Moi je l'ai jamais oublié, cette soirée. - Lassa&Luke

Lassa & Luke

© Kaiji
Je fais tout pour arrêter de penser à toi, mais mon putain de coeur me rappelle sans cesse que t'existe. Je suis pas amoureux. Juste intrigué. Juste attiré. Ton visage. Tes caresses. Nos baisers. Cette nuit il y a une semaine. Au fond, j'en rêvais depuis des mois, même quand Jon était là. T'étais celui qui le remplaçait peu à peu dans mes pensées. Mais j'arrive pas à m'y résoudre, j'arrive pas à me l'avouer. J'aime les femmes, leurs courbes magnifiques, leur air innocent, leur stupide vernis à ongle. Et pourtant aucune d'entre elles ne t'arrive à la cheville. J'y comprends plus rien. Je t'ai évité toute la semaine, j'espérais au fond que tu te rappellerai de rien.

J'avais profiter d'être en pause pour aller fumer dehors. Il n'y avait pas ta moto, tu devais avoir eu autre chose à faire qu'aller en cours toi aussi. Je sors un joint pré roulé de ma poche, après tout, je suis encore défoncé de la soirée de la veille, ça n'y changera pas grand chose. T'arrive sur ta moto, au loin, et je cherche par tous les moyens de me camoufler, c'est un peu raté étant donné que je suis une des seules personnes dehors et que je t'ai vu me jeter un regard quand t'as enlevé ton casque. C'est fou, tu m'intrigues toujours autant. Ce qui est sur, c'est que moi, je l'ai jamais oublié cette soirée.

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Une bonne promenade en moto pour oublier cette putain de journée que j'avais envie d'enterrer au plus profond d'une tombe. Je m'étais engueulée avec ma mère mannequin à propos de mon défunt grand-père, décédé il y a de cela un ou deux ans déjà. La cause de la dispute? Elle voulait que je revienne vivre chez elle pour continuer sur l'entreprise de Victoria Secret qu'avait bâti mon grand-père. Mais moi, je ne voulais pas... Bref, j'avais fini par devoir raccrocher au nez à ma mère pour ne plus avoir à l'entendre ma dire que mon grand-père serait fier, et que je finirais par être une honte de la famille Kentwell et Raymond. Bien sûr, bien sûr... La moto : c'était parfait pour faire disparaître ma colère! Un bon tour dans tout Cambridge, le casque sur la tête, roulant à toute vitesse au travers des rues. Juste le top!

Après deux heures de moto, je revins vers Harvard, où je me dirigeai vers le parking pour garer mon bébé. Et c'est là que je te remarquai. Oh. Mon. Dieu. Je te jetai un coup d'oeil alors que je te voyais devenir légèrement nerveux dans tes gestes, tentant de te cacher ou je ne sais quoi, de t'enfuir même. Je ne voulais pas que tu t'enfuis, déjà que tu t'étais sauvé de ma chambre une semaine plus tôt, sans donner aucune raison. Nous avions fait l'amour ensemble après une soirée où tu étais plutôt bourré, mais j'étais sûr que tu étais conscient. Enfin... Moi, je ne regrettais pas, et je voulais te revoir. Ça faisait des mois qu'on se croisait tous les deux et que j'avais envie de te parler, mais étant moi-même trop mystérieux, je préfèrais rester dans ma petite bulle et ne pas te déranger. Enfin... Enlevant mon casque et le tenant dans mes mains, je me dirigeai vers toi, qui se trouvait un peu plus loin. Je te fis un léger sourire, tout de même sincère mais un peu mal à l'aise : « Hey... Euh... Ça va? »

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Lassa & Luke

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J'étais un grand fan de jeux vidéo. Seule une catégorie de ces jeux ne me réussissaient pas. Les jeux d'intrusion, tu vois, où faut pas se faire repérer. C'est un peu comme dans la vie réelle. J'essaie que tu ne me repère pas, et toi, tu fonces droit sur moi avec un sourire que j'ai du mal à te rendre. Je suis nerveux, et tes yeux m'obsède, c'est un truc de dingue. Je passe ma main dans mes cheveux pour essayer d'être le plus décontracté possible en fumant avec l'autre une grosse inspiration sur ce joint qui est en train de se consommer. J'espère juste que tu ne te souviendras de rien. Que tu te souviendras juste du début de la soirée où on parlait normalement de tout et de rien en buvant comme des trous. Par ce qui s'est passé ensuite, ce moment où l'on s'est dirigé vers ta chambre passionnément et où l'on a fait l'amour une bonne partie de là nuit. Ca, j'arriverai pas à l'assumer.

"Ca va ... Et toi ?"

