Jump off the End [Reaghan & Nicholas] (Terminé)

[justify]Sa tante s'était bien marrée de lui à l'époque, le trouvant le lendemain matin sur le canapé du salon. Il était venu se coucher à cet endroit car il était convaincu d'avoir vu une ombre à la fenêtre. Sa tante lui avait alors suggéré d'arrêter de lire... suggestion stupide bien sûr. Il a plutôt appris à faire avec ses peurs. Reaghan se trouvait dans la même situation que lui ou à peu près. Elle se demandait si aujourd'hui, le livre lui ferait autant peur. Avec un petit sourire, Nick répondit alors:

-À moi, non, en tout cas...

Il ne croyait pas aux vampires et à tout ses trucs. Oh, on aimerait bien qu'ils existent, cela pimenterait notre existence, mais non, ils n'existent pas. La belle blonde pensait l'avoir vu et effectivement, la piste du basket est la bonne, puisque cette femme semble être une connaissance de Tyler, que Nick connaissait de vue seulement.

-Ouais, Tyler... je crois que c'était un assistant coach à la fin, ou un truc du genre.

Ou bien un joueur avec beaucoup d'expérience qui donnait du temps. Sans se vanter, on peut dire que Nick est doué en basket, puisqu'il faut l'être un minimum quand même pour être dans une équipe de niveau universitaire, le dernier niveau en fait avant la NBA s'il ne se trompe pas.

Son livre acheté, le beau brun y allait d'une suggestion. Après le boulot, si elle le voulait bien, ils pourraient prendre un café ensemble. L'idée était de continuer à faire connaissance. Reaghan finissait justement le boulot dans une heure. C'était parfait, cela lui donnait le temps d'aller porter son livre à son appartement et de revenir. Il avait donc acquiescé de la tête, mais l'Anglaise y allait d'une autre suggestion. Prendre un repas, ce n'était pas bête du tout comme idée et elle parlait de prendre un verre, ce qui le faisait sourire un brin. Bien sûr, toute polie qu'elle était, elle lui suggérait aussitôt une porte de sortie.

-Non, l'idée du déjeuner me plait bien. S'il y a un endroit où tu es habitué d'aller, on pourra aller là-bas. On se rejoint ici dans une heure? Le temps que j'aille porter mon livre chez moi.

Ça n'allait pas lui prendre une heure, mais le temps d'en griller une, de faire quelques trucs chez lui, répondre à ses messages textes, revenir à la librairie, l'heure sera vite passée. Il y a un truc par contre qu'il avait oublié de faire et c'est avec un beau sourire qu'il dit:

-Au fait, moi, c'est Nick.

Depuis le début, il ne s'était pas présenté, chose qu'il tenait à corriger dès maintenant. Il avait tendu la main avec un brin d'amusement. Puis, puisqu'il était temps pour lui d'aller porter le livre et de laisser Reaghan finir son heure de boulot, il termine en disant, puisqu'elle avait dû se présenter à son tour:

-À tout à l'heure, Reaghan.

J'avais du mal à croire que je venais de proposer à un mec que je ne connaissais pas, de déjeuner avec moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Ce n'était pas du tout mon genre de faire ça. Mais je me disais pourquoi pas. Après tout, cela ne m'engageait à rien et plus, j'allais déjeuner seule alors cela me fera de la compagnie et je pourrais en apprendre plus sur Nicholas. J'avais donc acquiescer à ses mots. Il voulait retourner chez lui pour déposer son livre. Il me restait encore une heure avant de pouvoir quitter la boutique. Et cela ne servirait à rien qu'il reste à patienter dans la librairie. Je lui donnais donc le sachet dans lequel j'avais glissé le King. Puis je me remettais au travail. Un couple de clients était entré dans la boutique au départ de l'étudiant. L'heure passa assez vite. Un peu trop vite à mon goût, je n'avais pas eu le temps de finir mon chapitre sur le romantisme russe.

