le retour à monza (( pastetti #1 ))

Cette nouvelle dynamique dans leur relation rendit très perplexe Gabe. Si ce n’est triste, perdu, bouleversé. Il se sentit soulagé d’un poids, certes, mais il avait aussi l’impression que tout tenait sur un bout de fil et qu’au moindre coup de vent, tout s’effondrerait. Et il ne le voulait pas. Il ne voulait pas la perdre. Ni perdre tout ce qu’ils avaient. Il savait que leur relation avait changé, qu’il ne pouvait plus se permettre de l’embrasser comme il venait de le faire. Il avait seulement besoin d’un petit temps d’adaptation. Accepter qu’elle était de nouveau avec son ex. Ex… Pourquoi pas lui ? Pourquoi n’était-elle pas revenue vers lui ? Pourquoi vers un autre ? Avait-il été trop gentil ? Et s’il s’était énervé lorsqu’il avait appris pour l’infidélité ? S’il avait montré un peu plus de caractère. Et s’il l’avait embrassée un mois plus tôt ? Pourrait-il être à la place de Rafael aujourd’hui ? Non pas chez lui, seul, mais aux côtés de Clémence, dans sa vie. Partager à nouveau ses bras, que ses lèvres soient siennes. Que leurs deux corps puissent à nouveau fusionner ensemble pour accompagner leurs deux âmes qui ne semblent vouloir que ça. Une fusion totale.

Les révélations de Clémence ne l’apaisèrent pas. Tout le contraire. Aurait peut-être préféré ne pas le savoir : que ses sentiments étaient réciproques. Avait l’impression d’avoir manqué le coche, après l’avoir perdue bêtement. Pour toujours. Ce baiser était surement un baiser d’adieu, comme dans les films. Mais aurait surement préféré en profiter davantage, pour réellement pouvoir lui dire au revoir. Pouvoir imprimer la forme de ses lèvres sur les siennes, se rappeler de son odeur, le rythme de sa langue avec la sienne. Etait-ce mal de sa part de vouloir l’embrasser à nouveau ? Mais cette fois-ci, pour la dernière fois. Il se le promettait. Et c’était surement cela qui lui fit glisser quelques larmes. Tout en tentant de rassurer la blonde sur la suite, il se rassurait lui-même. Si c’est une ferrari qui gagne, je l’embrasse à nouveau. Pensa-t-il. Non, si on a une ferrari sur le podium, tiens. Se donnait le plus de chance possible de pouvoir gouter à nouveau à ses lèvres. Et si on a un double podium ferrari, je dégage l’autre. Petit sourire à cette pensée. Il le pensait, oui, mais ne le ferait surement jamais. Pour Clémence. Car elle semblait heureuse avec ? « Je – » Non, il ne pouvait pas lui dire qu’il l’aimait, pas maintenant. Trop tôt. Ou trop tard. « Je crois que c’est mieux qu’on regarde le circuit, c’est bientôt la fin, non ? » Ca serait bête de rater la fin, alors qu’ils se trouvaient juste face à la ligne d’arrivée. Il du regarder les panneaux pour voir qui était le leader de la course pour maintenant. Il faut dire, qu’ils n’avaient pas vraiment suivi cette course. Tant pis, si besoin, il la regardera en replay. Clémence étant bien plus importante. Son regard de nouveau sur le bitume, il ne put s’empêcher de chercher la main de son amie pour la prendre dans la sienne.

Ces larmes sincères qui avaient coulé sur ton visage témoignaient d’un réel mal-être intérieur qui te rongeait l’âme à petit feu. Gabriel comptait toujours pour toi et tu savais que s'il avait fait un pas vers toi beaucoup plus tôt, ta vie sentimentale serait différente de ce qu’elle était aujourd’hui. Tu ne serais pas là en tant que simple amie et tu ne te sentirais pas coupable d’avoir échangé un baiser avec lui. Tu aurais sûrement passé la course à rire, parier sur ce qui pourrait se passer et tu aurais célébré la victoire du grand vainqueur dans la joie et la bonne humeur. Au lieu de ça, tu faisais en sorte que Gabriel ne s’effondre pas à son tour, qu’il soit au moins fort pour vous deux, même si c’était beaucoup lui demander. Ton pouce continuait ce mouvement délicat et réconfortant sur sa joue, ton regard toujours plongé dans le sien comme une éternelle baignade dans ses prunelles et tu venais même parfois à esquisser un sourire. À ses mots, tu penches la tête sur le côté en attendant la suite, mais rien ne fut, du moins, pas ce à quoi tu aurais pu t’attendre. T’en avais presque oublié cette course et pourtant, il fallait être sourd pour ne pas entendre les vrombissements des monoplaces qui passaient encore à toute vitesse devant vous.

