consequences ─ Falce #5

Des intellectuels, y'en a à la pelle à Harvard. Si Ace n'a jamais eu le désir de faire des études supérieures, ni même rêvé de rejoindre un jour les bancs de cette université prestigieuse, une partie de lui se demande quand même si ses choix ne l'ont pas fermé dans une ignorance et un manque de culture un peu honteux. Alors quand Fallon et lui arrivent devant la bibliothèque et qu'il lève le nez pour observer le bâtiment qui est... bien plus grand que ce qu'il s'imaginait. « Wow, ok, c'est... plutôt pas mal. » lâche-t-il avec une expression un peu surprise. Ça pue le prestige. Tout ce qu'il n'a pas, mais il emboîte le pas de la blonde, le duo se faisant discret alors que tout est déjà fermé. Et alors qu'ils s'engagent sur les marches, Ace insiste, encore. « Ça risque pas de te mettre dans la merde, de m'emmener ici ? Ça me ferait chier que tu sois pénalisée pour ça. »

@Ace Chung/tw ; ras for the moment

Les longs cheveux châtains clairs légèrement ondulés tournoyaient autour de mon index tandis que les pas te guidèrent discrètement jusqu'à la porte de la bibliothèque. Énorme porte d'ailleurs que je pousse pour te laisser entrer incognito. Le sourire illumine mon visage en te laissant découvrir la grandeur de cet espace. Ici, beaucoup de gens se réfugient pour lire, s'évader tantôt, et même, papoter dans des murmures qui s'étouffent entre chaque étagère meublée de livres. Large choix que tu pouvais toi-même découvrir. Un vrai paradis pour les amoureux de la lecture. Moi, c'est parfois la curiosité qui me pousse à venir m'y réfugier. Et dernièrement, je mûris l'envie d'en savoir plus sur l'être humain. Sur le corps humain. Je veux pouvoir posséder la connaissance de tous les secrets de l'univers. Les cils grands ouverts, parcours les étagères. Doigts qui se posent délicatement sur certaines bordures de livres. — Comme tu peux le constater, on nous fait aveuglement confiance. Alors qu'est-ce qu'on fait nous ? On profite. Mais que tu sois inquiet, m'arrache un petit rictus. — Et dans le pire des cas, je mentirais comme une professionnelle. Je dirais que t'es un passionné de lecture, que j'ai simplement vanté le mérite de notre bibliothèque. Que c'était ton rêve de pouvoir t'asseoir et lire, ne serait-ce que quelques heures, ici. Des conneries du genre quoi. Le rire résonne dans la pièce. Je m'y autorise, vu qu'il n'y a personne. — C'est impressionnant n'est-ce pas ? désignant la salle avec un petit hochement de tête.

« J'ai vachement la gueule à avoir un tel rêve. » ricane-t-il, peu convaincu par l'argument mais amusé par l'idée. Ses pas foulent lentement le sol dur et propre alors que leurs voix résonnent entre les immenses murs. Il fait mine de rien sombre, car tout est éteint à l'origine, et seules les lumières des tables qu'ils allument manuellement servent à y voir. Ace ne se prive pas d'ailleurs pour toucher un peu à tout, curieux devant un tel endroit ─ et c'est facile de deviner que c'est vraiment pas ce qu'il fréquente, même sur son temps libre. Il quitte la table, se rapproche d'un meuble, lève les yeux sur les livres et penche légèrement la tête pour en lire les titres et les auteurs. Ça lui dit rien et tout lui parait affreusement... complexe. La théorie de quoi ? Les mémoires de qui ? Aucune idée. Quel ignare. Alors il se détourne des livres, pivote sur lui-même pour regarder la hauteur de plafond qui est immense, et rejoint le coeur du couloir. La curiosité est sincère, honnête ; presque enfantine en un sens. « J'savais qu'Harvard était une université prestigieuse, à la renommée mondiale et que ça coûte la moitié d'une vie pour y choper une place... mais punaise, ça fait son effet. » Inconsciemment, la comparaison avec ses quelques connaissances vient ronger un peu l'esprit. Il fait un peu tache, pas vrai ? Ses sourcils se froncent brièvement, dérangé par cette pensée, puis rejoint Fallon, désireux de chasser ce complexe étrange qu'il n'a pas envie d'assumer. « T'étudies quoi toi, en ce moment ? »

