If you are going through hell, keep going.

Ce voyage aurait dû être une superbe escapade. Cela faisait un moment que j'avais prévu ce voyage dans le Nevada. Il y avait des paysages que je voulais photographier. Et je devais faire vite. J'avais promis à Sofia de la retrouver à Seattle pour passer tout un week-end ensemble, rien que tous les deux. Les choses avaient avancées doucement pour nous deux. Depuis notre conversation au Summer Camp, nous avions décidé d'essayer de construire quelque chose. Mais j'avais besoin de temps et je crois que c'était pareil pour Sofia. Alors nous nous étions vus à quelques reprises avant qu'elle ne parte voir ses parents et que j'aille de mon côté, retrouver des amis en Afrique. Mais je venais de rentrer et maintenant je souhaitais me consacrer à elle. Après ce séjour dans le Nevada, j'allais lui accorder tout le temps qu'elle voulait. Je m'étais posé à l'hôtel et j'étais parti rapidement. Il devait être quatre heures du matin quand j'avais quitté ma chambre. J'avais loué une jeep qui allait me conduire jusqu'au premier point. De là, je devais faire le reste à pieds. J'avais tout ce qu'il fallait avec moi. J'avais donné rendez-vous à Matthew, un de mes amis en fin de matinée. Il était prévu qu'on se retrouve pour manger un truc avant de regarder un match des Jets, notre équipe préférée. Le lendemain, je retrouvais Sofia. Tout était prévu. Sauf que les choses se passent rarement comme prévu.

Il avait attendu de nombreuses heures avant de donner l'alerte. Ce n'était pas dans les habitudes de Calhen de ne pas donner de nouvelles. Il aurait du arriver au café au moment du déjeuner. Et la nuit était tombée. Il n'était toujours pas là. Non quelque chose clochait. Et Matthew avait décidé d'alerter des secours. Si Cal n'était pas là, c'est qu'il avait du y avoir un réel souci. Les secours ne pouvaient pas être entrepris avant le levé du soleil, Matthew décida d'appeler Sofia. Peut-être que cette dernière aurait des nouvelles à lui donner bien qu'il était conscient que si Calhen était avec elle, il l'aurait appelé bien avant cette heure avancée. Et puis, il devait lui dire ce qui se passait. Il lui avait donc téléphoné. Là où elle était il devait être onze heures du soir vu que le décalage horaire était de cinq heures. Il lui avait expliqué la situation tout en lui disant que les secours allaient balayer la zone où Calhen était censé se trouver.

Il devait être onze heures lorsque je fus tirée de mon sommeil par la sonnerie de mon téléphone. Je devais m'être endormie depuis une bonne heure. Ma journée avait été longue.  Depuis mon retour, je m'étais remise intensément à la danse. Cela me faisait du bien. J'avais un peu délaissé ma passion ces derniers mois avec ce qui m'étais arrivé, puis avec les vacances. Je me sentais désormais prête à me remettre au travail. J'attrapais mon téléphone portable posé sur la table de chevet. L’écran affichait le nom de Matthew. Il s'agissait d'un ami que j'avais en commun avec Calhen. J'étais surprise de cet appel surtout vu l'heure qu'il était. Je décrochais encore à moitié endormie. Et puis, à mesure que j'entendais Matthew parler, j'en oubliais ma fatigue. Il était arrivé quelque chose à Calhen. Matthew m'expliquait alors qu'il était prévu qu'ils se retrouvent pour le déjeuner, mais que Cal n'était jamais venu. Je le connaissais bien. Ce n'était pas son genre de disparaitre comme ça. En temps normal, il prévenait toujours si il ne pouvait pas se libérer. Matthew poursuivait en m'expliquant qu'il avait déjà averti les secours et qu'ils partiraient à sa recherche. J'étais inquiète. Il pouvait lui être arrivé n'importe quoi là-bas. J'étais déjà entrain de m'imaginer le pire. Et si il était blessé ? Je ne pouvais pas faire autrement que d'y aller. Je ne me voyais pas rester ici à attendre que Matthew me rappelle dès qu'il aurait dès nouvelles. Je ne pouvais désormais plus songer à me ré-endormir. Calhen avait disparu. Je ne pourrais peut-être rien faire de plus, mais je sentais qu'il fallait que j'y ailles.

