“... in all the world's noise.” | Xiver.

Elle en a changé de position à l’écouter s’agiter, en une vaine tentative de savoir ce qui peut bien l’animer. Ce qui est venu perturber cette discussion qu’ils avaient. Elle s’essaie même à visualiser l’endroit, la pièce dans laquelle il se trouve, jusqu’à se sentir nauséeuse en se remémorant qu’il est chez elle et qu’elle exècre ce fait-là. « Rien. C’est officiel, je suis en territoire hostile. » comme si tu ne le savais pas déjà. seulement elle préfère se mordre la langue plutôt que de le prononcer à haute et intelligible voix. Alors elle se contente de soupirer succinctement, agacée de façon légère faute de ne pas savoir réellement ce qu’il est en train de faire.

Et lorsqu’elle a l’impression d’entendre de l’eau couler, et le son de timbre changé lorsqu’il se permet lui aussi de la questionner. « Et toi, amérindienne pure souche ? Jamais de petit...dérapage ? » Ca la fait sourire rien que de l’envisager, « Arawak et Shoshone. » Et le peuple de son paternel l’emporte sur celui de sa mère, « Maya, si tu veux croire aux histoires de mon grand-père. » Son sourire s’éteint, elle en ressent le manque, piquant, violent, si soudain. Car elle sait que les chances sont minces de croiser à nouveau leurs chemins. Ses paroles se perdent en une expiration, « Les dérapages ne sont pas acceptés. » Et quand ils sont tout de même réalisés, on se retrouve comme elle, répudiée. « Si c’est le cas, on est forcé de les quitter. » Elle n’aime pas comment sa gorge est brusquement obstruée. « Enfin bref. Pure souche. » et renvoyer la balle d’un « Mais tu te douches ? »

« Arawak et Shoshone. » Du petit chinois pour lui... Et parce qu’il a toujours été méfiant vis-à-vis des plaies qui pourraient gangréner, il stoppe le robinet afin de s’abaisser, le téléphone toujours soigneusement posé sur le rebord de la vasque, afin de fouiller dans le meuble et de trouver quoique ce soit qui pourrait la désinfecter. Mais c’est une chambre d’ami alors il aurait dû s’en douter lorsque ses traits s’obscurcissent alors qu’il détaille l’intérieur avec intérêt : rien parmi le bric-à-brac où se heurte sa main ne lui sera d’aucune utilité. Il n’y a rien hormis quelques rouleaux de papier toilettes et des produits d’entretien à disposition de chacun, des désodorisants et deux ou trois flacons de savon. « Maya, si tu veux croire aux histoires de mon grand-père. » Ses yeux après avoir balayé encore une fois l’étagère se sont élevés sur la fine épaisseur d’où s’échappe sa voix. « Maya.. » Une civilisation et un territoire qu’il aurait aimé prochainement violer histoire de compléter sa collection privée mais à présent qu’elle l’a mentionné, il pense à changer ses projets. « Les dérapages ne sont pas acceptés. » Un rire à peine étouffé vient de lui échapper, préférant s’adosser contre la baignoire plutôt que de se relever. Son coude vient s’appuyer sur son genou qu’il vient de replier, songeant à ce qu’elle a commis alors que ce n’était soi-disant pas permis. « Si c’est le cas, on est forcé de les quitter. » Il en oublie la brulure sur sa joue en faveur de ce que cet aveu provoque comme malaise chez lui, principal coupable de cet exil auquel elle est condamnée. « Enfin bref. Pure souche. » Pure souche mais pourtant rejetée des siens. « Mais tu te douches ? » Il est resté silencieux un bon moment le regard vague à fixer inconsciemment un point avant de répondre sèchement d’un «  Non » bien ponctué avant de marquer à nouveau un temps d’arrêt. « Tu le regrettes aujourd’hui ? » Ce même dérapage que ses propres parents un jour ont commis avant d'en payer eux aussi le prix.

Elle est coutumière de ses silences à présent, elle ne lui en tient par rigueur, bien qu’elle ne parvienne à les interpréter correctement, le plus souvent. Si bien qu’elle écoute de son cœur, ses propres battements. Une mesure réinventée dans l’attente de récupérer son attention dans la totalité. Car elle est persuadée qu’il est soudainement préoccupé. Elle se fond dans les secondes qui s’égrènent, toujours assise dans les draps à présent, pour l’entendre trancher d’un « Non » dont elle ne comprend pas l’intonation, jusqu’à le traduire grâce à la seconde partie de sa réflexion. « Tu le regrettes aujourd’hui ? » D’entre ses lèvres, il s’échappe une expiration, résultant d’un trop plein d’émotion, pour une fois, la Haiwee sait pertinemment où il veut en venir, ce qu’il désigne en articulant ses mots-là. Et pourtant, elle se décide à jouer, de sa carte qui devient derechef sa préférée, celle de son éternelle crédulité, afin de lui demander de préciser, « Si je regrette quoi ? » de les avoir quittés ? D’avoir choisi cette vie ? Cette nuit, avec lui ? Ou plus encore de l’avoir rencontré ? D’être montée dans cette chambre au mois de mai ? Car c’est là, que tout a commencé. Ce n'est pas une seule seconde que son coeur amoureux pourrait le regretter. Seulement la réponse directe à sa question, Haiwee ne l'obtiendra pas, car l'électronique n'étant pas son fort, elle ne réalise pas que la batterie vient de lâcher entre ses doigts.