le retour à monza (( pastetti #1 ))

Le rugissement des moteurs résonnait dans l’air chaud de Monza, créant une ambiance électrique que Gabe connaissait par cœur. Il se tenait aux côtés de Clémence dans les gradins, les yeux rivés sur la piste où les monoplaces filaient à une vitesse fulgurante. Le Grand Prix d’Italie avait toujours été spécial pour Gabe, un moment où il pouvait se reconnecter à ses racines italiennes et à sa passion pour la course automobile. Son ex-petite amie, avec qui il était resté en très bons termes, se tenait à côté de lui. Ses cheveux blonds volaient légèrement sous la brise et elle portait un sourire tranquille. Il la regarda, se souvenant alors pourquoi il s'était mis avec elle, à l'époque. Leur relation avait évolué au fil du temps, passant de l’amour à l’amitié, et même s’il y avait eu des moments difficiles, ils avaient réussi à préserver un lien fort. « Alors à ton avis, qui va gagner aujourd'hui ? » demanda Gabe en se tournant vers Clémence. « On fait un pari ? » Juste de quoi rendre les choses un peu plus intéressantes. La course continuait, les voitures fonçaient dans les virages à une vitesse vertigineuse. Mais pour Gabe, ce moment partagé avec Clémence était aussi important que la compétition sur la piste. Ils avaient traversé beaucoup de choses ensemble, et être ici à Monza, après tout ce temps, témoignait de la force de leur lien. « Merci d’être venue avec moi, Clémence, » dit Gabe, sincèrement. Les moteurs rugissaient encore tandis que les voitures franchissaient la ligne droite, mais pour Gabe, ce n'était pas seulement le Grand Prix qui faisait battre son cœur plus vite ce jour-là. C'était le rappel que, même après tout ce temps, certaines connexions restent intactes, peu importe les chemins empruntés.

@Clémence Pastor

Alors que tu étais revenue de vacances il y a quelques jours de cela, te revoici dans le pays qui t’avait accueilli durant ce mois d’août, afin de profiter une dernière fois avant la rentrée et son rythme effréné. Monza était un Grand Prix que tu affectionnais tout particulièrement, et ce, depuis ta plus tendre enfance. Toi qui faisais partie de la famille Ferrari grâce aux parents de Nahyl, tu avais pu vivre d’innombrables moments auprès des Tifosi et revenir sur ces terres te donnait toujours autant le sourire. Tu étais assise, là, parmi la foule malgré un badge qui te donnait accès aux accommodations de l’écurie italienne, un drapeau italien sur les épaules et une casquette rouge sur le haut de ta tête.

Tu regardais les vingt monoplaces passer à grande vitesse sous ton nez, te délectant du son puissant qui pouvait s’échapper des moteurs et de cette petite brise chaude qui effleurait ton visage. Tu ne remarquais pas vraiment le regard de Gabe sur toi alors que tu t’enjouais d’un dépassement réussi jusqu’à ce que sa voix ne se fasse entendre par-dessus le brouhaha environnant. Tu pivotes alors la tête et lui offre un sourire magnifique, témoignant de la joie que tu avais à l’accompagner ici. — Ferrari, évidemment ! Même si McLaren a de bonnes chances. Que tu annonces, fidèle à toi-même. — On parie quoi ? Un resto ? Ou tu veux un truc un peu plus farfelu ? Tu ne savais pas encore quoi, mais il pouvait y avoir des tas de choses à faire s'il avait envie de pimenter un peu plus le jeu. Tu allais te concentrer une nouvelle fois sur la course quand tu l’entendis te remercier.

Énième sourire qui fend tes lippes, tu finis par attraper sa main dans la tienne par simple geste affectif. Gabe et toi aviez été ensemble une année entière et tu ne pourrais jamais vraiment oublier tout ce qu’il avait pu t’apporter, même si votre relation ne s’était pas passée comme prévue. Aujourd’hui, tu voulais préserver ton amitié avec lui, profiter d’une autre manière. Parce que même si tu ne l’avouerais pas et que tu restais fidèle à Rafael, Gabe compte encore énormément pour toi. — merci de m’avoir proposé de venir surtout !