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— Non ! Mais c'est ça qui est intéressant. De te voir sortir le grand jeu et embellir encore plus mon mensonge. L'occasion pour moi, de voir ton jeu d'acteur. Et si je te pense doué ? Peut-être bien que tu caches ce vice toi aussi. Tu n'es peut-être pas le petit garçon innocent dont tout le monde pense. Cette part d'obscurité que tu refuses de laisser sortir. Que tu gardes bien précieusement au fond de toi, dans cette cage dorée. Qui es-tu vraiment Ace Chung ? Glisse sur le bout de la langue, ma curiosité. Corps qui s'éloigne de toi, lorsque tu t'approches de mon espace. Je te l'ai promis, que je garderais une aussi longue distance. Je prends cette promesse très au sérieux. Et de là où je suis, je te regarde t'émerveiller. On aurait dit un petit garçon qui découvre sous le sapin, ses cadeaux de Noël tant attendus. — Et ça te fait quel effet-là ? Ma silhouette se décolle des étagères et saute sur une table pour y poser les fesses. Les paumes qui prennent appui, puis glissent doucement derrière ma carcasse. Les ongles grattouillent légèrement le bois au passage. — Les secrets de l'univers. De l'humain surtout. Je veux pouvoir déceler chaque particule d'information qui s'y cache et qui pourrait m'aider à comprendre le corps humain. Les jambes balancent dans le vide tandis que mes pensées se perdent sur le haut plafond, à peine éclairé par les petites lampes sur les tables. — En réalité, je suis juste curieuse. Et toi, pourquoi t'as voulu visiter ce lieu ? La curiosité, je parie ?

Il souffle, amusé, le sourire aux lèvres ; lui, sortir le grand jeu et embellir son mensonge ? Peut-être bien qu'il en est capable. Peut-être bien qu'il est trop honnête, ou au contraire, trop bon menteur ─ mais à qui ? Lui-même ou aux autres ? Il laisse le doute planer, continue ses observations, et ne fait même pas attention à la distance que Fallon maintient entre eux, simplement parce qu'il est trop curieux du lieu. Il la regarde s'asseoir sur la table, et sa question le pousse à regarder à nouveau le lieux, à songer à sa réponse ; le temps qu'il y réfléchisse, elle répondait déjà à la sienne et Ace reposait les yeux sur elle avant de laisser son épaule se poser contre le mur de bibliothèque en bois, croisant les bras, malice dans les yeux. « Ha ? Et tu y apprends quoi exactement ? Comment tuer quelqu'un efficacement ? Comment soumettre en deux battements de cils ? Ou bien des trucs plus médicaux ? C'est un vaste sujet, l'Humain. » Puis il expire doucement, le regard partant encore en exploration sur le lieu. « Et pour te répondre... je suis pas certain. Des fois j'me demande juste ce que j'ai raté. L'fait d'avoir jamais fait d'études supérieures, parfois, me fait me questionner si en faisant d'autres choix, j'aurais été capable de mériter une place ici. » Puis il regarde à nouveau Fallon. « Je regrette pas mes choix hein. C'est juste... j'sais pas. J'me dis que j'suis quand même pas mal entouré d'étudiants d'Harvard, et même si j'suis probablement pas le plus con de Boston, j'ai clairement pas la même éducation. Du coup j'me demande ce que vous considérez comme normal, mais qui m'est totalement inconnu. » L'envie de connaître les gens. De les comprendre, aussi ; de trouver une place, en quelque sorte. Le regard regard sur les murs couverts de livres. « Et je me dis que j'ignore beaucoup de choses, en fait. »

