un mélange entre haine et amitié ▬ Ariane.

Je sortis une bouteille d'eau de mon sac et vida le reste en une gorgée. Je regarda quelque uns de mes sms répondant à certains d'entre eux en vitesse. Tout à l'air de redevenir comme avant, bien qu'il me faudra du temps pour reprendre totalement confiance en Ariane. Moi qui suis d'habitude rancunier, je m'étonne aujourd’hui. Merci de m’avoir attendu Silver. M'appeler 'Silver' me fit sourire d'avantage. Ça montre qu'elle n'a pas perdu les bonnes habitudes. C'est normal. Je me leva du banc reprenant mon sac sur mon épaule et rangeant mon portable dans ma poche. Tu as le droit de choisir le bar où tu veux qu’on aille, et c’est moi qui invite ! Parfois j'ai vraiment l'impression d'abuser de l'argent des gens. Pourtant j'ai pas le coeur à refuser son offre. Et bien, j'en connais un qui est a deux pas d'ici. Sobre et tranquille, j'connais ce bar grâce à Wyatt. C'est là-haut qu'il m'a emmené suite à l'annonce de la mort de mes parents. Sinon comment tu vas depuis ton malaise ? C'est vrai que je n'ai pas pris de nouvelles d'elle, mais les complications de notre relation était un barrage. Pourtant j'étais inquiet pour elle jusqu'à aujourd'hui. Mais maintenant son sourire m'indique qu'elle va bien et ça me rend heureux.

Avery me fait part d’un bar non loin d’ici. Je ne vais pas souvent dans des bars, et encore moins en pleine journée, en réalité ce n’est pas mon truc, mais si c’est le sien je veux bien le suivre. Je lui ai donné un aperçu de ma vie, à lui de faire de même, c’est bien ça l’amitié ? Le partage. Je me laisse entraîner à l’extérieur du gymnase, et m’empare même de son bras tandis que nous marchons en direction du fameux lieu. Sur le chemin, Avery me demande comment je vais. Alors cela compte réellement pour lui ? C’est une petite satisfaction personnelle, parce que je me suis demandée comme il allait tout ce temps, et ce même s’il n’avait pas fait de malaise. Alors savoir que c’était réciproque me comble intérieurement. « Oh tu sais, on a tous de vieux démons… C’était rien le malaise, c’est une réaction corporelle lorsque je n’arrive plus à faire face mentalement… » Dis-je comme si cela n’avait rien de grave. « J’ai dû un peu trop m’attacher à toi. » Dis-je en le fixant du coin de l’œil, un sourire aux lèvres. Il n’a pas tort lorsqu’il a dit que le bar se trouvait à deux pas, en quelques minutes seulement nous pénétrons à l’intérieur. J’observe les lieux de mes yeux ébahis tandis que nous nous approchons du bar. « Je te laisse le soin de commander pour moi. » Dis-je en souriant avant de me renseigner sur comment il se porte. « Et toi, comment vas-tu depuis la dernière fois ? »

Je sentis Ariane prendre mon bras ce qui me fis sourire d'avantage. Ce genre de geste réchauffe les cœurs. Oh tu sais, on a tous de vieux démons… C’était rien le malaise, c’est une réaction corporelle lorsque je n’arrive plus à faire face mentalement… J’ai dû un peu trop m’attacher à toi. J'suis un peu gêné par sa dernière phrase, même si au fond de moi ça me flatte. Je sais que je me suis beaucoup attaché à Ariane ces derniers temps et comme la citation le dit : « Chaque personne qu'on s'autorise à aimer, est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre. » On arriva au bar après quelques minutes. Je te laisse le soin de commander pour moi. Mais j'connais pas ses goûts moi, sauf le champagne. Je pris une chaise pour m’asseoir avant d'appeler le barman. Euh ... ce sera une simple limonade et hm .. un diabolo grenadine. J'ai pas spécialement envie d'alcool maintenant, sans oublier que je ne suis pas encore majeur. Tss. Vivement mes vingt-et-un an. Quant à Ariane, j'ai vraiment pris au hasard. Je ne sais pas ce qu'elle aime alors autant prendre un truc basique. Et toi, comment vas-tu depuis la dernière fois ? Je me mis à ressasser les derniers événements de ma vie. Y a pas grand chose d’intéressant. Et bien, j'ai pas grand chose à te raconter. Ma vie est calme en ce moment. J'suis encore en période de deuil, mais j'ai l'impression de reprendre le dessus. Attend est-ce que je lui ai dit pour ma famille ?