@Gabe Moretti

Gabe regardait Clémence avec une tendresse discrète alors qu'elle s'enthousiasmait pour la course, perdue dans l'euphorie du moment. Le Grand Prix de Monza avait toujours été un rendez-vous spécial pour lui, un lieu où il se sentait à la fois chez lui et transporté par l’énergie des Tifosi. Avoir Clémence à ses côtés ajoutait une touche particulière, une sorte de nostalgie douce-amère qui le faisait sourire. Quand elle tourna la tête vers lui après avoir annoncé son soutien à Ferrari, son sourire éclatant lui rappela pourquoi leur relation avait été si spéciale. Clémence avait toujours cette manière d'illuminer les choses, de rendre chaque moment plus vibrant, et Gabe ne put s'empêcher de se demander ce qui aurait pu se passer si les choses avaient été différentes entre eux. Mais il savait aussi que leur amitié actuelle était précieuse, et il tenait à la préserver. « D'accord, allons-y pour un resto. » Gabe sentit alors sa main se glisser dans la sienne, un geste simple mais chargé de tant de souvenirs. Il serra doucement ses doigts, appréciant le contact familier. Ce n’était pas un geste romantique, du moins plus maintenant, mais une façon de dire qu’ils étaient là, ensemble, à partager encore des moments importants. Les monoplaces continuaient de rugir sur la piste, mais pour un instant, Gabe ne les entendait plus. Tout ce qu'il ressentait, c’était une paix intérieure rare, une sorte d'acceptation tranquille de ce qu’ils étaient devenus. Il savait que, peu importe les virages que la vie leur réservait, Clémence ferait toujours partie de son histoire, d’une manière ou d’une autre. « Allez, que le meilleur gagne, » dit-il finalement, relâchant sa main pour taper gentiment dans son épaule. « Mais prépare-toi à perdre, McLaren est en forme aujourd'hui. » Pouvait même dire cette année.

Sa main était devenue soudainement chaude à ton contact, mais pour toi ce n’était qu’une sensation agréable du passé que tu voulais sans arrière-pensée. Tu ne pourrais clairement pas effacer Gabriel de ta vie, mais, même si votre relation avait changé de cap en cours de route, tu savais que tu continuerais à faire un bout de chemin à ses côtés. Il n’était peut-être pas ton âme-sœur sentimentale, mais tu comptais bien préserver ce lien fort qui vous unissait pour longtemps. Du doigt des doigts, tu te surprends à lui patouiller tendrement la main pendant que tu regardes les Ferrari passer à toute vitesse sur le goudron qui se tâchait doucement de caoutchouc même si peu perceptible. — Si Ferrari gagne, c’est toi qui payes, si McLaren gagne, c’est moi qui t’offre ! Puis tu regardes une nouvelle fois dans sa direction avant de rire. — Par contre si aucun des deux ne gagne vraiment, je ne sais pas ce qu’on pourrait faire vu que le pari tombe à l’eau !

Tu te disperses dans tes pensées, te demandant quelques instants ce que ta vie avec Gabriel aurait pu être si vous étiez restés ensemble. Peut-être que vous retrouver sur les gradins d’un Grand Prix n’aurait pas été anodins et encore moins ce geste que tu avais à son égard. Peut-être que pendant un drapeau rouge ou une safety car, vous échangeriez quelques baisers en parlant d’emmené vos enfants voir des courses de voitures en les déguisant de la tête aux pieds de la couleur de vos écuries favorite. Puis une fois la course terminée vous serez allée sur la pit lane pour retrouver les pilotes et le personnel technique pour que Gabe puisse discuter avec eux d’ingénierie pendant que tu prenais des photos des enfants devant les monoplaces. Mais tu sortis rapidement de ta rêverie lorsqu’il tapote ton épaule et tu finis par rire mielleusement. — Portes pas la poisse ! Je sais que tu vas vouloir te goinfrer au resto si tu gagnes !

Et tu retires la casquette Ferrari que tu portais depuis le début de la journée avant de la lui poser sur la tête, un grand sourire aux lèvres alors que tu tires ses cheveux en arrière pour lui donner un pseudo air de badboy. — T’es sur la terre de tes ancêtres, il serait temps que tu leur rendes honneur ! Parce que pour le coup, c’était une trahison aussi affreuse que de couper ses spaghettis. Et puis, tu mentirais si tu lui disais que le rouge ne lui va pas au teint. Tu n'avais pas eu le temps d’acheter la casquette noire spéciale Monza, alors tu profitais d’en avoir une collector de ton oncle pour au moins faire honneur à sa carrière, lui qui avait quitté la F1 après la mort de ta tante, suite à une dépression.


