JAIDAN ✿ i love you but you hurt me so much....

Depuis quelques jours j’étais en « relation libre » avec Aidan, qui avait été autrefois mon sexfriend avant de devenir mon ami…mais notre amitié avait rapidement tourné court compte tenu de nos sentiments et de notre attirance. Autant dire que les choses étaient différentes maintenant, je me sentais moins coupable quand nous étions ensembles et je trouvais ça plutôt normal en fin de compte. J’avais comme l’impression que nous étions en couple même si ce n’était pas le cas. J’avais d’ailleurs parlé de cette relation à Elia qui était ma meilleure amie, bien sûr la jeune femme avait tout de suite fait la commission à son petit-ami qui n’était autre que le confident d’Aidan et maintenant tout le monde savait que j’étais amoureuse de lui : génial. Une qui semblait le savoir plus que les autres était Jackie, une fameuse amie d’Aidan qui semblait avoir déjà couché avec lui. Je savais qu’Aidan était libre de ses actes mais cela m’humiliait qu’une fille raconte ce qu’elle faisait quand ils étaient tous les deux, je n’avais jamais voulu que ça se passe comme ça entre Aidan et moi et même si j’avais accepté son choix il ne fallait pas pousser le bouchon. J’étais tellement énervé après l’entrainement de danse que je m’étais mis dans le salon et j’avais commencé à jouer avec le flipper. Je faisais semblant de ne voir personne, persuadée que ma colère finirait par passer…

La journée avait été plutôt chargée. Entre les cours, les travaux à réaliser, le boulot dans la rue, Aidan ne s'était pas ennuyé. D'autant plus lorsqu'il avait reçu des textos de June qui avait eu le droit à une intervention de l'adorée mais machiavélique Jackie. Dieu sait ce que la Blondinette avait bien pu raconter et il sentait qu'il allait devoir recoller les morceaux. Bref, des histoires de filles, tout ce qui l'adorait. Comble de la poisse, alors qu'il était dehors entrain de peindre, il s'était mis à pleuvoir comme sous la douche et c'est donc trempé qu'Aidan regagna la Lowell mais sans l'odeur Tahiti fleur de lotus. Aussitôt qu'il passa la porte, un soupir s'échappa de ses lèvres. Il posa ses affaires dans un coin et retira son manteau. C'était déjà mieux, même si ses cheveux dégoulinaient. Il avait besoin d'un café pour se remettre et traversa pour ça le salon. Il aperçut June de dos qui semblait être dans les meilleures dispositions de calme. Il songea sérieusement à passer son chemin. Mais ça ferait qu'empirer le truc. Il se posta donc sur le côté du flipper et la regarda : « Salut. » lui dit-il en la regardant tout à fait sérieusement. Il osait même pas sourire pour dire. Il s'attendait limite à en prendre une, alors il serrait les dents.  

J’étais toujours à fond dans mon jeu, je fixais la petite boule métallique avec une force rare. Je pense qu’on aurait pu facilement lire de la rage sur mon visage. J’aurais vraiment du défoncer la figure de cette blondasse de Jackie, avec la tête amoché elle aurait été beaucoup moins présentable pour coucher avec Aidan. Je respirais cependant un grand coup, non, pas ce genre de truc, je n’étais pas comme mon père. Mon père, penser à lui m’émut plus que j’aurais pu le penser. C’était son anniversaire aujourd’hui, je lui avais écrit une lettre il y a quelques jours. Comme l’année dernière je culpabilisais de n’avoir pas été à l’asile pour lui rendre visite car mon père était bien la seule famille qui me restait après la mort de ma mère. Cela me rendait encore plus triste, une larme coula sur ma joue même avant que je remarque Aidan qui m’adressa un salut hésitant. Je devais vraiment avoir une tête à faire peur : « Ecoutes Aidan, je n’ai pas vraiment envie de discuter avec toi ou de satisfaire tes besoins sexuelles, trouves une autre fille là… ». Odieuse, j’avais été odieuse mais peu importe. L’encourager à aller voir ailleurs me dépiter mais je n’étais pas en état de lui donner ce qu’il voulait…et puis lui avait certainement pas envie d’écouter la sérénade de Calimero.

Il s'attendait à de la colère, un sermon, une éternelle engueulade, à la prise de tête habituelle mais surement pas à cette larme sur sa joue. Il lui avait fait du mal, en même temps ce n'était pas étonnant, c'était un gros nase, un handicapé sentimental. Mais il s'était quand même lancé avec elle même si les apparences révélaient une absence d'engagement. Il ne savait pas ce que lui avait dit Jackie mais en tout cas ça l'avait mis dans tous ses états. Un mec normal, attentionné, l'aurait sans doute pris dans ses bras en demandant pardon. Mais là, pour le coup Aidan se retrouvait parfaitement con. Il ne savait pas comment réagir. Ses pupilles limpides scrutèrent quelques instants le visage féminin. Elle se trompait tellement sur lui parfois. Il n'avait même pas couché avec une autre fille depuis qu'ils étaient dans une relation « libre ». Il restait désespérément muet puis finit par ajouter : « Je vais me faire un café à côté, si tu veux venir me parler plus tard. » Elle lui avait clairement dit qu'elle n'était pas d'humeur, qu'il pouvait bien dégager et il ne savait comment contenir son désarroi, sa tristesse, alors la fuite en avant ça restait la meilleure solution.

