Gabe sourit doucement en sentant la chaleur familière de Clémence contre son dos. C'était une sensation à la fois réconfortante et troublante. Les gestes tendres et les petites attentions qu'ils avaient partagées dans le passé revenaient à la surface, comme un souvenir agréable que l'on effleure du bout des doigts, mais sans jamais pouvoir le saisir pleinement. La remarque du couple âgé à côté d'eux ne faisait qu'ajouter à cette atmosphère douce-amère. Ils n'étaient plus un couple, et pourtant, certains de leurs gestes trahissaient une intimité qui avait laissé des traces indélébiles. Il passa la commande, essayant de garder son esprit ancré dans l'instant présent, mais chaque papouille de Clémence sur son bras faisait remonter une vague de nostalgie qu'il avait du mal à contenir. Il se rappela leur dernière fois ici, en Italie, lorsqu'ils étaient encore ensemble, et de toutes ces petites choses qui rendaient leur relation unique. Mais aujourd'hui, les choses avaient changé, et bien qu'ils aient conservé une belle amitié, il savait qu'il devait faire attention à ne pas raviver des sentiments qui pourraient compliquer leur relation. Quand elle lui demanda ce qu'il voulait faire après le GP, Gabe prit une profonde inspiration avant de répondre. « Milan me semble une bonne idée. » Il se retourna légèrement pour croiser son regard. « Clémence … » Etait sur le point de lui dire d’arrêter de faire ce qu’elle faisait : ces papouilles. La sentir si proche de lui. Mais il en fut incapable. Son regard dans le sien, il se vit même la prendre dans ses bras pour lui offrir un doux câlin, sentir son odeur pour une dernière fois peut-être. Sa tête posée sur la sienne, il ne voulait pas arrêter cette étreinte. Mais il en fut obligé lorsque leur commande fut prête. De l’eau, une barquette de frites pour la demoiselle et des Arancini à se partager. Il lui tendit sa portion avec un sourire taquin. « Prends des forces tiens. » Et à peine eut-il dit cela qu’il lui piqua une frite pour la mettre dans la bouche de la blonde. Frite en bouche, sa main vint se poser sur sa joue. Alors qu’il se retint de passer un de ses doigts sur ses lèvres. Ces douces lèvres qu’il avait tant aimé embrasser. Lèvres qui ne lui appartenaient plus. Cela faisait déjà un petit temps qu’ils n’étaient plus ensemble, et pourtant à chaque fois qu’il se retrouvait seul avec elle, il avait cette drôle d’impression que leur rupture datait d’hier. Le temps semblait s’être arrêté autour d’eux, sa main sur sa joue, son regard plongé dans le sien, il ne voulait plus bouger. La boule au ventre, il la sentait. Mais pas de faim. Il savait que tout cela n’était pas correct. Vis-à-vis de Clémence et de son copain actuel. Pourtant, il avait cette idée de rébellion qui sonnait en lui : embrasse là.C’était maintenant ou jamais .
(Gabe Moretti)