June et Estevan : intersection de vies.

Quand elle commença (ou plutôt continua) à prendre la grosse tête, Estevan cessa de rétorquer, se contentant de lever les yeux au ciel d'un air exaspéré tandis qu'elle continuait à se jeter des fleurs. Puis, la discussion qui s'était considérablement apaisée, prit un nouveau tournant qui s'avéra désastreux. C'était plus fort que lui. Estevan ne put s'empêcher de se raidir d'un seul coup, alors que ce n'était rien, au grand maximum un flirt qui n'aboutirait pas, car ils n'étaient pas ce qu'ils recherchaient respectivement. Des exs qui se retrouvent, voilà. Elle lui avait toucher les fesses et ce contact lui fut désagréable. Autrefois, il n'aurait pas réagit de cette façon, mais l'eau avait coulé sous les ponts. Il ne lui avait rien dit cependant, elle ne savait rien et les mots qu'elle prononça ensuite lui firent le même effet que si elle lui avait donner une baffe. Il recula dans un sursaut, ce qui s'avéra être totalement inutile et superflus vu que June s'était déjà éloignée. S'efforçant de s'accrocher à sa dignité, Estevan leva les bras au ciel. Je ne suis pas frigide ! Annonça-t'il, haussant le ton. Sa fierté était émoussée et s'il voulait s'expliquer sur son comportement, ça n'allait sûrement pas aller en s'arrangeant. C'est juste que... Il s'interrompit et poussa un soupire. Il s'est passé des choses dans ma vie, des choses difficiles il détourna le regard et alla sous l'eau, rejoignant ainsi l'escalier de la piscine, dépassant June au passage pour sortir de l'eau.

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Je crois que ma petite tentative de rapprochement avait décidément jeté un froid entre nous, j’avais fait ça juste pour le faire rire plus qu’autre chose et parce qu’on n’était entrain de s’amuser, j’avais fait ça en penser au passé et je ne pensais pas que ça aurait ce genre de répercussion. J’étais une personne très tactile, je faisais souvent des réflexions en dessous de la ceinture, j’étais comme ça ! On ne pouvait pas changer la nature profonde d’une personne mais je pensais l’avoir vexé, c’était mon intention. Estevan s’éloignait alors de moi, j’essayais de me rapprochais, j’avais peut être poussé le bouchon en le traitant de frigide : « Estevan…désolé…ne pense pas que ma vie a été facile mais…mais j’ai toujours…était un peu originale. Enfin quand j’avais 16 ans c’était peut être moins remarquable mais… ». J’étais très mal habile pour m’excuser, ce n’était pas mon fort. J’avais beaucoup plus de tact pour dire des bêtises que pour les réparer. Je m’approchais doucement de lui en posant doucement ma main sur la sienne : « Ma mère est morte, un an après que tu sois parti juste après que je me rende compte que le garçon avec qui j’avais couché pour la première fois l’avait fait pour un pari avec ses amis qui se moquaient de moi depuis des années…Etre seul, je sais ce que ça fait…Je comprends que tu ne souhaites pas en parler mais ne te fermes pas sur les autres… ». J’essayais d’être la plus douce et la plus gentille possible avant d’ajouter : « J’aurais pas du dire ça, désolé… ».. Je parlais bien entendu de mon 'insulte' envers lui, pas des confessions que je venais de lui faire si je lui en avait parlé c'était pour lui prouver que tout n'avait pas été cool dans ma vie et encore je lui avais fait grâce de mon père schizophrène et sa tentative de meurtre sur moi lorsque j'étais petite.

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Il était vexé. Il ne lui en voulait pas non plus. Non, enfin si, il était en colère, mais sa colère n'était pas dirigée contre elle, davantage contre lui-même. Il ne s'attendait pas à ce que June le comprenne vu qu'il ne lui avait pas mis suffisamment de cartes entre les mains pour qu'elle y parvienne. Elle ne pouvait pas accomplir des miracles. Estevan se dirigea vers les escaliers de la piscine, ne voulant plus rester dans l'eau, mais voulant surtout et par dessus tout fuir une conversation qui impliquait qu'il parle de choses personnelles, de souvenirs blessants. La langue de June semblait se délier plus facilement que la sienne, en même temps il n'était pas vraiment difficile de le surpasser dans ce domaine en ce moment. Avant, il s'exprimait avec une aisance qui lui paraissait inimaginable aujourd'hui, pas étonnant que June le qualifie de frigide. Elle referma sa main sur la sienne et Estevan se déroba, non brusquement, avec plus de retenu à vrais dire. Il ne voulait pas empirer les choses. Il alla s'asseoir sur la plus haute des marches, le haut de son corps étant ainsi à l'air libre. Il écouta June et poussa ensuite un soupire. Ecoute, t'excuse pas, c'est ma faute dit-il, ne voulant pas qu'elle commence à culpabiliser à cause de lui alors que ce n'était pas du tout justifié. Estevan croisa ses bras derrière sa tête, leva brièvement les yeux puis reporta son regard sur June. Il fallait qu'il lui explique. Il respira une grand bouffée d'air puis se mit à parler, un peu vite, les mots lui donnant l'impression de lui bruler la gorge. J'ai été fiancé il y a deux ans, elle était ma meilleure amie et elle est décédée dans un accident avant le mariage. Lâcha-t'il. Au moins, c'était dit.

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Je me demandais ce que j’avais fait, qu’est ce qui l’avait pris de me repousser de la sorte alors que pour moi nous étions toujours en plein jeux enfantins. Apparemment les années qui nous avaient séparés nous avaient aussi éloignées. Il c’était passé quelque chose, j’en étais désormais certaine et j’avais essayé de me livrer, de lui dire que moi aussi j’avais vécu des choses douloureuses. Il c’était confié à son tour, m’informant que sa fiancée était décédée. Il m’expliquait aussi qu’il s’agissait de sa meilleure amie, j’avais un peu de mal à comprendre. L’aimait-il d’amour ou d’amitié ? Peu importe, il avait souffert à sa disparition. Moi qui n’avait pas eu de chance avec les hommes n’avait tout de même pas connue cette tragédie et quelque part je me rendais compte de ma chance car j’aurais certainement finit par sombre moi aussi. J’essayais de trouver une formule toute faite pour prendre part à sa peine mais de toute évidence ça ne marcherait pas, je lui répondis simplement : « Je suis sincèrement désolé Estevan…Je l’ignorais… ». Je sentais qu’il était profondément changé par ce décès, je le comprenais mais j’essayais de le convaincre en lui disant : « Tu sais si cette personne nous regarde de quelque part je ne pense pas qu’elle voudrait que tu sois triste Estevan… ». J’avais l’impression de le déculpabiliser, peut être que j’avais tord et qu’il ne se sentait coupable de rien mais j’avais dit ce qui me semblait le moins ridicule vu la situation délicate.

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