June et Estevan : intersection de vies.

Estevan avait toujours adoré les vacances. Non pas qu'il ai quoi que ce soit contre les cours en général, mais l'ambiance était différente et s'il le désirait, il était libre de ne rien faire. Dans ce genre de moments ou il n'avait pas d'obligations plus ou moins pesantes, il se rendait compte combien il aimait ne pas avoir à penser à quoi que ce soit. Après tout, c'était sensé être ça les vacances : redécouvrir tous les ans à nouveau le plaisir de se tourner les pouces. La nuit était tombée et Estevan avait décidé de se rendre dans les jardins de l'hôtel. Il avait toujours bien aimé se balader, très peu pour lui de rester coincé dans une chambre d'hôtel. Là encore, il ne s'était pas inscrit au Summer Camp pour rester seul au monde, comme s'il l'avait un jour été. Pour l'heure cependant, il n'avait pas de compagnie.

Il trouverait sans doute quelqu'un en chemin. Tirant sur le col de son tee-shirt, il continua à arpenter les jardins, son regard embrassant le paysage qui se dévoilait un peu plus à chaque nouveau pas sous ses yeux. Il croisait parfois des gens, des visages familiers pour certains, pas suffisamment pour qu'il s'arrête cependant. Finalement, il distingua un visage et ralentit sa marche. Il connaissait cette fille depuis des années, leur rencontre remontait de plusieurs années et Estevan se sentait désormais à des kilomètres du garçon qu'il avait été et qui était venu en France, dans le cadre d'un échange scolaire. June lança-t'il, une ébauche de sourire aux lèvres en arrivant à sa hauteur, entrouvrant les bras, lui proposant une étreinte. Ce n'était pas déplacé, après tous dans les souvenirs d'Estevan, le courant était carrément bien passé entre eux.

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Estevan & June

J’étais heureuse d’avoir décidé de participer au summer camp, j’avais un peu hésité au départ sachant ce qui c’était passé durant l’année. Entre ma rupture, ma grossesse qui était en faite un kyste à l’utérus et mon opération…cela avait fait beaucoup d’évènements mais je m’étais dit que justement ce summer camp pourrait me vider la tête. Cela semblait marcher, pour l’instant je passais des bons moments, j’avais retrouvé Keelan, un ami dont j’étais très proche. D’ailleurs je me demandais quel lien exacte nous unissais, je me posais de plus en plus de questions et cela voulait certainement dire quelque chose mais je ne voulais pas me poser davantage de questions. Je passais donc de très bonnes vacances, je me sentais à l’aise en Floride et les gens étaient plus accueillants. L’hôtel était spacieux et confortable, les repas étaient plutôt de bonnes qualités, j’avais d’ailleurs beaucoup mangé. Pour digérer un petit peu j’avais voulu me rendre en dehors de l’hôtel, marcher quelques minutes, certainement pour réfléchir. Une petite ballade à la fraiche, ça fait toujours du bien. J’étais entrain de marcher sur la terrasse lorsque je croisais le regard d’Estevan. Cela faisait des années que je n’avais plus eu de nouvelles de ce garçon, car à l’époque où je l’avais connu il était encore un garçon. Pourtant je l’avais reconnu tout de suite, il avait la même petite tête, je me demandais néanmoins ce qu’il faisait là. Je me frottais alors les yeux avant de dire, interloqué : « Estevan ! ». Il me prit alors dans ses bras, moi franchement j’étais toujours sous le choc, je me demandais alors ce qu’il faisait ici, je lui dis alors : « Mais que fais tu là ? »

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C'était toujours amusant de croiser à nouveau le chemin de connaissances remontant à des années semblant désormais très lointaines, de gens qu'on ne pensait plus revoir. Les rencontres, ce n'était pas ce qui manquait dans la vie d'Estevan qui, d'un naturel sociable, aimait toujours croiser de nouveaux visages. Cependant, il fut heureux de constater en reconnaissant June que sa vie était également faite de retrouvailles. De l'eau avait couler sous les ponts depuis leur rencontre. A l'époque ils étaient encore des gamins du point de vue d'Estevan, pour qui l'Espagne, qu'il avait quitté il y a déjà deux ans, bien qu'il revienne voir sa famille fréquemment, semblait déjà très loin de sa vie aux Etats-Unis. Parfois, il se surprenait à penser à ce qui aurait bien put se passer s'il avait décidé de rester en Espagne après avoir perdu Maya, ou bien s'il avait bien quitter son pays natal, mais si son choix s'était porté sur une autre université. Il préférait ne pas trop penser à tout ça. La vie n'est qu'une suite de choix et il avait fait le sien depuis deux ans. Et il ne le regrettait vraiment pas. June le reconnut et répondit en prononçant son prénom avant de le laisser l'étreindre.