— D’acc… Que tu souffles, relâchant ton emprise sur lui avant se repositionner cette casquette rouge correctement sur sa tête. — Je ne voudrais pas manquer le drapeau à damier. Même si tu étais incertaine de savoir qui pourrait l’emporter à présent. Tu t’étais remis en place, les yeux qui scrutaient les différents panneaux et les grands écrans pour suivre ce qu’il restait à voir. Et tu sentis sa main se poser sur la tienne, qui elle-même avait scellé vos doigts accompagnés de tendres caresses infimes. Tu glisses un peu plus vers lui pour finir par simplement poser ta tête sur son épaule, les yeux fixant toujours l’horizon. Tu voulais stopper ce moment à jamais. — Tu crois que les Ferrari ont encore une chance de faire le podium ? Bien que tu ne savais pas les intentions du jeune homme si les voitures rouges finissaient en tête, tu espérais au moins qu’une d’elles soit sur le podium. Les deux seraient pour toi un pur bonheur, mais tu ne pouvais choisir la finalité des choses. Malheureusement.

Ces moments avec Clémences étaient précieux. Il le savait. Il avait eu de la chance que son petit-copain la laisse venir toute seule. Ne l’aurait surement pas fait de son côté. Surtout avec elle : car il savait ce que ça faisait de la perdre. Alors il les chérissait : ces moments en tête à tête. Il ne voulait pas tout gâcher pour un simple petit baiser. Il s’en voulait déjà presque de l’avoir fait, mais il ne pouvait revenir en arrière. C’est pourquoi, il se vit essayer de passer à autre chose. D’essayer de ne pas avoir à en parler davantage. Ils s’aimaient encore, oui. Et pourtant cet amour semblait impossible. Il n’y aurait plus de baiser. A moins qu’une ferrari ne soit sur le podium ? Sa main dans celle de Clémence, il la lui serrait. Comme une façon de lui dire qu’il ne la quitterait jamais. Qu’il serait toujours là pour elle, dans sa vie. Même si un jour elle venait à le repousser. Il serait là. « Oui ? » Il le pensait, car l’espoir était là. Les ferrari s’en sortaient plutôt pas mal sur ce circuit. Un silence s’installa alors entre les deux anciens amoureux. Un silence meublé par bruit de la foule.

La fin de la course arrivait, les Tiffosis s’enflammaient, car en tête de course il y avait bien une monoplace rouge sur la piste. Le cœur de Gabe s’accéléra, mais pas seulement pour ce résultat de course mais plutôt pour le résultat qui en découlerait. Pas seulement le restaurant, mais bien le baiser qu’il s’était promis. Dernier tour, et alors que le drapeau à damier était levé, la main de Gabe ne lâcha pas celle de la blonde. Et même s’il la sentit sauter de joie, il tenta de rester le plus calme possible. Il se tourna alors vers elle, et à peine leurs regards se croisèrent qu’il prit délicatement sa tête entre ses mains pour venir l’embrasser. Sa langue dansant la victoire de Ferrari avec celle de Clémence. Ils se faisaient bousculer par la foule, mais rien ne les faisait flanchir. Le temps s’était à nouveau écouler. Il s’en fichait pas mal de connaitre la suite de la course, de la position des autres pilotes. Il s’était promis de l’embrasser, une dernière fois, si une ferrari allait sur le podium. Il s’était promis de lui dire au revoir de la sorte. Et pour le coup, il s’attardait sur ce baiser. Ne voulant pas le stopper. Le jeune homme fit durer ce bisou jusqu’à ne plus pouvoir respirer. Et alors que ses lèvres quittèrent les siennes, il la prit dans ses bras pour lui offrir un énorme câlin. Pour qu’elle comprenne que ça serait leur dernier baiser, et qu’il ne voulait pas en discuter. Il ne voulait pas ouvrir davantage son cœur. Il espérait même qu’elle lui ait aspiré tout cet amour. Il voulait s’en débarrasser car au fond, il le savait, il allait être celui qui souffrirait. Dernière larme pour elle qui coula sur sa joue, il la sécha avant de desserrer son étreinte et la regarder. « J’imagine que tu veux assister au podium ? » Peut-être pouvaient-ils même revenir sur le paddock dans l’espoir de rencontrer les vainqueurs. Mais aussi, Gabe sentait qu’il avait besoin d’un peu de silence et moins de foule. En plein deuil, il sentait la douleur au plus profond de son cœur, et même s’il était heureux du podium offert aujourd’hui, il savait qu’il n'arriverait pas à le célébrer comme il le fallait. Pourtant, il ne pouvait trop le montrer à la jolie blonde. Il devait l’oublier, la chasser de ses esprits, et de son cœur. Que tout cela reste à Monza et ne le suive pas sur Boston. Que son amour pour elle perdure à tout jamais ici-même, dans cette ville emblématique des Tiffosi.

