Jump off the End [Reaghan & Nicholas] (Terminé)

Le 4 octobre 1992, un avion cargo, le El AL 1862, s'écrasait au Pays-Bas, percutant au passage un bloc à appartements et tuait des dizaines de personnes. Parmi les victimes; les parents de Nicholas. Cela l'amenait parfois à ressentir une certaine mélancolie à l'automne. Les feuilles qui tombent, l'été qui termine... Nick avait passé le week-end dernier chez lui, à Montréal. Il avait fait une petite visite au cimetière, mais cette fois, en ce beau samedi d'automne, il était à Harvard et il marchait sur le trottoir, quelque part dans le Inman Square.

Vêtu d'une veste, d'une chemise en jeans, avec son look habituel, bagues argentées aux doigts comprises, dog tags au cou, il entrait dans la petite librairie de livres usagés. On pouvait bien se demander ce que Nick faisait là. Le basketteur de l'équipe d'Harvard, le Mather séducteur, le bagarreur invétéré, n'était certes pas connu pour son intérêt des livres. Pourtant, il venait parfois, de manière ponctuelle, regarder quelques livres, surtout les livres noirs, les polars et autre roman, pas trop dense, mais tout aussi digne d'intérêt.

Cette fois ne faisait pas exception. Il se promenait entre les rangées, fouinait ici et là. Il remarquait au passage celle qui travaillai ici et qu'il croisait souvent, Reaghan. Il lui adresse un petit sourire, puis continue de fouiller. Il met la main sur le livre Carrie, de Stephen King, sujet d'un remake ses jours-ci, justement. Le beau brun se mit doucement à feuilleter le vieux livre usé. Concentré, il ne paraissait pas remarquer que quelqu'un l'approchait.

Tenue:

Voilà les derniers livres mis en place. Après avoir vérifié que ces derniers étaient bien rangés et alignés sur l'étagère, je descendais du petit escabeau. Je le refermais pour le remettre derrière la caisse. En chemin, je rangeais certains bouquins que les clients avaient laissé sur les étagères sans les remettre à leur place. J'avais mis des écouteurs à mes oreilles, écoutant Keane en boucle. J'adorais ce groupe. Comme il n'y avait personne pour l'instant dans la librairie, je pouvais me permettre d'écouter un peu de musique. Mon ipod glissé dans la poche arrière de mon pantalon, je venais ranger le coin des petits, remettant les cousins comme il fallait. Je ramassais les cubes et les autres jouets qui étaient dispersés sur le sol. Une lecture avait eu lieu une heure plus tôt avec les enfants du centre de loisirs tout proche. Une fois la boutique rangée, je venais me réinstaller à la caisse. J'étais seule ce matin là dans la boutique. Madame Prescott était allée chez le coiffeur puis déjeuner avec sa soeur. Elle ne reviendrai qu'en début d'après midi au moment où je terminerai. Je retirais les écouteurs de mes oreilles quand je remarquais une silhouette franchir la porte d'entrée. Je relevais la tête pour découvrir un visage familier. Un étudiant qui venait souvent ici. Il pouvait passer quelques minutes à peine, comme rester un peu plus longtemps. Mais on ne s'était jamais vraiment parlé. Je lui souriais en guise de bienvenue puis je le laissais flâner dans les rayonnages comme il faisait souvent. J'éteignais mon ipod que je mettais dans un des tiroirs de la caisse. Mes cheveux étaient attachés en une queue de cheval. Je portais un jean basique de couleur gris, un t-shirt large blanc avec des symboles aztèques et un gilet noir par dessus parce qu'il ne faisait pas très chaud. Et j'avais mes éternelles Converse noires aux pieds. Je prenais ensuite mon livre de littérature pour réviser un peu mes cours. Je le faisais souvent quand la boutique était déserte, ou quasiment.

Nick feuilletait Carrie avec un petit sourire en coin. Son regard se porta néanmoins un instant vers Reaghan, installée à son poste, à la caisse, qui semblait faire de la lecture lui aussi. Reportant son attention sur le livre, il le ferme et se dirige d'un pas confiant vers la caisse, où l'attendait l'employée de la librairie. Il ne s'était jamais vraiment parlé, rien au-delà d'un bonjour en tout cas, mais cette fois, il allait peut-être en être autrement. Nick avait besoin de se changer les idées, de chasser certaines pensées de son esprit. Il pose le livre sur le comptoir.