***

J'avais préparé mes affaires dans la précipitation et j'avais pris le premier vol. Je devais être dans le Nevada le plus rapidement possible. Durant le voyage une seule personne hantait mon esprit : Calhen. Je ne pensais qu'à lui et à ce qui avait pu lui arriver. Nous étions censés nous retrouver demain, après plusieurs semaines de séparation. Cal avait été voyager de son côté et moi, j'étais partie dans ma famille. J'avais peur pour lui. Cal comptait énormément à mes yeux. J'avais eu près de cinq heures pour réfléchir à tout ça. Le temps de mon vol. A l’aéroport, je retrouvais Matthew qui était venu me chercher.

Matthew était donc à l'aéroport. Il avait tenu à accueillir la jeune femme à la descente de son avion. Il était un peu plus de cinq heures du matin. Mathew lui expliqua la situation et comment les recherches allaient s'organiser. Selon lui Calhen avait un gps et une balise de détresse mais ni l'un, ni l'autre n'émettait un signal. Toutefois la zone des recherches était délimitée dans un périmètre très précis et il espérait de cette façon que le photographe serait rapidement retrouvé. Dès que le soleil se levait, un hélicoptère allait balayé la zone. En attendant, il fallait patienter. Matthew annonça qu'il avait prévenu les parents de Calhen mais aucun des deux ne pouvaient revenir avant deux ou trois jours, n'étant pas aux États-Unis en ce moment.

Une superbe escapade, voilà ce que ça devait être. Mais les choses avaient viré au cauchemar. Il était près de onze et j'avais décidé de faire une dernière photographie. Je me trouvais sur un bloc de plusieurs canyons. La vue était excellente et je voulais profiter de la parfaite position du soleil pour prendre quelques clichés avant de repartir. Mon sac sur le do, mon appareil à la main, j'ai pris plusieurs photographies avant de décider de changer d'angle. J'ai sauté sur un rocher puis j'ai retiré mon sac pour pouvoir être plus libre pour descendre en rappel. J'avais fixé mon point d'ancrage avec un mousqueton sur le rocher sur lequel je me tenais. J'avais ensuite passé la corde, faisant enfin mon nœud de sécurité. Je tirais sur la corde pour être certain que celle-ci allait tenir. Une fois fait, je jetais un oeil plus bas, il y avait un gouffre en dessous. Je décidais d'y jeter mon sac. Je n'en aurais pas besoin. Il me fallait juste mon appareil. J'avais prévu de le reprendre ensuite. Je commençais donc ma descente. Il y avait une hauteur de sept mètres environ. Le premier mètre se passa bien, sauf qu'un bruit s'échappa de la roche. Levant les yeux, j'apercevais des débris de roche qui tombaient. Je posais une main gantée sur la paroi, sentant que la corde avait du mou. Une partie de la pierre se détacha alors, je me suis retrouvé plaqué contre la roche, me cognant à la tête, l'arcade sourcilière ouverte. Je grimaçais alors qu'une nouvelle secousse dû surement aux mouvements du sous-sol, ébranla à nouveau la roche. Je tombais d'un demi mètre alors que ma main se retrouvait prise dans la corde. Je sentais la lanière me lacérer le bras, le sang coulant sur mon avant bras. Je serrais les dents. Il ne fallait pas plusieurs minutes pour comprendre que si je ne me détachais pas maintenant, d'une façon ou d'une autre, j'allais perdre mon bras. J'essayais de tirer sur la corde pour avoir du mou. Voyant que je n'y arrivais pas, je fouillais l'une des poches de ma veste pour y sortir un couteau et sectionner la corde. Seulement une troisième secousse me projeta contre la paroi derrière moi. Je venais me cogner à la paroi au niveau des côtes et je laissais échapper un gémissement de douleur. La corde entaillait encore plus mon bras gauche, la chair était à vif. Malgré la douleur, j'arrivais à retirer le couteau de ma poche. Je jetais un œil au sol, j'avais encore plus de cinq mètre entre le sol et moi. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Je n'avais plus le temps. Je coupais la corde, faisant une chute de plusieurs mètres.