Tu étais bien, là, dans cette proximité rassurante, profitant de chaque seconde de la fin de course. Comme un rêve éveillé, douce songe que tu voulais prolonger pour l’éternité si seulement tu pouvais contrôler le temps. T’aurais aimé figé l’espace autour de vous et simplement l’avoir pour toi sans que personne ne puisse mettre une barrière entre vous. Tu savais que Boston allait être difficile, autant pour toi que pour lui. Tu ne pouvais pas ignorer ce qui s’était passé tout à l’heure entre vous, et tu avais que même si ce baiser vous avez rapproché, il avait malgré lui mit un mur invisible entre vous. Puis un silence s’était installé, pourtant pas si étrange que cela. Après tout, vous étiez venus ici pour profiter du Grand Prix et rien d’autre. Puis soudainement, la ferveur des Tifosi te fit te lever de ton banc, sans pour autant lâcher sa main. Une Ferrari était bien en tête de la course, et d’autant plus, un pilote monégasque. Quoi de plus pour ravir ton cœur que cette finalité. Au fond, tu savais que tu allais gagner ton pari et que Gabriel devait te payer le restaurant. Autour de toi, les gens s’agitent de plus en plus et tu suivais doucement leur rythme avant que les feux d’artifices et le drapeau à damier ne clos tout un week-end d’adrénaline.

Et dans un élan soudain, sans que tu n’aies pu voir qui passait à ligne après le vainqueur, tu sens ses mains venir t’attraper le visage et ses lèvres se joindre une nouvelle fois aux tiennes. Si tu pensais que le premier baiser était une erreur qui aurait peut-être pu être oubliée dans un sens, le deuxième baiser n’en était clairement pas une. Tu ne savais pas trop comment réagir, mais doucement, tu sentais que ce baiser prendre un tournant un peu plus sincère et tu finis par complètement te laisser aller à lui. Ce moment-là, tu voulais d’autant plus l’arrêter que tu savais que ça pouvait être le dernier que vous partagiez ainsi. Tu ressers doucement l’étreinte pour le garder contre toi alors que vos langues s’entremêlent dans un slow qui t’avait tant manqué, et même si les gens autour de vous poussent pour courir en direction du podium, tu ne bougeais pas. Tu penses qu’à cet instant, s'il t’avait demandé de tout quitter pour lui, tu aurais pu lui dire oui. Mais peut-être que ton cœur criait une envie qui ne se ferrait jamais et peut-être même que tout cela n’était qu’un rêve et que tu te réveilleras seule dans ce grand matelas, dans cette grande chambre qui était tienne et que tu verserais quelques larmes sur une illusion si réaliste que tu l’avais cru vraie. Mais tu finis simplement par finir dans ses bras, dans ce câlin réconfortant. Du moins, de ce que tu pensais. Il était heureux de tout ce qui venait de se passer, hein ? Relevant la tête, tu croises à nouveau ses yeux légèrement rougis sans trop savoir pourquoi, mais tu ne fis pas la moindre remarque, laissant simplement tes doigts sur son avant-bras, attrapant son poignet délicatement. — Tu ne veux pas y aller ? Ça ne me dérange pas si on retourne au Paddock si jamais. Parce que tu savais qu’il ne fallait pas être agoraphobe là-dedans et que vous finirez sûrement avec des bleus, des cheveux tirés et des tympans gonflés à cause de toute cette joie. — Ou alors tu veux qu’on rentre sur Milan ?