-Salut. Je me suis dit que pour une fois, je pouvais bien acheter un livre...

Avec un sourire en coin, il attarde un brin son regard sur Reaghan. Une fille simple d'apparence, mais il se dégageait de cette fille un petit "je ne sais quoi", un petit quelque chose qui la rendait belle, c'est certain. Malgré cela, il ne savait rien d'elle. Alors restait encore toute sa personnalité à découvrir.

Il pose ses bras contre le comptoir et se penche un peu, ce qui portait son attention sur le livre que lisait Reaghan avant qu'il ne vienne la déranger.

-Qu'est-ce que tu lis de bon?

J'aimais mon travail à la librairie. Cela me permettait de lire autant que je voulais, sans payer le moindre bouquin. Et puis quand je devais réviser comme aujourd'hui, je pouvais emmener mes propres bouquins.  En plus, la plupart du temps, la boutique était calme et je pouvais bosser plusieurs chapitres à la suite sans aucun problème. D'ailleurs, j'étais entrain de finir un chapitre quand une voix s'éleva près de moi. Levant mes yeux bleus, je remarquais l'étudiant qui était rentré un peu plus tôt dans la boutique. J'esquissais un sourire à ses propos tout en jetant un oeil à ce qu'il avait choisi. Stephen King. Bon choix.

« C'est ma patronne qui va être contente. En plus, tu as pris un excellent bouquin. J'adore Stephen King. »

Pourtant, ce n'était pas le genre de lecture habituelle mais de temps en temps, j'aimais lire des livres à frissons. Je prenais le livre dans les mains pour passer le laser sur le code barre. Puis je relevais mes yeux sur le garçon à sa question. Je jetais un oeil à mon livre de cours.

« Les courants littéraires dans la Russie du XVIIIe siècle. »

Tout un programme. La littérature était une de mes matières préférées, bien que j'étais plus artistiques dans mes choix.

Quand Reaghan leva les yeux bleus vers lui, Nicholas ne vous cacherait pas que c'était tout un regard qu'il voyait. Il eut d'ailleurs instinctivement un sourire. Coïncidence, elle adorait Stephen King. Tiens donc? C'était plutôt intéressant. Nick ne prétend pas être un grand lecteur, mais il y a un style de livre qu'il aime bien et puis, même si les études lui donnent assez de lecture pour l'équivalent de trois existences humaines, il tente quand même de se réconcilier de temps en temps avec un bon roman. Il n'irait pas lire une brique par contre. Carrie, c'est pas si gros, c'était parfait.

-C'est vrai? J'ai presque toute la collection, chez moi, à Montréal. Je les ai en français par contre, ce n'est sûrement pas pareil comme la version originale en anglais, comme pour les films.

Tandis que la belle caissière faisait son boulot, Nick se montrait curieux, posait une petite question. À la faire parler, il remarquait aussi l'accent probable de Reaghan, Britannique. De son côté, il avait un léger accent lui aussi, différent des anglos nord-américains. Pas étonnant, il n'en est pas un, c'est un Canadien-Français (même s'il préfère le terme québécois, mais on ne fera pas ce débat!). À la réponse de Reaghan, il a un léger rire amusé et bouge doucement la tête de gauche droite.

-Je pourrais faire comme si j'avais compris ce que tu viens de dire, mais... c'est pas le cas. En tout cas, si t'étudies la littérature, t'as choisi le bon endroit où travailler.

Elle avait l'air studieuse, c'est certain et il ne se souvient pas l'avoir croisé à une fête sur le campus et pourtant, il va à bon nombre d'entre elle. Maintenant, il savait qu'elle était une étudiante à Harvard, pour avoir sorti le truc de la littérature russe, ya que cette université qui peut offrir un cours pareil! De son côté, il n'allait pas faire comme s'il connaissait quoique ce soit à la littérature russe. Un ami lui a suggéré de lire Crime et Châtiment de Dostoïevsky, mais en voyant la brique, Nick a passé son tour.

-T'as lu Différentes Saisons de Stephen King? C'est vraiment bon comme nouvelles... Ma préférée, c'était "Un élève doué". Vraiment super... Quoique, à l'Ombre de Shawshank aussi...

C'était disons des classiques du genre. Mine de rien, de cette façon, il retardait un peu la facture. Puis, le beau brun se dit que lorsqu'elle lui tendra le livre, après qu'il ait payé, il posera sa main et alors, leurs mains se toucheront et il lancera alors un petit regard dont il a le secret, avant de s'excuser et de prendre le livre.