En plus, j'avais reçu un coup de fil d'une maison d'édition qui demandait combien madame Prescott voulait d'exemplaire d'un certain bouquin. J'avais tenté en vain de trouver un éventuel bon de commande ou une note quelque part, sans résultat. Et comme ma patronne était contre les nouvelles technologies, elle n'avait pas de portable, donc impossible pour moi, de donner une réponse intéressante à la maison d'édition. Mais j'avais promis à la responsable que ma patronne allait les rappeler dans l'après midi. Bref, cette dernière arriva un peu en avance à la boutique, de quelques minutes. Comme à chaque fois, elle me raconta comment s'était passée sa matinée avec sa petite fille, ce qui me fit sourire. Puis je remarquais Nicholas devant la boutique. Je pris alors ma veste et je la posais sur mes épaules avant de m'emparer de mon sac que je mettais en bandoulière. Une fois fait, je rappelais à madame Prescott de ne pas oublier de rappeler la maison d'édition puis je quittais la boutique.

« J'espère que tu as une faim de loup, parce que c'est mon cas. » Je lui souriais avant de demander, tout en nouant mon écharpe. « Tu préfères manger italien ou un petit bar restau, te convient? »

Nicholas se tenait depuis peu près de la librairie. Il n'était pas entré, histoire de ne pas déranger davantage. Reaghan ne mit pas de temps à sortir le rejoindre. Par la fenêtre, le Mather avait observé sa patronne un brin, une dame d'un certain âge, mais qui semblait gentille, elle n'avait pas le profil de la bibliothécaire chiante quoi. Dès que la blonde fut dehors, elle demandait s'il avait une faim de loup. Nick? C'est un loup plus qu'un homme!

-Moi?  T'en fais pas pour ma faim.

Dit-il avec un petit sourire. Puis, elle suggérait deux options. Restau italien ou petit bar restau? Nicholas vit son sourire s'agrandir. De son côté, disons qu'il avait une préférence pour un endroit où il pourrait prendre une bière. Si la France et même l'Europe est le royaume du vin, en Amérique du Nord, la bière est reine, même si les gens consomment du vin quand même. En bon Nord-Américain qu'il est, Nick est un grand consommateur de bières... et de tous les genre d'alcool en fait.

-Je dirais le bar restau' comme ça, je pourrai prendre ma bière du midi. Un café, ça ne m'aurait pas dérangé, mais je préfère la bière...

En cela, il représentait dignement la maison Mather et s'en amusait. Ils se mirent donc à marcher. C'est Reaghan bien sûr qui connait la destination exacte quant à où ils vont aller, mais Nick la suivait, à côté d'elle, devinant sans elle où elle tournerait, etc.

-Ta dernière heure de boulot s'est bien passée?

Histoire de faire la conversation jusqu'à ce qu'ils arrivent à ce restau bar. D'ailleurs, ils y arrivent assez rapidement et Nick observe un peu l'endroit avant d'y faire l'avance final qui le conduira à une table. À l'intérieur, il se permettait d'enlever sa veste et bien sûr, ils s'installèrent à une table pour deux. Le Mather était bien content de découvrir un nouveau lieu de Cambridge. Cette petite ville recèle des petits trésors.

-Faut que je te demande, parce que ça m'intrigue depuis tout à l'heure. Le petit accent que tu as, c'est l'accent british, pas vrai?

Tout en commençant à marcher aux côtés de Nicholas, j'espérais intérieurement qu'il n'allait pas croire que je ne pensais qu'à la bouffe. Mais j'avais vraiment faim. Je n'avais pas petit-déjeuner parce que j'étais barbouillée. Maintenant, ça allait mieux mais je savais que ça risquait de changer au cours de la journée alors autant en profiter. A la question du garçon, j’acquiesçais de la tête.