Patienter. C'était plus facile à dire qu'à faire dans cette situation. Cal avait probablement de gros ennuis et nous on devait juste patienter. Attendre que le soleil se lève, attendre que les recherches se fassent. Non. Je ne pouvais pas simplement attendre sans rien faire. J'étais dans tous mes états et pourtant, j'étais quelqu'un de calme en général. Seulement, comment rester calme avec ce qui se passait ? Je tenais bien trop à Calhen et j'étais bien trop touchée par la situation pour rester tranquille. Matthew restait avec moi et tentait de me rassurer. Il avait fait tout ce qui lui était possible pour le moment. Je lui annonçais ensuite que je voulais partir à la recherche du photographe. D'après moi, nous ne serions jamais de trop pour chercher Calhen. Je voulais y aller. J'avais déjà prévu le coup. En partant de chez moi, j'avais pris le soin de prendre tout le nécessaire pour me rendre dans le désert. Cal m'avait embarqué à plusieurs reprises dans ses aventures en pleine nature. Je savais quoi emmener. Matthew était finalement d'accord pour m'accompagner et partir aussi à la recherche du photographe.

Au levé du jour, on ne perdait pas une seconde pour se mettre en route. Il y avait bien trop d'heures qui étaient passées depuis la disparition de Calhen. Je laissais Matthew conduire la Jeep qui était à notre disposition. J'étais fatiguée, mais je laissais cela de côté pour me concentrer sur les recherches. Il fallait rester attentif et mener ces recherches de façon intelligente. Les secours quant à eux avaient aussi commencer à ratisser la zone. J'esperais que les recherches seraient fructueuses. Plus tôt nous retrouverions Cal et mieux ça serait. Calhen n'était pas du genre à disparaitre comme ça sans donner de nouvelles. Je savais qu'il était là quelque part, surement blessé et dans l'incapacité de communiquer. Je ne pouvais qu'esperer qu'il tenait bon en attendant d'être retrouvé. Je n'osais même pas songer au fait qu'il soit trop tard lorsqu'on le retrouverait.

J'avais fais une chute de plusieurs mètres. J'étais tombée lourdement sur le sol rocailleux du gouffre que j'avais pourtant voulu éviter. Ma tête avait heurté la terre et j'avais perdu connaissance. Je ne suis revenu à moi qu'une heure plus tard à cause de la douleur qui me faisait grimacer. Dos sur le sol, je pouvais voir l'ouverture entre les roches. Je tentais de me redresser. Mon bras était très douloureux, le sang s'était arrêter de couler. Je grimaçais en bougeant mes jambes. Elles me faisaient mal elles aussi. Je cherchais mon sac des yeux. J'y avais ma balise et mon gps, seulement il était à trois mètres sur la gauche. Je ne me sentais pas capable de faire cet effort pour l'instant. Je retirais doucement, la corde qui était encore enroulé autour de mon bras. Je grimaçais, faisant à nouveau recommencer le saignement. Je laissais tomber la corde sur le sol. Puis je venais déchirer une partie de ma chemise à carreaux que je portais sur un t-shirt blanc pour en faire un pansement de fortune. Seulement d'une main ce n'était pas évident. Je sentais à peine mes doigts de mon bras gauche. Je me reposais ensuite. Je ne pouvais pas rester allongé ainsi très longtemps. Je devais envoyer un signal mais comment pourrais-je sans bouger mes jambes. Je restais quelques minutes à reprendre mon souffle. Je chassais le sang qui avait séché près de mon œil. Après une hésitation, j'essayais une nouvelle fois de me relever. Un gémissement s'échappa de mes lèvres. Mais j'essayais d'y faire abstraction. Assis sur le sol, j'avais le souffle coupé. J'avais une fracture ouverte à la jambe droite et la gauche était douloureuse. Je serrais les dents tout en jetant un œil à mon appareil photo qui s'était écrasé au sol. Je tendais la main pour attraper la sangle. J'arrivais à l'attraper et je le menais à moi. Il était foutu... Et j'étais moi même en mauvaise posture.

