AIDAN & JUNE ❀ Dance with somebody

Je me mis à rire après lui avoir dit que même mes fesses n’avaient pas bougés, pourtant j’étais capable de beaucoup de choses mais pas envers Aidan. D’une certaine façon j’avais l’impression que je lui manquais, non pas qu’il ressente quelque chose envers moi mais peut être qu’il avait besoin de moi tout simplement pour s’amuser. Je l’avais entrainé dans une danse assez compliqué avant de me jeter dans ses bras. Il me reposa alors doucement et nos regards se croisèrent, je sentis mon cœur battre à vive allure, ça faisait des mois que quelque chose de similaire ne c’était pas produit. Je me détachais un peu de lui avec regret mais je ne pouvais pas, je ne pouvais pas m’attacher à lui-même si c’était déjà trop tard. « Ben il est très jolie ce porté ! ». Je me mis à rire, le danseur et la danseuse devaient être très doué pour faire un tel porté, étant une fille assez grande, ce serait très difficile pour lui de me soulever. Je pense que l’activité danse était terminé, nous avions bien assez transpiré. Je lui demandais alors avec un sourire : « Tu veux me montrer d’autres dessins que tu as fait… ». Je le savais être quelqu’un de doué donc autant aller voir ce qu’il savait faire maintenant que moi je lui avais montré de quoi j’étais capable.

L'atmosphère était détendue, propice aux blagues et à l'humour, bien loin de la dernière rencontre avec June où elle avait piqué sa colère. Ca lui rappelait un peu les bons moments passés ensemble à s'envoyer en l'air, quand ils ne se prenaient pas plus la tête que ça, ils couchaient ensemble mais ils rigolaient aussi souvent et ça on ne pourrait pas l'enlever. Il haussa les sourcils suite au commentaire de June sur le porté et ajouta : « Non mais il est carrément classe, seulement n'est pas Swayze qui veut et je peux te dire qu'avec moi vaudrait mieux pas prendre le risque. » Sur cette déclaration, il partit à rire. June semblait décider à déclarer le sport terminé et lui demanda davantage de dessin. Il la regarda et pensa au fait qu'il y a encore quelques années il ne montrait ses dessins à personne hormis Maxym. Encore aujourd'hui, il distribuait dessins et autres gribouilles avec plaisir, mais les œuvres qu'il créait pour lui même, il ne les partageait que peu. Une espèce de pudeur en quelque sorte. Il jaugea quelques instants June comme pour décider de son sort, méritait-elle qu'il lui montre davantage de lui ? Se mordillant légèrement la lèvre inférieure, la décision tomba : « Suis-moi. » lui dit-il en lui prenant la main. Et c'est en courant qu'il sortit avec elle du gymnase. Une fois à l'air libre, il la fit tourner de plus belle en se marrant, c'était Aidan ça, aucune attention aux apparences et bien-pensants. Il reprit ensuite la cadence de la marche et fouilla dans la poche de son pantalon pour s'allumer une clope. Après l'effort, le réconfort. « Je crois me souvenir que tu fumes pas. » lui dit-il en souriant. Décidé, il l'emmenait dans son antre,   il était désormais trop tard pour reculer.  