Il semblait un poil moins heureux que tout à l’heure, moins pétillant, moins souriant et tu te demandais bien ce qui pouvait se passer dans sa tête pour un changement soudain. Ce ne serait sûrement pas te payer un resto qui le mettrait dans cet état et doucement, tu crispes ta mâchoire pour éviter de lui poser une question à laquelle il ne voulait peut-être pas répondre… Tes doigts glissent alors sur sa main pour détendre les siens, hésitant un instant à sceller un contact. Toi, tu en avais envie, mais il semblait un peu plus distant et tu le regardais alors, attendant presque son approbation ou qu’il se saisisse de ta main lui-même.

Il était perdu face à la jolie blonde. Il savait que c’était elle ou personne d’autre. Au plus profond de son âme. Il en avait eu quelques copines, mais n’avait jamais aimé une fille comme il avait pu le faire avec Clémence. Elle était la seule avec qui il se sentait si bien à ses côtés, outre ce moment assez embarrassant. Il la voulait. Il voulait être à elle, mais ce n’était plus possible. Elle avait trouvé mieux ailleurs. Evidemment, il se faisait du mal tout seul en l’embrassant de la sorte. En sachant que ça serait le dernier baiser. En sachant qu’il devenait « l’amant » le temps de quelques secondes. Et pourtant, qu’est ce qu’il fut heureux durant ces quelques secondes. Alors qu’ils s’étaient échangés ce baiser langoureux. Baiser bien moins timide que le premier. Ils s’étaient embrassés comme ils le faisaient à l’époque. Et heureusement qu’ils l’avaient fait dans un lieu public. Heureusement qu’ils ne s’étaient pas embrassés de la sorte dans la chambre d’hôtel. Heureusement pour Rafael. Malheureusement pour lui, peut-être. Aurait peut-être pu retrouver Clémence d’une autre manière. Tentant de chasser ces idées malsaines de son esprit, il la regarda. « Je – » Il se sentait rougir. Avait même l’impression qu’elle pouvait lire sur son visage les pensées qui lui étaient passés par la tête. La fin de la journée allait être compliqué. La nuit d’autant plus. Il avait besoin de prendre l’air, de ne plus respirer le même que Clémence. Avait besoin d’espace, juste le temps de quelques minutes. « Je vais aller … je sais pas où, mais j’y vais. » Etait totalement en train de paniquer. Vis-à-vis d’elle. De leur relation. De ce qui pouvait se passer, encore. Vis-à-vis de son copain. « Fais ce que tu veux. Va voir Ferrari si tu veux. » Tu dois le connaitre de toute façon, avait-il failli dire, sur un ton assez sec mais réussit à se taire. Se vit s’en aller le plus loin possible d’elle, ne plus sentir sa présence. Avant de se retourner et dire un peu plus fort. « Je t’appelle pour qu’on se retrouve. » Et s’en alla, la laissant plantée là.

Il laissa ses pieds parcourir les mètres, sans savoir où il allait. Si ce n’est de s’éloigner d’elle. Il avait besoin de se recentrer sur lui et chasser toutes ces pensées sauvages. Bouteille en main, il ne la termina pas. Non. Il faisait si chaud, qu’il se vit se mouille la tête avec le reste de l’eau. Il voulait sentir son cerveau se glacer, mais ce n’était pas suffisant. Après avoir jeté la bouteille dans la première poubelle, il sortit son téléphone. Besoin de parler, mais à qui ? Il savait déjà ce qu’on allait lui dire. Avait-il vraiment envie de se l’entendre dire ? Pas vraiment non. Alors il rangea son téléphone. Mains dans ses poches, il entendait les chansons au loin. La foule crier. Devrait être heureux, et pourtant n’arrivait pas à célébrer avec le reste des spectateurs. Après quelques minutes de marche, il s’arrêta pour se poser et ressortir son portable. Non pas pour discuter mais pour regarder les photos qu’il avait encore avec Clémence. Les photos de l’époque. Elle avait l’air heureuse oui. Et pourtant, elle semblait l’être encore plus maintenant, avec Rafael. Beaucoup moins aujourd’hui, après leurs baisers. Ne pouvait-il pas mettre tout cela derrière eux, une bonne fois pour toutes ? S’il veut vraiment son bonheur comme il a pu le dire à son frère ? Il s’en fichait bien de son bonheur à lui, tant qu’elle, l’était. Encore quelques minutes à scroller leurs photos et vidéos, il lui envoya un message pour qu’ils se retrouvent à l’extérieur du circuit. Il avait besoin de quitter cet endroit.