Je ne pourrais pas dire depuis combien de temps, l'étudiant venait à la librairie. Assez longtemps en tout cas. A chaque fois qu'il venait, il s'installait dans l'un des fauteuils et lisait un peu avant de repartir. Parfois, il ne faisait que feuilleter les ouvrages, sans rien acheter. Cela ne dérangeait pas. Madame Prescott était très tolérante à ce niveau. Elle laissait les jeunes étudiants ou les enfants venir lire quelques livres sans leur imposer de payer quoique ce soit. Elle savait que certains n'avaient pas assez d'argent. Alors, elle regardait ça d'une œil bienveillant. Et je faisais la même chose. Alors le fait que l'étudiant vienne uniquement pour lire, ne me dérangeait pas. Aux paroles de l'étudiant, j'esquissais un sourire.

« J'avoue que je préfère aussi lire les ouvrages dans leurs langues d'origine. Il y a beaucoup moins de risque de fausse adaptation. »

Les ouvrages en français, je les lisais en français. Bien que je n'étais pas une pro de cette langue. J'avais des notions qui me permettaient de ne pas me sentir trop perdue. Je venais mettre le livre dans un sachet en papier recyclé. J'avais insisté pour que madame Prescott fasse un peu plus attention à l'écologie et oublie les sachets en plastique. Je posais le livre sur le comptoir. Je souriais ensuite aux paroles du garçon.

« Je fais des études en photographie mais lire est une de mes passions, et depuis toujours. La littérature est une de mes matières préférée. Alors j'avoue que j'ai de la chance de travailler ici. »

Trouver ce boulot à temps partiel était un véritable coup de coeur. J'avais eu de la chance que la patronne cherche une employée pour l'aider. J'avais trouvé un boulot, seulement deux semaines après mon arrivée à Cambridge. Et cela faisait donc plus d'un an que je travaillais ici et je ne m'en lassais pas.

« J'aime bien ces nouvelles, mais je reste plutôt classique à ce niveau. Pour moi, rien ne dépassera en frisson et en intrigue, Shinning, Simetierre ou Christine. J'adore me faire peur. »

Je souriais, amusée. Il n'y avait pas que les mecs qui aimaient les gros frissons. Je mettais ensuite le ticket dans le sac de l'étudiant.

« Seize dollars et cinquante-quatre cens, s'il te plait. »

Sa discussion avec Reaghan allait bon train. C'était la première fois qu'il parlait autant à la caissière et mine de rien, c'était une fille intéressante. Elle était passionnée de littérature, on le sentait facilement, mais ce n'était pas son principal domaine d'études. Elle étudiait la photographie, elle était donc plutôt une artiste, enfin, il imagine. La photo, c'est bien une forme d'art non? Avant cela, elle s'était montrée d'accord avec lui quant au fait que de lire un livre dans sa version d'origine était sans doute préférable, afin d'éviter les erreurs de traduction. Ainsi, à écouter la jolie blonde, il eut un petit sourire. La voila qui trouvait presque extraordinaire de travailler comme caissière à cette librairie. Cela changeait de ses filles qui se vantent d'avoir des pères fortunés, d'avoir gagné des concours de beauté ou d'être la meilleure de son collège. Il avait devant lui une femme pour qui être caissière dans une petite librairie de Cambridge était un privilège.

-J'en connais pas beaucoup qui dirait ça. Les étudiants qui bossent aiment pas trop leur boulot d'habitude, mais hey! tant mieux si c'est ton cas. Puis, comme on dit, avec un bon patron, même le pire job devient pas si mal.

Les gens passionnés comme Reaghan avait toujours intrigué Nick. C'est qu'il n'a pas de grandes passions dans sa vie, hormis le sport peut-être. Il est un "rebelle sans cause" et il le sait. Pendant un court moment de sa vie, il avait une cause, mais il a tout bousillé. Depuis, il s'en cherche une autre et disons que ses études en administration ne sont pas étrangères à ses plans d'avenir.

Nick relance le sujet "Stephen King", question de cerner un peu ce qui intéressait plus Reaghan. Si elle dit avoir aimé les nouvelles de l'auteur, elle préférait plutôt ses livres, ses grandes fresques de l'horreur. La blonde nommait trois d'entre elles, parmi les connues et les meilleures aussi.