« Oui ça va. C'était plutôt calme. Enfin c'est toujours comme ça en fin de semaine. Cambridge se désemplit de ses étudiants qui quittent pour la plupart d'entre-eux la ville tout le week-end. »

Les plus friqués, j'aurais du dire. Ils pouvaient partir comme ils voulaient, sans aucun problème. C'était cool. J'aurais aimé aussi, avoir un compte en banque bien garni et faire tout ce que je voulais et quand je le voulais. Au lieu de cela, je devais économiser chaque cent si je voulais m'acheter quelque chose. Enfin, au moins, je ne dépendais de personne et surtout pas de ma mère, ni de mon beau-père.

Je guidais l'étudiant à travers les petites rues de Cambridge. Grâce à mon boulot à la librairie, je connaissais chaque recoins de ce quartier. Ses petits trésors et ses grandes merveilles, que je faisais connaître aux autres. Ainsi, je faisais découvrir, le « Casual ». C'était un petit bar restaurant, très sympa avec une clientèle régulière et quasi familial. J'y venais souvent. Parce que non seulement les employés et les propriétaires, un couple de quinquagénaires américains étaient adorables, mais la cuisine était excellente pour des prix plus que raisonnables. Je m'installais à la table tout en retirant mon sac que je posais sur la chaise. A la question de Nicholas, je ne pouvais m'empêcher de sourire à nouveau.

« Effectivement. Je suis anglaise. Enfin, je suis anglaise par mon père, irlandaise par ma mère. Petit mélange explosif. »

Tout en retirant mon écharpe, puis ma veste, j'ajoutais en gardant un sourire aux lèvres.

« Tu as une bonne oreille. Ou alors ça veut dire que j'ai un accent trop prononcé. »

Et je ne sais pas si c'était finalement agréable à l'oreille. Je m'y étais habituée mais c'était surement différent pour les autres.

Ce que dit Reaghan sur le fait que Cambridge était vide les week-end était plutôt vrai. C'était un peu plus vide que la semaine à tout le moins et c'est bien une raison pour laquelle Nick restait ici, dans cette petite ville du Massachussetts plutôt que de rentrer chez lui, à Montréal, qui est tout de même assez loin, il doit l'admettre.

-Oui, c'est vrai et c'est bien pour ça que j'aime bien rester ici les week-end.

Quoique des fois, se faire une virée à Boston ou à New-York, c'est bien aussi, Nicholas n'est pas le genre de mec qui passe ses fin de semaine chez lui à regarder la télévision non plus, mais il préférait une ville tranquille avec un cachet de la Nouvelle-Angleterre typique aussi. Cela changeait de ses étudiants qui cours partout et etc. Un brin loup solitaire le Mather? Absolument!

C'est qu'il y a deux Cambridge. Le Cambridge des jeunes premiers, de ses gosses de riches venus étudier à grand frais, venus fêter entre eux et se payer des beaux grands lofts dans le centre-ville. Il y a aussi l'autre Cambridge, cette ville tranquille où il fait bon vivre, avec des retraités, des gens qui ont des petits boulots, ou des banlieusards de Boston aussi. Reaghan semblait bien connaître les coins de cette deuxième Cambridge et elle ne donnait pas du tout l'impression d'être de ceux qui fréquentaient beaucoup la première Cambridge. Une chose intéressante, rafraichissante même. Il retrouvait la modestie de ses amis de Montréal, des gens avec qui il a grandi. Ce n'est que depuis qu'il est à Harvard que Nick côtoie les riches de ce monde. Il n'a rien contre eux, ce sont même des gens moins superficiels que ce qu'on peut croire, mais Nick sait qu'il n'est pas de leur groupe si on peut dire.

Nicholas n'avait pas encore ouvert le menu qu'il posait une question à Reaghan, posant sa veste contre la chaise, sur laquelle il s'assoit ensuite. Bravo Sherlock, la blonde est bien Anglaise, enfin, à moitié, puisque l'autre est Irlandaise. Mélange intéressant oui et un brin probable, enfin, il a entendu dire que les Irlandais n'aiment pas beaucoup les Anglais...

-Ah oui, j'imagine...

Nick quant à lui n'était pas un mélange, enfin, pas dont il ait connaissance. Reaghan renchérit et le jeune homme lui répondit donc, maintenant ici, le regard posé sur la jeune femme.