@Gabe Moretti

Gabe sent la chaleur de la main de Clémence dans la sienne, un rappel doux et rassurant du lien qu’ils partagent. Il laisse ses pensées vagabonder un instant, se demandant à quoi leur vie aurait ressemblé s’ils étaient restés ensemble. Peut-être qu’ils auraient été ce couple passionné par la course, emmenant leurs enfants voir les Grands Prix, discutant avec les pilotes et les ingénieurs, partageant leur passion pour la vitesse et la compétition. Mais Gabe sait que ces pensées appartiennent au passé. Aujourd'hui, il est reconnaissant de ce qu’ils ont : une amitié solide, forgée dans la complicité et le respect mutuel. Le regard espiègle de Clémence, accompagné de son rire chaleureux, le ramène à l'instant présent. Il ne peut s'empêcher de sourire en entendant son commentaire sur le pari, appréciant cette légèreté entre eux, ce naturel qui n’a jamais vraiment disparu. Lorsque Clémence lui pose la casquette Ferrari sur la tête, il ne peut s’empêcher de rire. « Si aucun de nous gagne, alors – pas de restaurant ! » plaisante-t-il en ajustant la casquette sur sa tête. Le rouge vif contraste avec ses cheveux, et il sent une vague de fierté monter en lui, non pas seulement à cause de la casquette, mais parce qu’il est ici, avec elle, dans un endroit qui a tant de sens pour eux deux. « Et si jamais c’est une Red Bull … » Ecurie non constructeur avec laquelle il avait un peu de mal, même s’ils étaient plutôt bon. « Je dois inviter une fille de meetsme au restaurant ! » Le commentaire de Clémence sur ses ancêtres le fait sourire plus largement. « Parce qu’ils nous rendent honneur cette année ? » Il jette un coup d’œil à la piste, où les Ferrari n’étaient certes pas dernières, mais pas non plus en première ligne. « Je pourrais devenir un vrai Tiffosi si jamais on a un double podium aujourd’hui. » Rien n’était certain, tout pouvait encore changer. Mais avoir un double podium Ferrari à Monza, qui plus est, serait vraiment beau. Alors il tentait un peu le diable en disant cela. « Tu veux regarder la fin de la course où ? » Même s’il avait eu ces passe VIP grâce à McLaren, il aimait regarder la course dans les gradins. Aimait sentir la folie de la foule, des spectateurs. Préférait largement cela, à être tranquillement dans un canapé avec une flûte de champagne et suivre la course sur une télévision, comme s’il était chez lui.

Si ça ne tenait qu’à toi, tu aurais gardé cette main délicatement chaude dans la tienne pour encore un petit moment jusqu’à peut-être te rendre compte que le geste était un peu trop subjectif pour votre relation. Alors tu avais laissé le contact se défaire a contre cœur avant de rire un peu avec lui finissant par parier sur qui gagnerait cette course ou non. Tu en avais aucune idée puisque chaque monoplace avait une chance s'il arrivait un problème sur la piste. Coinçant cette casquette sur sa tête, tu l’observes avec un grand sourire avant de glisser ta main sur sa joue d’un geste tendre et de la retirer aussitôt. — beaucoup plus mignon comme ça ! Que tu souffles avant de remettre tes mains sur tes cuisses, un peu gênée sans trop savoir pourquoi.

Tu plisses la bouche dans une moue mécontente, un peu déçue de ne pas gagner un restaurant au cas où l’une de vos écuries ne se placerait pas sur le haut du podium. — dommage... J’avais trop envie de manger une bonne burrata… Et tu pouvais presque entendre ton ventre gargouiller rien qu’a cette pensée. Mais tu entendis la remarque faite sur la victoire possible d’une red bull et sans vraiment te contrôler, un son de déception s’échappait de tes lippes. Bien que tu avais envie que Gabriel retrouve l’amour, tu mentirais si tu n’étais pas un poil jalouse et si tu n’avais pas peur de la menace de cette fameuse fille sur votre relation. — choisis la bien du coup ! J’ai pas envie d’avoir à lui casser les dents et ruiner mes ongles tout neufs ! Que tu dis avant de te mettre à rire, montrant ta manucure éclatante.