-Pour moi, le plus épeurant, ça reste Salem. On est loin des vampires de Twilight dans ce livre.

Rien à voir même. Ses enfants morts qui cognent à votre fenêtre la nuit... brr, il en avait des frissons! Comme il était temps de payer, Nick fouille dans la poche arrière pour en extirper son portefeuille en cuir noir et de l'autre, il tend le bras pour prendre le sac et au détour, ses doigts touchent la main de Reaghan, ses yeux passent de ses doigts au regard de la jeune femme. Il y eut une ou deux secondes avant qu'il ne reprenne sur lui.

-Excuses-moi, c'est combien tu as dit?

Cette fois, il tenait le sac, qu'il pose à côté, le temps d'ouvrir son portefeuille et de payer Reaghan selon le montant qu'elle lui a dit. Nick donnait un billet de 20$ américains.

C'était étrange d'avoir une conversation avec l'étudiant alors que jusque là, nous n'avions fait que nous jeter des coups d'œil. Cela faisait un moment que je le voyais venir ici, à la librairie. Souvent, il ne faisait que passer. C'était la première fois que l'on se parlait. Et il avait déjà de très bons goûts littéraires. Il était rare de rencontrer des passionnés par les grands classiques. D'ailleurs, il était rare tout cours de rencontrer des passionnés de littérature. La plupart des filles que j'avais rencontré à Harvard, n'étaient intéressés que par leur look, leurs fringues, leurs makeup et leurs copains. Vaste horizon, n'est-ce pas? En tout cas, ce n'était pas trop le mien. J'adorais la lecture et ce boulot était donc idéal. Et puis franchement, madame Prescott était la meilleure patronne que je pouvais avoir. Elle était juste adorable avec moi. A chaque fois que j'avais un imprévu, quand il y avait peu de client ou quand j'allais à une fête, elle me faisait toujours partir plus tôt. Bref, j'adorais ce boulot.

« Oui j'avoue que j'ai de la chance. J'ai une patronne en or. »

Maintenant, je ne me voyais pas travailler ailleurs. J'avais fait un tas de job et ils avaient tous des contraintes. Ici, je n'en voyais aucun. Quand l'étudiant aborda à nouveau le sujet de Stephen King, un sourire s'étira à nouveau sur mes lèvres. J’acquiesçais de la tête à ces propos.

« Ah oui, Twilight et les vampires qui scintillent au soleil comme des boules à facettes. C'est très réaliste en effet. Sans oublier les excellents dialogues. Salem, quant à lui, m'a vraiment fait peur. Certaines nuits j'ai même eu du mal à dormir. »

Je souriais un peu plus. Quand on était gosse, on était facilement influençable. Et puis à cette époque, je pouvais lire un peu tout et n'importe quoi. J'avais regretté cette lecture. Enfin j'aurais du attendre d'être un peu plus grande pour le faire. Cela m'avait filé quelques mauvaises nuits. Lui donnant le sac, nos mains se frôlèrent avant que je reprenne.

« Seize dollars, cinquante-quatre. Si tu n'as rien d'autres à acheter. »

Je prenais ensuite le billet qu'il me tendait pour pouvoir lui rendre la monnaie. Tout en piochant dans la caisse.

« Tu es étudiant à Harvard? J'ai l'impression de t'avoir déjà croisé, enfin ailleurs que dans cette boutique. »

[justify]Reaghan semblait vraiment heureuse d'avoir le boulot qu'elle avait, avec la patronne qu'elle avait. Elle ne manquait d'ailleurs pas de le souligner. Nick de son côté ne travaille pas, il n'en a pas de besoin. Quand il était un peu plus jeune, il a déjà travaillé sur une ferme à cueillir des fruits et à tondre le gazon des voisins, c'est à peu près les seuls boulots qu'il a occupé avant de mettre la main sur son héritage. Cela ne veut pas dire qu'il ne connait pas le sens du mot "travail". Le beau brun eut donc un petit sourire et n'ajouta rien de plus à ce sujet, il ne pouvait que se réjouir pour Reaghan après tout.

De toute façon, ils se mettent vite à discuter littérature, littérature d'horreur même et disons qu'on était en pleine saison des trucs d'horreur. Nicholas ne prétend pas être un grand lecteur, mais de temps en temps, ça lui arrive de lire un bouquin et il a lu tous les livres de la bibliothèque de son père. À entendre Reaghan critiquer les vampires de Twilight, les faux vampires, devrait-on dire, Nick eut un sourire amusé, plutôt d'accord avec elle. Pour ce qui était du livre "Salem", à ce sujet aussi, ils étaient d'accord.