Une fois qu’il la vit l’attendre, les mains dans les poches, il arriva à sa hauteur. Enième câlin, mais purement platonique cette fois-ci, il lui dit en même temps. « Je suis désolé. » Gorge serrée, il tentait de faire face à elle, sans avoir à crier sa douleur. « On y va ? » Et alors qu’il aurait aimé prendre sa main, il ne le fit pas. Pas cette fois-ci. Il devait obligatoirement mettre des distances entre eux. Même si ça lui faisait mal et que ce n’était pas naturel pour lui.

Tu avais apprécié chaque seconde de ce baiser. Il te rappelait tant de souvenirs si réconfortants et si agréables que tu aurais aimé qu’il ne fasse pas partie d’un souvenir. Pourtant, tu savais qu’il y ait peu de chances que tout cela redevienne réalité. Parce que tu avais Rafael dans ta vie maintenant et qu’à lui non plus, tu ne voulais pas lui faire de mal. Mais Gabriel… Ô Gabriel… Il aurait toujours ton cœur, peu importe ce qui pouvait se passer dans ta vie. Un premier amour ne disparaîtra jamais en un claquement de doigts, et votre relation encore complice n’aidait en rien. Tu étais tourmenté entre tes sentiments et ta conscience, ne sachant trop quoi faire, mais, si tu pouvais profiter de lui à ta guise, il faut dire que tu ne lui refuserais rien. Il pouvait poser une nouvelle fois ses lippes sur les tiennes, parcourir ton corps de ses doigts brûlants et te retrouver dans les draps, tu ne lui dirais absolument rien.

Pourtant, il ne prit pas ta main dans la sienne, il ne te souriait plus et avait presque perdu cette petite étincelle dans ses yeux d’un vert profonds. Tu présentais que le ciel allait s’écrouler sur tes épaules. Et c’est quand il t’expliquait, bien que peu sûr de lui, vouloir partir que tu te rendis compte de cette cassure entre vous. Ton cœur te faisait mal alors que tu le regardais s’éloigner. Tu étais planté, là, seule avec cette immense tristesse intérieure alors qu’autour de toi, les gens scandaient leur bonheur. Une grande inspiration et tu pris toi-même la direction de la pit lane pour te rendre au garage Ferrari. Peut-être que là, la joie reprendrait le dessus et que tu ne serais pas cet amas de chagrin qui traînait des pieds. Une fois dans le garage de l’écurie, ton sourire ne s’agrandit pas plus et tu avais fini par te caler dans un coin pour simplement pleurer un bon coup. Tu en avais besoin, tu étais complètement perdue et tu sortis ton téléphone de ton sac à main, le mettant en son pour ne pas manquer l’appelle de Gabe. Les minutes passaient et pas la moindre nouvelle. Puis une personne de l’équipe te remarqua et te demanda si tout allait bien. À part lui expliquer que tu avais un chagrin d’amour, il ne pouvait rien y faire pourtant, il te ramena un café pour te réconforter et une peluche qu’il avait trouvé au pied du podium.

Scrollant ta galerie photo, tu finis par tomber sur vos souvenirs. À toi et Gabriel. De nombreuses photos et vidéos où vous étiez les plus heureux du monde. Il n’y avait que toi et lui comptait à cette époque-là et vos sourires témoignaient d’un amour sincère. T’aimerais pouvoir avoir une machine à voyager dans le temps, te foutre une bonne baffe dans la gueule et te dire à ton toi du passé de ne pas merder avec lui. Tu finis par verrouiller ton écran, sans pour autant quitter cette photo que vous aviez prise devant un miroir. Tu bois ton café d’une traite et finis par prendre sur toi. Sourire forcé, tu allais féliciter le pilote gagnant et discuter avec lui puisque tu le connaissais depuis longtemps. Et tu félicitais également le deuxième d’avoir terminé au pied du podium. Puis ton téléphone sonna et tu vis le nom de Gabriel s’y afficher dans un message te demandant de le rejoindre à la sortie du circuit. Les gens faisaient encore la fête alors il n’y aurait pas beaucoup de circulation pour rejoindre Milan. Tu attrapes alors une deuxième peluche qu’on te tend, d’un ourson avec un maillot Ferrari puis, rejoins le point de rendez-vous. Tu étais posté là, a attendre son arrivée avant qu’il ne finisse par te prendre dans les bras sans que tu ne comprennes trop pourquoi. Tu acceptais ses excuses sans dire le moindre mot. Tu finis par lui tendre une des peluches avec une petite moue. — j’ai pris ça pour toi. Que tu lui dis avant de le suivre de prêt jusqu’à la voiture. T’installant coté passager, tu t’attaches alors avant de souffler, serrant doucement le drapeau italien et la peluche entre tes mains. — Tu veux qu’on aille manger un bout du coup ?