Nous prenons place dans le bar choisi par les soins d’Avery et rapidement un barman dépose devant nous deux verres. Le mien semble délicieux, s’échappe de celui-ci une odeur de grenadine, confirmée par la couleur rosée du verre. Je remue la paille à l’intérieur tout en demandant à Avery ce qui s’est passé dans sa vie ces derniers temps. Je pose la paille entre mes lèvres afin de goûter le soda qu’on m’a servi mais je suis stoppée nette dans ma lancée alors qu’il évoque son deuil. Mes yeux expriment à cet instant une compassion sincère, je ne sais pas ce qui a pu se passer dans sa vie et qui il a perdu mais j’ai envie de le serrer dans mes bras, de trouver les mots adéquats. Au lieu de cela, je reste stoïque, ne serait-ce pas mal venu de l’étreindre alors que notre amitié vient tout juste d’avoir droit à une nouvelle chance. « Est-ce que je peux te demander ce qu’il s’est passé ? Qui as-tu perdu ? » Ma voix est à peine audible, je crains d’être indiscrète. A défaut d’un câlin réconfortant, mes doigts cherchent les siens sur la table et s’entrelacent à eux. Ce simple contact physique sera une source de réconfort même minime, je l’espère.

Est-ce que je peux te demander ce qu’il s’est passé ? Qui as-tu perdu ? Un frisson traversa mon corps, tandis que mes yeux se fermaient. Je ne lui ai pas parlé de mes parents. A force, j'ai l'impression de l'avoir dit à tout le monde, mais il est vrai que seul une poignée le savent. Je sentis sa main sur la mienne ce qui me mit en confiance automatiquement. Ses yeux pleins de compassion me fixaient, mais ne me déstabilisaient pas. Mes parents, mes frères et mes soeurs. Oui autant. Six personnes exactement. Je baissa mes yeux sur mon verre avant de reprendre. Il y a eu une fuite de gaz dans ma maison et toute ma famille était réunis pour les vacances. Seuls moi et Briony étions au Summer Camp. On est les seuls survivants de la famille Silver. Du moins de ce côté de la famille. J'veux pas plomber l'ambiance alors on change de sujet de discussion, okay ? Je retira ma main de cette d'Ariane avant de voir une gorgée de ma boisson.

Je reste muette face à sa déclaration. Mes yeux ne le quittent pas, une vague de compassion m’inonde de bonnes intentions à son égard. J’aimerai pouvoir faire quelque chose, avoir la possibilité de l’aider, de la manière dont il en aurait besoin, mais je ne sais pas quoi faire si ce n’est tenter de lui apporter toute l’écoute dont il a besoin. Il y a quelques heures encore il refusait de m’adresser la parole sans me lancer une phrase assassine et maintenant il se confie à moi sur l’épreuve la plus difficile de sa vie. « Si il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour toi… Et même pour ta sœur… » C’est sincère. Je suis une garce prétentieuse prête à tout pour gagner, notamment gagner contre les Mathers mais là, je n’ai qu’une envie, pouvoir trouver une solution pour atténuer son chagrin et ce même si c’est impossible. Il se contente de vouloir changer de discussion et j’acquiesce. Je ne veux pas qu’il se sente obligé de m’en dire d’avantage si le sujet le fait trop souffrir. Certes je me sens totalement désorientée par sa révélation mais je tente de ne pas le montrer et je jette un regard à ce lieu si différent de ceux où j’ai l’habitude d’aller. « Tu viens souvent ici ? C’est… Sympa. » Et ça l’est réellement, dans le fond même si ce ne le serait sans doute pas autant sans lui à mes côtés. « Tu y emmènes ta petite amie parfois ? » Demandais-je pour évoquer un sujet plus agréable pour lui.

Si il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour toi… Et même pour ta sœur… Pardon ? 'et même pour ta soeur' ? Elle se fout de moi là ? Elle la déteste pour aucune raison d'ailleurs ... quoique Briony boit et se drogue mais c'est pas le problème d'Ariane. Bref. Ce sujet est clos et je ne veux pas le ré ouvrir sous risque de s'engueuler une nouvelle fois. Je ne repondis rien, trop fatigué d'évoquer à chaque fois mon mal être. J'en ai marre qu'on me regarde avec ses yeux compatissants. Tu viens souvent ici ? C’est… Sympa. Ariane a bien changé de sujet comme j'lui ai demandé y a quelques minutes. J’acquiesçais à ses paroles essayant de retrouver le sourire ... en vain. Tu y emmènes ta petite amie parfois ? Ace ... Je fis tout de même un léger sourire en pensant à elle. Heureusement qu'elle est à mes côtés en ce moment. Nan, très peu. J'amène plutôt les gars après un match de basket. Un match de basket gagné bien entendu. Et toi, t'as des lieux préférés à Boston ? J'ai toujours cette voix faible pour montrer que j'me suis pas remis du sujet précédent. Mais de toute façon elle ne peux rien y faire, sauf changer de sujet comme maintenant.

