette simple phrase, Owen venait de confirmer ses doutes sans aucune gêne. Mais non, elle ne voulait pas y croire. Son meilleur ami ne pouvait pas être jaloux du mec qu'elle aimait... parce qu'alors ça voudrait dire qu'il en pinçait pour elle. C'était pas possible. Attends Owen... Elle ne pouvait pas le laisser s'en aller comme ça. En plus il était blessé. Tu saignes, il faut rincer ça dit-elle en saisissant doucement sa main pour regarder la plaie de plus près. Elle commença alors à l'entraîner en direction des toilettes, préoccupée par sa blessure tout autant que par sa déclaration.

Elle sursauta lorsque le verre céda dans ma main. Non ça n’allait pas, rien n’allait et le pire c’est que je ne pouvais même pas lui dire ce que je ressentais car je savais qu’elle ne ressentait pas la même chose et que cette révélation ne ferait qu’encrasser notre amitié. Elle voulu me soigner et d’un brusque mouvement je me dégageais. « Tu saignes, il faut rincer ça », me dit elle attrapant ma main pour y voir de plus près. Cette fois je me laissais faire, conscient que mon comportement ne ressemblait en rien à celui que j’avais en temps normal. « C’est rien, seulement un peu de sang. » lâchais je dans un petit grognement. « Pardonne moi, je n’arrive pas à me contrôler quand je pense à ces choses là . Je ne sais pas comment te le dire, je risque de tout gâcher ». J’approchai ma main près de son visage, celle qui n’était pas blessée et caressait sa peau. Elle était belle dans sa robe noire et me regardait avec ses yeux qu’elles arboraient quand elle se souciait de moi ou me consolait. Je repensai en quelques secondes à tous nos rires, nos pleures mais aussi nos bonheurs et comprenais que je devais lui dire, parce que l’honnêteté était la base de notre relation. « Pardon », lâchais je dans l’élan du baiser que je lui donnais. Avec ça elle comprendrait, et au pire des cas je me prendrai une bonne gifle mais je ne pouvais plus aller à l’encontre de mes sentiments pour elle.