Regardant les gradins tout autour de vous, tu pouvais constater l’engagement des gens qui criaient certains noms de pilotes, agitant des drapeaux à gogo et tu savais que l’ambiance ici serait bien plus forte que dans les paddocks. — on peut la finir ici ? Sauf si tu penses qu’on aurait une meilleure vue ailleurs ? Et puis vos pass vous donnaient accès au meilleur gradin alors pourquoi changer et se mélanger maintenant aux autres riches qui ne profitaient qu’à peine de la vraie course ? Toi, tu préférais que tes tympans bourdonnent sous le son des v6, que tes cheveux joliment bouclés s’envolent sous l’effet d’aspiration des voitures qui passaient à un bon trois cents kilomètres heure, même si tu mourrais de chaud et que tu commençais à avoir mal au dos ici. Tu saisis alors une bouteille d’eau dans ton tote bag et t’en délectant, tu la tends encore débouchonnée à Gabe.

Gabe ressentait encore la chaleur de la main de Clémence dans la sienne. Il s’efforçait de se concentrer sur la course qui se déroulait sous leurs yeux, mais il était difficile de ne pas laisser son esprit vagabonder, surtout en la voyant sourire et plaisanter avec autant de légèreté. Le simple fait de l’avoir près de lui, suffisait à lui rappeler combien elle avait compté dans sa vie. Et malgré tout, une partie de lui regrettait cette proximité perdue, ce lien qui, bien que toujours fort, avait pris une tournure différente. Lorsqu’elle avait replacé la casquette sur sa tête et glissé sa main sur sa joue, il avait ressenti un mélange étrange de nostalgie et de confort. Son sourire était resté figé, même après qu’elle ait retiré sa main, et il s’était surpris à rougir légèrement, une réaction inhabituelle pour lui. « Beaucoup plus mignon comme ça », avait-elle soufflé, laissant Gabe légèrement déconcerté. Il n’était plus certain de la nature exacte de leur relation, mais il savait une chose : il tenait encore énormément à elle. Quand elle avait parlé de son envie de burrata et du pari, Gabe avait ri doucement, amusé par la passion presque enfantine qu’elle mettait dans cette simple envie. « La course n’est pas finie, qui sait ce qui peut encore arriver », avait-il répondu, tentant de la réconforter. Puis, elle avait plaisanté sur cette fille hypothétique qui pourrait un jour entrer dans sa vie, et Gabe avait ressenti une pointe d’inquiétude. Pas pour cette fille, mais pour ce que cela signifiait sur les sentiments de Clémence. La jalousie perçue dans son ton l’avait frappé plus qu’il ne l’aurait voulu. Était-ce juste une plaisanterie, ou y avait-il un fond de vérité ? « Je te promets de choisir avec soin, tu sais que je ne voudrais pas te donner une raison de te battre », avait-il répondu sur le même ton léger, tout en scrutant sa réaction. Lorsqu’elle proposa de rester là pour profiter de la course jusqu’au bout, Gabe se senti soulagé. Il partageait son avis, préférant l’atmosphère bruyante et immersive des gradins plutôt que l’environnement plus aseptisé des paddocks. « On reste ici, c’est parfait. Rien de tel que d’être au cœur de l’action », avait-il affirmé en acceptant la bouteille d’eau qu’elle lui tendait. En buvant une gorgée, il avait pris le temps de la regarder, essayant de déchiffrer ce qui pouvait bien se passer dans son esprit. Leur relation avait évolué, c’était évident, mais certaines choses restaient inchangées : leur complicité, leurs rires partagés, et cette tendresse qui, malgré tout, persistait entre eux. Son regard ne quitta pas le sien. Tant pis s’il manquait quelque chose de la course car à ce moment-là, elle semblait plus importante que toute course. Il savait qu’elle était en couple, et semblait heureuse même, mais ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’aurait pu être leur vie maintenant. Ne pouvait s’empêcher de se demander s’il n’y aurait tout de même pas une fenêtre entrouverte pour une possible relation. Non Gabe, non.

