AIDAN & JUNE ❀ Dance with somebody

Je m’étais mis à rire après avoir sortie une blague de plus sur le fait qu’Aidan était inévitablement attiré par moi, je croyais qu’il allait repartir sur une bêtise de plus mais étrangement ce qu’il me dit me fit le coup d’une douche froide. J’avais l’impression d’être redevenue inutile, d’avoir été sa chose, qu’il avait possédée et maintenant qui n’avait plus d’intérêt. Je souriais mais on voyait bien que je n’étais pas sincère. Je savais bien qu’il avait raison, qu’il n’avait pas dit ça pour être méchant mais franchement…au fond de moi ça me faisait de la peine. J’avais ensuite fait quelques pas de danse devant Aidan qui c’était couché tranquillement dans son lit…Puis il m’avait demandé depuis combien de temps je dansais, ce n’était pas très compliqué de lui répondre mais je me livrais en même temps sur ma vie personnelle : « Je me suis inscrite à la danse en même temps que ma mère m’a inscrite au karaté. Je devais avoir 4 ou 5 ans. Ma mère m’avait inscrite d’office au sport de combat et moi je voulais un truc un peu plus féminin…. ». Ma mère m’avait inscrite dans sport tel que le karaté pour que je puisse me défendre si mon père faisait une crise mais…mais ça n’avait rien changé, mon père m’avait quand même donné des coups de couteaux qui auraient pu être mortels.

Il voyait bien que ce qu'il lui avait dit l'avait quelque peu refroidie. Il s'en voulut d'abord puis fût soulagé ensuite, finalement mieux valait qu'elle pense qu'il était un connard. Elle passerait plus vite à autre chose et se rendrait bien compte ainsi qu'il ne possédait pas ce qu'elle attendait d'un homme. Lui c'était pas un homme, juste un gamin, un mec qui s'appliquait à se peindre des traits enfantins pour pas voir son cœur en face. June, il lui fallait du solide, des épaules sur lesquelles se reposer, pas un espèce de Nonchalant aux allures de papier mâché, pas un mec au cœur désespérément caché. Pourtant dieu sait que y'en avait à l'intérieur de lui, fallait savoir chercher, mais fallait se montrer franchement patient aussi, et ça pas il était pas sûre qu'elle ait le temps. « Ok, donc on a tout intérêt à rester amis. » lança-t-il en s'accoudant afin de remonter légèrement son visage vers le sien. Il manquait plus qu'elle lui colle une raclée. Encore heureux qu'il ne savait pas ça la première fois qu'il l'avait croisé chez les Lowell, sinon il serait vite parti en courant. « Surtout que je sais me défendre que sur des patins à glace. » Au hockey s'entend, mais dis comme ça, ça faisait un peu patineur en paillettes. Peu importe.  

J’étais certainement bête de croire qu’un jour je pourrais passer de nouveau du temps avec lui, comme avant. Mais le souci c’est que jamais il ne serait attaché à moi comme moi je m’étais attaché à lui. J’avais finit par faire une croix sur lui, je ne m’attendais plus à rien qu’a une grande amitié. Je le regardais avec un air sérieux avant de lui répondre : « Parce qu’on est ami maintenant ? ». Je conservais mon air sérieux rien que pour le faire engendrer. Il me parlait ensuite de passion, le hockey, on en avait déjà discuté tous les deux. Je lui répondis alors avec un sourire : « Ouai, ben tu devrais t’y remettre alors, j’aimerais bien te voir jouer un jour ! ». Après tout il m’avait vu danser, maintenant je pouvais bien le voir jouer. Ce serait même sympa qu’il fasse partie du club de l’université. Il ne m’avait pas questionné à propos de mon enfance et c’était certainement une meilleure idée. Je lui répondis alors : « De toute façon je ne t’attaquerais pas Aidan ! A moins que tu sois très méchant ! ». La prochaine fois au lieu de lui faire une petite crise, je pourrais lui faire une ou deux prises. 