Lorsqu’Aidan été arrivé dans mon champ de vision je pensais que je pourrais avoir des explications mais la seule chose à laquelle j’avais pensé à ce moment là c’était à l’anniversaire de mon père et je m’étais mis à pleurer. Cette journée était vraiment difficile. Je devais faire preuve de détachement envers Aidan, comme si ce n’était pas grave alors que ça me fendait le cœur, j’aurais tellement voulu être la seule à ses yeux. Lui il ne semblait pas vraiment atteint, j’étais triste et bien ça n’avait pas grande importance, même pas une petite caresse sur l’épaule…Non aucune attention comme d’habitude. Je préférais alors lui dire ce qui clochait avant qu’il se fasse son café, comme ça il serait tranquille pour le reste de la journée : « J’avais juste une chose à te dire. J’ai accepté qu’on soit dans cette relation pour toi-même si ce n’était pas ce que je voulais, j’ai mis de côté mes souhaits parce que j’étais attaché à toi….Mais qu’une fille avec qui tu as couché vienne me raconter en détail comme tu t’y es pris pour la satisfaire, c’est vraiment n’avoir aucun respect envers moi….Voilà, maintenant je vais dans ma chambre, tu n’as qu’a y réfléchir… ». J’avais préféré directement coupé court à la conversation plutôt qu’il présente de minables excuses qui rimeraient à rien. Tandis que les larmes continuaient de couler sur mon visage j’ouvris la porte de ma chambre et me mis sous ma couette quelques instants. J'espérais une nouvelle fois qu'il vienne me réconforter mais je devais avoir tord, c'était trop lui demander...  

Voilà pourquoi il ne voulait pas s'engager dans quoi que ce soit. La Brune lui faisait redouter ce pourquoi même il avait toujours opté pour une solitude tenace. Il détestait avoir des comptes à rendre, devoir se justifier, avoir la sensation d'être privé de sa liberté. Et lorsqu'elle partir en larmes pour se réfugier dans sa chambre, il se sentit parfaitement con. Une partie de lui désirait aller la consoler mais l'autre ne demandait qu'à fuir. Il se laissa donc le temps de la réflexion et resta quelques instants en bas. Le temps passait et la culpabilité sournoise pesait sur ses épaules. Aidan décida donc de retrouver June. Il ne frappa même pas et entra dans sa chambre, il la trouva sur son lit et silencieusement prit place à côté d'elle en s'asseyant doucement. Il passa une main dans ses cheveux et coupa le silence. « Je t'ai dit de ne pas prêter attention à Jackie. Je n'ai pas couché avec elle. Elle voulait t'énerver et apparemment elle y est arrivée. » Il soupira avant de reprendre. « Je ne t'ai pas forcé à avoir cette relation avec moi June, si ça te fait trop souffrir on arrête tout, c'est peut-être mieux pour toi tu sais. » Il ne savait pas ce qu'elle pensait vraiment, mais il préférait lui laisser cette possibilité. Il ne voulait pas la voir souffrir et si c'était le cas, il était prêt à se faire oublier.

Je n’avais jamais eu dans le but de demander quoi que ce soit à Aidan mais voir Jackie me raconter leur vie sexuelle c’était pousser le bouchon un peu trop loin. Je voulais bien être adorable, gentille, tout ce qu’on veut mais là…Le bouchon avait été poussé trop loin. Je savais que je ne devais pas réagir comme ça pour faire fuir Aidan mais ça avait été plus fort que moi. Je me retournais dans le lit pour le regarder quand il m’apprit qu’il n’avait pas couché avec Jackie, au fond j’étais soulagé. Je lui fis un petit sourire en lui prenant la main : « Ah d’accord…Oui, rapelles-toi quand tu m’as vu embrassé l’autre gars, tu étais frustré et bien ça m’a fait pareille je pense…Je n’avais pas envie qu’elle me raconte tout dans les détails… ». En même temps c’était humain, qui avait envie d’entendre une fille raconter ses histoires de cul avec la personne dont vous êtes amoureuse. Je lui fis un petit non de la tête, même si en partie il avait raison, cela me faisait souffrir mais ma vie serait bien pire si il en était totalement exclue : « Non mais je préférerais que tu sois honnête avec moi, c’est tout et…que tu me dises dès que quelque chose ne va pas, ou au contraire si tu te sens bien…Je sais ce n’est pas ton point fort de te confier mais ce serait important pour moi… ». Je lui fis un petit sourire avant de le serrer fort dans mes bras, j’avais eu besoin de ses bras aujourd’hui, plus que les autres jours peut être parce que c’était l’anniversaire de mon père.  