La dernière fois que vous vous étiez retrouvés dans cette situation, vous étiez encore en couple alors il est vrai que pour toi, te retenir de ne pas être tactile avec lui était plutôt compliqué. Tu crispais de temps à autre tes doigts pour éviter de caler ta main sur la sienne, tu serrais les dents pour éviter de lui dire des choses que tu ne voudrais pas regretter plus tard, même si tu n’en pensais pas moins. Et tu te retenais aussi de poser ta tête sur son épaule comme à l’accoutumée pour passer un petit moment dans votre bulle. Et tu n’avais d’ailleurs pas fait attention à ton ton plutôt sec et peu agréable lorsque tu avais évoquée cette future conquête. Il faut dire que t’étais un peu comme une louve protectrice avec les gens qui tu aimais et tu n’avais pas envie de les voir se faire ronger jusqu’à l’os par des vipères sans nom. Et d’autant plus au vu de la gentillesse pure qu’était Gabriel… Tu ne supporterais clairement pas qu’il se fasse prendre pour un con, auquel cas, tu finis vraiment par casser la gueule de quelqu’un même si pour toi la violence était un truc à bannir !

Tu ne répondis que d’un petit son musé, sans vraiment savoir quoi dire parce qu’au fond tu étais trituré entre ton envie qu’il soit heureux, et celle que tu ne l’ai que pour toi. Mais tu ne pouvais pas le posséder à vie quand toi-même avant quelqu’un dans ta vie. Tu devais le laisser partir faire son bout de chemin également même si c’était plus dur que tu ne le pensais. Tu ne pouvais pas effacer ton premier amour aussi facilement, ça serait comme créer un vide immense au fond de toi et tu sais que tu passerais des jours au fond de ta couette à panser tout ça. Puis tu avais attrapé cette bouteille d’eau que tu avais ouverte puis passé a Gabriel pour qu’il ne se déshydrate pas trop sous les températures affolantes qu’il faisait ici. Retournant à la course, tu ne vis pas son regard fixé sur toi et pourtant, ton cœur battait la chamade, s’emballant par moment pour rater quelques pulsions, tes mains devenaient moites et tu déglutissais comme si quelque chose te gênait. Mais tes pensées se déconnectaient doucement de la course malgré la ferveur environnante pour s’évader une nouvelle fois sur Gabriel, vos passés, votre présent et votre futur. T’avais vraiment peur que sa future compagne ne veuille pas de votre relation plutôt proche et que tu doives l’éloigner de toi pour une durée indéterminée.

Alors qu’il te tend la bouteille, tu le regardes tendrement et tu ne bouges pas de quelques secondes, perdue dans son regard noisette. C’est comme si tout autour de vous avez disparu soudainement et un sentiment agréable t’apaise. Jusqu’à une action d’une monoplace ne fasse lever les gens autour de vous, te bousculant et revenant à la réalité. Tu remarques finalement que le contenu de la bouteille était arrivé sur Gabriel pour une grande partie et que tu en avais fait également les frais. Puis tu te mets à rire à pleins poumons. — Bon, on va devoir racheter des bouteilles d’eau, je crois ! Sinon d’ici la fin, on va finir desséchés !

Gabe sentit sa main se crisper légèrement alors qu'il attrapait la bouteille que Clémence lui tendait. Ses pensées étaient brouillées, un mélange complexe de nostalgie et de confusion qui lui pesait sur le cœur. Quand il prit la bouteille, il sentit son regard sur lui, un regard si intense qu'il dut se forcer à ne pas se perdre dans ses yeux. Pourtant, c'était plus fort que lui. Il releva la tête et croisa son regard, se figeant pendant un instant suspendu hors du temps. Le bruit de la foule, les rugissements des monoplaces, tout s’évanouit l’espace d’un instant. Il n’y avait plus que Clémence et lui, perdus dans cette bulle qu'ils avaient créée autrefois, une bulle qui refusait de se briser malgré leur séparation. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais les mots se perdirent quelque part en lui, étouffés par le tumulte de ses émotions. Avant qu'il ne puisse réagir, la foule autour d’eux se leva soudainement en un cri de surprise, poussée par une action sur la piste. Gabe se sentit bousculé. Il sentit le liquide froid s’infiltrer dans son t-shirt, mais ce fut le rire cristallin de Clémence qui le ramena pleinement à la réalité. Ce rire, c’était une des choses qu’il aimait chez elle. Si ce n’est tout. Oui, il aimait tout chez elle, et il n’y pouvait rien. C’était plus fort que lui. Gabe éclata de rire à son tour, secouant doucement la tête. « C’est de ta faute ça. T'es trop absorbée par la course pour te concentrer sur autre chose. Je te tendais la bouteille. » Ils échangèrent un regard complice, cette étincelle familière qui les reliait malgré tout. Gabe se sentait tiraillé entre le passé et le présent, entre l’envie de préserver cette complicité et la nécessité de la laisser évoluer, de ne pas s’accrocher à ce qui n’était plus. Mais à cet instant, sous le soleil de Monza, tout semblait plus simple, plus évident. Ils étaient là, ensemble, partageant ce moment comme ils l’avaient toujours fait, et c’était tout ce qui comptait. « On va se chercher des bouteilles d’eau ? Avant la fin … » proposa-t-il finalement, se levant pour secouer l’eau de son polo noir mouillé. Il en avait bien besoin de cette eau. Pour se rafraichir l’esprit. Avaient surement même été sauvés par la foule, qui les avaient sorties de cette bulle dans laquelle ils commençaient tout juste à s’insérer, rien qu’eux deux. Une bulle dont ils n'avaient pas besoin. Pas maintenant, alors que la belle blonde était en couple de son côté. Il se mit alors en marche, poussant légèrement les autres spectacteurs pour se frayer un chemin. Ne plus avoir son regard dans celui de son ex lui faisait du bien, et en même temps lui faisait extrêmement mal. Il la sentait derrière elle, mais ne pas la voir lui faisait peur. Il avait ce besoin de la sentir à défaut de la voir. Instinctivement, il positionna sa main derrière lui pour qu'elle la lui prenne et qu'il la sente. Le rassurer sur sa présence.

