Elle s’est embourbée, voilà ce qui n’arrête pas de tourner en ses pensées. Elle est sur le point de couler, à chercher la meilleure façon de continuer à respirer. Elle ignore totalement comment ils en sont venus à parler de ça. Être en colère contre lui parce qu’il se trouve chez elle, c’était ça, l’amorce. Alors à quel instant la discussion a-t-elle pu glisser sur la pente que représente ses sentiments ? « Tu en parles si bien. » Moque-toi… « Je pensais que tu l’avais déjà été, » Un soupir derechef expiré, le problème, c’est qu’elle l’est, et que ça ne se conjugue pas au passé. Avant de le rencontrer, elle croyait que l’amour venait avec le mariage, ou tout du moins, juste après. Seulement depuis ces mois à le côtoyer, elle a réalisé que c’était loin d’être une vérité. « Je ne crois pas t’avoir déjà vu en train de feuilleter un roman à l’eau de rose alors… » Les paupières closes, elle se perd à imaginer son être, les sillons de son visage, les expressions que – par cœur – elle connaît. Elle visualise ses mimiques, celles qui l’ont faite flancher. « Je n’ai pas dit que je ne l’avais pas été. » Que je ne le suis pas. Elle aime se dire qu’il pourrait se renfrogner à l’idée que son cœur a pu appartenir à un autre, ne serait-ce qu’une seconde, à ce fiancé venu d’un autre monde. « Puis… j’ai vu des comédies romantiques. » Comme pour justifier, un piètre bouclier. Plutôt que de lui balancer, si tu savais, combien je peux t’aimer. Tout aussi naïf qu'enclin à la sincérité.
(Haiwee Wind River)