royal dark. ((PAXTON))

même hésitation dans tes opales cristallines. offrande lancée et réponse en suspend. l’âme appelle au sos dans un silence morbide. mutisme dérangé par les talons qui cognent contre le bois. en horloge qui tourne au ralentit avant l’accord. celui qui tombe, qui fait remuer le corps pour redescendre et retrouver la terre ferme. - t’as intérêt à ce que ça en vaille le coup. toi. l’escapade. ce mauvais deal. te regarde disparaître à travers la garde robe, rétines agressées par les rayons artificiels. rattrape la porte de justesse, dans une déraison qui anime. fends le sol à sens inverse, du regard cherche la victime de mes folies. bousculade, main s’enfonce dans la chute de reins. le regard happé par la montre au poignet, comme une évidence. séduction travaillée dans un sourire magnétique, laisse les doigts glisser jusqu’au fermoir. subtile, le geste brouillon. myocarde s’emballe et tente de combler le malaise dans une vague de mots. excuses et compliments. cache le bijou dans la paume de main avant de m’éclipser. laisse le prétendant sur le carreau. pressée de trouver la sortie. te retrouver toi, déjà vissé sur ton cheval de fer. approche, bolide tremblant. - satisfait ? laisse pendre l’objet dérobé entre les doigts. éclat lunaire ricoche sur le bracelet lisse de la rolex. rattrape le bijou pour le mettre dans le décolleté. - tu l’auras à l’aube.

Col ouvert. Il apparaît dépareillé. Sur sa moto retapée, il patiente. Presque certain qu’elle échouera. Pourtant, il est encore là. À attendre. Parce qu’il le veut son artefact. Quitte à supporter la princesse un instant. Il trouvera bien un moyen de s’en délester. À moins que l’intérêt se présente. Ce dont il doute. Piano forte. Vient à ses oreilles, alors que la porte s’ouvre. Degueule la princesse. Sur le bitume, résonne les talons. Agace l’ouïe. Sur d’elle. Brille dans les ténèbres, ce qui s’apparente à une Rolex. Main tendu, il s’apprête à la dérober, mais la gamine est trop maligne. Dans son décolleté, elle la fait disparaître. La tient captive. Jure intérieurement. « J’ai pas d’casque. » Démarrant l’engin d’un coup bien lancé, il attend qu’elle s’assoit. Devine l’inconfort qu’elle va rencontrer. La robe qui se lèvera sûrement. La lingerie sur la selle. Rien à foutre. Parce qu’elle l’a cherché et qu’il lui fera aucun cadeau. Canon ou pas.

s’enfonce dans le gouffre. le tient. abandonne le patronyme et la luxure sur le palier. ne reste que la robe haute couture, même elle, abîmée dans la chute. pierres laissées sur le bitume en même temps que la fierté. complice de perversion. sale corbeau, prête à voler sur tes ailes. rapace sans état d’âme, prête à te laisser fouiller dans mes entrailles. ronronne plus fort le moteur d’un coup de pieds sec. talon s’appuie sur la marche, grimpe à l’arrière en s’accrochant à tes épaules. - peu importe. murmures contre ton profil, concentré, les yeux qui me délaissent. - je veux pas me protéger. pas ce soir. réajuste l’assise. cuisses qui se referment contre toi, robe qui remonte. un peu trop. dévoile le derme, la couture du sous vêtement. - démarre. bras qui se logent autour de tes côtes. à moitié, l’emprise encore frêle. jusqu’à ce qu’ils se resserrent doucement.

Plie légèrement sous le poids ajouté, la moto. De la demeure, ils s’éloignent. Délaisse les rues animées de la ville. Quitte le bruit. L’effervescence. Pour retrouver les eaux calmes du port. Eternel refuge. Trouve errance sur son propre lieu de travail quand il n’est pas à la coloc. Moteur, perturbe le silence. Près de l’accès aux quais, il gare la moto. A sa place. “Descend.” L’ordre à peine exécuté, il pose pied à terre. Ouvre la voie en s’approchant des marches. Elles qui mènent vers les bateaux. Sur son dos, le sac qu’il a récupéré en partant tinte. Désigne les clés qui se cachent. Celle qu’il a dérobé durant son travail et qui lui donne accès à un des cabin-cruisers. Peu utilisé, car son propriétaire était en voyage. Eau noire. Capture le reflet argent de la lune. Observe les ombres en silence. Par-dessus son épaule, il jette un regard. Orbes bleutées sur sa silhouette. S’assure qu’elle le suit. Elle. Enfin, il bifurque. Se positionne devant l’engin. Scrute rapidement les alentours, avant de sauter dessus. D’attraper le précieux pass dans son sac pour s’y engouffrer.