Estevan s'éloigna ensuite, reculant d'un pas. Elle semblait encore assez ébranlée. Il pouvait le comprendre, il ne s'attendait pas non plus à la revoir ici. Je suis là pour le summer camp, j'étudie à Harvard maintenant. Dit-il en guise de réponse, préférant ne pas se plonger dans les détails, il détestait raconter certaines histoires qui plus est il n'aimait pas parler de lui en profondeur et ce n'était sûrement pas ce que June attendait de sa part. Et toi, alors ? Lui retourna-t'il sa question avec curiosité.

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Estevan & June

J’étais toute bouleversée de le revoir, cela devait faire au moins 8 ou 9 ans qu’on ne c’était pas vu. C’était quelque chose d’étrange pour moi et une montagne de choses remontaient à la surface, la première fois que je l’avais vu, la première fois que j’avais osé lui adresser la parole, la première fois que nous avons été à un rendez-vous amoureux et la première fois que nous nous étions embrassés. Il n’avait pas été le premier garçon dont j’avais été amoureuse mais j’avais fait des choses avec lui que j’avais fait avec aucun notre à l’époque et même si nous n’avions pas finit par coucher ensemble j’avais souvent regretté mon choix. C’est vrai, je lui avais dit que je voulais attendre le bon moment et le bon garçon mais celui qui avait été le premier dans mon lit n’avait rien de tout cela. Parfois il fallait arrêter de réfléchir, en matière de sentiment on ne pouvait pas tout contrôler. J’ouvris grand la bouche quand il me dit qu’il étudiait à Harvard, je trouvais ça vraiment étrange comme coïncidence qu’il soit revenu dans la même ville que moi…Je lui répondis alors : « Moi aussi j’étudie à Harvard, je suis arrivée il y a un an, c’est étrange qu’on ne se soit pas vu mais…mais c’est tellement grand ici… ». Je ne sais pas comment il avait pu arriver ici, dans mes souvenirs il était espagnol, moi j’avais eu une bonne raison de venir et lui ? Je me posais pleins de questions par rapport à ce qui lui était arrivé. Je lui racontais alors mon parcours personnel : « Je suis là pour le summer camp également, je suis arrivé à Cambridge en grande partie car mon ex petit ami étudiait ici…et toi ? ». Je souriais, je ne regrettais pas d’être venu ici car c’était une belle aventure et une université à réputation mondiale.

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Il approuva avec un mouvement de tête. Le campus était immense, la ville en elle même était grande et les visages en permanence noyés dans la foule. Estevan n'éprouvait pas le moindre malaise dans cette situation, mais il était bizarre de penser que durant des mois, il s'était trouvé près d'une personne lui étant proche par le passé et qu'ils ne parvenaient à se revoir que maintenant. Oui, à croire que c'est une question de chance approuva le garçon, l'ébauche d'un sourire sur les lèvres. C'était bien l'impression que cela lui faisait, celle d'avoir eu un peu de chance. S'il n'avait pas décidé de se balader dehors, combien de temps ça aurait encore put durer cette situation ? Non que cela le perturbait terriblement, il n'allait sûrement pas mentir la dessus, mais c'était toujours sympas de retrouver des morceaux de son passé, quand bien même un peu de douleur se couplait à certains. June raconta brièvement le chemin parcouru de son côté depuis leur dernière rencontre et Estevan se renfrogna légèrement quand se fut à lui de répondre. Il n'y avait pas beaucoup de justifications pour expliquer son départ de l'Espagne et la vraie n'était pas très plaisante à entendre. J'ai perdu quelqu'un qui comptait lâcha Estevan après quelques instants de silence. Il n'en parlait à personne d'habitude et il ne voyait pas ce qui le poussait à expliquer ça. Il resta très vague. Il fallait que je prenne de la distance et mon père avait fait ses études à Harvard, donc me voilà Estevan se força à adresser à June un nouveau sourire, un peu plus résigné cependant.