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La vraie question, c'est pourquoi tu viens perdre ton temps avec moi plus longtemps que pour me demander sur quoi je bosse actuellement ? Quel est cet intérêt que tu me portes Ace ? Suis-je réellement la seule que t'es en train de duper ? Ou bien n'est-ce pas toi que tu dupes en premier ? — Qui sait ? Peut-être que je prévois de faire mon premier meurtre ce soir, dans cette bibliothèque. La malice coule sur mes billes vertes lorsque je les pose sur toi. — Tu l'as dit, c'est un vaste sujet. Je veux tout savoir. Un challenge que je suis prête à relever. Les jambes stoppent, le corps s'immobilise, les oreilles se tendent et t'écoutent. Je vois bien que quelque part, tu te demandes, pourquoi pas toi ? — Tu l'aurais mérité ta place. Pourquoi les autres et pas toi. Crache les mots sans vraiment réfléchir. Parce que pour moi, chaque être humain mérite une place dans ce prestige. — Il n'est peut-être pas trop tard ? Loin de moi, l'idée de te souffler la pensée d'y entrer maintenant, après tout, c'est ton choix que de ne pas être ici, mais si un jour, tu as des doutes, tu peux toujours emprunter ce chemin. Bien évidemment, avant qu'il ne soit réellement trop tard. — Nous ignorons encore beaucoup de choses sur la vie. Sur les hommes. Que celui qui est con de croire qu'on as tout compris. Et qu'il est si facile de comprendre. Les paumes se posent sur mes cuisses pour replacer correctement les plies de ma jupe volante. Cuisse qui s'agrippe à l'autre, jambes qui se croisent. — Il y a encore trop de mystères. Une vie, je ne crains, suffirait. Hausse les épaules et croise ton regard.

C'est presque avec défi qu'il la regarde quand elle affirme que ce soir pourrait bien être son premier meurtre ; essaie, est-il tenté de lui dire, juste pour voir comment elle pourrait s'y prendre, convaincu du fait qu'elle ne lui causerait aucun mal réel. « Tout savoir... Tu le dis toi-même, une vie ne suffirait pas. » Mais pour ce qui est de sa place sur les bancs d'Harvard, les mots de Fallon l'ont étrangement convaincu de l'inverse. Ace décolle alors son épaule du meuble et pivote, reprenant alors un peu son exploration, un peu songeur. « Être studieux... lire... faire des recherches... non, j'me vois vraiment pas ici. Mais de l'autre j'me dis... » Continuant sa marche pour s'éloigner, il lui fait face à nouveau, ses pieds marchant en arrière sur quelques pas. « Si un abruti comme Amore a su trouver sa place ici, probablement que j'aurais pu si j'avais voulu. » lâche-t-il en haussant les épaules. Puis il se retourne, dos visible sur quelques mètres, avant qu'il ne prenne une porte donnant sur une petite pièce remplie de fauteuils divers. Il s'avance vers celui dans un coin de la pièce, caché par le mur d'entrée, et s'y pose, s'enfonçant dans le moelle avec un soupir d'aise. Ce n'est que lorsqu'il entend les pas de Fallon qu'il reprend la parole. « J'ai revu hier la fille dont je t'ai parlé par messages, au fait. L'amie. Celle en couple. » Et ça s'est mal passé, et la blessure est encore béante.

