le retour à monza (( pastetti #1 ))

Déglutissant, tu finis par t’attacher les cheveux, attraper le pass de la chambre et ta carte bleue. Tu savais que l’hôtel possédé un bar sûrement encore ouvert à cette heure-ci alors peut-être que descendre boire un verre te ferais du bien. Tu avais laissé ton téléphone sur la table de chevet sans vraiment t’en soucier parce qu’au fond à part Gabriel, tu ne voulais parler à personne. Et puis pour leur dire quoi ? Que t’avais dans un sens trompé ton mec avec ton ex ? On te ferait des morales à gogo et t’avais pas envie de ça. Mâchoire serrée, tu finir par apparaître dans la petite partie salon de la chambre où il s’était installé devant la télévision, sûrement pour se changer les idées. — Je descends au bar. Que tu souffles simplement, juste pour le prévenir que tu ne partais pas à l’autre bout de la ville sans moyen de te contacter. T’étais peut-être en colère contre lui, mais tu n’étais pas idiote au point de te balader la nuit seule dans une ville que tu connaissais mal. Pourtant, tu ne le laissais pas te répondre, sortant de la chambre avant de claquer la porte. Non, ce n’était pas un courant d’air dû à la baie vitrée ouverte, mais simplement ta colère qui s’exprimait d’une autre façon.

Tu avais passé peut-être une bonne heure au bar, assise au comptoir à zieuter ton verre, l’esprit embourbé par tant de questions et tu n’avais pas bu une seule goutte. Pourtant, lorsqu’il fallut que tu quittes la pièce, la boisson n’avait pas fait long feu, descendant d’une traire dans ta gorge, à t’en brûler le gosier et une fois dans l’ascenseur, tu ne peux retenir tes émotions. Tes yeux prirent une couleur rouge typique, et ton mascara avait coulé sur tes joues te faisant ressembler à un panda, mais tu te fichais bien de la gueule que tu pouvais avoir. Tu avais ouvert la porte doucement, te demandant si Gabriel était parti se coucher puisque tu ne voyais qu’une petite lumière dans la pièce. Pourtant, tu avais croisé son regard alors qui détachait les yeux de son téléphone. Sans un mot, tu récupéras ton pyjama et partis te changer dans la salle de bain, en profitant pour te démaquiller et te brosser les dents. T’es conne ma pauvre fille… Que tu pensais en retirant le mascara sous tes yeux. Revenant dans la chambre, Gabriel te regardait encore une fois comme s'il voulait te dire quelque chose. Tu te contentes juste de te mettre dans le lit, lui tournant le dos en tirant les draps au-dessus de ta tête. S'il voulait te parler, tu serais ouïe.

Il avait merdé. Ou du moins, c’est comme ça qu’il le ressentait. En effet, c’était lui qui l’avait embrassée à deux reprises au cours de la journée. Qui lui avait fait vivre cette soirée parfaite à ses côtés. C’est lui qui avait décidé de lui sauter dessus, et de la déshabiller. C’est lui qui lui avait fait comprendre qu’il voulait plus. Qu’il regrettait presque cette rupture. Mais surtout, lui qui mit fin à ce moment. Il s’en voulait déjà, alors qu’il la voyait se rhabiller à son tour. Mais c’était pour le mieux, non ? Qu’elle ne trompe pas son copain, pour la seconde fois. Il préférait s’en vouloir maintenant, pour cette décision. Sans dire un mot, il se dirigea vers la partie salon de la chambre, regardant son portable. Evitant tout contact avec la blonde, jusqu’à ce qu’il l’entende lui dire qu’elle descendait au bar. Aurait voulu lui demander de rester, mais avant de pouvoir le faire, entendit la parte claquer. « Quel con ! » Qu’il dit en tapant du pied au sol et du poing sur la table d’appoint. Réfléchit, surement trop longtemps, car lorsqu’il se leva pour aller à la porte et la trouver, elle était déjà partie. Pas de Clémence dans les couloirs. Doucement, il referma la porte avant de retrouver son portable et tenter de l’appeler, mais entendit la sonnerie retentir dans la chambre. Fais chier. Aurait pu aller la retrouver en bas, au bar, mais ne savait pas s’il s’agissait d’une bonne idée. Elle était partie pour une raison. Avait laissé son téléphone pour une raison. Alors c’est en trainant des pieds, qu’il alla se brosser les dents, le visage et se mettre en pyjama (simple boxer). Il n’avait que ça à faire après tout. Se posa dans le canapé pour l’attendre, scrollant les réseaux sociaux. Chose qu’il n’avait quasi pas faite de la journée. C’est ce qui arrive lorsqu’on passe un bon moment en bonne compagnie : on oublie tout le reste, et surtout les réseaux sociaux. Mais à ce moment-là, il n’avait que ça à faire. Pour tenter d’oublier, et faire passer le temps. Temps qui paraissait si long.