Je me mis à rire quand il me parlait de Swayze, c’est vrai que les acteurs avaient du beaucoup s’entrainer pour réussir ce porté très acrobatique. J’aurais pourtant très bien imaginé Aidan dans ce rôle, bon, s’il avait une plus grosse musculature mais là c’est vrai que c’était un peu risqué. J’avais ensuite demandé à Aidan qu’il me fasse voir ses dessins. Il m’avait ensuite invité à le suivre en prenant ma main, il me fit tourner encore quelques fois alors que nous étions dehors. J’aimais bien être avec Aidan, j’aimais bien partager des moments comme celui-ci, j’aurais voulu en partager davantage mais ce n’était plus possible à présent. Parfois ça me rendait triste, parfois je me disais que j’aurais du continuer ce qu’on faisait ensemble mais non…Non je m’étais déjà trop attaché à lui et si on avait continué à coucher ensemble je serais certainement tombé…amoureuse. Et avec Aidan, c’était le dernier truc qui devait arriver. Je m’aventurais alors dans sa chambre après lui avoir répondu : « Non, pas de cigarette, je n’ai pas encore ce vice ! ». Je me mis à rire, je n’espérais pas fumer d’ailleurs. Je détaillais alors avec minutie sa décoration avant de monter sur le lit et de sauter à pieds joints sur celui-ci : « Waouh, il a l’air super confortable ce nouveau lit ! ». Je me mis à rire avant de redescendre plus calmement et de reprendre mon sérieux en lui disant : « Hum…vraiment dommage qu’on ne puisse plus rien faire ensemble maintenant ! ». J’aimais bien le taquiner, bon je devrais arrêter de le taquiner à ce point car bientôt il allait me faire des réelles avances et j’allais me retrouver dans la mouise. Je m’assise alors tranquillement sur le lit en attendant qu’il me montre ses œuvres…

Ils allaient bon train entre le gymnase et le dortoir des Lowell, Aidan faisant tourner June au passage quand l'envie lui prenait, tout en fumant sa cigarette. Les habitudes de vieux pompier... Il noircissait ainsi ses poumons alors qu'il venait tout juste de leur offrir un bain d'oxygène, il répliqua goguenard à sa compagne qui abordait le thème de vice. « Ce qui fait de toi officiellement quelqu'un de bien plus sage que moi. » Il n'était pas certain que ce soit la vérité, mais il aimait bien lui rendre une innocence bien pensée depuis qu'il l'avait représenté en Princesse Peach. Arrivé dans la chambre, June détaillait avec soin sa décoration. C'était bien un truc de meuf ça la décoration. Vas-y il avait pas que ça à faire de penser à l'alignement des bougies ou à accorder les draps avec les rideaux. Pour ça que sa chambre ressemblait plus ou moins à un atelier. Quand on posait les yeux de son côté, on voyait des toiles en vrac, des rouleaux de papier semés ici et là, un lit défait, un cendrier errant près de la table de nuit, quelques images de ses groupes préférés, et quelques fringues. La chambre de mec quoi. June se mit à sauter sur le lit, il la regardait amusé. Laisse-tomber, elle était aussi tarée que lui celle-là. « De la faute à qui ? » rétorqua-t-il sarcastique. Bah ouais, lui il voyait pas de problème à ça, enfin bref, on n'allait pas recommencer depuis le commencement. Il se racla la gorge et prit la position d'un majordome anglais, main sur la poitrine avant de déclarer d'une voix exagérément snobinarde. « Mademoiselle, que désirez vous apercevoir ce soir ? Peut-être du fusain, ou bien une peinture abstraite, ou laissez-moi deviner vous aimez sans doute l 'aquarelle ? »  

Je me mis à rire quand il affirma que j’étais une personne beaucoup plus sage que lui, ce n’était vraiment pas sûr, j’avais connu une période un peu difficile mais maintenant c’est vrai que tout allait mieux. J’avais retrouvé mon équilibre même si parfois je manquais un peu de tendresse, c’était comme ça, peut être que ça finirait pas arriver. Je lui répondis alors de manière ironique : « Super je suis sans vice et sans famille ! ». Je riais mais bon c’était bel et bien le cas, d’accord, j’étais une fille bien mais ça m’avait pas trop servi jusque là, je n’avais pas eu de récompenses depuis que je m’étais mis du bon côté de la force. Je lui fis alors les yeux tout ronds comme un poisson lorsqu’il sous entendait que c’était de ma faute, franchement c’est vrai que j’avais rien fait pour qu’on couche ensemble, j’avais fait que le dissuader. Je le regardais alors, bonne joueuse : « Ben de ta faute, j’ai mes conditions et c’est toi qui m’a lâchement abandonné ! ». Je me mis à rire, après tout ce n’était pas faux, si il voulait qu’on couche ensemble il fallait simplement que nous aillons une relation plus stable. C’était bien difficile de le convaincre et je crois que je n’y arriverais jamais mais en lui disant ça j’avais l’impression de répartir les responsabilités. Je le regardais faire avec son air snob, autant dire que c’était bien éloigner de lui mais ça me faisait rire, encore. « De l’aquarelle oui ! Ou alors on fait un remake de Titanic, je me mets toute nue et tu me dessines allongée sur ton lit ! ». Il avait eu raison en me proposant ça, j’aimais beaucoup ce genre de peinture et j’étais impatiente de voir.