-Un peu des deux je dirais. L'accent british, c'est un accent qu'on reconnait facilement si on le connait.

De son côté aussi, il avait un petit accent sans doute, étant francophone, il ne massacrait pas par contre l'anglais comme le fond les Français. Faut dire que quand on est Canadien, même Canadien-Français, on grandit entouré par l'anglais et la culture américaine. Nick passe donc assez facilement pour un "drôle" d'Américain, ce que certains appellent avec ironie un Canadien...

-Alors, qu'est-ce que tu me recommandes à manger ici?

Demande-t-il avec un petit sourire en ouvrant le menu.

Je devais dire que moi aussi, j'appréciais davantage Cambridge sans tous ces gosses de riches qui se croyaient tout permis. Il n'y avait rien qui m'horripiler le plus. L'argent n'achetait pas tout. Et en général, ce qui était le plus précieux, il ne le possédait pas, ou juste de façade. Heureusement qu'il y avait encore des étudiants qui ne se prenaient pas la tête. Et qui vivaient « normalement ». Bien que la normalité était quelque chose de personnel et différente selon les personnes. C'était très subjectif. C'était contente de faire parti de ses étudiants, responsables, qui aimaient les choses simples, les amis sincères, les fêtes entre potes. Je n'avais pas de place dans ma vie pour le superflu.

Marchant aux côtés de Nicholas, je le guidais à travers les petites rues de la ville. Je connaissais bien ce coin pour y flâner. J'aimais cet endroit. Il était très peu touristique. Les rues n'étaient fréquentés que par les habitants du quartier ou les habitués des commerces alentours. Pas de petite pinup en jupe courte ou d'Eliot en grosse berline allemande. Aux propos de Nic, je reportais mon regard sur lui. J'aimais mon accent même s'il n'était pas très chantant à mon oreille. J'étais fière de mes racines et je n'allais surement pas les renier.

« Je plaide coupable d'avoir un accent et coupable aussi de ne rien faire pour changer ma façon de parler. »

J'esquissais un sourire avant de m'installer à la table et de me mettre à l'aise. Puis je demandais tout en jetant un oeil au garçon.

« Et toi alors, tu as aussi un accent. Un peu trop fluide pour être anglais et pas assez haché pour être américain. Tu es canadien? »

Je le laissais prendre la carte. Quant à moi, je la connaissais par coeur pour venir régulièrement ici. Je m'y sentais chez moi. Puis à la question de Nicholas, je répondais:

« Tous les plats de viandes, ils sont délicieux. Sinon le basique gros burger avec ses potatoes aux fines herbes et ses tomates mozza, c'est un régale. »

D'ailleurs, j'optais pour ce burger. J'avais très faim. Et je voulais en profiter pendant que c'était encore le cas. Ma faim était changeante ces derniers temps. La serveuse arriva peu de temps après.

« Que veux-tu boire? »

[justify]Une fois assis dans ce petit restaurant charmant de Cambridge, Nick et Reaghan faisaient un peu plus connaissance. D'abord, il apprit les origines mixtes et un brin particulier de la jolie blonde. On ne pouvait pas dire que la combinaison n'était pas réussi. Nicholas ne le cachait sûrement pas dans son regard, il trouvait cette étudiante plutôt jolie, d'une beauté simple, non, classique plutôt, comme indémodable et pure tout à la fois. Le genre de beauté qu'on ne peut pas créer ni inventer.

-Non, surtout pas. Ne renies pas qui tu es. Ce serait une grave erreur.

Elle ne semblait pas être ce genre de fille, mais bon, c'était dit tout de même. Il trouvait l'accent charmant lui. Nick aime bien les accents en général, ça un petit quelque chose de différent. Chez lui par contre, ce n'est pas tout le monde qui porte les Anglais dans leur cœur, faut l'avouer, mais suffirait de mentionner ses origines irlandaises pour voir des élans de compassion se produire.

-En plein ça. Mais je suis "canadien-français" ou Québécois... si tu connais, mais personne ne connait alors...