Lorsqu’il entendit la porte s’ouvrir, il ressentit un soulagement dans sa poitrine. Elle était revenue. Il avait eu peur qu’elle ne décide de passer la nuit autre part. Mais le silence s’imposait dans la chambre. Il avait tellement de chose à lui dire, mais ne savait pas par où commencer. Verrouilla son téléphone pour le poser sur son torse. Regard vers le plafond, il réfléchissait à la meilleure façon de revenir vers elle. Si seulement il y en avait une. Encore une fois, il réfléchissait trop. Et pas assez rapidement. Car la jeune femme alla se cacher sous les draps. Tout en se levant, il alla la rejoindre, sous la couette. La prenant dans ses bras et se collant à elle. « Je suis désolé. » Enfoui son visage dans son cou où il déposa un léger baiser. « J’en avais vraiment envie. Mais –  » Mais quoi ? Comment pouvait-il lui expliquer ce qui se passait dans sa tête ? « Je ne peux pas te laisser tromper encore une personne. Même si c’est avec – moi … » Même si on s’aime, avait-il envie de rajouter, mais il n’était pas aussi sûr de ses sentiments à elle pour pouvoir parler à sa place. « Mais je suis là. » Rajouta-t-il en la serrant davantage dans ses bras pour le lui prouver.

Tu ne savais pas trop si cette pseudo sortie t’avais fait autant de bien que tu ne le voulais. T’avais simplement fini plantée sur ton tabouret au comptoir du bar à fixer ton verre de Milano-Torino en te demandant bien ce qui pouvait passer par la tête de l’italien pour te faire autant tourner en bourrique depuis le début de l’après-midi. Tout avait été contradictoire et tu voulais des réponses. Autant, tu avais pu comprendre le premier baiser, mais le deuxième avait confirmé en toi une envie de sa part de te retrouver comme avant. Tes larmes dans le garage avaient trahi tes sentiments, toi qui pensais ne pas tenir autant à lui. Pourtant toutes ces caresses, tous ses baisers échangés et cette envie soudaine après une soirée sous le signe de l’amour… Pourquoi tout était si compliqué. T’étais frustrée de tout et tu avais besoin de souffler un peu. Rester dans cette chambre t’aurais sûrement étouffé si tu n’étais pas au moins allée sur le balcon pour respirer un bon coup. Tu avais fini par descendre ton verre quand on t’avait indiqué fermer le bar et, une fois que tu avais laissé un pourboire en payant ta commande, tu avais hésité à remonter dans la chambre. Sûrement, que tu aurais dû aller tremper tes pieds dans la piscine de l’hôtel, mais tu te serais encore retrouvé seule avec tes pensées et on aurait sûrement fini par te demander de remonter dans ta chambre. Alors, tu avais pris l’ascenseur, mais une fois dedans, les larmes avaient coulées sans que tu ne puisses retenir quoi que ce soit. Prenant même un peu de temps dans le couloir pour ne pas revenir dans la chambre en pleurs même si Gabriel pourrait constater de lui-même que tout n’avait pas été que colère lorsque tu étais parti.