La situation semblait se désamorcer et le Peintre ne fût soulagé. Il ne sait pas si il aurait accepté une énième prise de tête. June se calma nette quand il lui avoua ne pas avoir couché avec Jackie. Elle évoqua d'ailleurs l'épisode du Luna Caffe. C'est vrai qu'il s'était énervé et il n'aurait su définir vraiment pourquoi. Sans doute parce que June lui avait confié avoir des sentiments, vouloir une relation sérieuse et finalement tomber dans les bras du premier venu. June était tout en paradoxes. Lui avait été honnête et il ne pouvait jurer d'une fidélité sans faille, la liberté était la seule femme à laquelle il prêtait serment. « Je comprends. » finit-il par dire. Personne n'aimerait ça, même si on savait la chose possible, de là à apprendre les choses dans les détails, il y avait un sacré chemin. Il souleva ses deux épaules lorsqu'elle l'invita à faire part de ses ressentis, il déclara simplement en la regardant : « J'aime quand on passe de bons moments, qu'on se prend pas la tête, qu'on rigole ensemble, qu'on est proches sans étudier ou chercher à comprendre ce que l'autre fait quand on est pas ensemble ou quels sont les sentiments qui nous animent. Quand on vit quoi. » lui dit-il en souriant. Il passa une main dans son dos et ajouta : « T'es sure que y'avait que ça ? » Parce que Jackie avait beau être une fouteuse de merde de première, elle avait quand même June dans un sacré état, il la savait tout de même plus forte que ça.

J’avais essayé d’expliquer à Aidan ce que j’avais pu ressentir, je pense qu’il l’avait déjà ressenti quand j’étais avec ce garçon. Tout ce qu’il me dit me conforta, mais conforta aussi les propos de Jackie, que jamais Aidan ne m’aimerait. Que je serais toujours son jouet et pas plus. Ce qu’il me disait me faisait alors à la fois mal et plaisir. J’étais pris entre deux feux et je m’aventurais à lui poser une question qui de toute évidence ne lui plairait pas : « Je peux te poser juste une question ? De curiosité ? ». J’avais vraiment l’intime espoir qu’il me réponde oui alors je continuais presque sans avoir entendue sa réponse : « Est-ce qu’un jour tu penses pouvoir vivre autrement ? Je te parles pas de mariage et tout ça….Juste d’arrêter de supporter que je vois d’autres mecs et toi arrêter de voir d’autres filles…avoir une relation presque normal….Mais sans changer ce qu’on est… ». Je serais toujours June, la danseuse un peu secoué, capable de faire n’importe quoi et même si je me mettais avec lui, je resterais la même personne, je serais juste, plus heureuse. Aidan me demandait ensuite si c’était la seule raison de mes pleurs, non, il y avait bien pire malheureusement mais lui parlait de mon père était vraiment une étape dans notre relation. Or, j’avais l’impression qu’il ne tenait pas à moi. Ma seule réponse fut de lui donner une petite poupée brune avec des tâches rouges, rappelant des plaies, sur le ventre. « Tiens ». Bien sûr ça n’expliquait rien de mon mal être mais peut être aurait-il un début de réponse.  

June semblait aller un peu mieux et cela le réconforta de savoir qu'il pouvait lui apporter un peu de bonheur et pas que des prises de tête. D'ailleurs, celle-ci lui posa une question. La question qui fâche dirons-nous. Mais il comprenait parfaitement que la Française souffre de cette situation, elle voulait pouvoir se projeter dans l'avenir alors que lui en était incapable. Il essaya cependant de faire un effort. « Je pense que oui. » lui dit-il en la regardant. Il ne voulait pas non plus s'embarquer dans des promesses, il s'en sentait pour le moment incapable. « Mais il est trop tôt, j'ai besoin de temps et je suis persuadé que ça se fera naturellement.» Il s'allongea à côté d'elle et attrapa une de ses boucles avant de murmurer doucement. « Je suis bien conscient que tu ne pourras pas m'attendre éternellement. » Lui et son indécision. Lui et sa complexité. Sous des abords nonchalants, il se révélait presque impossible à saisir. Elle ne répondit ensuite pas directement à sa question mais lui montra une petite poupée sur laquelle il put observer des tâches rouges. Il se doutait que June avait beaucoup souffert par le passé, elle était si fragile malgré l'apparence de dure à cuire qu'elle voulait donner. Il détailla encore quelques instants la poupée et la posa délicatement. Il fit rouler June sur le dos et l'embrassa doucement là où apparaissaient les plaies sur la miniature. Il posa ensuite sa tête sur son ventre et se blottit contre elle naturellement.