Du coup, c'était plus simple de dire canadien-français, mais beaucoup d'Américains, connaissant comme ils sont... pensent alors que Nicholas a un père de France mais est né au Canada... Non, les Canadiens-Français existent bel et bien et forme même une nation distincte en Amérique du Nord, seul véritable État francophone dans ce coin du monde, au sein de la fédération canadienne. Ceci dit, il n'allait pas faire un cours d'histoire à Reaghan, sauf si elle se montre intéressée d'en savoir plus.

Après quoi, Nick aurait pu passer son temps à regarder le menu, mais il préférait demander ce qu'il y avait de bon et faut avouer que le burger était plutôt tentant, c'était en plein son genre de bouffe.

-Je vais y aller pour le burger avec du mozza dans ce cas.

C'était le cas de l'Anglaise aussi, pure coïncidence. Sur ce qu'il voulait boire, Nick ne montrait pas une très grande hésitation. Il était plutôt porté sur l'alcool, même s'il avait proposé un café, maintenant qu'il prenait un burger, lui fallait sa bière!

-Je pense que je vais prendre une pinte de bière, de la blonde tiens.

Il parlait de bière bien sûr, pas de fille, ahah! Ils passent donc leur commande respective et après, il y eut un petit silence, une fois la serveuse partit.

Je souriais un peu plus aux paroles de Nicholas. Je secouais la tête tout en retirant ma queue de cheval. Mes cheveux tombaient en cascade sur mes épaules. Puis je répondais alors que le jeune homme observait la carte du bistro.

« Je ne compte rien renier du tout. Je suis très fière d'être ce que je suis. »

Et c'était vrai. Je n'allais changer pour personne. Je n'étais pas de ces filles faites du même moule. Toutes plus stéréotypées les unes que les autres, ce n'était vraiment pas mon truc. J'étais anglaise et je n'allais pas le cacher. A vrai dire, je n'aurais pas voulu avoir une autre nationalité. Puis mon sourire s'élargit un peu plus à la réponse de Nic. Canadien, j'avais vu juste.

« Si si je connais. J'ai une amie qui est Québécoise. Elle fait ses études à Trois Rivières. »

J'avais rencontré Raphaëlle lors d'un festival en Angleterre, il y a quatre ans et nous étions restées en contact pendant tout ce temps. On se parlait souvent via Skype, de temps en temps par téléphone. Je connaissais cet accent pour l'avoir déjà entendu. Et puis j'avais une assez bonne ouïe. Je reconnaissais facilement les voix. Je posais à nouveau mon regard sur Nicholas. J'avais réussi à lui vanter les mérites du spécial italian burger. Si si, ça existe. Et ce burger était juste délicieux. Bien que je n'étais pas particulièrement une carnivore pur et dur. Je savais me passer de viande mais ce burger, hum!

« Tu ne vas pas le regretter. C'est très bon. »

Bizarrement, en observant l'étudiant, je lui aurais plutôt donner des origines italiennes. Bien avant qu'il ne m'adresse la parole. Son accent révélait bien qu'il n'avait aucune origine latine. Mais il était typé méditerranéen. Quoique moi, on me prenait souvent pour une slave, russe particulièrement. Comme quoi, encore une fois les apparences étaient trompeuses.

« Et je prendrais une grenadine, merci. »

Je laissais la serveuse partir avec notre commande puis, reportant mon regard sur Nic, je lui demandais, avec un sourire amusé:

« Alors dis moi, Nicholas le « canadien-français », ça t'arrive souvent d'accepter de déjeuner avec une inconnue? »

[justify]Lorsque Reaghan défit sa queue de cheval, les yeux de Nick durent s'illuminer brièvement. C'était un geste simple, courant même, mais pourtant... le beau brun le remarquait bien et ne déviait pas son attention ailleurs durant cet instant. Puis, il hocha légèrement de la tête, bien d'accord avec elle.

-C'est tout à ton honneur.