Coincée sous les draps, tu te disais que t’éviter son regard ou de l’avoir dans ton champ de vision te permettrait de t’endormir plus facilement, mais il avait eu l’idée de te rejoindre, sûrement pour lui aussi trouver le sommeil. Pourtant, tu finis par sentir la chaleur de son corps contre le tien et ses bras venir t’entourer, te tirant un peu plus près de lui. Ton cœur manqua un battement, se tordant presque avant que soudainement, tout ton corps ne se détende en entendant ses excuses. Tu t’en voulais tellement d’être sortis parce que si tu avais su, tu aurais clairement pu en discuter avec lui. Au contraire, tu avais laissé ta colère prendre le dessus. Ta main vient alors se poser sur la sienne pour venir la caresser tendrement, tandis que tu sentais ses lèvres se poser dans ton cou, son souffle chaud réconfortant. Il continua de parler et tu te disais qu’il avait raison, que vos pulsions avaient prit le contrôle de vos morales même si tu n’aurais clairement pas refusé d'aller plus loin. En te serrant un peu plus fort contre lui, tu sentis une larme venir rouler sur ta joue, que tu essuies du revers de la main. Sans qu’il n’eût à bouger, tu avais pivoté pour lui faire face, enfouissant simplement ton visage contre son torse, resserrant tes bras toi aussi autour de lui. — J’suis désolée d’être partie… Que tu souffles alors que tu le sens glisser ses doigts dans tes cheveux. Geste réconfortant dont il avait le secret pour te faire te sentir mieux le plus rapidement possible. — C’est juste que c’est beaucoup trop compliqué aujourd’hui… Tu voulais lui faire comprendre que ton cœur et ton esprit étaient baladés de part en part et que tu avais du mal à suivre la cadence. Tu voulais comprendre, essayer de l’aider dans ses choix, peut-être que toi aussi trouverait des réponses dans tout ça. Mais lorsqu’il te confirma être là, l’étreinte se serra davantage. Tu avais des sentiments profonds pour lui, qui semblaient ne pas avoir disparu depuis votre rupture et tu regrettais clairement cette décision. Comme si au fond, elle n’avait pas vraiment été tienne. Souffle contre sa chair brûlante, tu t’étais laissé dire des choses que tu regretterais peut-être, mais tu avais besoin qu’il les sache. — Je t’aime… Et je veux jamais te perdre. Tu voulais qu’il prenne conscience que tu n’avais jamais cessé de l’aimer même si la situation actuelle ne permettait pas vraiment que vous vous remettiez ensembles, parce que tu avais Rafael dans ta vie.

Gabe avait du mal à retrouver son calme, même blotti sous les draps. Il sentait encore la tension dans son corps, cette fatigue émotionnelle qui pesait sur lui. Tout semblait si compliqué, et pourtant, il y avait quelque chose d’étrangement apaisant dans la chaleur de Clémence contre son propre corps, comme si tout pouvait se résoudre d’un simple geste tendre. Mais son esprit refusait de se poser. Les images de l’après-midi repassaient en boucle dans sa tête : les baisers, les caresses, ce désir qui avait pris le contrôle de leur raison. Il s'en voulait de la façon dont les choses avaient tourné. Dans un moment de faiblesse, s’était laissé aller, espérant peut-être que céder à ce désir pourrait les rapprocher à nouveau, remettre les choses en ordre entre eux. Mais ça n’avait pas fonctionné. Tout était devenu plus confus, et il se demandait s’il n’avait pas empiré la situation en agissant ainsi.

