let's do this race (billander)

J'avoue avoir été étonné de recevoir un message m'invitant à faire cette course de voitures. Elle m'avait vraiment ignoré ou parlé bizarrement pendant plusieurs jours donc oui, c'était étrange ce revirement de situation. Mais je ne m'en plaignais pas, pas du tout, au contraire. Elle me plaisait bien cette fille et j'allais pas cesser de la voir sous prétexte qu'on ne couche qu'une fois avec la même personne. Ok, on a couché deux fois ensemble, mais c'était dans un contexte particulier et aucun de nous deux ne s'en souvenait. Puis.. ce qui s'est passé au Housing Day était pas forcément une mauvaise chose. J'avais kiffé notre partie de jambes en l'air et j'étais pas contre que ça se reproduise par la suite. Mais avant toute chose, on devait se concentrer sur cette course. Les règles de sécurité étaient simples et du coup, Billie et moi étions sur la ligne de départ à faire rugir nos moteurs. Finalement, le départ était lancé et j'étais parti assez vite, mettant une distance entre nos deux voitures assez rapidement. Seulement, après plusieurs secondes, elle me rattrapait, et j'avais le sourire aux lèvres. Cette course était vraiment géniale et j'appréciais vraiment le fait de conduire cette bagnole qui ronronnait à chaque fois que je titillais la pédale d'accélération. Au bout d'un moment, elle se mettait au même niveau que moi, juste à côté et je tentais un léger mouvement de la tête pour la regarder avant de reprendre concentration sur la route. J'adorais cette sensation de contrôle et c'était une vraie drogue. J'allais peut-être arrêter de me droguer pour faire que de la course, ça pouvait être une solution. Non mais sérieusement, j'adorais et je continuais de faire mes tours de piste en étant côte à côte à Bille.

Putain de vie et putain d'adrénaline. Le volant tremblait entre mes doigts, je le sentais sous mes gants en cuir. Ce que je sentais aussi, mais que je mis un bon moment à remarquer, c'était l'humidité qui se glissait entre mes paupières au fur et à mesure que j'avançais sur la piste. J'accélérai, enfonçant complètement la pédale, alors que des souvenirs me frappaient comme une mauvaise séquence d'un film dont on aurait préféré oublier le contenu. Sauf que ce film, je le vivais et malheureusement, je n'étais pas encore amnésique. J'avais besoin de drogue, j'voulais oublier tout ça putain. Quitte à me foutre mal une nouvelle fois, à me mettre tout le monde à dos, fallait que j'en prenne. J'pouvais pas garder tout ça pour moi et le subir sans rien faire. J'avais rien à espérer pour l'avenir. Pas d'enfants, en tout cas. Alors pourquoi j'résisterais à cette addiction qui du coup, ne me concernerait que moi ? « Billie, tu accélères trop dans les virages. Relâche l'accélérateur juste avant le U, puis tu le reprends quand tu amorces le tournant. » Je fixai la piste sous mes yeux, haïssant à quel point je me sentais faible de ne serait-ce que songer à replonger encore une fois dans cette merde qui me gâchait la vie. Mais bordel, qu'est-ce qui pouvait un peu adoucir c'mal être ? Rien. « Billie, t'as entendu ? » Rien du tout, c'était ma seule solution, c'te foutue drogue. Ou voir un psy peut-être, mais je préférais encore foutre ma santé en l'air que de déballer ma vie à un inconnu. « Billie ! » Je sursautai en entendant le cri dans mon oreille et donnai un coup brusque sur le volant. Le reste passa dans un flou total. J'entendis les pneus crisser, je sentis mon corps suivre le mouvement brusque de la voiture et enfin, je sentis un choc. Frontal et violent.

Avoir le contrôle sur la voiture, c'était quelque chose d'énorme. On voyait tout bouger autour de nous à une vitesse phénoménale et c'était tout simplement jouissif. Sérieusement, quand je sortirai de cette bagnole, j'irai vraiment remercier Billie pour l'opportunité qu'elle m'a donné. Je m'éclatais comme un petit fou quand j'entendais le mec là, dont j'ai oublié le nom, gueuler dans le micro après Billie. Je fronçais les sourcils en la regardant et c'est vrai qu'elle jouait avec le feu en ne faisant pas comme il disait. Mais elle n'avait pas l'air d'avoir entendu vu qu'elle ne disait rien. J'étais juste à côté d'elle et finalement, quand il criait un "Billie !" tout s'est enchainé. Elle a donné un coup de volant et s'est retrouvée à foncer dans le mur, après avoir apparemment perdu le contrôle de la voiture. Je m'étais arrêté directement en comprenant ce qui se passait et j'avais retiré tous les trucs de sécurité pour sortir de la voiture. Je m'étais mis à courir vers la sienne qui se retrouvait dans le décor. Au niveau de sa portière, je voyais qu'elle avait subi un choc assez violent, même si y'a plus de peur que de mal, enfin j'crois. Je frappais contre le carreau pour qu'elle sorte de la voiture le plus vite possible. "Billie !" J'étais inquiet, faut bien l'avouer. J'avais peur qu'elle ait quelque chose de grave, et elle devait me répondre assez rapidement si elle voulait que mon inquiétude cesse.

