Elle pourrait presque ignorer volontairement le sarcasme pour gonfler son égo avec le compliment ─ elle est agréable, voyons, qui en doute ? Mais elle est horrible aussi. Avec lui. Avec les autres. Avec elle-même, un peu, ce que Sanho à la belle gueule confirme avec des questions rhétoriques, sachant pertinemment qu'il n'attend aucune réponse de sa part. La loi du plus fort, le monde dans lequel ils vivent, et leurs crocs sont acérés. Sûrement pour ça qu'ils se heurtent l'un à l'autre sans qu'aucun ne prenne véritablement le dessus.Peut-être que j'ai toujours été horrible. Naturellement abjecte, vorace et sanguinaire. Pire que les autres, tu n'en doutes pas. Le sourire faux étire ses lèvres alors qu'elle penche la tête, le mouvement de ses cheveux balançant sur un côté opposé à la direction de son corps. La porte s'ouvre dans son dos, mais Bibi ne se retourne par pour saluer son sauveur. Elle préfère revenir vers Sanho, la démarche lente, le visage encadré par ses cheveux d'ébène ; ses pas s'arrêtent à proximité, yeux plantés dans les siens sans même qu'elle relève le visage, et lui murmure des mots empoisonnés.T'as toujours préféré l'enfer au paradis. C'est chez toi, ici bas. Parce que le rêve en lequel il a voulu croire, il a été le seul à l'imaginer. Pas même son ex-femme n'y avait cru. Gueule d'ange a voulu croire en son nom et s'imaginer pousser des ailes pour rejoindre les hauteurs, mais les diablesses l'ont tiré plus bas encore dans les enfers ; et Bibi n'aide en rien son cas, elle le sait. Elle tourne les talons, puis s'éloigne enfin. Ne daigne pas même adresser un merci ou un regard au vieux qui a pourtant fait le trajet pour les libérer. Les deux sacs avec elle, la brune quitte les lieux, les talons claquant le sol à un rythme cadencé. Le bruit s'éloigne en même temps qu'elle, jusqu'à complètement se faire inaudible. Peut-être qu'elle aime bien qu'il soit de retour en enfer, aussi. Les hommes brisés, dévorés par les flammes, consumés par les rêves brisés, sont ceux qui sont les plus savoureux.
(Bibiana Pravdina)
⎡ Hush now darlin' ⎦
Hold your breath, dim the lights, I won't say you're safe this time. Here and now, you're mine tonight ; hush, hush, keep your pretty mouth shut ; hush, hush, lose your inhibitions. I'll let you in on my dark side, show you what hell really feels like.