-Je t'avoue qu'on est deux. J'étais peut-être trop jeune ou trop crédule quand je l'ai lu, mais n'empêche, ce livre donne des frissons.

Surtout si on s'imagine les scènes et quand on est jeune, l'imagination est une grande machine. Quand on vieillit, on la contrôle un peu plus. Nick paie finalement pour son livre et l'obtient des mains de la belle blonde. Si le contact de leurs mains avaient, semble-t-il, fait oublier à Nick le prix du livre, de son côté, la belle étudiante ne perdait pas le nord. Il paie donc et attendait sa monnaie lorsque Reaghan lui lance de nouvelles questions.

-Ça se peut bien, j'étudie aussi à Harvard oui, en administration. Rien à voir avec la littérature... Ou bien tu m'as peut-être vu à un match de basket? Je suis dans l'équipe.

On pouvait croire qu'il essayait de placer le fait qu'il était joueur de l'équipe de basketball, mais non, du tout, il n'était pas d'humeur vantarde là. C'était juste que bon, elle pourrait très bien l'avoir vu là. Une fois la petite transaction réglée, Nick regarde un peu autour, constate qu'il n'y a aucun client et s'adresse de nouveau à Reaghan ensuite.

-C'est tranquille... Tu finis le boulot bientôt? Si tu veux, après, je t'offre un café.

Comme ça, ils pourront continuer de discuter, sans nécessairement qu'il ne la dérange au travail. Puis, un petit café, cela n'engage à rien, si?

Ce ne pouvais m'empêcher de sourire au fur et à mesure de la conversation. Je me souvenais très bien de l'engouement qu'il y avait eu pour ces bouquins de Meyer et ensuite du film. Je n'avais jamais compris comment les filles pouvaient s'identifier à l'héroïne. C'était le genre de filles que j'avais envie de gifler ou de secouer fortement pour lui dire de se réveiller. Bref, le genre d'héroïne que je déteste et qui n'ont d'héroïque, que le nom. Bref, je m'intéressais à d'autres lectures, bien que ces derniers temps, les seuls bouquins que je m'autorisais à ouvrir, était mes livres de cours. Je me sentais déjà harassé par le travail alors que cela faisait à peine quelques jours que la fac avait repris. J'avais du mal à reprendre mes repères. Je souriais à l'étudiant. Il semblait sympa, pas du tout prétentieux, comme certaines personnes que je côtoyais chaque jour. Et puis, je ne pouvais pas nier qu'il avait bon goût. Stephen King était un de mes auteurs préférés, bien que j'étais plus branché littérature russe. Il n'empêche, que j'appréciais toujours autant ses œuvres. Mon sourire s'étira davantage aux propos du garçon.

« Oui c'est ce que je me suis dis aussi. J'étais trop jeune pour lire ce livre. D'ailleurs cela fait des années que je ne l'ai pas relu. Je ne sais pas s'il me ferait encore peur. »

Je lui redonnais sa monnaie tout en refermant la caisse. L'étudiant répondit ensuite à ma question. Je hochais doucement de la tête à ses propos.

« Oui sûrement. Un de mes amis fait du basket. D'ailleurs, il me donnait des cours. Mais il a quitté Harvard récemment. Tyler Fever. Donc je t'ai surement vu jouer en effet. »

Il m'arrivait d'aller voir Tyler faire quelques matchs. Et puis j'ai toujours aimé le basket bien que je peux y jouer comme une nouille. Je venais de reprendre mon livre quand le beau brun me demanda si je finissais bientôt. J'étais un peu surprise. Malgré tout, je répondais:

« Dans une heure. Ma patronne est avec sa petite fille. Donc je gère la boutique jusqu'à son retour. »

Et pourtant, j'avais envie de prendre ce verre. Je n'avais pas petit déjeuner et je commençais à avoir faim. Alors je repris:

« Et si on se donnait rendez-vous à midi pour déjeuner ensemble? » C'était la première fois que je proposais ça à un garçon que je connaissais à peine. « Enfin si tu n'as rien d'autre de prévu, sinon on prendra ce verre une prochaine fois. » Parce que je ne pouvais vraiment pas abandonner la boutique. Je bossais encore une heure et jusque là, je ne pouvais pas la quitter.