Etre amis, disons qu'ils essayaient mais est-ce qu'ils y parvenaient ? C'était une toute autre question. « On va dire qu'on essaie ? » lui répondit-il presque timidement. C'est que parfois l'humeur en montagnes russes de June le déconcertait, mais ça ne lui déplaisait pas, loin de là. Elle rebondit ensuite sur le sujet du Hockey, cette perspective de reprise le fit sourire. « Justement, c'est pour ça que j'allais faire du sport à la base, on reprend au club la semaine prochaine, tu devrais venir une fois c'est sympa le hockey, j'essaierai de pas aller en prison si tu es là. » Ses quelques mots lui avait fait reprendre une position plus verticale. Le Hockey en dehors de la peinture, c'était son autre grande passion. June était experte en karaté mais au moins elle ne semblait pas abuser de sa compétence et c'était tant mieux pour lui ! « Je ne suis pas méchant, c'est pas mon style. » ajouta-t-il en haussant les épaules. Non la méchanceté, ce n'était pas ce qui le qualifiait, les rancœurs il y répondait par de l'indifférence et c'était encore pire finalement.  

Je le regardais étonné lorsqu’il m’interrogea par rapport au faite qu’on soit ami ou non, c’est vrai que moi-même j’en étais perdu, quand on couchait ensembles on s’entendait plutôt bien voir même très bien mais maintenant je ne savais plus trop, je m’étais fâché contre lui et ça avait quand même mis un froid entre nous malgré les sentiments que j’avais eu envers lui à une époque et que j’avais certainement toujours parce que j’étais bête de m’attacher. Je me mis à rire avant de lui répondre : « Ouai ben on est pas prêt d’y arriver ! ». C’était un peu d’humour histoire de détendre l’atmosphère. Aidan m’invitait ensuite à l’encourager, je hochais la tête, franchement je n’étais pas contre, je lui répondis gentiment : « Oui ça te feras un peu de soutien…Même si je ne suis pas fondamentalement convaincue que tu vas arriver à supporter mes…encouragements… ». Je passais doucement ma main sur sa joue avant de me rendre compte que ce geste était peut être un peu trop familier. Enfin familier ce n’était pas le mot mais je me voyais plus faire ça à mon copain qu’a un simple ami, je retirais donc immédiatement ma main. Je baissais la tête avant de répondre à voix basse : « Tu blesses les gens sans le savoir mais non, foncièrement, tu n’es pas méchant… ». Je redressais ensuite mon visage sans avoir la certitude qu’il ai entendu…

Ils étaient pas près d'y arriver selon June. Pourtant, lui il avait l'impression que ça allait mieux entre eux. Mais bon, les filles c'était tellement compliqué des fois. Là où lui voyait simplicité et bons moments, les filles y voyaient tout autre chose. « Pourquoi tu dis ça ? » lui demanda-t-il, ses prunelles sincèrement interrogatrices. « T'es cool, et en plus je suis certain que t'es une bonne amie. » Lui, il savait pas si c'était un bon petit ami, mais un ami tout court, il savait que c'était dans ses cordes. Ses paroles le firent d'ailleurs sourire et il rebondit aussitôt « Ah et bonne supportrice alors aussi ! Tu es du genre à t'époumoner ? » Imaginer une June Hystérique dans une patinoire à la température glacée, c'est un truc qui le faisait délirer. Elle passa ensuite sa main sur son visage, son premier réflexe ça aurait été de reculer ou bien de la prendre contre lui, mais les choses étaient compliquées désormais et c'est comme si il avançait à tâtons, il avait l'impression que quoi qu'il fasse, ce n'était pas ce qu'elle attendait. Le problème c'est qu'il pouvait pas lui donner ce qu'elle désirait, pas si vite, pas maintenant. « Je suis désolé dans ce cas. » Oui il l'avait entendu, et il ne savait pas comment réagir. Sa désolation, elle était bien sincère, mais son attitude il la jugeait sincère également. Il ne lui avait jamais rien promis, il aurait fallut qu'il continue à prendre du bon temps avec elle et à lui faire des promesses dans le vent, jusqu'au jour où il la blesserait réellement, non c'était pas son truc de faire du mal aux gens, mais il pensait honnêtement pas être capable de prendre soin de quelqu'un sentimentalement parlant.  