On ne s'était pas reparlé toi et moi depuis une semaine, depuis ce fameux soir. C'était surtout que dès que je te voyais arriver dans les couloirs, je trouvais un prétexte pour filer à tout allure. Un peu comme maintenant. Il me faut un prétexte, n'importe quoi.

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J'étais comme figé à te contempler, cherchant un quelconque signe dans ton visage qui démontrerait que tu es quand même content de me revoir face à face. Mais sincèrement, je ne voyais aucun signe, et ça m'effrayait. Je voyais bien que t'étais nerveux, même si je ne comprenais pas du tout pourquoi. Était-ce moi qui te mettait dans cet état? Ma présence? Si j'étais la cause, quelle était la raison? Pourquoi me fuyais-tu chaque fois qu'on se croisait dans les couloirs? Jamais je n'étais revenu te parler depuis cette soirée et cette très agréable nuit passée avec toi à te faire l'amour avec douceur et passion, alors que nous ne nous connaissions pas tant que ça : seulement quelques regards brefs dans les mois qui précédaient cette fameuse nuit... Bref, jamais je n'étais revenu te voir, ayant peur de ta réaction, et surtout parce que je te remarquais fuyant. Mais je ne pouvais m'empêcher de penser à toi parce que tu m'intriguais beaucoup trop et que cela ne cessait d'accroître. Il fallait que je te reparle, et maintenant que j'en avais l'occasion, je n'allais pas m'en priver, ni attendre une semaine de plus. « Ça va aussi. Surtout parce que j'ai l'occasion de te reparler. Tu...dis-moi, du neuf? »

Je n'allais tout de même pas lui demander pourquoi il m'évitait constamment! Pas tout de suite, du moins. Un peu plus et il me ferait l'honneur d'un coup de poing en plein milieu du visage. Je me passai une main dans le coup, soupirant faiblement de nervosité probablement, ne le quittant pas des yeux, attendant sa réponse et surtout, sa réaction...

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Lassa & Luke

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Quoi de neuf ? Non mais c'était quoi ça ? T'avais rien d'autre à me demander que "quoi de neuf" ? Je ne pris même pas la peine de répondre. Je t'avais évité depuis tout ce temps pour qu'on ait pas l'occasion de parler de quoi que ce soit, et pourtant j'avais envie de savoir. J'avais envie de savoir ce que pour toi ça avait signifiait. J'étais totalement paumé par rapport à cette nuit là, je sais même pas si t'es capable de t'en souvenir. Mais moi, à chaque fois que je ferme les yeux, je revois ton sourire, celui que tu as gardé toute la nuit, celui qui me fait tant craquer pour l'homme que t'es.

"Dis ... C'est l'alcool qui nous à fait faire ce qu'on a fait samedi ?"

Je suis con, tellement con. Mais j'y arrive pas, j'arrive pas à montrer que OUI putain, j'ai tellement apprécié le moment, que oui j'en étais totalement conscient, que j'aimerai que ça se reproduise. Mais je souhaite de tout coeur que toi, toi tu prennes tes couilles et que tu tu parles vraiment de ce qui s'est passé, je sais pas si j'en serais capable. Pas complètement sobre. Même le joint que je suis en train de fumer ne m'aide pas.

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En tant normal, même si j'étais plutôt du genre mystérieux, mais quand j'avais quelque chose à dire ou que je pensais quelque chose, je ne me privais pas pour être direct et le dire. Mais en ta présence, c'était différent. Je me sentais intimidé, et j'avais peur. Pas peur de toi, non. Mais peur que tu t'enfuies de nouveau, parce que lorsque nous avions couché ensemble la semaine passée et que tu avais disparu le matin suivant, je m'étais posé beaucoup de questions. Avais-tu regretté? Avais-tu détesté? Avais-je fait ou dit quelque chose qui t'avais déplu? Enfin...tout m'était malheuresement passé par la tête, et j'essayais de te reparler depuis cette fameuse nuit, mais tu me fuyais. Maintenant que je t'avais devant moi, je ne savais plus quoi dire. Surtout qu'à ta question, je figeai. « Samedi? Pour moi...ce n'était pas l'alcool. J'étais conscient, très conscient. Et tu vois, je peux pas vraiment m'empêcher d'y penser...

C'était dit. Voilà. J'avais sorti ça d'une voix un peu confiante, du moins un peu plus que je ne me sentais confiant intérieurement, mais d'une voix très douce. Je te regardais directement dans les yeux encore. Enfin, je ne pouvais tout simplement pas lâcher ton regard, si profond, que j'aimais regarder. C'était bizarre, quoi... Je savais que tu n'aimerais pas en parler, enfin probablement, mais j'osai quand même. « Toi, tu étais...conscient? »

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Lassa & Luke

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Tu t'en souvient aussi alors, et tu peux pas t'empêcher d'y penser. J'ai un faible sourire qui occupe mes lèvres que je masque vite en aspirant sur mon joint presque terminé. J'étais pas amoureux de toi, tu me rendais juste complètement dingue.