ondulations ébènes remuent sous la vitesse. vent qui se fend contre ta carcasse, apaise la brûlure de givre. slalomes rendent le myocarde nerveux, battements s’accélèrent. phalanges se serrent, griffent ta chemise quand le moteur rugit. d’un monde à l’autre en quelques minutes. décor d’accalmie. humidité marine glisse sur la peau. observe sans rien dire, le vide autour de nous. juste toi. ta voix qui captive l’esprit qui divague. incertain. pose le talons à terre quand tu l’ordonnes, les yeux qui scrutent les alentours. balaye les cheveux d’un seul côté avant de marcher dans tes pas. devant le bateau, silhouette stagne avant de grimper dessus. - ça aussi, tu l’as volé ? devine la princesse. plie la jambe pour détacher la ficelle des talons. - tu comptes me noyer ce soir ?.. dessus, perchée sur une assise, la main qui s’agrippe encore à la barre de fer. d’en haut, toise l’inconnu d’en bas. - tu m’aides ? bras qui s’étend, laisse la main pendue vers toi.

Océan silencieux. Sur sa surface lisse, l’oxygène plane. Narquoise gamine. Sur le quai, elle se dresse. Impose son orgueil. “Pas avant d’avoir récupérer la montre.” Ironie feinte. Devant lui, se tend la main dorée. Princesse trop habituée à être assisté. D’abord braqué sur sa paume, ses opales finissent par se relever pour croiser ses onyx. Se suspend le temps. Regarde réellement ses traits pour la première fois. Découvre l’irascible gamine. Beauté froide. La lunaire partout autour d’elle. Capte son attention. Un instant. “Démerde toi.” Collision. Force la provoque. Refuse d’être le chien qui la sert. Parce qu’ici c’est son monde. C’est à elle de se plier à ses règles. Sa loi. Discret éclat machiavel dans les iris. Il se détourne de sa personne. Retourne ouvrir la cabine, avant de s’y infiltrer. Sur le canapé, le gilet vol. Sac entrouvert. Déboutonne la chemise inconfortable. Entrouverte, elle pend lâchement autour de son torse, tandis que de ses mains, il fait l’état des lieux de ce qu’il a apporté comme change.

arrache le sourire. furtif, lèvres qui cèdent une demie seconde. le gain toujours logé contre la poitrine. le temps se fait presque long, quand les billes se croisent. pour de vrai. éclat différent du balcon, d’un autre bleu. intensité céleste dans tes orbes hypnotiques. m’accroche à l’instant, l’inconscient canalisé dans tes océans. arrête ça. me regarder comme si t’allais pas m’oublier demain. aux premiers néons du soleil, tu me chasseras de tes souvenirs. et je te chasserai des miens. fantôme éphémère, comme seule promesse. prévisible, relâche la pression du bras. soupire, lassitude de cette guerre d’ego. - sois pas désagréable.. je risquerai de faire tomber ta montre à l’eau. bataille infernale. provocation toujours vissée sur les lippes. descends toute seule, silhouettes qui se retrouvent. - moi aussi je suis maladroite. rictus au coin des lèvres. affronte ton regard de plus près. confirme la légende, azur envoûtant. trouve la cabine, en haut des marches, les billes retracent la musculature quand elle est libérée. chemise entrouverte, l’œil savoure discrètement. - enlève là. t’es mieux sans. me plante entre toi et le canapé. doigts qui viennent attraper les coutures, glissent et remontent jusqu’au milieu de la lignée de boutons. d’un geste plus sec, fais glisser la chemise sur tes épaules. le long de tes bras. sans lâcher tes yeux, à la quête de la moindre faille. du moindre aveu. - beaucoup mieux sans.. comme un chuchotement, balance le vêtement sur le canapé sans le regarder.

