Together, in the same ship || ft. Julia

Une fois les pancartes et le mégaphone en main, on s'était tous regroupés et je m'étais accrochée à mon amie. C'était bien le genre de folie que j'adore, et c'est aussi le seul moment où tu peux crier en toute quiétude en sachant que personne ne te prendra pour une folle. Je me suis donc mise à gueuler les quelques slogans que nous avions en mains ou même que les autres gueulaient à leur tour. Nous avons réussi même à rapatrier quelques bénévoles de plus pendant que les automobilistes et les piétons nous laissaient tranquillement passer, et se mettaient à nous sourire quand ils voyaient pour quelle cause on se défendait. Seulement, quand on sera devant l'hôtel de ville, il est évident qu'ils ne seront pas de notre avis et qui ne nous balanceront que des foutaises pour qu'on finisse par décamper.

En mode acharnée aujourd'hui, je ne comptais pas baisser les bras pour abandonner ces pauvres petits orphelins qui avaient clairement besoin de notre aide pour que l'état enfin s'occupe bien mieux d'eux qu'ils le font. C'était carrément aberrant de voir autant de misère alors qu'ils n'y sont pour rien ces pauvres chéris. Et au final, moi aussi je suis orpheline et je ne peux que me mettre bien plus de leur côté à présent, même si j'ai eu un toit familiale au dessus de la tête jusqu'à ma majorité. Même si je me suis barrée à mes 16 ans. Ils méritent d'avoir une meilleure vie, même si ça doit être sans parents. Vaut mieux ne pas en avoir plutôt que d'avoir des parents horribles. Je souriais à mon amie en retour pendant qu'on traversait le parc pour rejoindre l'hôtel de ville. Il était bientôt temps de passer aux choses sérieuses maintenant qu'on avait rapatrié le plus de monde possible. Même si ça aurait mieux un peu plus de gens comme par exemple la ville entière, on devait se contenter de notre nombre et bloquer la rue de la mairie pour se faire entendre.

Nous commencions à nous engager dans la rue de l'hôtel de ville et nous étions déjà en train de la boucher, chose qui me réjouissais au plus haut point, parce qu'il faut bien avouer qu'à côté du fait que j'ai ce côté altruiste, j'adore faire chier les gens quand je ne suis pas de bonne humeur ou qu'on me cherche des noises. Je ne suis pas du tout le bon modèle des Quincy, mais je fais de mon mieux, et puis j'ai été accepté dans la maison il y a déjà de cela cinq ans et je me voyais mal les abandonner pour une quelconque autre maison qui ne me ressemblerait pas plus. Une fois arrivée devant le dit lieu, on se stoppait et on continuait de gueuler, histoire de leur faire savoir qu'on était là, bien qu'ils avaient sûrement été informé de notre mouvement pour la journée. Mais il fallait surtout bien leur faire comprendre qu'on allait pas bouger avant qu'ils nous donnent une réponse positive, à savoir au moins qu'ils allaient réfléchir à notre requête. Ce ne serait pas vraiment une victoire en soit, mais ce serait déjà un bon début. Leur faire comprendre qu'on ne peut pas s'en prendre aux petits sous peine qu'ils ne peuvent pas se défendre. Nous on peut le faire pour eux.

Le monde affluait autour de nous, et les CRS n'allait certainement pas tarder à débarquer, même si ça m'étonnait qu'ils ne soient pas déjà là. Sûrement parce qu'il n'y avait pas eu grand monde jusqu'à présent et qu'on ne bloquait aucune rue. Les manifestants continuaient de gueuler, crier, tout comme nous, mais je n'allais pas pouvoir tenir la distance si je ne me repose pas un peu. Je baissais alors le mégaphone, et me tournais le sourire aux lèvres, vers mon amie Je crois qu'on va rester là un bon bout de temps ... C'était quoi ta première manif au fait ? Autant parler un peu, le temps de se reposer la voix et de laisser faire les autres leur boulot eux aussi. Lorsque nous allons retourner à la vie normale, basique et silencieuse, ça allait faire bizarre, mais du bien pour les cordes vocales et les oreilles.

Histoire de me reposer un peu les cordes vocales, j'avais envie de taper la causette à mon amie, parce que on resterait là, sur place jusqu'à temps d'avoir une réponse, ou de faire virer parce qu'on créé trop d'embouteillage. Quelque chose me disait que c'était la deuxième option qui allait arriver le plus vite. Mais fallait pas perdre espoir. Julia me fit savoir alors qu'elle en avait fait des tonnes de magnifestations et ne se rappelait pas bien de sa première. Bien qu'il lui semblait que c'était pour les animaux. Je lui souriais tendrement, parce que c'était mignon. Elle me retourna la question Oula moi c'était moins "mignon" j'étais au lycée et c'était par rapport aux cours, je sais plus exactement quoi, mais ça avait été la grande folie. Je crois que c'est ça qui m'a donné l'envie de gueuler dans les rues dès que je peux défendre une cause qui me plaît. Dis-je en riant.