Situation cocasse, il fallait dire, mais en même temps une situation qui te sauve un peu la vie de tes pensées divagantes. Tu savais que si ça avait continué, vos regards avaient eu beaucoup plus de mal à se détacher l’un de l’autre, comme scellé à juste vous observer pour l’éternité. Tu laisse alors tes prunelles azures se balader un peu partout sur Gabriel pour constater les dégâts et sourit de façon espiègle, mais tu te ravises rapidement, ravalant les paroles un peu crues qui s’apprêtait à sortir de ta bouche. Et tu hoches la tête quand il te propose de venir vers les stands pour se racheter à boire. Pour le moment, vous avez encore le temps de récupérer quelques collations et puis au pire, les écrans tournaient en boucle à l’arrière du circuit, pour ne pas louper une miette de ce qui pouvait se passer sur la piste. Néanmoins, tu n’avais pas imaginé le monde qu’il pouvait y avoir ici aussi. Coinçant ton petit porte-cartes dans la poche de ton pantalon, tu avais perdu Gabriel de quelques centimètres alors, tu avais accéléré le pas pour tenter de le rattraper, remarquant soudainement une main qui s’était tendue dans son dos comme pour que tu puisses la saisir et t’accrocher à lui. Et des doigts finirent par de sceller aux siens, ta deuxième main serrant son avant-bras pour un peu plus de sécurité avant que vous ne vous retrouviez dans la file d’un des stands.

Tu n’avais pas lâché d’un poil l’étreinte, finissant même par te coller contre le dos du garçon afin de te sentir un peu plus protégée des autres qui visiblement ne se gênaient pas pour bousculer les gens afin de se frayer un chemin, sans même s’excuser. Avançant doucement dans la file, tu ne remarquait même plus que ta main sur son bras s’était mise à faire de délicates papouilles, un geste que tu avais souvent eu à son égard par le passé. Tes yeux s’étaient posés sur le menu qui trônait au-dessus de la buvette, tentant de le voir correctement de là où tu étais. — Tu veux juste de l’eau au fait ? Ou y’a un autre truc qui pourrait te tenter de prendre ? Parce que tu ne serais pas contre prendre une barquette de frites ou quelque chose du genre afin de remplir ton estomac qui criait doucement famine. — Je commence à avoir faim ahah ! Vos pas bien que petits vous avait menés au comptoir pour que vous puissiez passer commande et alors que Gabe passe commande pour vous deux, tu ne sais absolument pas pourquoi tu viens a passer tes bras autour de lui, tout en restant derrière lui, reposant ton front contre son dos mais, ce n’est que le petit couple âgé a côté de vous qui te fit remarquer ce geste quand la dame se mit a parler en italien, trouvant que votre petit « couple » était beaucoup trop adorable et que ça lui faisait penser à sa jeunesse. Tu tournes la tête dans sa direction et lui sourit tendrement avant de le lâcher lorsqu’il te signe que tes frites étaient prêtes. — Tu veux faire quoi après le GP au fait ? on va faire un tour sur Milan ?