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La route des enfers s’offre à nous, la nuit nous protège de ses larmes abondantes, si bien qu’il ne restera plus trace de nos actes. Une vie de plus ou de moins, à l’échelle du monde, ce n’est pas grand chose. Je sens ma colère qui s’apaise pour laisser place à une forme de sérénité. Mais tandis que je t’observe, je ne peux empêcher cette crainte. Tu recommenceras sans doute, et ma fureur demeurera intacte. Parce que tu me suffis, mais que l’inverse peut-être n’est pas vrai. Mes poings se crispent, pourquoi faut-il que je m’emballe de la sorte. Ce n’était pas au programme et je me déteste pour ça. Le trajet se passe en silence, les mots agonisant au rebord de mes lèvres. J’ai grand besoin de noyer ces visions et ces gestes d’un peu d’herbe, mais le moment n’est pas venu. Tu viens garer la voiture dans l’arrière-cour d’une boucherie. Tout ici, inspire et présage des horreurs qui vont suivre. Les jeunes femmes comme moi prendraient peur, ressentiraient un vague relent de nausée, une envie de prendre la fuite. Mais pas moi. Je m’avère fascinée alors que tu déposes le premier corps pour ensuite t’en débarrasser. Les gestes sont crus, le sang qui n’en finit plus de couler, sans parler des odeurs où chair humaine se mêle à celle animale. L’intime conviction qu’on ne pourra plus différencier l’une de l’autre au terme de tes actes. J’observe, je t’aide pour les deux autres. C’est si absurde, que notre enveloppe soit si chétive au fond. Que l’existence ne prenne aucun sens, à ce point. J’admire cette capacité à te débarrasser des preuves, l’acide est plutôt une bonne méthode. Tout repose dans des sacs et je vois à ton regard une envie prendre pas sur l’autre. Pas ici, pas maintenant. Parfois il est bon de ne pas répondre à la pulsion immédiatement. « Tu vas les hacher ? » Après tout, ce serait l’élimination la plus parfaite pour que plus rien ne soit détecter. Il faut bien assumer ces actes. Et j’aime cette idée qu’une existence peut-être effacée jusqu’au moindre détail, qu’on disparaisse, sans laisser aucune trace au monde.It became the too of our bleeding hearts
w/ @Devon Bulger
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