ALEXANDER & JUDE ✘ I went through this too.

Alexis m'avait inquiété, c'est le cas de le dire. Elle était venu me voir aujourd'hui pour me demander de l'aide : Alexander avait eu un accident de voiture, et vu sa consommation de drogue peut-être trop excessive (en même temps, il n'était pas Mather pour rien), les médecins n'avaient pas voulu lui donner de la morphine. Et vu comment elle m'avait décrit l'été dans lequel il était, il devait vraiment avoir mal sans morphine. Enfin, Alexander était un bon ami, malgré que nous ne soyons plus dans la même maison et j'étais bien décidé à l'aider. C'était l'occasion ou jamais de le sortir de l'enfer de la drogue, parce que je savais ce que c'était et à quel point c'était difficile d'en sortir. La preuve, c'était que je passais tous mes week-end depuis plusieurs semaines dans un centre de désintox du Vermont pour réussir à m'en débarrasser une bonne fois pour toute. J'allais donc à l'hôpital avec un paquet de carambars au Caramel dans les mains, une petite astuce que Billie, la meilleure amie de Roxanna m'avait donné un an plus tôt lors de mon premier sevrage. Je demandais à l'accueil le numéro de chambre d'Alex et j'allais vers celle-ci, toquant à la porte une fois devant celle-ci.

J'avais envoyé des messages à mes potes pour qu'ils me rendent visite et ils l'avaient fait. Ça faisait du bien de voir des têtes connus dans cet hôpital rempli de médecin qui n'en ont rien à foutre de toi. Enfin, ils veulent juste que je sois de nouveau sur pied afin que je me bouge de ce lit et que je reprenne ma vie normalement. Le truc, c'était que j'avais du mal à envisager ce que c'était que reprendre ma vie normale quand je souffrais comme je souffre. Bordel quoi, pourquoi Alexis a dit que j'étais drogué ? Ils m'auraient continuellement donné de la morphine et ça irait mieux. Mais non... Certes elle m'a donné une dose mais ça ne suffisait pas puisque j'avais à nouveau mal. Seulement Jeno ne voulait pas me filer quoique ce soit et... bordel, je veux sortir d'ici. J'avais eu moins de visites aujourd'hui, du coup c'était assez calme. Je pouvais me reposer malgré la douleur. Je tentais de moins la ressentir en dormant mais c'était peine perdue. Surtout que les infirmières avaient le don de passer au moment où je pouvais enfin sombrer. Bref, un calvaire. Je regardais donc par la fenêtre, malgré que mon lit soit loin pour m'évader, du moins essayer, quand quelqu'un frappa à la porte. Je tournais la tête pour regarder qui c'était. Jude ! Ça fait plaisir de t'voir.. J'esquissais un sourire. J'imagine même pas les cernes que je devais avoir n'empêche.

Après avoir toqué à la porte, j'entrais, passant d'abord uniquement ma tête dans l'ouverture de la porte pour être sûr que je ne le dérangeais pas. Ou peut-être qu'il aurait pu dormir, on ne sait jamais. Il avait vraiment l'air fatigué, ça se voyait avec les cernes qu'il avait sous les yeux. En même temps, une jambe fracturée et tous les traumatismes qu'il avait subit dans cet accident.. Jude ! Ça fait plaisir de t'voir.. Je souris et je fermais la porte derrière moi, "Bah alors, qu'est-ce que t'a foutu vieux ?" Je ris un peu et je m'approchais de lui, posant le gros paquet de carambars sur la petite tablette près de son lit. Je croisais les bras et je constatais les dégâts, avec sa jambe dans le plâtre et les différents bleus et égratignures qu'il avait un peu partout sur le corps en fait. "Alexis m'a expliqué vite fait ce qu'il s'est passé...on peut dire que tu t'en sors à peu près bien..." A peu près, parce qu'il ne s'en sortait pas indemne non plus, bien que ça aurait pu être encore pire au final.

Je regardais Jude entrer dans ma chambre et refermer la porte derrière lui. Sérieusement, ça m'faisait plaisir de le voir. Depuis qu'il n'était plus chez les Mathers, c'était assez difficile de se voir autant qu'avant mais on arrivait quand même à gérer. Bon, maintenant que sa fille était née, il devait prendre soin de sa famille et je comprenais qu'il ait moins de temps, d'où le fait que j'étais content qu'il soit venu me voir. Bah alors, qu'est-ce que t'a foutu vieux ? Je souriais en coin, soupirant ensuite. N'empêche, j'étais trop con quoi. Traverser sans regarder... voilà où ça mène. J'ferai la leçon à tes gamins à propos d'ça si tu veux... enfin, j'épargnerai les détails de mon état de jeudi soir. Ils n'étaient pas obligés de savoir que j'étais dans un état tellement pitoyable que j'étais pas en mesure d'entendre ou de voir une voiture me foncer dedans. Je le voyais poser le paquet de carambars sur ma tablette, ce qui me faisait sourire. Miam, des bonbons. Alexis m'a expliqué vite fait ce qu'il s'est passé...on peut dire que tu t'en sors à peu près bien... A peu près bien, on peut dire ça comme ça. Je regardais ma jambe et je soupirais. Si on veut... C'est vrai que ça aurait pu être pire mais j'aurai vraiment préféré ne rien avoir... ne pas souffrir à ce point. Ouais, c'était la douleur qui me faisait le plus chier dans l'histoire, parce que je douillais comme un malade.