Une voix n'arrêtait pas de me crier des instructions dans mon oreillette, mais j'étais tellement hors de moi que tout ce que j'entendais, c'était un vieux bourdonnement agaçant. Même ici, j'pouvais pas être tranquille alors ? Je suppose que non. Complètement captivée par ma course et par ce qui m'empoisonnait le cerveau, je ne prêtais pas attention à ce qu'on me disait. Ce ne fut que quand Thomas cria mon prénom pour me rappeler à l'ordre au bout d'un moment, que je me rendis compte que l'on me parlait. Malheureusement, ça me sortit tellement brusquement de ma rêverie que je fis un faux mouvement qui me porta préjudice. J'ignorais ce qu'il s'était passé, mais la voiture était partie en vrille malgré tous mes efforts pour la redresser sur la piste et la seconde suivante, je m'écrasais contre une paroi. Et tout devint noir. Quand je rouvris les yeux, j'étais inconfortablement allongée sur le goudron et à travers ma vision floue, je voyais ma voiture abandonnée à quelques mètres. Deux hommes étaient agenouillés de chaque côtés de mon corps ; l'un pressait ma nuque et quand j'émis un grognement, ils se mirent à parler de casque ou je ne savais quoi. Quelques secondes plus tard, mon casque avait été enlevé et on me posait beaucoup de questions auxquelles je répondais par de nouveaux grognements incompréhensibles. Je me mis à chercher Alex du regard et je découvris qu'il n'était pas très loin. J'étais soulagée ; au moins je ne l'avais pas touché dans mon accident.

Je ne sais pas trop comment on en était rendu là, mais une chose est sûre : on y était. Tout est allé tellement vite, que je ne saurai pas expliquer le pourquoi du comment. Le fait est que sa voiture s'est retrouvée encastrée - j'exagère - contre une des parois et je me suis directement mis à paniquer, de peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. Dès que j'ai eu la possibilité, je me suis arrêté et je suis sorti de ma voiture pour me diriger vers la sienne en courant, retirant mon casque par la même occasion. J'étais le premier arrivé mais j'étais très vite suivi par deux hommes qui m'écartaient pour la faire sortir de la voiture. Elle avait l'air blessée, et ça m'faisait clairement paniquer. Il s'est passé quoi merde ? C'était supposé être une super aprèm, ça devait pas virer à la catastrophe ! J'ai remarqué ses yeux qui s'ouvraient et ses grognements. Elle était clairement dans les vapes. Du coup, on a appelé les secours pour l'emmener à l'hôpital afin qu'elle ait les soins nécessaires à ses blessures. J'avais suivi l'ambulance avec ma voiture, afin que dès qu'elle sorte, je puisse la ramener à la Mather House. Au pire, j'irai chercher sa voiture avec quelqu'un d'autre. J'avais donc attendu dans la salle d'attente qu'un médecin vienne me chercher pour me dire qu'ils en ont fini avec elle. A vrai dire, je sais pas trop quelles blessures elle a, donc j'arrive pas trop à savoir combien de temps ça va prendre.

J'savais pas du tout comment j'étais arrivée là. C'était le flou le plus total, comme si j'avais été possédée pendant une heure et que je me réveillais seulement. Tout ce qu'il se passait autour de moi, je n'en comprenais que très peu. En fait, j'savais juste que j'avais mal. J'étais sur un lit d'hôpital et bordel, la dernière fois que je m'étais retrouvée là-dessus, une balle m'avait traversé la poitrine. Autant dire que ça ne réveillait pas de bons souvenirs. En plus, j'avais aucune idée d'où était Alex, de s'il allait venir ou pas. Et j'savais pas pourquoi, mais j'avais envie qu'il soit là. Quelques internes s'agitaient autour de moi puis j'entendis l'un d'eux appeler l'un de leur supérieur pour remettre l'une de mes cotes en place. Oh, putain. J'demandai à l'un d'eux si Alexander était là, mais il était trop occupé à examiner ma jambe gauche pour me répondre. On me foutu une lampe dans les yeux, on fit bouger mes jambes et je me souvins juste avoir hurlé de douleur quand le médecin s'attaqua à mes cotes. Le calme était revenu dans ma chambre, je n'avais pas écouté un mot du compte rendu de l'interne, mais j'crois qu'il n'y avait rien d'inquiétant. J'avais mal et tout ce que je voulais, c'était voir Alex. Alors j'demandai une nouvelle fois au médecin, qui me répondit qu'il allait voir dans le couloir. Encore une journée qui avait très bien tourné.

