La fin de week-end ne se passait pas comme il l’avait imaginé. N’avait rien imaginé d’exceptionnel, si ce n’est fêter la victoire du vainqueur du GP de Monza, se balader dans Milan avec la jolie blonde, et profiter de leur dernière soirée ici. Il n’avait pas imaginé l’embrasser, à deux reprises, ni encore moins à ce qu’ils se déclarent leurs sentiments respectifs. Pourquoi tout revenait d’un coup ? Était-ce l’effet Monza ? Ou l’aimait-il encore réellement ? Il était pourtant persuadé d’être passé à autre chose. Elle-même semblait l’avoir fait en se mettant en couple avec un autre. Il n’y comprenait plus rien. Que ce soit de son côté, ou du sien. Tout se mélangeait dans sa tête, dans son cœur, et tous ces signaux musicaux n’aidaient pas. Il ne voulait pas les écouter. Il voulait qu’elle lui dise que non : elle ne l’aimait pas/plus. Qu’elle n’avait d’yeux que pour son copain. Qu’il se faisait des illusions tout seul. Pourquoi ne pouvait-elle pas faire ça ? Pourtant c’était la seule chose dont il avait besoin. Mais elle fit tout le contraire. Tout en l’écoutant, il s’en voulu déjà d’avoir posé la question. Ses mains sur le volant, il le serra fort. Il osa la regarder alors qu’elle déblatérait ses paroles. Un mélange de bonheur, de tristesse et de colère. Gabe ne savait pas quel sentiment il devait écouter. Il ne savait pas ce qu’il devait faire avec toutes ces informations. Aurait aimé tout oublier. Aurait aimé ne pas l’avoir embrassé. Ils n’en seraient pas là maintenant. Pourquoi devait-il toujours tout gâcher ? « Je t’aimerais toujours aussi. » Il le savait. Peu importe ce qu’on pouvait lui dire. Son amour pour elle serait toujours présent, mais à moindre mesure. De différentes façons selon le moment de sa vie. « Mais aujourd'hui, tu en aimes un autre. » Et il ne ferait jamais rien pour qu’une personne en quitte une pour lui. Ce n’est pas son genre. « J’imagine que si – on doit terminer ensembles, ça se fera. » Peu importe la façon, le jour. Il croyait au destin. Réfléchit quelques secondes, avant de plonger son regard dans le sien à nouveau. « Je propose quelque chose. » Surement très con, mais cette promesse avait le don de lui redonner du baume au cœur et à lui faire du bien sur le moment, alors il imaginait que c’était la chose à faire. « Si à 35 ans, on est célibataires – on se remet ensemble ? » trente-cinq ans lui paraissaient si loin, du haut de ses vingt-trois ans. Il y en avait des choses qui pouvaient se passer d’ici là. Mais cette promesse de pouvoir terminer avec elle un jour, si c’était leur destinée, alors il se retrouvait à ce moment-là. Jusque-là, ils allaient pouvoir vivre sa vie comme bon lui semblait. Et elle aussi, avec Rafael. Ou un autre. Ou des autres. La musique de la radio continuait en fond sonore, s’arrêtant dans les musiques romantiques. Comme s’ils étaient enfin arrivés à un point d’accord et qu’ils pouvaient enfin profiter de leur amitié.
(Gabe Moretti)
gabe and his pumpkin
"Sometimes the hardest part of moving on is accepting that the past was beautiful, but it’s time to create new memories."+ aeairiel.