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J’étais complètement surprise de le revoir, et de le revoir ici, franchement je ne pensais pas qu’un jour on se retrouverait. Estevan il n’avait pas été mon premier amour mais l’un des premiers garçons avec qui je me sentais si proche. C’était certainement cette foule de sentiments qui remontaient à la surface en le voyant, il avait changé c’est vrai mais il faisait plus mature, plus homme. J’aurais tellement voulu savoir tout ce qui c’était passé depuis que nous nous étions quittés. A l’époque il était espagnol, j’étais français et maintenant nous étions dans un troisième pays, tous deux réunis. Etait-ce de la chance de s’être retrouvé ? Oui sans doute car j’appréciais Estevan mais…Mais c’était peut être pas la période la plus appropriée pour le revoir, je serais dans une relation solide ce serait certainement plus simple, en ce moment j’avais un vide affectif à combler. Je lui affirmai alors : « C’est bon de te revoir même si nous avons changés tout les deux, ça me fait plaisir. ». Estevan m’expliquait ensuite les raisons de sa venue aux Etats-Unis, il avait perdu quelqu’un et avait été plus ou moins influencé par son père qui avait fait ses études ici. Lui aussi avait vécut des choses pas évidentes, je baissais les yeux avant de lui répondre : « Je suis vraiment désolé Estevan…J’ai vécu également des choses un peu compliqué. ». Je lui pris alors la main que je caressais pour tenter de le rassurer, mais j’avais l’impression qu’une multitude de souvenirs remontaient à la surface. La première fois qu’on c’était embrassé, la première fois que je lui avais adressé la parole, la première fois que j’avais retiré son t-shirt prête à lui donner ma virginité. Cette rencontre était aussi plaisante qu’éprouvante en réalité. Je voulais avoir alors des informations et changer de sujet : « Tu es en quel année ? Tu étudies quoi ? ».

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Leur dernière rencontre remontant bien loin, Estevan ne put qu'approuver d'un mouvement de tête : ils avaient tout simplement grandis, tous les deux. Estevan aurait préféré que le sujet de conversation suivant soit plus léger. Il ne reprochait rien à June, car elle ne pouvait pas deviner bien sûr. Ce n'était pas le genre de choses dont Estevan aimait parler, voilà tout. Ainsi, quand bien même il ne redoutait pas de se confier à June, il resta très vague. Elle dut sentir que c'était un terrain glissant ou bien encore l'emploi du verbe perdre et l'effacement du sourire d'Estevan avaient suffis à lui signifier qu'il ne voulait pas s'exprimer. C'était toujours un peu bizarre, de devenir timide, lui qui avait la langue si bien pendue d'ordinaire et déjà quand il avait rencontré June, alors qu'il n'était qu'un gamin. Elle lui attrapa la main et malgré lui, Estevan se renfrogna un peu avant de se concentrer pour se défaire de ce sentiment. Elle aussi avait eu des soucis, alors il ne voulait guère se montrer ingrat. Ne t'excuse pas, tu n'y peux rien, les gens partent c'est comme ça. Et je suis désolé également, j'espère que ça va mieux pour toi, tu mérites d'être heureuse. Dit-il en se recomposant une contenance. Estevan ne se pensait pas capable de fournir une réponse aussi longue et dégagea doucement sa main alors que June lui reposa une question. D'un bref regard, Estevan lui fit parvenir un brin de reconnaissance. De la reconnaissance pour changer de sujet. Il aurait aimé ne pas se sentir encore aussi las et fatigué en pensant à Maya. Cela faisait quand même deux ans... Je suis à Harvard depuis deux ans et j'étudie l'astrophysique. J'ai choisi l'italien en mineure aussi. Et toi ?

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Je me mis à rire lorsqu’il me dit que je méritais d’être heureuse ? Moi heureuse…C’était arrivé si peu souvent, la dernière fois que j’avais ressentie ce sentiment de bonheur avait été lors d’une sortie avec mon ex petit-ami. Nous nous étions bien amusés et j’étais dans une insouciante totale à cette période là…Après il y avait eu ma grossesse, mon opération et tout un tas de choses désagréable. « Je crois que j’ai pas été heureuse très souvent…. ». Je ne voulais pas non plus qu’il culpabilise, j’avais passé de bons moments avec lui et je ne regrettais rien, au contraire, j’ajoutais alors : « Je ne parle pas des moments qu’on a passé ensemble Estevan…C’était des très bons moments d’ailleurs. Tu te rappelles ? ». Pourquoi je lui demandais ça, il devait s’en souvenir aussi bien que moi mais j’avais envie que ses souvenirs reviennent à la surface comme les miens étaient revenus. Il m’avait marqué, qu’on le veille ou non. Je l’écoutais avec attention, il faisait donc des études en astrophysique, je trouvais ça magique mais très complexe : « Je suis ici depuis un an, j’ai emménagé à la rentrée, je suis arrivée pendant les vacances. Je fais des études en danses et en musique… ». A l’époque je lui avais déjà fait une démonstration de danse, j’étais jeune mais j’avais déjà du talent. Il avait beaucoup aimé je crois…Je l'informais également de mon métier qui m'occupait pas mal : « Je suis aussi employé dans un bar en tant que serveuse. Tu as un petit boulot ? ».