Le truc, c'était que depuis que j'avais quitté la Mather House en septembre, j'essayais de me tenir le plus éloigné possible de celle-ci. Là dedans, la drogue tournait très facilement et le fait est que j'avais toujours le risque de replonger. Il suffisait de me mettre de la drogue sous le nez pour que je sois très facilement tenté. Et c'était presque ce qui s'était passé quelques mois plus tôt, et pourquoi Roxanna m'avait quitté aussi. parce que j'avais replongé. Traverser sans regarder... voilà où ça mène. J'ferai la leçon à tes gamins à propos d'ça si tu veux... enfin, j'épargnerai les détails de mon état de jeudi soir. J'éclatais de rire, mh, lui donner la leçon à Aaron et Aylin ? Je ne pensais pas que ça soit une bonne idée ! "Eh...on verra ça hein !" Je lui expliquais alors comment j'avais su qu'il était ici, grâce à Alexis. Si on veut... C'est vrai que ça aurait pu être pire mais j'aurai vraiment préféré ne rien avoir... ne pas souffrir à ce point. J'arquais un sourcil et j'allais regarder les perfusions qu'il avait. Un peu d'eau salée, le truc classique et des anti-douleurs qui ne devaient pas du tout faire effet puisqu'ils n'étaient pas assez fort pour les blessures qu'il avait. "T'as pas du tout eu de morphine alors ?" Je me tournais vers lui, "Tu dois vraiment être en manque, je me trompe ?" Ouais, on peut dire qu'entre drogués, on se comprenait.

Je savais bien que Jude avait replongé dans la drogue et qu'il tentait de faire de son mieux pour se soigner. De toute façon, c'était pas ici qu'il allait trouver quoique ce soit pour être tenté donc il pouvait être tranquille. Le truc, c'est que moi j'aurais bien voulu quelques trucs assez fort pour m'assommer. Mais faut croire que les vœux ne sont pas réalisables ici. Je lui expliquais en quelques mots ce qui m'est arrivé, lui proposant mon aide pour expliquer à ses enfants qu'il faut bien regarder des deux côtés de la route avant de traverser. Enfin, quand ils seront plus grands. Eh...on verra ça hein ! Je souriais, alors qu'on parlait finalement de mon état physique. C'était moche à voir, c'est vrai. J'avais vu ma cicatrice se trouvant juste en dessous d'un de mes pectoraux et c'était moche, vraiment moche. J'avouais que le plus dur, c'était de souffrir... parce que ouais, je souffrais. T'as pas du tout eu de morphine alors ? Je secouais la tête négativement. Si, une fois, par Alexis. Elle avait eu trop pitié de moi, de la douleur que je ressentais, et elle avait mis le contenu de la seringue de morphine dans ma perfusion pour que je sois soulagé. C'était la seule fois. Tu dois vraiment être en manque, je me trompe ? Je le regardais, soupirant. Je lui montrais ma main qui tremblait depuis un moment maintenant. En plus, j'avais des sueurs, c'était dur à gérer. Ça se fait ressentir ouais, j'ai jamais connu ça, c'est.. horrible.

Ca faisait peut-être pitié à dire, mais j'avais l'habitude des crises de manque depuis un an maintenant. En fait, quand j'avais commencé à me sevrer par moi-même un an plus tôt, ça avait été très difficile car cela faisait des années que je me droguais. Et depuis quelques semaines où j'allais dans ce centre de désintox presque tous les week-end, ça n'était pas mieux. Enfin...ils m'apprenaient à gérer le manque là-bas, en fait. Je lui demandais donc si il avait eu de la morphine, au moins un peu mais il secoua la tête, Si, une fois, par Alexis. Je fronçais légèrement les sourcils : comment ça, par Alexis ? C'était un médicament très puissant, il fallait faire gaffe avec ce genre de trucs. Enfin, je préférais ne rien dire. Il était en manque, ça crevait les yeux. Pas la peine d'être un génie pour le comprendre, et quand il me montra sa main toute tremblante, ça voulait tout dire. Ça se fait ressentir ouais, j'ai jamais connu ça, c'est.. horrible. Je me pinçais la lèvre et je m'approchais de lui pour prendre le sachet de carambars que j'ouvrais, "Bon, en tant que spécialiste des crises de manque, j'peux te donner un ou deux conseils..." Je sortais un carambar de l'emballage et je lui en tendais un, "Une amie qui m'a aidé à me sevrer l'année dernière m'a dit que le sucre, ça aidait pas mal à calmer les crises et elle avait raison alors.." C'est vrai, Billie m'avait pas mal aidé l'année dernière et sa solution des carambars avait été plutôt géniale.