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— J'ai dit que je voudrais tout savoir, pas que je pouvais tout savoir. Il y a une grande différence entre vouloir et pouvoir. Mais le fait que tu reprennes mes mots, m'amuse assez. S'ayez, je crois que je commence à devenir ta source d'inspiration, sans déconner ? À cette pensée, naît un léger sourire. Aussi, ton ambition est presque visible dans ton regard, ce n'est pas simplement une envie passagère, la façon dont tu t'appliques à ne rater aucune occasion pour descendre Amore, me surprend totalement. D'ailleurs, c'est pareil de son côté, il ne supporte pas que je prenne ta défense. — Sérieusement ? Vous ne pouvez pas vous oublier le temps d'une petite soirée ? Toi. Comme lui. J'hausse les épaules tandis que le soupir traverse mes pulpeuses. Mon regard te suit alors, jusqu'à ce que tu disparaisses du champ de vision. La carcasse descend de la table pour te suivre à la trace. L'épaule s'adosse sur le mur face à toi, les bras qui se croisent contre ma poitrine. — Et ? Que s'est-il passé ? Lance-je à mi-voix, braquant mon regard sur ton visage, à l'écoute de ce que tu as visiblement envie de parler.

Avachi dans le fauteuil, Ace réfléchit un peu. Elle a pas tort, peut-être qu'il fait une fixette sur Amore, mais ça l'irrite. « Compliqué d'l'oublier... » ...quand on a encore les séquelles visibles sur son visage. Mais il ne termine pas sa phrase, la laissant en suspend pour ne pas en rajouter une couche ou lancer la discussion sur lui. Dans le fond, il aimerait bien pouvoir passer outre, ignorer Amore, comme Fallon aimerait que ça soit le cas. Alors Ace soupire juste et balaie la pièce du regard, répondant à son autre interrogation. « Au départ elle m'a demandé si elle était la seule à avoir perçu... "quelque chose" entre nous, s'excuser et dire que c'est d'sa faute. Pour ensuite m'étaler à la gueule qu'apparemment moi aussi j'ai merdé, qu'j'ai ma part de responsabilité supposément, et que j'me fous entre elle et son mec ─ dont j'en ai rien à foutre. » Rien que d'y repenser, ça l'irrite. Il lâche un gros soupir, la tête partant en arrière un instant, yeux fermés, puis finit par se relever subitement. « Enfin, c'est plus mon problème. Vu comme je l'ai envoyer chier, elle risque pas de m'reparler de sitôt. » Et cela avait été le but de sa démarche. Mais une question le taraude ─ alors il repose les yeux sur Fallon, et après quelques courtes secondes, il lui tend la main. « J'peux vérifier un truc avec toi ? »

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— Suffit de faire un petit effort ! Et puis je n'ai pas la gueule d'Amore... La mienne est plus mignonne quand même ? L'ego presque froissé d'ailleurs. Je n'ai pas très envie que nos sujets de discussions tournent essentiellement sur lui et depuis que tout est parti en couilles, j'ai l'impression de faire la navette entre vous deux. Devoir t'écouter le descendre, ou l'écouter te descendre. Une légère irritation se percute dans ta voix lorsque tu me parles de cette fameuse amie. J'essaye de me mettre à la place de la demoiselle histoire de comprendre son comportement, mais rien ne vient. Je ne comprends pas. — Elle t'en veut. Elle te rejette la faute dessus, et elle s'en veut sûrement aussi d'avoir de l'attirance à ton égard alors qu'elle a quelqu'un déjà dans sa vie ? Tu ne peux pas lui donner ce qu'elle veut et donc elle t'accuse. Elle sait qu'il ne se passera rien entre vous et elle est peut-être vénère. Son égo a peut-être pris un coup. J'en sais rien... Moi. Et si je commence à jouer les Sherlock Holmes, on ne s'en sortira jamais avec mes idées totalement farfelues. Je marque un temps pour t'observer lorsque tu me tends la main. En réalité, je ne comprends pas trop là. Les sourcils qui froncent, j'en viens à craindre la suite. La curiosité pousse le pas, mais la promesse me ramène contre ce mur. À garder une certaine distance. — Quel truc ? Expriment alors mes pensées tandis que mes prunelles jaugeant entre tes yeux et cette main toujours tendue vers moi.