show me no mercy, i want you to hurt me : i want to feel it all φ thaïs.

Enfin, elle lâchait le morceau pour une potentielle aide de sa part - du moins il l'espérait. Tous les deux étaient vraiment têtus, c'est certainement pour cela qu'ils s'entendaient si bien. Garder son opinion sans même imaginer la changer les faisaient se chamailler parfois, mais ça ne dérangeait pas le jeune homme. A priori, ça n'embêtait pas Thaïs non plus. « Je sais bien. » dit-il d'un ton rassurant, il la connaissait si bien depuis le temps. Elle ressemblait tellement à Faith parfois, non pas physiquement, mais caractériellement. Andreas pensait souvent à son amour décédé quand il était avec Thaïs, il se rappelait uniquement des bons souvenirs et non de la tristesse qu'il avait pu ressentir par la suite, ça lui faisait du bien. Thaïs était sa bouffée d'air frais quand ça n'allait pas, et de plus en plus au fil des années. Il rit à sa réplique, hochant la tête de gauche à droite. « T'es trop modeste, tu sais aussi bien que moi que t'es la meilleure de cette école. » Ah oui, les chevilles allaient certainement gonfler après un compliment pareil mais c'était la stricte vérité. C'était une véritable danseuse de talent, et il allait bientôt en devenir un si elle continuait à l'entraîner ainsi. Ils dansèrent le temps d'une chanson et s'arrêta tout près de son visage, corps contre corps. « Et toi ? J'aurai une chance de t'emballer ? » demanda-t-il, reprenant les mots qu'elle avait dit précédemment, un brin d'humour s'échappant de ses dires.

Disons que Thaïs était têtue quand cela en valait la peine, et se montrait parfois capable de lâcher prise quand vraiment la situation l’exigeait. En l’occurrence, elle n’avait aucunement envie de s’engueuler avec Andreas, pas alors qu’ils passaient fondamentalement un bon moment et qu’elle en avait cruellement besoin. Il ne fallait pas croire, vivre sans arrêt dans le noir relativisait la sensation de solitude en décuplant par la même occasion ses effets néfastes sur l’esprit… d’où le fait qu’elle ne soit que doublement, triplement contente que le jeune homme ait eu besoin d’être pour ses révisions : elle était ainsi sortie de sa tanière et profitait de son ami au-delà des mots. « La meilleure ? » reprit-elle, sentant ses joues se teinter d’une jolie couleur rosée mais Andreas devait y être habitué depuis le temps : non seulement Thaïs n’arrivait pas à prendre juste un compliment comme il venait mais elle avait si peu confiance en elle qu’elle rougissait illico presto dès qu’on lui en faisait un. « Pourquoi, c’était dans tes plans de m’emballer ? » ne put-elle s’empêcher de le provoquer très légèrement alors qu’ils étaient toujours aussi proches et qu’elle pouvait sentir son souffle chaud et agréable contre la peau de son visage. « Il faudrait que tu m’apprennes ta façon de faire de l’humour, on sait jamais si c’est du lard ou du cochon avec toi » ironisa-t-elle, un sourire gigantesque sur ses magnifiques traits de poupée.

« Oui oui, la meilleure ! Comme je suis le meilleur italien à parler français ici. » s'exclama le jeune homme en rigolant, tandis qu'elle était dans ses bras, l'accompagnant et le guidant pour ce tango incroyablement sensuel. Sans se mentir, Andreas ne se lassait jamais de ces moments avec la jeune femme, ça lui faisait beaucoup de bien. Au moins il pouvait se la péter devant les danseurs quand il arrivait sur la piste, Thaïs lui avait beaucoup appris depuis des années maintenant, il lui devait tellement. Et pas seulement dans le domaine de la danse. Andreas voulait comme d'habitude jouer la carte de l'humour, mais il ne sut quoi répondre à sa question. Il se mordilla la lèvre un instant, ne desserrant pas son étreinte. « Et bien.. Si tu étais une simple inconnue, je n'aurais pas hésité une seconde. » Sur ces mots quelques peu ambigus, il préféra relâcher tout contact avec elle et murmurer de manière à ce qu'elle puisse entendre. « Mais on se connait trop. » C'était trop compliqué. Thaïs le savait, il le savait. Leur relation était fusionnelle, certes, mais les événements d'antan crachaient au visage d'Andreas comme un avertissement. Il s'installa sur le canapé, avant de vite se relever pour aller se chercher un autre coca. « Tu veux un autre coca ? Ou n'importe quoi d'autre ? » demanda-t-il, tentant d'effacer ce malaise qui venait de s'installer.

