If you are going through hell, keep going.

L'idée que Sofia s'éloignait de ses cours ne me plaisait pas plus que cela. Je n'avais absolument aucune envie qu'elle mette sa scolarité entre parenthèses à cause de moi. Elle avait déjà eu tant de mal à reprendre un rythme normal, à rattraper ses cours. La tenant toujours contre moi, j'avais fermé les yeux, la tête posée sur l'oreiller. Quand elle reprit la parole, je reportais mon regard sur elle. « Je ne serais pas seul. Martha sera là et de toute façon je passerai beaucoup de temps en rééducation. » Martha était la gouvernante que j'avais engagé. Elle s'occupait de l'appartement que j'avais acheté à New York. Cela faisait des années qu'elle était à mon service et Sofia la connaissait très bien. Martha se substituait parfois à ma mère, bien plus souvent ces derniers temps. D'ailleurs j'étais étonné que cette dernière soit venue jusqu'ici. On ne pouvait pas dire que j'avais des rapports très développés avec mes géniteurs. Puis quand elle reprit la parole, je soupirais doucement. Elle savait bien que ma détermination flanchait quand elle me regardait de cette façon. Puis je ne pouvais m'empêcher de sourire à ces derniers mots. Elle m'embrassa et je la regardais ensuite: « C'est du chantage, ce que tu me fais là.... » Je l'embrassais à nouveau avant de murmurer près de ses lèvres. « Je pourrais me laisser convaincre... si tu acceptes d'en profiter pour passer tes premiers casting... » Je l'embrassais une nouvelle fois avant d'ajouter, sur un ton un peu plus catégorique. « Mais tu ne manqueras pas plus de deux mois de cours. Et ça mon cœur, c'est non négociable. »

Je m’en doutais. Je savais bien que Calhen n’approuverait pas que je décide de mettre mes études entre parenthèses afin de rester auprès de lui. Seulement, je ne comptais pas lui laisser le choix. Il était impossible pour moi de ne pas le soutenir dans cette épreuve. La rééducation n’allait pas être difficile que d’un point de vue physique. Elle allait l’être aussi moralement et je voulais être là. J’eus un sourire alors qu’il m’accusait de lui faire du chantage – « Qui est-ce qui fait du chantage maintenant ? » – Lui dis-je après avoir quitté ses lèvres - « Si c’est la condition pour pouvoir rester à New York avec toi, je pense que je peux le faire. » – Après tout, c’était bien à New York qu’il y avait le plus de possibilités. Mais bon, il était certain que je ferais passer Cal avant le reste. Mes lèvres retrouvaient une nouvelle fois celles de Calhen. Encore une fois, il pensait à moi avant tout. Cela faisait partie des choses que j’aimais chez lui, mais j’aurais aimé qu’il pense à lui pour une fois et qu’il me laisse faire attention à lui - « Non négociable ? Quel dommage… je suis sûre que tu aurais adoré mes arguments. » – Je lui adressais un léger sourire, mon regard planté dans le sien.

J'avais déjà accepté que Sofia reste deux mois avec moi à New York. Et c'était déjà beaucoup. J'aurais très bien pu lui dire que j'allais rester seul et m'occuper de moi comme je l'avais toujours fait jusqu'à maintenant. Mais je savais qu'elle allait trop s'inquiéter alors j'avais accepté qu'elle rate ces deux premiers mois de son année, mais rien d'autre. J'étais donc rassuré quand elle expliqua qu'elle allait effectivement en profiter pour faire des castings. Il était vrai que la ville regorgeait d'un tas de casting à passer et cela, chaque jour. « Tu as déjà pensé à prendre un agent artistique? Il doit y avoir pas mal de « faux » casting alors tu devrais faire appel à un professionnel pour éviter les arnaques. » Ah ces derniers mots, je l'observais avant de sourire. J'imaginais que trop bien où elle voulait en venir. Mon rire amusé déclencha une douleur à mes côtes qui me fit serrer les dents. Je fermais les yeux en soufflant un peu. « Ne me fais pas rire comme ça... » Gardant les yeux fermés, j'ajoutais quand même: « Tu ne perds rien pour attendre... Je ne serais pas toujours cloué sur ce lit. » J'ouvrais les yeux et je posais mon regard sur Sofia, un léger sourire aux lèvres.

Il était vrai qu’il valait mieux rester prudent de nos jours. L’idée d’engager un agent n’était pas mauvaise et j’y avais déjà pensé. Cela me permettrait d’éviter de me retrouver dans de vraies arnaques. J’avais gagné en vigilance depuis mon agression et je comptais bien faire très attention aux castings auxquels je m’inscrirais. D’ailleurs, j’allais être aussi prudente dans le choix de mon agent artistique. Des escrocs, il y en avait malheureusement partout – « Mais c’est que tu te fais toujours du souci pour moi… » – Je souriais légèrement avant de reprendre : « Et oui, ça m’est déjà venu à l’esprit. J’avais même relevé quelques coordonnées d’agents bien réputés. »

Calhen se mit à rire suite aux paroles que j’avais dites. Seulement, je remarquais bien qu’il souffrait en riant ainsi - « Oh non, je suis désolée. » – Je déposais un baisé dans son cou et je reposais ma tête contre lui. A ces nouvelles paroles je souriais - «Hum… j’attends de voir ça alors. »

Gardant les yeux fermés à cause de la douleur qui remontait tout mon corps, je reprenais toutefois la parole. « Si tu ne trouves pas, je pourrais parler à Cameron. » Cameron était un de mes meilleurs amis. Je le connaissais depuis que j'étais gosse. Et c'était souvent avec lui que je faisais des reportages, caméra à l'épaule. « Je crois que sa belle-soeur ou sa cousine travaille dans le milieu. » Et puis oui, je m'inquiétais toujours pour elle. Elle était déjà tombée sur un salaud. Je ne voulais pas que ça recommence. Je préférais qu'elle fasse attention et si je pouvais jeter un œil également, c'était encore mieux. J'esquissais un léger sourire à ces paroles. J'espérais que je n'allais pas rester trop longtemps ainsi. Déjà savoir si oui ou non mon bras allait être sauvé. Et dans combien de temps j'allais pouvoir marcher de nouveau. Je passais plus de quatre mois par an à voyager un peu partout et me dire que je vais perdre tout ce temps et même plus, à faire ces foutues exercices, me rendait vraiment malade. Je soupirais légèrement avant d'embrasser Sofia sur la tête. J'avais envie de dormir un peu. Nous avions tous les deux besoin de dormir. Même si je n'avais qu'une hâte: sortir de cet hôpital.

Je hochais la tête à ce qu’il me disait. Cela me paraissait être une bonne option. Je savais que je pouvais faire confiance si il s’agissait d’un proche de Cameron. Le silence s’était de nouveau installé dans la pièce. Je fermais les yeux un instant. Je me sentais fatiguée et j’avais eu vraiment du mal à dormir ces derniers jours. Mais là, dans les bras de Cal, j’avais l’impression qu’il me suffirait de quelques secondes pour trouver le sommeil. Les mois qui allaient venir seraient compliqués… surtout pour Calhen. J’espérais qu’il allait réussir à tenir le coup. Je savais qu’il était fort, mais n’importe qui serait capable de faiblir dans cette situation. Mes pensées me quittaient et je m’endormais doucement.