Je crois que le pire moment après un accident, ça reste quand même l'attente, pour ceux qui ne sont pas concernés. Je ne savais pas si elle avait quelque chose de grave ou pas, et ça me stressait. J'me dis que si j'avais pas insisté, elle n'aurait pas proposé cette course et on se serait pas vu et rien de tout ça ne se serait passé. J'avais passé tout mon temps d'attente à me dire ça et c'était pas forcément la meilleure des choses vu que j'étais totalement dépité. C'est après deux bonnes heures,peut-être moins - vive le service médical de l'hôpital - qu'un médecin est finalement venu me voir pour me dire si j'attendais après Billie O'Connell. Bien sûr que oui j'attends pour elle merde! Je soupirais et je le suivais puisqu'il me menait jusqu'à sa chambre. J'avais un coup de stress avant d'entrer dans la chambre mais finalement, j'intériorisais tout et je pénétrais dans la pièce. Elle avait l'air mal en point quand je la voyais mais j'étais quand même soulagé de pouvoir enfin poser mes yeux sur elle. Je m'approchais alors du lit en lançant un "Hey..." Je m'installais sur le siège à côté de son lit en soupirant. Bordel, what the fuck happened ?

Bon, j'crois que la seule explication plausible était que j'avais pété un câble sur la piste tout à l'heure. Il me semble qu'avant de m'écraser contre un mur, j'pensais à la drogue et au fait que je m'en foutais désormais de faire attention à ma santé. Ah, ben c'était réussi. Allongée sur un lit d'hôpital, c'était une bonne preuve de mon je-m’en-foutisme. Je bougeai un peu pour me redresser, mais j'abandonnai bien vite ; déjà, j'avais un bras en écharpe à cause de mes cotes et j'avais peu de forces dans le second. Ensuite, j'avais mal partout : ma jambe, mes cotes et l'ensemble de mes muscles qui s'étaient crispés trop brutalement à cause de la terreur de l'accident. Je grimaçai et au même moment, Alex poussa la porte, puis entra timidement. Il vint se poser près de mon lit et lança un petit « Hey... » J'esquissai un sourire malgré tout et je tentai encore de me redresser pour éviter de paraître encore plus mal en point que je ne l'étais réellement. « T'es là .. » C'était bizarre mais ça me faisait plus plaisir que je ne voulais me l'avouer. « Hm, t'as .. T'as pas été entraîné dans l'accident ? »

J'me posais certaines questions qu'elle seule pouvait y répondre. Comme par exemple qu'est-ce qui s'est passé sur la piste tout à l'heure. Tout ce que je peux dire, c'est qu'elle n'a pas répondu aux appels du gars du micro, et que d'un coup elle a donné un coup de volant qui a fait qu'elle a perdu le contrôle de la voiture pour finir dans une des parois. Et maintenant, on se retrouvait à l'hôpital. Heureusement, je n'avais eu aucun dommage lors de l'accident, elle ne m'avait pas touché. Mais quelque part, je me sentais quand même mal parce qu'elle a eu cet accident et pas moi. Enfin, j'avais attendu tout le temps qu'il fallait dans la salle d'attente avant d'être interrompu par un homme qui semblait être son médecin pour m'indiquer où elle était puisqu'elle était de nouveau sur pied. Hallelujah. J'entrais donc dans la pièce et après avoir refermé la porte, je m'installais sur le siège à côté de son lit. "T'es là .." Je hochais la tête sans la quitter du regard. Son visage avait quelques marques et je remarquais qu'elle faisait des grimaces en se redressant. Une autre partie de son corps était touchée, sans que je puisse distinguer laquelle. "Hm, t'as .. T'as pas été entraîné dans l'accident ?" Je disais non de la tête, restant concentré sur elle. Si elle avait mal, elle avait besoin d'anti-douleurs. Mais elle était droguée donc.. elle n'avait rien. J'comprenais ce qu'elle vivait, j'étais déjà passé par là. "Faut croire que je suis plus chanceux que toi... Ils t'ont dit quoi les médecins ?" A propos de ses blessures, évidemment.

Peut-être que je m'étais un peu trop acharnée sur ce pauvre interne tout à l'heure, mais j'avais envie de voir Alexander et personne ne me répondait dans cette foutue chambre. Ils étaient tous plus préoccupés par mes blessures que par mes questions, mais ça n'était pas physiquement que j'avais le plus mal ; c'était mentalement et je le voulais à mes côtés. Pourquoi ? Rien à faire. Je l'ignorais et je voulais que ça reste comme ça. Quand il entra, je remarquai qu'il n'avait pas l'air dans son assiette alors immédiatement, je m'inquiétais en lui demandant s'il avait été touché dans l'accident. Mais il me fit un signe négatif de la tête. « Faut croire que je suis plus chanceux que toi... Ils t'ont dit quoi les médecins ? » Pendant un moment, je restai silencieuse parce que je n'en avais pas la moindre idée. Je n'avais rien écouté, ça semblait être ma spécialité aujourd'hui. Je passai une main dans mes cheveux pour dégager mon front et touchai l'une de mes égratignures au passage. Fucking ouch. « Je .. Ils ont dit qu'il y avait rien de grave, juste de gros hématomes. » Au fond, je mentais pas, il n'y avait qu'à voir l'état de ma jambe. « Peut-être qu'ils vont me garder vingt-quatre heures .. Et ils m'ont remis une côte en place tout à l'heure .. » Voilà, c'était en gros tout ce dont j'étais capable de me souvenir au milieu des flous.