Sans vice et sans famille, ouais ça ça craignait, même si lui sa famille se résumait à sa mère et un père absent. Pour le vice par contre, il pouvait trop rien dire. « Mais pas sans amis ! » lui rétorqua-t-il avec un sourire franc. C'était déjà ça non ? Elle fit l'étonnée lorsqu'il l'accusa d'être responsable de leur situation, elle en plaisantait mais l'un comme l'autre savait que c'était sans issue finalement. Elle voulait une relation sérieuse, lui ne pouvait pas l'envisager, alors on finissait toujours par revenir inéluctablement au point de départ. Pour ça qu'Aidan ne releva même pas et commença à fouiller dans ses cartons à dessin. Jack et Rose du Titanic, il commença à mieux comprendre d'où elle basait ses idéaux de romantisme. Si elle se référait aux films, elle n'était pas sortie de l'auberge la pauvre. « Le nu ne me dérange pas, au contraire j'aime bien ça. » répondit-il goguenard. Mais ça c'est pas lui qui avait fait la proposition à la base. Sur les paroles de June, il sortit justement une esquisse à l'aquarelle d'un nu, il représentait une femme entrain de danser, un foulard aérien se glissant contre elle lors du mouvement. La jeune femme avait une chevelure blonde et bouclée qui descendait le long de son dos, sa cambrure était parfaite comme celle des danseuses, et son visage arborait une expression fière et sereine. On comprenait aisément l'instant en détaillant le dessin. Il lui tendit alors l'esquisse et s'assit à côté d'elle sur le lit.  

Je faisais une petite grimace lorsqu’il me répondit que j’avais quand même des amis, oui, encore heureux, c’était la seule chose qui m’avait toujours resté. J’avais essayé de l’énerver une nouvelle fois à propos de notre relation mais il préférait faire la sourde oreille, apparemment je n’arrivais plus à l’énerver. Même avec cela. Je lui fis un petit sourire lorsqu’il me répondit que le nu ne le dérangeait pas, c’est étrange, j’en étais certaine. Je lui répondis alors en riant : « Hum, ce serait pas trop tentant de me voir à nouveau en petite tenue ? ». J’avoue qu’une peinture de moi nue me plairait, je n’aurais rien contre car j’adorais qu’on me dessine et si je pouvais l’inspirer…Je me déshabillerais volontiers devant lui pour la bonne cause. J’attendais alors qu’il ouvre sa pochette à dessin, il me montrait alors une danseuse. Les danseuses, c’est vrai que ça pouvait être plutôt joli. Je regardais alors ce dessin, les détails étaient sublimes et les couleurs se noyaient bien avec l’effet désiré. « C’est vraiment sublime, tu es très doué… ». Je le regardais s’assoir à côté de moi, continuant de regarder le dessin, je lui demandais ensuite : « Alors, les danseuses t’inspirent ? ». Un sourire illumina mon visage, peut être qu’il m’avait dessiné en secret, bon, je pouvais bien rêver non ?!