J'avais envie de me réveiller et de m’apercevoir que sa disparition n'était qu'un cauchemar. Hélas, j'étais bien réveillée et c'était la réalité. Nos recherches se poursuivaient. Matthew et moi étions partis seuls de notre côté. Il y avait tout un tas de personnes qui étaient à la recherche du photographe. On allait le retrouver. Du moins, je voulais m'en convaincre. Les heures défilaient et toujours aucune trace de Calhen. Est-ce que les recherches des équipes étaient plus fructueuses ? Non. Bien sur que non. On en aurait été alerté. Ce n'était pas possible. On ne devait pas chercher au bon endroit. Alors que nous étions encore a bord de la jeep, je demandais à Matthew de s'arrêter. Je connaissais Calhen. Il avait dû aussi abandonner le véhicule qui l'avait mené jusqu'à ici pour continuer à pied. Calhen aimait aller hors des "sentiers". C'était bien plus intéressant pour ses photos. Je lançais un regard à Matthew qui n'avait pas l'air d'approuver. Il pensait que je me trompais. L'homme refusait de me laisser m'aventurer seule dans le désert, mais je n'avais pas l'intention de lui laisser le choix. Ceux qui me connaissaient bien savaient à quel point j'étais têtue. Il était impossible de me faire changer d'avis quand j'avais une idée en tête. Je tentais de me montrer convaincante. Je lui racontais que je connaissais Calhen et que je savais à peu près où chercher. J'ajoutais aussi qu'on aurait plus de chance de le retrouver si on se séparait et si on cherchait à des endroits différents. Finalement, Matthew me laissa partir. Il me trouvait imprudente, car m'aventurer seule représentait des risques. Cela m'importait peu. Tout ce qui comptait pour moi c'était de retrouver Calhen. Il avait toujours été présent pour moi. Je ne pouvais pas l'abandonner. Finalement, Matthew me laissait descendre de la Jeep. Je prenais mon sac à dos avec moi. J'avais tout le nécessaire vital là-dedans. Matthew essayait de me résonner une nouvelle fois, mais c'était peine perdue. Je commençais mon chemin à pieds tandis-ce que j'entendais la Jeep s'éloigner...

La douleur était insupportable. J'avais du mal à respirer quand j'étais en position assise. Mais je ne pouvais pas rester ainsi. Je devais récupérer mon sac et vérifier si le matériel était en état de fonctionner. Alors après une grande inspiration, je rampais vers mon sac en prenant appui sur ma main valide. Je ne pouvais m'empêcher de gémir face à la douleur qui me parcourait tout le corps. Je devais m'arrêter, restant appuyer sur mon coté droit. Je risquais d'aggraver mes blessures mais je ne pouvais pas faire autrement. Après avoir hésiter une nouvelle fois, je tendais à nouveau ma main valide vers mon sac. J'arrivais à agripper l'une des sangles et à le tirer vers moi. Je m'agrippais à lui avant d'ouvrir l'une des pochette. J'en sortais avec précaution le gps mais ce dernier était fichu. J'avais beau appuyer sur l'objet, il ne s'allumait pas. Je soupirais. Je le laissais tomber sur le sol rocailleux avant de m'emparer de la balise. Celle-ci semblait être en meilleur état. J'appuyais sur le bouton et je rentrais mes coordonnées. Je savais exactement où j'étais et je pouvais l'indiquer dans la balise. Une fois fait, je lançais un signal. Seulement, les roches au dessus de moi, m'empêcher d'émettre. Je n'avais aucun retour. Il fallait que je mette la balise dans un coin où l'ouverture au dessus de moi était plus grande afin que le signal soit transmit. Je jetais un oeil autour de moi. Il y avait une ouverture à quatre mètre plus loin devant moi. La balise dans une main, je savais qu'il me fallait la jeter assez loin pour qu'elle soit en dessous de l'ouverture de la roche. Faisant attention à ne pas faire de geste brusque, je lançais la balise qui roula sur le sol avant de s'arrêter contre une roche. Elle n'était pas vraiment en face mais j'espérais que cela allait suffire pour que le signal soit visible au delà de ce gouffre. Je grimaçais avant de m'adosser à mon sac. J'essayais de reprendre ma respiration. J'avais toujours mal à mon bras gauche. Je ne sentais presque plus mes doigts. Quant à ma jambe, je n'avais rien pour soigner la fracture ouverte. Je posais ma tête contre le sac, fermant les yeux. Et ce n'est que cinq heures plus tard que je reprenais conscience. Le soir était tombé, tout comme le froid. Je ne sentais plus mon bras. Mais les douleurs dans le bassin et à mes jambes se réveillaient dès que je bougeais. J'ouvrais mon sac pour en sortir ma lampe torche et prendre ma gourde. Je n'avais rien pour faire un feu, ni rien à manger, n'ayant pas prévu de me retrouver bloquer ici, au milieu de nul part. Je buvais une gorgée. J'avais la tête qui me faisait mal et ma vue se brouillait à certains moments. J'espérais que je n'allais pas encore devoir rester ici très longtemps.