"Oui, j'étais conscient."

J'avais des milliers de choses à dire, mais rien ne sortait. Je voulais te dire que j'avais apprécié le moment. Que j'avais envie de te revoir, que je t'évitais simplement parce que j'assumais pas cette partie de moi. Mais je suis con, et rien de sort de ma foutue bouche. Je suis un lâche et j'ai pas le courage de te dire que chaque fois que je te regarde, mon coeur se sert tellement fort que j'ai l'impression que je vais mourir.

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Bon, ça y était, j'étais effrayé pour de bon. C'était fou l'effet étrange que tu pouvais me faire, depuis septembre, mais encore plus depuis samedi. Je voyais bien que tu ne voulais rien savoir et que tu voulais oublier, mais je me demandais pourquoi. Tous les jours de cette semaine, je m'étais posé des centaines de questions par rapport à ta soudaine fuite le matin-même après une nuit merveilleuse avec toi. Avais-tu détesté? Avais-tu regretté? Avais-je fait ou dit quelque chose de mal? Je me mordis la lèvre inférieure en passant une main dans mon cou, choses que je faisais lorsque j'étais nerveux. « Oh... »

Ta réponse me fit immédiatement baisser la tête. J'avais honte, je me sentais mal à l'aise, et j'étais réellement effrayé, pour de bon cette fois-ci. Ce que tu venais de dire me fit arracher un soupir de découragement mélangé à du désespoir, bien sûr, parce que je me disais que tu voulais plus rien savoir de cette soirée, même si tu avais lançé le sujet directement en premier. De toute manière, je ne voulais pas te poser de questions à ce sujet, peu importe quelle était la raison de toutes les questions qui me venaient en tête, par peur qu'il ne veuille plus jamais me parler pour de bon. Les secondes qui passèrent entre le moment où tu me dis ça et le moment où je relevai la tête me parurent interminables. Je ne su dire autre chose que : « Tu sais Luke... Je ne voulais pas te déranger. Je peux dégager, si tu veux..

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Lassa & Luke

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"Je peux dégager si tu veux", mais non, reste, j'ai tout sauf envie que tu partes, même si ça fait des jours que je t'évite, maintenant que tu es là, autant en profiter. Puis ta présence seule suffit à m'apaiser, putain, je suis tellement niais quand je suis comme ça, on dirait une gamine de 15 ans qui découvre son premier amour dans un magasine de musique pour ado. Je te regarde, droit dans les yeux, j'ose t'affronter enfin.

"Non, tu me dérange pas .... C'est juste ... C'est nouveau pour moi tout ça ... Je veux dire ... C'est tellement bizarre."

Je baissais la tête. Je voulais pas parler, j'en avais pas envie, pas maintenant parce que j'étais sur de rien, et j'avais pas envie de merdé comme je l'avais fait avec Jon. Quoi que Jon, c'était sur, lui il voulait pas de moi vu le poing dans la tête que je m'étais prit. Jolie droite soit disant passant. J'ai envie de te prendre la main, de te dire que j'ai envie de te revoir après les cours. Mais j'en ai pas la force. Pardonne moi mon manque de courage, j'ai toujours était un gamin un peu trouillard.

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Je m'apprétais vraiment à partir, pour te laisser tranquille, parce que je ne voulais pas que tu m'en veules de rester. Je ne voulais pas que tu m'en veules d'avoir fait l'amour avec toi. Je ne voulais pas que tu m'en veules d'être beaucoup trop intrigué et même attiré par toi. C'était pas ma faute, et j'en étais sincèrement désolée. Mais tu me retins là, me demandant indirectement de rester. Enfin, c'est ce que je compris. Je replongeai mes yeux dans les tiens, tout de même incertain pour je ne sais quelle raison. Bizarrement, je me rapprochai un peu plus de toi, sans être trop près non plus, pour ne pas te faire fuir de nouveau : oui, c'était une peur qui me tétanisait, en fait. « Tu... tu n'avais jamais fait cela avec un homme avant? Je suis vraiment désolé, tu vois...je ne savais pas. C'est juste que, enfin... »

Je ne continuai pas ma phrase, je ne sais pas pourquoi, mais mes mots ne sortirent pas. Je me mordis la lèvre inférieure de nouveau. Bon, fallait que j'arrête d'être nerveux, je n'avais aucune raison de l'être. Sauf que... Les relations avec les hommes, ce n'était pas nouveau pour moi. J'étais bisexuel et connaissait les plaisirs autant avec les femmes qu'avec les hommes et m'assumait entièrement, même si je n'étais pas du genre à le crier sur tous les toits. Je respirai un bon coup. « Tu viens? On va se promener... À moins que tu préfères rester ici? »

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