Cette fille aimait jouer avec le feu. Et c'était pas pour lui déplaire, il avait beau être en général cash dans les relations avec la compagnie féminine, il affectionnait tout autant le jeu du chat et de la souris, l’ambiguïté qui habitait certaines relations. Il semblait que celle qu'il entretenait avec June se teinte progressivement de la sorte. « Non, tu sais je suis complètement différent lorsque je dessine... » Il posa ses prunelles célestes sur celles mordorées de son invitée , la détaillant quelques instants, comme songeur pour lui même, avant que sa bouche ne s'étire en coin. « Et heureusement, parce que vu le nombre de gens à poil que j'ai dessiné ! » Et oui, en études d'arts plastiques, le dessin de nu faisait complètement partie de leur apprentissage. Observer  un corps sans artifices leur permettait d'en comprendre la mécanique, l'anatomie et de donner aux œuvres un aspect plus proportionné et réaliste. En dehors de l'aspect esthétique de la chose, il y avait donc une ambition technique chez tout artiste qui représentait la nudité. Et c'était d'ailleurs exactement le même principe chez les Danseurs, cela permettait d'y ajouter la notion de mouvement.  « Effectivement, c'est une grâce naturelle et aérienne qui émanent d'elles, et j'aime essayer de retranscrire ça. C'est tellement compliqué à faire. » De nouveau ses yeux se posèrent sur la silhouette de June et très sérieux, il ajouta : « Tu veux danser pour moi ? » Il ne pouvait dire, mais il avait l'impression que ça l'attirait, qu'elle avait envie qu'il l'immortalise sous ses pinceaux,  et c'était comme si son désir s'était imprégné du sien.    

Je me mis à rire quand Aidan me répondit qu’il était complètement différent lorsqu’il dessinait et que c’était sans doute mieux ainsi car il avait beaucoup dessiné de personnes toute nues. Je me mis à rire avant de lui répondre : « Pas la peine de faire ton blasé mon petit Aidan, je sais très bien que je te fais fantasmer et puis…tu restes un homme et nul homme ne peut être insensible à mes charmes…. ». Je me mis à rire de nouveau, c’était une plaisanterie mais bon j’avais vraiment peur que notre joli échange artistique se finisse par un échange d’un tout autre genre. « Ah, je savais que j’étais ton fantasme numéro 1, Aidan, encore une fois j’avais raison ! Tu adores les danseuses comme ça.. ». Je le taquinais gentiment. Exécutant ses ordres je me mis à danser devant lui, j’essayais de faire de mon mieux, peut être qu’il allait vraiment me dessiner. Je posais mon regard dans le sien durant mes pas, le plantant dans ses yeux avec une intensité qui n’appartenait qu’à nous, je sentis mon cœur battre plus fort que d’habitude. Je ne savais pas si c’était simplement ce regard ou alors, l’exercice physique que j’étais entrain de faire. Je préférais ne pas me poser de questions. Je n’avais jamais dansé sans musique mais je m’étais simplement imaginé une musique dans ma tête et j’avais fait comme si je dansais dessus, même si l’espace était réduit je faisais de mon mieux.

Un rictus s'esquissa sur le rebord de ses lèvres lorsqu'elle se vanta d'être son fantasme numéro un. June avait toujours besoin de la ramener, il fallait qu'elle remue le couteau là ou ça ne plaisait pas, comme pour provoquer ou exorciser, va savoir. De toute manière, il ne cherchait pas à comprendre. « Le fantasme c'est pas censé être quelque chose que tu n'as pas réalisé ? » lui dit-il amusé. Parce qu'entre eux deux, il s'était passé davantage que le simple fantasme. Il s'allongea lentement sur le lit, quand elle se mit à danser. Il l'observait simplement, il n'avait pas envie de sortir tout son matériel, car elle méritait mieux qu'un simple crayonné, et de toute manière, il comptait bien sur sa mémoire pour imprimer ce qu'il voyait. Il aimait souvent attendre avant de réaliser un tableau qu'il avait envie de peindre, le temps que l'image s'imprime, se modifie, se sublime dans son esprit, la distance du temps améliorait bien souvent le fini de son idée. Il attendit qu'elle s'arrête, en la regardant simplement, feignant l'indifférence comme si rien ne se passait, sourd au discret martèlement au milieu de sa cage thoracique. « Tu pratiques la danse depuis combien de temps ? » lui demanda-t-il intéressé. Il fallait sortir de cet instant bizarre et vite.