« Hey tu n’as pas tort ! Tu connais beaucoup d’italiens qui parlent couramment français ou presque dans le coin ? » poursuivit-elle en le suivant, comme d’habitude, car après tout se faire de petits compliments n’a jamais tué personne. Thaïs allait même plus loin dans ce genre de réflexion : si personne ne nous complimente jamais, on n’est jamais mieux servis que par soi-même ! « J’aurais du mal moi-même » avoua-t-elle sans honte et sans aucun équivoque, bien qu’elle sentit aussitôt un malaise s’installer chez Andreas. Il s’agissait là du propre des aveugles : pouvoir sentir la sensibilité des gens ou bien un changement de ton, de rythme de respiration, tout ce qui pouvait indiquer un signe de malaise, de joie, de colère ou bien encore de tristesse. Cette fois-ci, elle ne s’assit pas en face de lui mais bien à côté, serrant sa main dans la sienne pour lui faire comprendre qu’il n’avait aucune raison de stresser. « Hey, on est entre nous, aucune raison de se mettre Martel en tête… nous sommes des humains avec ce que ça implique de pulsions. Tu veux en parler ? Autour d’un coca par exemple ! » reprit-elle avec malice, histoire de lui ôter toute idée noire et de le faire sourire à défaut de pouvoir le faire réellement rire.

Il rit légèrement, clôturant le sujet dans un français parfait - ou presque. « J'te dis, je conquerrai le monde avec mon accent italien. » La'après midi se déroulait à merveille, mais les sentiments d'Andreas sortirent de sa bouche et il ne pouvait faire marche arrière. Il n'était pas amoureux de Thaïs, loin de là, mais il ressentait quelque chose de spécial à son égard, et il ne supporterait de la perdre. Elle ressemblait tant à Faith parfois.. déconcertant. Elle ne fut pas troublée le moins du monde par ses paroles, ce qui le troubla lui-même davantage. Cette fille était vraiment déconcertante, oui. « Y'a rien à dire Thaïs, on sait très bien que ce serait trop délicat. » Il posa une main sur son épaule en se levant, se voulant rassurant. Il n'était pas déboussolé par ce qu'elle venait d'avouer car il était déjà au courant, sauf qu'ils se voilaient la face au maximum. Il reprit ses esprits et ricana à sa question. « Je vais nous chercher ça. » Il trouva deux canettes de soda et les apporta à table. Il servit la jeune femme et s'installa à côté d'elle une nouvelle fois. Ce malaise devait disparaître, ça ne leur ressemblait pas. « On est parti loin quand même ! » dit-il, toujours avec humour, même si une pointe d'amertume le rongeait.

« Franchement, il n’y a que toi pour en douter, tout comme je vais conquérir le monde avec mon accent irlandais ! On fait fifty fifty ? » reprit-elle d’un ton taquin car dieu sait combien Thaïs n’était pas une séductrice dans l’âme, et son nombre de conquêtes s’en ressentait d’ailleurs. Déjà lorsqu’elle possédait encore sa vue la séduction n’était pas son point fort mais c’était définitivement pire depuis qu’elle l’avait perdue. Bah, Andreas ne pourrait sûrement jamais comprendre et ce n’était peut-être pas plus mal… « D’autant que tu dois tellement crouler sur les demandes que ce serait criminel de ma part que de leur voler la place ! » ironisa-t-elle car elle en avait besoin. Thaïs n’avait aucune envie de gâcher son amitié avec l’italien pour ce qui risquait d’être une histoire d’une nuit… ils valaient mieux que ça, aussi bien l’un que l’autre. « En même temps on a la classe ou on l’a pas ! Ne t’en fais pas tu me connais, si je me vexais pour un grain de riz putain j’aurais aucun ami… ce serait merdique comme façon de réagir non ? Puis limite, j’ai tendance à dire que tu aurais beaucoup mieux fait de rencontrer d’autres gens. Autres que moi j’entends. »

Il fit mine de réfléchir un instant, et déclara enfin.« Ah j'hésite.. Bon d'accord, j'accepte parce que c'est toi. » Non mais c'est vrai, Andreas ne voulait pas partager la gloire qu'il aurait un jour - ou jamais - avec n'importe qui. Les deux jeunes gens parlaient plusieurs langues différentes, si c'est pas la classe. Le jeune homme s'imaginait roi du monde avec sa chère acolyte Thaïs, conquérant la planète entière.. Bon là, il délirait un peu mais c'est beau de rêver n'est-ce pas ? Il ricana à ses paroles, elle avait sans doute raison après tout. Etant membre de la maison Winthrop et plutôt pas mal à regarder, Andreas n'avait pas à se plaindre au niveau des femmes effectivement. « C'est vrai que je n'avais pas pensé à toutes les filles qui veulent mon corps.. Zut ! » s'exclama-t-il avec humour, conscient que leur amitié était bien trop précieuse pour qu'elle soit mise en péril à cause d'une attirance irrévocable. Une fois qu'il ramena les deux boissons gazeuses, la jeune femme se rabaissa une fois de plus - chose qu'il détestait catégoriquement. « Thaïs.. Tu es une de mes meilleures amies et je ne regrette pas de passer mon temps avec toi au lieu de rencontrer d'autres personnes. Crois moi, y'a trop de cons dans ce monde. » Il posa instinctivement sa paume sur son avant-bras, servant par la suite son propre soda.