Il l’avait laissé seule, avec ses pensées. Sans se douter qu’il aggravait peut-être la situation entre eux. Mais à cet instant, il n’avait qu’une pensée : se retrouver seul. Lui qui pense toujours à elle, avait pensé aujourd’hui à lui en premier lieu. Il ne voulait pas le blesser ou la mettre encore plus à mal, mais s’ils voulaient que la fin de leur séjour ne se termine pas sur une mauvaise note, il en avait eu besoin de ce moment en aparté. Difficile d’être réellement seul sur un circuit où une course de F1 a lieu. Mais au fond, qui faisait intention à lui ? Ils fêtaient tous la victoire de Ferrari. Ils l’attendaient cette victoire de l’écurie, sur ces terres italiennes. Malgré la foule, il se sentait terriblement seul. Ne sachant pas à qui il pouvait se confier, sans qu’on ne lui dise ce qu’il savait déjà. Il l’avait cherché. En l’invitant. En l’embrassant. Et en ne prenant qu’une seule chambre. Il avait joué avec le feu, et il se le prenait en pleine face maintenant. Il avait seulement besoin de quelqu’un pour lui dire que la douleur s’atténuerait avec le temps, qu’il arrivait à l’oublier, comme la première fois. Pour de bon cette fois-ci. Qu’ils réussiraient à rester dans la vie de l’un, car c’est bien ce dont il avait peur. Que tout ne change entre eux. Que ce soit trop étrange. Qu’il ne la voit plus sourire comme sur ses photos. Qu’elle ne le regarde plus avec ses yeux pétillants. Qu’elle ne le touche plus comme elle le faisait si bien, du bout de ses doigts fins et doux. Il ne voulait pas que tout cela change. Pourtant, il le fallait. Pour le bien de leur amitié. Ils devaient se trouver une nouvelle dynamique entre eux. Sans qu’ils ne soient aussi tactiles. Il le voulait, au plus profond de son être, alors pourquoi cela ne marcherait-il pas ? Avec du temps …

Après ce temps chacun de leur côté, ils se retrouvèrent enfin à l’entrée du circuit. Il ne le voulait pas, que ce soit bizarre, et pourtant il la prit dans ses bras. Un simple câlin ne pouvait leur faire du mal. Mais quand elle lui donna le petit ourson, il sourit bêtement. D’autant plus quand il vit qu’elle en avait un aussi. « Le mien c’est Enzo et le tien Ferrari, c’est ça ? » A défaut d’avoir leurs chiens avec ces noms, ils pouvaient bien appeler ces petits nounours de la sorte. Pour la blague. Ils s’installèrent dans la voiture, Gabe du côté conducteur. Il la regarda tout en attendant qu’elle mette sa ceinture, la sécurité avant tout. « Tu as faim ? » Ils pouvaient, si elle en avait envie oui. Lui, de son côté, avait perdu tout appétit. Il déposa Enzo sur son amie le temps qu’il conduise, en direction de Milan. Alors qu’il était sur la route, il alluma la radio qui tomba directement sur Die For You. Sérieusement ? Agacé, il pensa une seconde à changer de chaine de radio. Avant de ne décider à la garder. Sa main droite se posa sur la cuisse de la blonde, cherchant à nouveau un contact avec elle. Les paroles criaient sa douleur, et tout ce qu’il pensait intérieurement. Un signe du destin que ce soit celle-là qui passe ? Peut-être bien. Il laissa la musique envahir la voiture, leurs cœurs, leurs esprits. Il essayait de penser à ce qu’il pouvait dire, pour changer de sujet, pour qu’ils pensent à autre chose qu’eux. Mais tout semblait si insignifiant.

