It's been a long time
Il n’avait jamais repoussé le blond Lyssandre. Il n’avait jamais eu cœur à le faire. Même lors de leur rupture, la première, il n’avait pas su mettre un réel terme à leur relation. Il avait rompu tout en continuant de venir s’allonger dans ses draps, tout en venant réclamer son temps, son attention, son affection. Le repousser quelques jours plus tôt, c’était assurément l’une des choses les plus dures qu’il ait eu à faire, contre toute attente. Il n’avait pas cessé d’y penser depuis, avait repassé le cours de la soirée, encore et encore dans sa tête. S’il avait pris des décisions différentes, rien qu’une seule, serait-il ici aujourd'hui ? Aurait-il déjà été là hier ? Trop tard pour le dire, mais il sait, au fond de lui, là où il aimerait être demain. Là où il aurait dû rester, là où il devrait être pour toujours : aux côtés du Martinez.
Tant bien que mal, il tente de recoller les morceaux le brun. Il a planté son compagnon pour rejoindre le blond, pour venir s’excuser, lui dire qu’il l’aime, encore, toujours, il a fait le bon choix avec trois années de retard, mais il pouvait le comprendre Florian. N’est ce pas ? Il en doute quand le bostonien mentionne l’erreur que ce fût pour lui de revenir à Boston, que leur histoire n’a été que destruction. C’est faux. Certes, ils ont souvent dû jouer avec le feu, danser avec le chaos, mais il n’y avait pas que ça. Quand il ferme les yeux et repense à Florian, il se souvient Lyssandre, de tous ces merveilleux moments passés ensemble. Il se souvient de leurs vacances, il se souvient des Noël, Thanksgiving et anniversaires passés ensemble. Il se souvient des soirées froides et pluvieuses passées dans le canapé, l’un contre l’autre, de toutes ces fois où le brun a déposé de la peinture sur la joue du blond, juste histoire de le faire râler un peu. Il se souvient des baisers, des balades mains dans la mains, des promesses, des engueulades, des réconciliations, des “je t’aime”. Il se souvient de tout Lyssandre, et ce qui l’a détruit, ce n’est pas leur relation, mais sa disparition.
Il n’ose insister, il n’ose lever la voix pour lui faire entendre raison. Les années ont amené avec elles leurs lots de maturité qui le rendent plus posé le New-Yorkais. Mais ce n’est pas parce qu’il est plus mature qu’il est plus raisonnable. Il se tourne pour observer la table basse derrière son dos, attrape une feuille et un stylo qui se trouve dessus. Sans réfléchir, il note toutes les adresses où il est susceptible d’être trouvé dans les prochains jours, tous les numéros auxquels il peut être joignable. De sa chambre d’hôtel à Boston à son bureau de NYC, il laisse tous ses contacts.
(Lyssandre Wayne)