« Ah ! J’étais presque prête à te supplier mais je suis happy de pouvoir garder ce joker… » s’amusa-t-elle car certes, Thaïs était fauchée comme les blés et ne constituait donc pas en soit un ‘bon parti’ pour un homme qui ne verrait que l’argent et rien d’autre, mais cela ne l’empêchait pas d’être intelligente ou de parler plusieurs langues. Son esprit, c’était l’une des rares cartes qu’elle pouvait jouer avec ses deux talents en danse et en piano. « Tu veux que je t’offre un calepin à Noël pour que tu puisses mieux t’organiser et les faire toutes profiter équitablement de ton corps de dieu grec ? » D’accord, c’était légèrement pour se payer sa tête mais de son côté, la tempétueuse blonde n’avait pas ce problème : elle plaisait mais les trois quart du temps elle ne le remarquait même pas. On pouvait la siffler dans la rue qu’elle partait du principe que ce n’était pas dirigé vers sa personne… naïveté, naïveté. « Tu as fait la rencontre de beaucoup de « cons » dois-je comprendre ? Je te rassure de suite, je suis très fière d’être ton amie et je suis toujours happy quand tu as du temps à m’accorder. J’ai pas du tout envie que ça change, nos délires en français et en danse me manqueraient trop… si un jour on se met en couple l’un comme l’autre, tu me promets que ça ne changera pas ? »

Il sourit à sa réplique, ne pouvant pas s'empêcher d'exploser de rire à ce qu'elle lui proposait. Thaïs le considérait vraiment le tombeur de ces dames, qui peut avoir n'importe qui à ses pieds, bien que ça ne soit pas exactement le cas. Malgré le fait qu'il adore draguer les belles femmes, il n'oublie pas ce qu'il y a de plus important : les études. Andreas a toujours été un élève brillant et redoubler n'était pas du tout dans ses plans. « Oui je vais en avoir grandement besoin. » dit-il en se mordillant les lèvres, pour ne pas rire à nouveau. La jeune femme ne le savait peut-être pas, mais le Winthrop n'avait pas une de relation sérieuse depuis près d'un an.. Il fallait l'avouer, ça lui manquait un peu. Il but une gorgée de coca qu'il venait de ramener sur la table basse, posant une main sur le bras de son amie. « Thaïs.. Bien sûr que non ! Je pourrais pas me passer de toi même si j'étais fou amoureux d'une autre. » s'exclama-t-il en pressant légèrement son bras, se voulant un minimum rassurant envers elle. Elle avait trop donné pour lui, et ça, c'était une preuve d'amitié inviolable.

Thaïs rit à sa propre connerie mais elle n’était pas dupe : elle était loin de tout connaître sur la vie privée d’Andreas et sûrement était-ce normal, car après tout, il n’avait pas besoin de tout lui détailler pour qu’elle se sente proche de lui. Ils étaient amis depuis tellement de temps qu’il serait proprement illogique pour eux de cesser de se voir, ne serait-ce que pour massacrer joyeusement la langue de Molière, s’adonner à des danses toujours plus perfectionnées ou même siroter juste un coca en bavassant de tout et de rien. C’est cette simplicité qui la faisait se sentir tellement à l’aide en face d’Andreas… comment voulait-il qu’elle puisse se passer de lui dans de telles conditions ? « Je note, je note ! Je vais t’offrir THE grand modèle comme ça tu pourras me faire un debrief, attends, on forme une équipe jusqu’aux bouts des ongles mon cher ! » poursuivit-elle sur le même ton plaisantin avant de n’être sincèrement attendrie par ses paroles. Il ne fallait pas croire… la jolie blonde restait fondamentalement un petit cœur sensible, aisément touché par des paroles douces et sincères. « Je sais, ma question est crétine… la plupart du temps je suis totalement persuadée que rien ne changera jamais entre nous et puis des fois je doute. J’y peux rien, je me considère comme un poids mort. Ne te fâche pas je sais que c’est terriblement con ! Tu es un point fixe dans ma vie et j’ai au moins envie de me dire qu’une chose va rester telle qu’elle » fit-elle d’une voix sincère non sans prendre l’une de ses mains dans les siennes pour la porter à ses lèvres afin de l’embrasser tendrement.