Gabe ne pouvait plus cacher ses sentiments. Il n'avait jamais cessé de tenir à Clémence, et chaque geste tendre qu’il lui offrait semblait raviver cette flamme qu’il tentait désespérément de contenir. Gabe sentit sa gorge se nouer, comme si cette proximité était à la fois réconfortante et insupportable. Le contact de leur deux corps… c’était trop, et pourtant, il ne voulait pas que ça s’arrête. Lorsqu’elle pivota pour lui faire face, enfouissant son visage contre son torse, il sentit cette vague de culpabilité le submerger. Il avait envie de tout dire, de tout lâcher, mais il savait aussi qu’il ne pouvait pas. Il y avait Rafael, et tout ce qu’il représentait dans la vie actuelle de la blonde. Pourtant, là, dans ce lit, tout le reste semblait s'effacer. Il sentit son cœur se serrer alors qu’elle prononçait ces mots. Ce je t’aime. Il ne savait pas s’il les regretterait plus tard, mais à cet instant, ils étaient la vérité. Une vérité qu’il n’avait pas osé admettre depuis trop longtemps. Alors il lui répondit tout de même. « Je t’aime aussi. » C’était là, la véritable peur de Gabe. Il savait que les choses ne seraient peut-être jamais comme avant, qu’ils ne pourraient pas simplement revenir en arrière, mais il ne voulait pas perdre Clémence, peu importe comment. Ses lèvres se déposèrent sur les siennes pour lui offrir un rapide baiser, comme pour confirmer ses paroles. « On devrait dormir, on se lève tôt demain pour le vol non ? » Il posa son front contre le sien, sentant son souffle sur son propre visage. Ses jambes se mélangèrent avec les siennes. Il était si bien là, malgré ce qui venait de se passer. Il lui suffisait de fermer les yeux pour s’endormir en cinq minutes, mais il ne voulait pas être le premier. Il voulait être certain qu’elle puisse dormir, elle.

Le sentir t’attraper comme ça te laissais un sentiment de vide dans le cœur malgré sa présence. Parce qu’il était là, qu’il était à portée de main et pourtant, tu ne pouvais l’avoir à ta guise et tu avais dû renoncer à tes pulsions pour, comme il l’avait si bien dit, éviter que tu ne trompes encore quelqu’un. Pourtant, le mal était déjà fait et tu savais qu’il serait difficile pour toi autant que pour lui de revenir en arrière. Vous étiez comme deux voitures élancées à toute vitesse sur l’autoroute, deux monoplaces sur un circuit et ayant loupé l’entrée des stands si on pouvait faire la comparaison. La route était assez longue jusqu’à la prochaine sortie, sûrement que pas mal de choses allaient changer, mais tu espérais secrètement que vous continuiez votre chemin ensembles. Tes mains, qui venaient de le caresser tendrement, démontraient un réel besoin d’affection. Tu ne pouvais t’empêcher d’être tactile avec lui comme il avait pu l’être en ta compagnie tout au long du week-end. Vous aviez joué au jeu du chat et de la souris, échangés des paroles que vous regretterez peut-être dans quelques jours alors que vous retournerez à la dure réalité. Les cours allaient bientôt reprendre et pourtant, ton envie de ne pas monter dans ce jet privé se faisait forte. En fait, tu avais envie de lui dire de prendre ses affaires et s’enfuir avec toi, vivre vos petites vies sans le moindre problème loin de tout. Ça serait si simple ainsi… Tu t’étais excusé de t’être laissé emporté, lui faisant comprendre alors que tout était beaucoup trop compliqué pour que tu comprennes quoi que ce soit et arrive à maîtriser tes émotions. Il ne répondit néanmoins pas, te laissant sur un long questionnement quant à ce qu’il désirait le plus te concernant. Quelques mots sincères que tu avais soufflés, tu les pensais et il serait encore plus difficile pour toi de faire un tri sur tout ce que tu pouvais ressentir, que ce soit pour Gabriel ou pour Rafael.  

Sourire qui étire tes lippes doucement alors qu’il te répondit aussi. Un soupir beaucoup plus apaisé qui se fit entendre, s’écrasant sur la chair de l’italien. Baiser sur tes muqueuses, il avait fini par te suggérer de dormir. Au fond, c’était sûrement la meilleure décision que vous auriez prise que d’aller vous coucher assez tôt. Petite caresse sur sa joue, tu avais laissé son front se coller contre le tien et tu avais doucement fermé les yeux. — On part à treize heures… j’ai déjà mis un réveil pour dix heures. Que tu lui annonces, ça vous laisserez le temps de finir vos valises et aller jusqu’à l’aéroport. Tu finis par te caler un peu plus confortablement toujours en restant dans ses bras. Tu pouvais entendre son cœur battre paisiblement et tu avais calé ta respiration sur la sienne avant de sombrer doucement dans les bras de Morphée, suivis rapidement par Gabriel pour votre dernière nuit en Italie.

the end