Le voir s’éloigner t’avais lancé une douleur inimaginable dans la poitrine, ton palpitant se comprimant comme si quelqu’un s’amusait à le serrer de toutes ses forces entre ses doigts. Pourtant, tu ne lui courus pas derrière bien que tu en avais terriblement envie. Tu présentais qu’il avait besoin d’être seul pour l’instant et tu respectais ses volontés malgré tout. Assise par terre dans un coin, tu réfléchissais à de nombreuses choses vous concernant. Te disant que les choses allaient être beaucoup plus compliquées entre vous une fois de retour dans la ville universitaire. Et t’osais même pas lui dire que tu allais changer de confrérie pour rejoindre une partie de ta famille au sein de la Dudley House. T’avais peur de le croiser dans le couloir et qu’il ne finisse par t’éviter. Les larmes coulaient, bientôt évincées par les quelques mécaniciens dans le garage qui te connaissent bien et que tu considérais un peu comme une deuxième famille. En te tendant cette deuxième peluche, on t’avait soufflé doucement un, è per il tuo ragazzo, potresti avere qualcosa in comune, et même si tu avais sourit tendrement, les yeux rougis, tu n’avais pas osé le reprendre et lui expliquer que Gabriel n’était pas, ou plutôt, plus ton petit ami. Et tu avais serré ses deux peluches contre toi, y laissant malgré toi ton odeur avant de le retrouver là. Cette étreinte, t’aurait aimé la faire durer un peu plus longtemps, mais tu ne voulais plus qu’il prenne ses jambes à son cou et s’éloigne encore de toi. Alors tu te dis cette peluche dans un petit sourire avant que sa remarque ne te fasse pouffer légèrement. — Va pour Enzo et Ferrari alors ! Les deux inséparables. Puis tu finis par t’asseoir et t’attacher, le laissant conduire.

Pourtant, tu le sentais encore tendu et tu lui avais simplement proposé de manger dehors pour essayer de changer d’air. T’avais pas si faim que ça à vrai dire, tu voulais juste rejoindre la métropole alors tu haussais les épaules en récupérant sa peluche que tu viens coller à la tienne, comme s'ils étaient destinés à rester ainsi pour l’éternité. — bof.. Les frites m’ont calée. Mais sinon on rentre se changer et on va faire un petit tour où tu veux ? Parce qu’au vu de l’heure, vous n’allez pas rester à l’hôtel et vous regardez dans le blanc des yeux. Et une fois la voiture lancée sur une ligne droite, tu sentis sa main se poser sur ta cuisse, comme il l’avait souvent fait par le passé. Tu inspires profondément, ne sachant pas quoi faire avant d’entendre cette musique se mettre en route, comme si le ciel vous envoyait des messages subliminaux. Les yeux qui se baladent sur le paysage, tu déglutis avant de glisser ta main gauche sur la sienne sans pour autant vouloir le perturber. La stéréo changea de musique pour vous mettre le classique de la musique romantique, Ti Amo. Et timidement, tu souris, mais tu sentis sa main se crisper contre ta cuisse comme s'il retenait quelque chose. Doucement, tu essayes de la détendre d’un petit geste de tes doigts et ça semblait marcher avant que la musique qui se lance, Die With a Smile ne te fasse te racler la gorge, décidément la station avait choisit de vous torturer mentalement…

La voiture en route, quittant le circuit pour rejoindre la ville italienne, Gabe gardait son regard droit devant lui. Même sa main vint tout de même se poser sur la cuisse de la blonde, comme il aimait le faire. Bien qu’il se sentit se crisper à la seconde musique qui passa. Avait hésité à tourner sa tête vers la blonde, mais n’en fit rien. Ils auraient pu en rire, s’il n’y avait pas eu tous ces baisers échangés, et ces révélations faites. Son cœur se serrait. Tentait de rester concentré. Ne voulait aucunement montrer que ça le touchait. C’était pathétique. Il se trouvait pathétique. Pourquoi ne pouvait-il pas faire comme si rien ne s’était passé ? Pourquoi devait-il être tant touché par ce qui s’était passé ? Pourquoi était-il autant attaché à elle ? Alors qu’il savait très bien qu’elle n’était plus disponible. Une autre musique passa, et ça finit par achever Gabe. Il retira sa main pour les mettre sur le volant et accélérer un bon coup. Il n’avait jamais eu autant envie d’arriver quelque part. L’envie d’arriver et de s’éloigner à nouveau d’elle. Jusque-là, avait réussi à se tenir, plus ou moins. A ne pas péter un réel câble, mais là c’était trop. Il sentait que l’envie de crier était plus forte que lui. Il ne voulait pas crier sur Clémence non. Mais crier son désespoir. Sa tristesse. Il n’arrivait plus à contenir tout ce qu’il ressentait en lui. Il fallait que ça sorte. Sans même le vouloir, il atteignit les cent cinquante kilomètres au compteur. Prenant une sortie d’autoroute au dernier moment, freinant à la dernière minute. Il devait sortir de là. L’étudiant était à la recherche d’un endroit où il pouvait se garer, même si c’était sur le côté de la route. Une fois trouvé, il stoppa la voiture et sortit. Prendre un grand bol d’air frais. Avant de revenir à sa place. « Tu l’aimes ? » Son regard encore droit devant lui, il ne la regardait pas en lui posant cette question. « Autant que tu m’as aimé ? » Si elle l’a réellement aimé comme lui a pu l’aimer. A cette allure, il ne savait pas comment allait se passer la fin de journée, et encore moins la nuit. La prochaine fois il y réfléchira à deux fois avant de ne prendre qu’une seule chambre pour lui et une fille. Surtout si la fille en question est Clémence. Peu importe où irait leur relation, il se promettait de ne plus prendre une chambre pour eux deux. Car à l’heure actuelle, il ne savait pas comment il allait pouvoir dormir ce soir. A ses côtés.