S’infiltre par la porte ouverte, les embruns. Accrochés à la silhouette qui s’avance. S’évertue à imposer sa présence quand lui fait tout pour la repousser. Brise marine. Sur son épiderme, elle se loge pour y étaler son sel. Vision assujettie. A la sienne. Brune insolente fait barrage. Ose le contact de sa main sur sa chemise. Sans mot dire, il suit le tracé de sa main. Prunelles entremêlées. Contraste du bleu au marron. Dualité. Reflet de l’eau sur les murs de la cabine. Casse la pénombre. Reste immobile même quand elle le débarrasse de sa chemise. Froid est son regard quand il entraperçoit les pensées qui l’anime. Il essaie de comprendre à qui il a affaire. À celle qui veut arrêter de penser et baiser le premier venue. Ou à une simple gamine capricieuse. Peut être les deux. Eclat argent. Entre ses seins. Le ramène à la réalité. À ce qu’elle possède. Mouvement subtil. La main se lève. Touche l’épaule délicate. « C’est ça sortir de ton enfer ? » L’index qui suit le tracé du décolleté. Effleure le derme nue. Souffle en suspend. Lentement s’approche du centre. Il sait le toucher prévisible, mais il s’en contre fou. Pas d’humeur à faire des manières. Les orbes sur sa poitrine, remontent vers elle. « T’faire sauter par l’chien ? » Sur la montre, son pouce et son index s’accroche. Tire d’un coup sec pour la sortir de là. Avant qu’elle ne réagisse, il se recule pour venir s’assoir sur le canapé qui fait face. Jambe écarté, lève le bijou face aux rayons lunaires pour mieux observer les détails. Azur translucide. Contraste avec l’argent. S’appose à nouveau sur elle.

marquer ton univers. traînée de louve, à salir l’antre du batard des rues. laisse couler les phalanges, cherche l’ivresse volage. à faire vibrer l’âme avec le spectre, qu’une nuit, juste de quoi éteindre les fracas de dedans. tangue le monde sous les pieds, berce les démons inconsciemment. lueur glacée rencontre la braise. à tout vouloir flamber par égoïsme. pour me sauver un peu. orbes impénétrables s’allient à tes lèvres. pulpe s’aventure en caresses calculées. prévisible. quand tu te loges dans le creux de mes seins. poitrine se gonfle, anticipe le geste sec. celui qui dérobe encore, prends son dû avant l’heure. te laisse admirer la victoire qui triomphe entre tes doigts. pathétique dans ton exploit. - c’est bon ? le chien a eu son os ? regard ténébre s’arrête sur ta silhouette, posture nonchalante qui me toise de loin. - je te dois plus rien maintenant. déserte la cabine. prends le large, contre la rembarde s’arrête la fuite à l’avant du bateau. vue sur l’horizon bleuté. presque noir. calme l’esprit d’un cacheton de la pochette. gardée sur la langue avant de l’avaler. à ne plus savoir quelle douleur taire. jambe malade ou les rêves brûlés.

Montre avalée par sa paume. Rictus moqueur quand la brune quitte la cabine. Retrouve l’air nocturne. L’ouïe fine. Ne perçoit pas le saut sur la terre ferme. Lui parvient seulement le clapotis de l’eau. Et le métal. Celui de la rambarde. Encore la. Carcasse qui de déplie. Quitte le chintz du sofa. Dans les profondeur du sac, il cache la montre. Attrape un t-shirt basique. Passer sur sa musculature, tout en se dirigeant vers l’embrasure de la porte. Prenant appuie, il observe son dos. Sa robe ridicule qui sied ses courbes. Et le mouvement. Qui ne lui échappe pas. L’inclinaison de la tête qui laisse deviner le geste. Hausse un sourcil songeur. « Toujours pas partie ? » Bras croisés sur le torse. L’épaule appuyée contre la chambranle, il fait dos à l’obscurité de la cabine. Vent noctambule. Soulève la chevelure brune. Apporte son parfum. Silencieux voleur. Habitué à se faire inexistant. Il se met en mouvement. Approche de l’insatisfaite. « T’en as pas marre d’porter c’te merde ? » Murmure sur sa nuque. Langage chartier. Doigts accaparent la fermeture éclair. Juste la. À la naissance de sa nuque. Le crâne qui réfléchis pas. Préfère jouer à la malaisance pour s’amuser. Lentement, il tire. Sur la surface sombre, le bruit ricoche. À la nuit, il dévoile la cambrure de la jeune femme. S’arrête juste à la hauteur de sa chute de reins. Puis, attend.