Je m'aventurais donc seule dans le désert. Mon unique objectif était de chercher et de retrouver Calhen. C'était sans doute de la folie, j'en étais consciente. Je savais pertinemment que Matthew avait eu raison d'essayer de me retenir. Seulement, la vie de Calhen était en danger et j'étais prête à tout afin de lui venir en aide, même si cela pouvait aussi me mettre en danger. Je marchais sans m'arrêter, essayant de deviner la direction qu'avait pu prendre le photographe. Je poursuivais mon chemin depuis plusieurs heures lorsque j’aperçus un peu plus loin des roches. Je décidais de m'avancer dans cette direction. C'était tout à fait le genre d'endroit qui pouvait attirer l'attention de Cal. J'arrivais près du bloc de canyons. Mon dieu j’espérais que Calhen n'avait pas essayer d'escalader ça...
Je remarquais qu'il y avait une ouverture dans la roche et je me dirigeais vers ce passage sans trop réfléchir. Si je voulais retrouver Calhen, je devais chercher partout où je le pouvais. Peut-être qu'il était là, hors de la vue des hélicoptères.

Et finalement, le "miracle" fini par se produire. Combien de temps s'était t-il écoulé depuis que j'avais pénétré dans ce chemin ? Je l'ignorais. J'eus l'impression que mon cœur allait s'arrêter de battre en le voyant là, sur le sol - " Calhen !" - Je me précipitais vers lui. Il était conscient, mais blessé. Je savais depuis le début qu'il lui était arrivé quelque chose. J'avais mal de le voir ainsi. Il avait de multiples blessures et il vaudrait mieux que les secours se dépêchent de venir. Ce n'était pas le moment que je me mette à craquer ou à paniquer. Heureusement que la vue du sang ne m'effrayais pas. Je savais que je devais faire le nécessaire en attendant l'arrivée des équipes médicales. Je devais aussi me charger d'envoyer un signal pour indiquer notre position. Je m'étais accroupie près de lui - " Cal... Je suis là, ça va aller..." - J'effleurais sa joue avec ma main. J'avais trop peur de lui faire mal en le touchant. Et puis, je retirais mon sac à dos afin de trouver ma trousse de secours. J'ignorais depuis combien de temps il était ainsi, mais je devais essayer de le soigner du mieux que je pouvais, de patienter en attendant les vrais secouristes.