« Nan, très peu. J'amène plutôt les gars après un match de basket. » Changer de sujet, ça semble être la meilleure des choses pour chasser de son visage la peine qui se lit aisément. Je ne suis pas douée pour trouver les mots les plus réconfortants et il semblerait qu’il n’ait pas envie de m’entendre les prononcer. Changer de sujet est un compromis qui semble finalement nous aller à tous les deux. Je tente alors de faire un petit peu d’humour, maladroitement. « Et bien puisque tu m’as amené ici, je n’ai plus qu’à me mettre au basket n’est-ce pas ? » Je tente de le faire sourire, ce serait déjà une belle victoire mais sa voix est toujours aussi meurtrie lorsqu’il me demande où j’aime aller en ville. Je grimace un instant, face à tant de désarroi. J’ai la chance d’avoir ma famille, et je ne pourrais jamais m’imaginer sans eux, raison pour laquelle, je ne parviens pas à savoir ce qu’il peut ressentir. Je suppose cependant que sa situation doit être des plus affreuses. « J’aime beaucoup faire du sport, et j’aime courir dans le parc. Entre tous ces couples qui s’embrassent, entre tous ces enfants qui se courent après. C’est vivant. » Peut-être que j’aurai pu me passer de ces derniers mots. Je me mordille la langue, je me sens tellement stupide. « Mais en réalité, les lieux ont pour moi assez peu d’importance, j’aime surtout être avec les gens que j’apprécie. Et je peux même te dire qu’avec cette façon de penser, j’adore ce bar. » J’espère lui faire décrocher un petit sourire, un infime espoir…

Et bien puisque tu m’as amené ici, je n’ai plus qu’à me mettre au basket n’est-ce pas ? Sa réplique m'arracha un léger sourire. Dans ce cas là, j'peux t'offrir des cours particuliers. Rien que m’imaginer Ariane avec un ballon de basket dans la main me fit sourire. J’aime beaucoup faire du sport, et j’aime courir dans le parc. Entre tous ces couples qui s’embrassent, entre tous ces enfants qui se courent après. C’est vivant. Mais en réalité, les lieux ont pour moi assez peu d’importance, j’aime surtout être avec les gens que j’apprécie. Et je peux même te dire qu’avec cette façon de penser, j’adore ce bar. Je souris à la jeune Kennedy avant de boire une nouvelle gorgée de ma boisson. Depuis la dernière fois, je ne m'étais jamais imaginé reparler ainsi à Ariane ... et pourtant nous voila. J'le regrette pas bien sûr. Elle a l'air si sincère et pour une fois j'ai pas envie de laisser le 0,0001% de doute m’empêcher de vivre mon amitié normalement. Merci. Je finis ma boisson d'une seule traite avant de sortir un biller. J'aime bien avoir des avantages à passer du temps avec un riche, mais ça me gène surtout juste après une réconciliation. C'est moi qui paye, okay ? Je regarda pendant un instant. Tu m'as manqué.

J’acquiesce lorsqu’il propose de payer pour ma boisson. Je trouve son attitude particulièrement adorable. Peu de gens m’auraient pardonné si rapidement, preuve qu’Avery n’est pas comme les autres. Ce que j’aime par-dessus tout dans notre relation, c’est cette simplicité qui le caractérise et qui finalement envahit aussi notre relation. Si je ne m’acharne pas à rendre les choses difficiles tout se déroule toujours sans embûche. Avery me regarde un instant, cette insistance me gêne presque, et un sourire gêné se dessine sur ma bouche pulpeuse. « Tu m'as manqué. » Il dit ce qu’il pense, quand il le pense. Et c’est ce que j’aime. Sa spontanéité, quand moi-même je ne parviens jamais si facilement à dévoiler mes ressentis. J’ai envie d’apprendre pourtant avec lui. « Beaucoup ? » Demandais-je en mordillant ma lèvre inférieure. « Au point où tu accepterais de passer la soirée avec moi à la fête foraine ? » Dans la ville voisine, se déroule en ce moment les festivités d’automne. Une grand roue, quelques manèges, des barbes à papa. J’ai souvent eut envie d’y aller, mais je n’ai pas osé proposer ce genre de choses à Walter ou à l’un de mes amis Eliot. Ce n’est pas vraiment le genre de chose que je fais avec eux. Ou alors dans un somptueux parc d’attraction hors de prix. En réalité, je cherche tous les prétextes pour prolonger ce moment, montrer à Avery que je suis sincère et être certaine qu’il ne changera pas d’avis sur notre relation. « Parce que toi, tu m’as manqué et j’ai envie de passer un peu de temps avec toi. »