Pourquoi je disais ça, peut être parce qu’au fond de moi je ne pourrais jamais vraiment oublier que j’avais été plus que son amie. Mais peu importe, je ferais semblant et un jour, on serait certainement des amis sans aucune ambigüité : « Pour t’embêter…. ». Oui, sinon je n’aurais pas formulé les choses comme ça même si au fond, la tâche paraissait compliquée. Je soupirais lorsqu’il me dit que je devais être une très bonne amie, ah oui, ça malheureusement je savais faire. Mais justement, c’était un peu blasant d’être toujours considéré comme la bonne copine, je lui répondis alors sans grand enthousiasme : « Super, je vais avoir le diplôme de la bonne copine, ça me fait une belle jambe ! ». Je n’avais pas tord au fond, être une super amie ne m’avait pas apporté grand-chose jusque là mais heureusement que les filles étaient là dans mes moments de déprime. J’avais ensuite posé ma main sur sa joue, Aidan n’avait pas réagit, c’était certainement mieux comme ça. Espérer le moindre signe de sa part était de toute évidence trop demander, je n’arrivais pas à me mettre dans la tête qu’il avait juste voulu coucher avec moi, il en avait rien à faire de la tendresse, de la gentillesse que je pouvais lui offrir. Il continuait pourtant de s’excuser, et encore une fois, j’avais l’habitude des déceptions, je lui dis alors : « T’es pas le premier Aidan, et tu ne seras sûrement pas le dernier.  Je crois qu’aucun garçon ne m’a jamais vraiment aimer sincèrement alors ça n’est pas encore prêt d’arriver…C'est pas grave». Je lui fis un petit sourire, pourtant c’était triste ce que je venais de dire mais entre mon premier amour qui avait couché avec moi pour un pari, un autre homme qui était sorti avec moi pour ma petite notoriété et un qui m’avait plaqué pour un homme alors que j’attendais son enfant je n’avais pas vraiment été gâté ! Et tout en restant dans le même sujet je lui demandais : « Et sinon alors, il y a une fille qui te plait à l’université ? ». C’était plutôt dur comme transition mais malheureusement il partagerait certainement du temps avec une autre et même si ça me faisait mal au cœur, je devais me faire à cette idée.

Pour lui, les choses devaient êtres simples, naturelles, les relations se voyaient évoluer elles-mêmes au gré du vent. Avec June, tout avait bien commencé, la pulsion qui réunissait deux corps, quelques bons moments partagés et puis plus rien. Aidan était bien trop instinctif pour y comprendre quelque chose de rationnel. Là où la française espérait un lien solide, il ne pouvait offrir que du vent. Plus on voulait s'attacher à lui et plus il fuyait. Il comprenait pas vraiment pourquoi, il avait jamais cherché à comprendre d'ailleurs. Mais il voulait pas faire mal aux gens, alors mieux valait la fuite que l'incapacité. « Tu aimes ça m'embêter on dirait. » répondit sa voix douce d'un ton faussement léger. Il voulait pas montrer son trouble, ça le désolait de la voir triste et il voulait vraiment la serrer dans ses bras, mais il avait tellement peur qu'elle se fasse des films après ça. C'était vicieux leur relation finalement. Et merde. Il l'écouta, il la regardait en même temps. Il commençait à comprendre, il la voyait la petite fille fragile sous la carapace de femme à fort tempérament, il la sentait hurler intérieurement, son besoin d'affection, de l'amour simple et inné dont chacun est capable. Tout le monde sauf lui. « J'ai jamais aimé personne June si ça peut te rassurer. » lui rétorqua-t-il en la fixant, mais son regard dériva vite dans le lointain. Il avait pas l'habitude d'ouvrir là. Peut-être pour ça d'ailleurs que sa main se porta machinalement sur sa poitrine, comme pour en protéger le fragile et vital membre carmin. Quel crétin. « Pas spécialement. » ajouta-t-il. « Je suis pas du genre à faire une fixette sur quelqu'un, ça vient comme ça vient et ça va pas plus loin. » Tout avait bien commencé pourtant, ils s'amusaient bien, ils déconnaient et puis là, bah c'était tout autre chose. « Tu comprends pourquoi vaut mieux qu'on soit amis ? Je suis un incapable June. » Un silence suivi, court ou pas, il avait pas vraiment conscience du temps qui s'écoulait. « Si tu veux partir je comprendrai. » articula-t-il finalement. Il comprendrait qu'elle ne veuille pas rester après ça, c'était naturel après tout.  