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Il refusait de se plaindre de sa vie, suffisamment bien élevé pour savoir que tout le monde n'avait pas eu chance de grandir dans un milieu aussi aisé que lui. Estevan se moquait pas mal de dégager l'image d'un enfant pourri gâté en se comportant de façon à exaspérer les autres, faisant étalage de toute sa personne, mais il ne se plaignait pas. La réponse de June le chagrina et son regard s'assombrit. Submergé par une vague de consolation, il chercha ses mots avant de répondre simplement. Et bien ce n'est pas très juste. Commenta-il avec sincérité. Elle rajouta ensuite quelques mots, mots accueillis par un sourire de la part d'Estevan qui, s'il n'aimait pas se replonger dans une période en particuliers de son passé, n'avait rien contre l'allusion à des souvenirs plus joyeux. Je ne me suis pas sentit visé un seul instant, je garde de très bons souvenirs de nous et j'ai toujours espéré que toi aussi. Me voilà rassuré répondit Estevan, détendu par le tournant plus léger pris par leur conversation. Il lui indiqua ses choix d'études et lui retourna sa question, attendant qu'elle en fasse de même, laissant parler sa curiosité. Il était curieux à son sujet et l'écouta avec attention. Oui, c'est que tu voulais faire dans ta vie depuis que je te connais commenta Estevan, de brefs souvenirs lui revenant au fur et à mesure de leur conversation. Ils étaient plongés dans une rétrospective du passé, dans laquelle perçait des allusions au présent. Voilà qu'ils y revenaient justement. Estevan secoua la tête, répondant par la négative déjà avant d'ouvrir la bouche. Non, je fais mon flemmard. Ca te surprend beaucoup ? Lui demanda-t'il, sur le ton de la rigolade. De toute sa vie, Estevan n'avait jamais eu à travailler : ses parents ne lui demandaient que d'avoir des bonnes notes, d'être poli, de s'occuper de sa petite soeur quand il le fallait et c'est tout. C'était sa vie, cela avait toujours été ainsi et aujourd'hui encore, c'était le cas. Il ne s'en cachait pas du tout d'ailleurs, loin de là.

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Je haussais finalement les sourcils, est ce que c’était juste ? Je ne sais pas. Le lien avec la justice n’était pas évidant, c’était plutôt de la chance qui m’avait manqué. J’avais pas eu de chance en ayant un père schizophrène est une mère atteinte du sida, j’avais déjà bien commencé dans la vie. Et puis dernièrement ma grossesse nerveuse, le fait que River soit parti avec un homme et mon opération. J’avais vraiment hâte que les choses tournent en ma faveur, peut être que je finirais par trouver quelqu’un de gentil et sympathique qui prendrait bien soin de moi. Estevan semblait avoir partagé de bons moments avec moi, j’étais contente, je lui répondis donc : « Oui, j’étais bien quand on été ensemble, même si ça n’a pas duré longtemps t’étais le petit ami parfait…c’est dommage d’ailleurs, j’ai des regrets… ». Je parlais bien sûr du soir où nous avions faillit coucher ensemble avant son départ. Vu la façon dont les choses s’étaient déroulés par la suite…Le garçon après lui avait eu une attitude déplorable à mon égard. Je hochais la tête, j’avais l’impression qu’il se souvenait de tout, c’était agréable de voir qu’il c’était vraiment intéressé à ma vie, ma passion. Je me mis à rire en lui disant : « Oui c’est vrai… ». Il me répondit ensuite qu’il n’avait pas trouvé de travail, ou bien qu’il n’en avait pas cherché, il avait raison après tout ses parents avaient de l’argent. Je lui répondis gentiment : « Flemmard je ne dirais pas ça mais comme tu n’en a pas besoin tu as bien raison de te concentrer sur tes études ! ». C’était vraiment ce que je pensais, si je n’avais pas besoin d’argent je ferais certainement pareil que lui, j’embrayais alors sur une question un peu plus personnelle, après tout c’était le bon moment : « A moins que tu es une petite amie qui passe son temps à te déconcentrer… »

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