J'avais perdu la notion du temps en étant prisonnier de ce canyon. Mais la nuit était tombée et la température avait chuté. J'avais fermé le zip de ma veste mais j'aurais préféré faire un bon feu. Ce qui était impossible dans le cas présent. J'espérais que Matthew allait venir à ma recherche. Il savait que je n'étais pas du genre à louper un de nos rendez-vous, ni même à le laisser sans nouvelle. Je soupirais, me disant que j'aurais du m'abstenir de faire ces derniers clichés. J'avais essayé de réparer mon appareil, sans résultat. Il était bel et bien foutu. Je reprenais un nouvelle gorgée. Il ne restait plus grand chose dans le récipient. Adossé à mon sac, je jetais un œil à la balise, à quelques mètres devant moi. J'espérais qu'on allait la localiser. Une douleur me fit quitter ses pensées. Je posais une main sur ma jambe. J'avais bien une trousse de secours dans mon sac mais elle ne me servirai à rien pour les blessures que j'avais. Je ne pouvais pas traités une couverture comme on traite une coupure. Je posais une main sur mon front. J'avais de la fièvre et rien pour la combattre. Je fermais les yeux.

C'est une voix qui me fit sortir une nouvelle fois de mon inconscience. Mes yeux bleus se posèrent sur une silhouette qui d'abord, m'apparut légèrement flou. Je mis quelques minutes à reconnaître Sofia. « Hey... » Je me demandais ce qu'elle faisait là. Est-ce qu'elle était venue seule? C'était insensée, Elle aurait pu se perdre ou pire. Je l'observais. Elle semblait inquiète. Gardant mon regard sur elle, je disais: « Tu n'étais pas habillée comme ça dans mon rêve... » Elle avait un gros anorak. C'est vrai qu'il ne faisait pas chaud. J'étais frigorifié. « En fait, tu n'avais rien sur toi... » J'esquissais un sourire qui se figea quand elle posa une main sur ma jambe. Je la voyais chercher dans son sac. « Avoues, que tu t'ennuyais de moi. » J'avais posé ma tête contre mon sac. Cette position semi-assise avait l'avantage de m'engourdir le reste de mon corps, ce qui fait que les douleurs s'étaient atténuées. Même si je savais que ce n'était pas bon signe.

Calhen semblait être un peu à l'ouest, mais vu son état, cela se comprenait. Il était blessé et avait déjà perdu pas mal de sang. Je jetais un rapide coup d’œil au dessus de nous. Le photographe avait du faire une sacrée chute. Une chance qu'il ne se soit pas explosé le crane contre la roche. Par contre, il devait avoir de multiples fractures. Il valait mieux éviter de trop le faire bouger. Je n'étais pas secouriste et ce genre de situation était tout à fait inédite pour moi, mais j'allais devoir me débrouiller comme je le pouvais. Il le fallait... pour Calhen. J’esquissais un léger sourire a ses propos. Comment pouvait t-il plaisanter malgré tout ? A moins que ce soit parce qu'il avait déjà perdu trop de sang ? - " Hum... donc tu fantasmes sur moi pendant que tu rêves ? " - Répondis-je légèrement amusée. Cependant, je restais concentré sur ce que j'avais à faire. Je m'attardais d'abord sur sa jambe droite. J'avais doucement relevé le tissu de son pantalon afin de voir la blessure de plus près. Ce n'était pas beau à voir. Il s'était fait une fracture ouverte. Je n'allais pas pouvoir faire grand chose pour cela avec mon matériel. Je tâchais de retenir une grimace et je continuais à lui parler.  Il valait mieux. Je n'avais pas envie qu'il perde connaissance - " Je m'ennuyais de toi, oui. Je ne peux vraiment rien te cacher..." - Je sortais des compresses stériles de ma trousse de secours. Tout ce que je savais, c'est que je ne devais pas bouger sa jambe. Il devait avoir suffisamment mal comme ça. La seule chose que je pouvais faire, c'était de couvrir la fracture avec ces compresses pour limiter le risque d'infections - "... Alors comme je suis un peu folle, je me suis dit que j'allais te rejoindre dans le désert. - Ajoutais-je en plaisantant à moitié. La plupart des femmes auraient patienté tranquillement en attendant que les secours retrouve leur petit ami. Et puis, je reprenais un ton sérieux : " Mais ne t'en fais pas les secours sont actuellement entrain de ratisser le périmètre. "