Aidan m’avait répondu que j’aimais l’embêter, non, pas forcément j’essayais juste de mettre de l’humour dans nos conversations. Quelque chose qui pourrait faire en sorte qu’on soit plus proche en toute amitié ! Aidan se confiait ensuite à moi, me disant qu’il n’avait jamais aimé personne. J’étais donc comme toutes les autres filles avec qui il avait couché, je n’avais rien de plus, rien de moins. Non, ça me rassurait pas, je crois que ça m’enfonçait encore plus d’ailleurs. Au passage il m’assurait qu’il n’avait pas d’autres filles en vues, je préférais qu’il me dise ça plutôt qu’il m’explique comment il trouvait untel ou untel, c’était certainement mieux comme ça...Aidan essayait ensuite de m’expliquer en long en large et en travers pourquoi il ne pouvait pas s’attacher à moi. Ce n’était pas la peine de me faire de grande théorie, j’avais déjà compris ce qu’il voulait…enfin plutôt ce qu’il ne voulait pas vivre avec moi. Je le coupais alors, certainement un peu brutalement : « Non mais j’avais compris que c’était que sexuel toi et moi et que je te plaisais pas, t’as pas à t’inquiéter pour ça…. ». Oui je l’avais compris dès le départ mais je m’étais dit que peut être qu’en apprenant à me connaitre il finirait par se dire ‘tiens, cette fille est vraiment adorable et géniale et j’aimerais l’avoir pour moi’, encore une fois c’était une illusion. Je lui répondis alors : « Non, non, c’était clair pour moi aussi…C’était juste au cas où tu es changé d’avis… ». Et maintenant je ne lui parlerais certainement plus jamais de mes sentiments et de tout ce que je pourrais ressentir. Je ne pourrais plus.

Inévitablement la plaisanterie tournait court et les deux protagonistes rebondissaient sur le même fond, des façons de voir la vie différemment et une nuance dans la volonté à saisir l'engagement. D'ailleurs June en semblait tout aussi agacée que lui, et elle lui répondit un peu sèchement. Elle avait le don de tout résumer un peu trop vite, mais Aidan n'était pas du genre à exposer ce qu'il ressentait. Elle imposait une ouverture franche là où lui s'était bien trop appliqué à poser un mur invisible avec les années. « Si tu veux voir les choses comme ça et bien soit. » rétorqua-t-il en haussant légèrement les épaules, nonchalant en apparence. Changer d'avis ? Mais pourquoi ne comprenait-elle pas que ce n'était pas une question d'avis mais simplement de temps. Il ne pouvait pas changer du jour au lendemain, fuir tout forme d'engagement pour s'y plier le lendemain, si une telle chose arrivait un jour, ce serait naturellement et pas autrement. Sa voix répondit qu'un timbre presque lointain. « Peut-être que tu perds ton temps finalement. » Diable, comme il avait envie d'une cigarette.