Si les yeux de Nicholas s'étaient illuminés brièvement tout à l'heure, lorsqu'elle évoque Trois-Rivières et dit connaitre la contrée d'où il vient, ce qui était véritablement le cas, cette fois ce n'était pas pour les mêmes raisons. C'est qu'il était étonné, impressionné même. En un an et demi presque à Harvard, elle était la première à connaître le Québec. Du coup, Nick cachait mal son enthousiasme et puis, il doit l'avouer, il aime bien son coin de pays et parfois, il lui manque un peu, même s'il n'est pas très loin de chez lui.

-C'est vrai? Oui, Trois-Rivières, je connais! C'est pas si loin de Montréal. T'es la première que je rencontre ici qui connait le Québec, de près ou de loin. Chaque fois que j'en parle, j'ai l'impression d'être un extra-terrestre. Comment t'as connu une Québécoise?

Maintenant, elle en connaissait deux. Après quoi, ils décident de ce qu'ils vont prendre et Nick ne va pas chercher midi à quatorze heure, il prendrait la même chose que Reaghan, par contre, il prenait une bière, elle, une grenadine. Il eut un petit sourire en coin à ce choix. Et dire que les Anglaises sont sensées ne jurer que par la bière... les stéréotypes han.

Quand la blonde l'appelle le Canadien-français, il ne peut retenir un léger rire amusé. Il n'allait pas contredire ce surnom, c'est ce qu'il est. Il dit juste, toujours avec un petit sourire et accompagné d'un clin d’œil:

-Je préfère Québécois, si tu es capable de le dire sans trop te fourcher la langue... Et pour te répondre, non, ça ne m'arrive pas si souvent. Hey mais on se connaissait un peu quand même. Je suis venu plusieurs fois à la librairie, on s'est creusé et puis, avant que je te propose le déjeuner, on avait fait connaissance... bah... un petit peu.

Puis, peu après, laissant un petit répit afin que Reaghan ait l'occasion de répondre, ou pas, c'est à son choix, il demandait:

-J'espère que tu ne regrettes pas d'avoir accepté l'invitation.

Mon sourire s'élargissait à mesure des paroles de Nicholas. C'est vrai que c'était peu commun de croiser un québécois. Enfin, Harvard était une mixité. Tant au niveau des conditions des étudiants, mais surtout de leur origine. J'avais l'impression qu'il y avait peu d'américains de pure souche. Bref, j'acquiesçais de la tête à ses propos.

« On s'est connu à un festival de musique, dans le Somerset. On a passé tout le week-end ensemble. Elle connaissait rien de la ville. Et quand on est repartie sur Londres. Je lui ai fait faire un petit tour des bons endroits à visiter. »

Je remerciais la serveuse qui déposait nos boissons. Puis je prenais une gorgée de grenadine avec ma paille avant de reporter mon attention sur l'étudiant et d'ajouter:

« Elle fait des études d'archiviste. Mais comme elle vit loin, on se parle surtout via skype. C'est plus facile. Mais cela fait quatre ans qu'on se connait. »

Oui malgré la distance, on ne s'était pas éloigné l'une de l'autre. D'ailleurs, en y réfléchissant, j'avais rarement perdu de vue de potes que j'avais connu par le passé. Bon certains donnaient moins de nouvelles que d'autres, mais c'étaient les aléas de la vie. Je reprenais une gorgée de mon verre tout en jetant un œil au bistro qui commençait doucement à se remplir. Je souriais ensuite un peu plus aux mots de Nic.

« Je crois que je devrais en être capable, sans trop de souci. » Cela n'allait pas être trop dur vu que j'étais familière avec cette « langue ». Mais les mots de l'étudiant me faisaient rire. « Oui on se connait un peu maintenant. Ça fait même un petit moment que tu viens régulièrement à la librairie. Quant aux regrets, je ne sais pas. » Je souriais amusée, avant d'ajouter: « On verra bien. » Bien sûr, je le taquinais. Je ne regrettais nullement d'être là avec lui.

« Tu étudies donc à Harvard, en administration, c'est ça? Tu fais parti d'une fraternité? »