Le trajet se passa tranquillement, du moins, c’est ce que tu pensais jusqu’à ce que Gabriel ne remette sa main sur le volant et appuis sur l’accélérateur. Tu savais que les flics italiens se foutaient bien des excès de vitesse quand eux même en faisaient, mais tu ne voulais pas qu’il se fasse retirer de points sur son permis alors, s'il fallait, tu échangerais en cachette vos places et tu passerais pour la personne fautive. Une jolie bouille et un permis sans points, c’étaient deux avantages que tu avais. En plus d’avoir une petite somme en liquide sur toi constamment. Mais voilà qu’il finit par prendre une sortie d’autoroute qui n’était pas la vôtre et tu arquais doucement un sourcil. Peut-être qu’il voulait te montrer quelque chose ou qu’il voulait prendre un autre chemin, sachant les bouchons qu’ils risquaient d’avoir à l’entrée de Milan. Pourtant, il arrêta la voiture sur le bord de la route avant que tu ne le voies sortir quelques instants. En fait, peut-être qu’il avait une envie pressante et bon, il avait l’avantage d’être un mec et pouvoir s’arrêter où il le voulait. Tu restais là, encore attachée et tu te rendis compte que tu avais tort sur ses envies… Tu voulais sortir pour le rejoindre, le confronter dans une discussion posée pour simplement comprendre et tu avais commencé à te détacher lorsque tu le vis revenir dans le véhicule et se rasseoir, sans pour autant bouger.

Tu ne pensais pas qu’il allait te poser quelconque question et tu fus prise de court par sa demande. Tu pinces doucement tes lèvres parce que tu savais que tu ne pouvais pas échapper à la réalité et que tu devais lui dire les choses. Lui parler sincèrement pourrait sûrement vous aider à vous aiguiller dans ce brouhaha mental qui semblait vous submerger. — Je l’aime… Que tu commences dans un murmure, parce que Rafael était celui avec qui tu étais et que tu ne te serais sûrement pas mis en couple pour les apparences. Ce n’était pas ton genre. — Mais… j’aimerai jamais quelqu’un autant que toi, Gabe…  Tu lui avoues, te penchant doucement pour essayer de capter son regard. Tu inspires profondément, pour essayer de retenir un énième chagrin qui semblait au bord du précipice. Tu ne voulais pas encore te montrer faible et tu te sentais complètement essorée après avoir tant pleuré. — J’réalise peut-être que j’aurais aimé qu’on se retrouve beaucoup plus tôt… Et j’ai beau avoir fait toutes les conneries possibles et inimaginables pour t’oublier, t’es toujours là. Tu pointes ton cœur du doigt, pour lui faire comprendre qu’il avait sa place ici, beaucoup plus qu’il ne l’imaginait. — Je t’ai pas dit que j’avais encore des sentiments pour toi parce que c’est Monza et qu’on était heureux l’an dernier. Je te le dis parce que je le pense vraiment, Gabe… Je t’aime encore… Beaucoup plus que je n’ai envie de l’avouer. Peut-être que tout ça désamorcerait les choses entre vous, mais tu avais peur qu’il prenne la poudre d’escampette. — Je n'arrive clairement pas à t’oublier, à ne pas vouloir que tu m’embrasses constamment, ne pas t’avoir dans mes bras à chaque fois que j’ai un coup de mou ou toutes les petites choses qu’on avait avant… Tu ne sais pas trop si tu devais le toucher, le laisser tranquille et juste finir le trajet dans un silence de mort. — T’es mon premier amour Gabriel… Et tu le resteras pour toujours.