summertime sadness — matteus

@Drake Copperfield douze juillet, st vincent ; kingstown

il avait les bras croisés, l'oreille complètement attentive et les yeux rivés sur son compère. et tous ses préjugés sur lui se cassèrent en miettes. de son point de vue, drake était étudiant en sport, en troisième année, petit con qui devait sûrement répondre aux professeurs la plupart du temps, notes moyennes mais qui s'en sortait par sa belle gueule. en réalité, l'autre était étudiant en droit, cinquième année, major de promo. c'était peut-être là son soucis ; il ne lisait jamais les bios sur meets. ça l'ennuyait plus que de raison, et la plupart du temps, la chose n'était pas prise au sérieux alors. — sérieux ? wow, j'suis... impressionné. et c'était pas peu dire. et le plus étonnant, pas de maison, le gars se la jouait solo. — en fait, t'es une sorte d'intello 2.0. j'aime le moderne. fini les geeks boutonneux qui étaient cloués à leurs ordinateurs, les musclés les avaient remplacés. passons à la suite. il lui dit qu'il était gémaux, et le plus jeune ne put feindre un cri d'effroi. — noooooon, le pire signe. ce sont eux qui sèment le chaos et la discorde. lâcha-tu d'un air sérieux avant de se mettre à rire.

— mh, mauvaise réponse ! fallait dire que tu préfères les matteus, c'est le troisième genre, le supérieur. il sifflota, amusé par les propres bétises qu'il disait avant de se repositionner correctement et de reprendre une nouvelle gorgée. — c'est d'jà beaucoup, t'as une vie sociale, le sport, les études qui réussissent. et c'était vraiment pas mal. la mère de ses futurs enfants serait tellement heureuse de s'afficher aux bras d'un gars comme drake. — il manque plus que la belle jeune fille qui sera la future mère des enfants dont papa copperfield sera très heureux d'être le beau-père.

@Drake Copperfield douze juillet, st vincent ; kingstown

il hocha la tête, oui. il n'allait pas non plus parler de ses préjugés qu'il avait à son égard mais c'était ce qui rendait drake encore plus intriguant et attachant, ce mec ne cessait de le surprendre de jours en jours. il aimait bien sa façon de penser études, les plus riches achetaient leurs places et en profitaient pour en abuser parfois, les autres travaillaient ardemment. — j'suis vierge. tout moi. pur, innocent et vierge. dit-il fièrement. et ce n'était pas une blague, né un trois septembre, mais le sort avait été ironique avec lui dans un sens. — oh, c'est bon, j'ai obtenu mon évolution pokémon : puceron qui évolue en biquet, hâte de voir la forme finale. dit-il tout en lui charriant, lui offrant un clin d'oeil au passage alors qu'il se laissait aller sur la chaise. sa jambe frôla celle de son compère et il en profitait pour faire un léger frottement. — qu'est ce qui t'attend après harvard en californie ? demanda-t-il, l'air inquisiteur, le sourcil haussé. il n'avait jamais été sur la cote ouest, il se disait bien qu'un jour, il franchirait le cap. en attendant le seul cap qu'il avait franchi maintenant, c'était celui de finir totalement son verre de jus de fruit. — t'aimes la photo ? j'ai emmené mon appareil.

— ce sera ta parole contre la mienne, répliqua tu pour rire. qui témoignerait de sa virginité ou de son absence totale ? il eut un petit rire, amusé par la remarque de son compère. petit sourire taquin et amusé, l'air faussement angélique. le regard faussement outré, il l'entendit dire qu'il devait être honoré d'être appelé puceron, et puis quoi encore ? mais ce qui l'intéressait d'avantage, c'était de savoir pourquoi il voulait partir à l'ouest. los angeles. évidemment. ils venaient tous de là bas, que ce soit clyde, lui ou un autre type avec qui il avait parlé sur meets. décidément, il n'y avait qu'une seule ville connue des états-unis. il se sentait quelque peu honteux en cet instant de ses racines ; non, il ne venait clairement pas de la cité des anges. — j'viens de waterville, dans le maine, j'te rassure, tu rates rien. il la chérissait quand même, cette nuit, pour ses parents, pour sa simplicité, pour sa campagne qui faisait une fracture totale avec boston. il sortit son appareil photo pro de son tote-bag, fier de posséder un appareil de ce type qu'il avait économisé depuis un an. — j'adore la photo, je rêve d'ouvrir une galerie où exposer des tableaux, toiles et photos. de faire un vernissage. et j'adore prendre les gens... un petit clin d'oeil. en photo, aussi. il mit en route l'appareil. — on pourra s'faire une séance, stu veux. et quand tu seras décidé à franchir le cap, de faire des nudes artistiques. petit rire en coin.

Il ne connaissait pas Waterville. Qui pouvait prétendre connaître ville ville ? Personne. Banale, sans identité ou la culture avait du mal à s’implanter. Routine marquée par le ramassage du bus scolaire pour aller au lycée central. Un skatepark, une piscine et il y avait le festival international du film et c’était tout. Une ville de profonde campagne dans un état pauvre en ville connue des États-Unis. « Non, vraiment, y’a rien à dire. Ville de campagne. C’était sympa quand j’avais quatorze ans mais c’est tout. » et pour les parents, évidemment.

« Ah oui ? T’avais aussi dit ça pour les garçons et regarde. » En soit, il ne le forcerait pas à faire des nudes artistiques. C’était une proposition comme une autre mais s’il avait au moins la permission de le capturer simplement et naturellement à l’image, il serait déjà content. « Content de savoir que je recevrai des nudes. » Petit rire léger, il n’attendait que ça à vrai dire.

évidemment un gars de los angeles face à un gars de waterville, le combat était déjà perdu d'avance. petit rire qui montrait la supériorité de l'un face à l'autre, et matteus se renfrogna quelque peu. il avait toujours eu des complexes et des insécurités de son statut lorsqu'il avait débarqué à harvard. en complet décalage avec les autres, comme un temps de retard, comme un ailleurs, d'autres problématiques à gérer, toujours, toujours. — et quel est le sens ? demanda-t-il d'un air inquisiteur. — nop, en vrai, j'ai eu de la chance, sur certains points. pas l'envie de d'avantage en raconter. oui, ses parents avaient bien pris son coming-out, il avait eu un petit copain à l'époque du lycée, mais fallait pas se montrer, pas s'afficher, se cacher, être discrets, les parents qui refusent d'accueillir. en sommes, d'autres problématiques. concernant la photo, il n'avait vraiment pas l'air de changer d'avis. pas partant pour l'idée. — et c'est moi la tête de mule. lâcha-t-il, en ricanant quelque peu. — deux ans, maintenant, enfin en août ça f'ra deux ans, c'est tellement... grand. j'crois même pas avoir trop eu l'occasion de découvrir la ville. j'suis rentré dans dans une fraternité pour ne pas être seul, je travaille au cinéma proche du campus et je gravite autour de tout ça.