Je n'avais jamais vraiment ressenti de manque depuis que je me droguais, c'est à dire depuis mes quinze ans. En fait, j'avais toujours eu de quoi subvenir à mon addiction et je n'ai jamais eu de problème. Même à la fac, sans payer, Jeno m'offrait de la marchandise de qualité, ce qui avait le don de m'faire kiffer grave. Du coup, hospitalisé, je n'avais plus droit à rien et le manque se faisait bien ressentir. Jude l'avait lui même remarqué de toute façon, tellement j'étais mal en point. Je le voyais froncer les sourcils quand je lui avouais qu'Alexis m'avait donné de la morphine. C'est vrai qu'elle était du genre intransigeante là-dessus, mais visiblement elle tenait trop à moi pour me voir souffrir le martyr. Bon, en tant que spécialiste des crises de manque, j'peux te donner un ou deux conseils... Je l'écoutais attentivement son explication. Ca pourrait m'aider à tenir jusqu'à ma sortie. Une amie qui m'a aidé à me sevrer l'année dernière m'a dit que le sucre, ça aidait pas mal à calmer les crises et elle avait raison alors.. J'attrapais le carambar qu'il me tendait et je l'ouvrais. Genre ça, ça allait m'aider ? wtf. Je prenais pas Jude pour un con, mais je pense pas qu'à mon niveau d'addiction, ça serait simplement du caramel qui m'aiderait. T'es sérieux ? Genre c'est ces bâtons de caramel qui m'feront passer le manque ? J'étais pas vraiment persuadé de cette technique... mais s'il a réussi, c'était que c'était peut-être vrai.

Mine de rien, ça marchait plutôt bien la solution de Billie. Bon, ça n’était pas le plus grand remède du monde pour arrêter la drogue. Ca n’était pas vraiment un remède en fait. Disons que c’était un moyen de calmer les crises de manque. Je lui expliquais alors pourquoi je lui avais amené un sachet de carambars, parce que ça n’était pas pour rien. T'es sérieux ? Genre c'est ces bâtons de caramel qui m'feront passer le manque ? J’hochais la tête en riant un peu : moi aussi j’avais eu du mal à y croire quand Billie s’était ramenée dans ma chambre à la Mather House avec tous ses carambars. "Ils te feront pas passer complètement le manque, mais ça va réduire tes tremblements déjà, voir les arrêter si t'en bouffes régulièrement" Je souris et je pris moi même un bâtonnet que je déballais pour le porter à ma bouche, "Crois-moi, ça marche ! Bon, l'effet sera pas immédiat mais...tu verras !" Ça paraissait dingue dit comme ça, mais je mettais ma main à couper que ça marchait. "

Je m'étais demandé pourquoi il avait amené ce paquet de bonbons sans pour autant le lui dire à voix haute. Finalement, c'était pour m'aider ? Je crois que j'aurai fini le paquet très vite alors, parce qu'il en faudra énormément des carambars pour me faire passer le manque. Enfin, j'essayais puisque ça ne me coûtait rien. Je déballais le bonbon et je le mettais dans ma bouche. Merde, j'avais oublié à quel point ça collait aux dents. Ils te feront pas passer complètement le manque, mais ça va réduire tes tremblements déjà, voir les arrêter si t'en bouffes régulièrement Je hochais la tête alors que je mâchais avec difficulté le bonbon au caramel. Crois-moi, ça marche ! Bon, l'effet sera pas immédiat mais...tu verras ! Je hochais une fois de plus la tête, ne pouvant pas trop parlé avec le caramel aux dents. Fin, je me risquais finalement. Ok, j'echaye et puis ch'te tiens au courant. Houla, bon, vaut mieux vraiment attendre la fin de la dégustation du carambar avant de parler, parce que ça fait bizarre sinon. Une fois que je l'avais enfin fini, ce délicieux goût dans la bouche, je pouvais reprendre. Ca va sinon toi ? Puisqu'il était là, autant discuter de lui aussi. Les choses changeaient pour lui, forcément avec la naissance de la petite.