❝Nothing will drag you down❞ Charity and James.

Il s'approcha d'elle, deux tasses de thé dans les mains. Il lui en tendit une et elle le remercia d'un regard tout en s'asseyant, ramenant ses jambes vers elle tout en laissant échapper un petit gémissement. Elle prit la tasse qu'on lui tendait et la serra avec ses deux mains. Elle ne but pas immédiatement, restant un instant immobile, la tasse à quelques centimètres seulement de ses lèvres. Elle l'écouta parler. Sa voix avait quelque chose d'apaisant en cet instant, ce qui était particulièrement drôle vu que, d'ordinaire, elle n'aimait pas qu'il ouvre la bouche pour lui parler. Charity était différente ce soir là, James aussi du moins c'était ainsi qu'elle le ressentait. Comme si elle avait un nouvel éclairage sur sa vie, sur les gens qui l'entouraient. Ses certitudes étaient en train de s'effriter. Elle but une gorgée de thé. Cela la détendit, quand elle était petite elle en buvait toujours avec sa mère en fin de journées. Elle n'en buvait plus beaucoup aujourd'hui. C'était rassurant et elle se sentit mieux. Son mal de tête persistait cependant. Mais elle s'était résignée, cela ne cesserait pas brusquement. James avait raison. Elle pensait au regard des autres, en permanence. C'est vrais reconnu-t'elle. Mais au fond, tu ne crois pas qu'on le fait tous et certains davantage que d'autres ? Moi j'y pense tout le temps, je suis comme ça. Je crois qu'il y a des choses que les gens n'ont pas à savoir et je veux qu'on voit en moi une fille forte et heureuse. Qu'importe si ce n'est pas tout le temps le cas, ça ne l'est même pas souvent, si tu veux tout savoir. Elle était libérée de ce sentiment, ce besoin d'étouffer ses propres peurs, ses propres doutes. Pour quelques instants seulement car demain Charity, celle que James connaissait, serait de retour et elle regretterait beaucoup d'avoir dis tout ce qu'elle était en train d'avouer à une personne qu'elle ne connaissait pas, un garçon qu'elle pensait détester et qui la surprenait davantage à chaque nouvel instant.

Apparemment, Charity était vraiment d'humeur bavarde et déterminée à avoir de grandes discutions philosophiques. James espérait juste qu'elle n'allait pas le lui faire payer dès le lendemain. Enfin, si elle le voulait, il fallait qu'elle s'attende à ce qu'il réponde.

"C'est vrais.Mais au fond, tu ne crois pas qu'on le fait tous et certains davantage que d'autres ? Moi j'y pense tout le temps, je suis comme ça. Je crois qu'il y a des choses que les gens n'ont pas à savoir et je veux qu'on voit en moi une fille forte et heureuse. Qu'importe si ce n'est pas tout le temps le cas, ça ne l'est même pas souvent, si tu veux tout savoir."
James laissa échapper un petit rire. Il imaginait bien que c'était le cas de la jeune fille. Il pouvait voir qu'elle avait cette façade de femme forte. Ca devait être pour ça qu'elle le prenait toujours à partie quand elle le voyait agir comme bon il semblait.
"Je peux pas parler pour les autres, je peux parler que pour moi. Je sais qui je suis, je sais ce que je vaux, et si les gens cherchent pas plus loin que l'image que je projette, tant pis pour eux. Ca fait un tri, les gens qui s'arrêtent aux préjugés et les autres... " Il la regarda sans la voir, un peu perdu dans ses pensées....

Elle devait être plus amusante et supportable bourrée. Et il lui paraissait plus supportable lui aussi quand elle se trouvait être dans cet état. Si Charity avait les idées claires, elle aurait exaspérée par l'attitude de James. Il se riait d'elle après tout bien que ce ne fut pas méchant. Charity n'était pas en mesure de se disputer avec qui que ce soit ce soir. De plus, elle ne se sentait pas irritable. Etrangement, la présence de James avait quelque chose d'apaisant. Elle se sentait en sécurité alors que sans lui elle aurait ressentit le sentiment contraire, en larmes et perdue, assise dans les rues. Elle devait lui avoir fait une sacré impression, mais cette ne pouvait guère être plus négative que celle qu'il avait déjà. Il la trouvait déjà exécrable en temps normal, elle pouvait donc se permettre de se laisser un peu aller ce qu'elle ne faisait pour ainsi dire jamais. Elle but une gorgée de thé avant de baisser la tasse. Sa maladresse manqua de peu de couvrir le couvre lit de thé mais elle parvint à éviter une telle catastrophe. Ce n'est pas bien, ce que tu fais, James dit-elle brusquement. Elle l'observa en parlant, peu offusquée qu'il n'en fasse rien. Tu fais ton tri, mais ce n'est pas juste. Tu ne laisses pas aux autres l'occasion d'en faire autant, tu ne laisses pas les gens te connaître. Si j'avais vu cette facette de ta personnalité plus tôt, je crois que tout serait très différent. Elle poussa un petit soupire.

James retient son souffle quand Charity manqua de renverser le thé sur ses draps. C'est pas qu'il était précieux, mais ses draps coûtaient une fortune et il avait pas envie que Chartiy lui ruine ses draps et son thé. Ca pouvait se comprendre non?
"Ce n'est pas bien, ce que tu fais, James. Tu fais ton tri, mais ce n'est pas juste. Tu ne laisses pas aux autres l'occasion d'en faire autant, tu ne laisses pas les gens te connaître. Si j'avais vu cette facette de ta personnalité plus tôt, je crois que tout serait très différent. "
James but une gorgée de thé pour se donner du temps avant de répondre. Il voulait prendre le temps de choisir ses mots avant de lui répondre.
"Tu vois, tu me juges à nouveau. Tu juges ma façon de faire sans chercher pourquoi j'en suis arrivé là. Et moi, j'ai pas besoin de gens comme ça dans ma vie. Je connais mon parcourt, je connais mes raisons et j'ai pas envie de forcer les gens à s'intéresser à mon parcourt. J'ai pas toujours envie de savoir toute la vie des gens, et je peux comprendre que ce soit leur cas aussi. " Il rebut une gorgée, en semblant réfléchir...

Voilà que le James qu'elle pensait connaître revenait au galop. Le mal de tête de Charity s'intensifia à nouveau et elle tâcha de cesser d'y penser sinon elle allait vraiment se sentir mal. Il était énervant. Tout redevenait normal. Elle ne s'était guère trouvée agressive pourtant, quand bien même elle l'aurait voulu, elle n'en aurait pas été capable. Elle essayait d'être honnêteté mais visiblement, cela ne lui convenait pas davantage. Je ne juge pas ! Et même si je le faisais, tu ne m'en laisse pas le choix. Tu te fermes aux autres, tu te donnes des airs, mais au fond, tu n'est pas totalement toi-même. Tu peux bien rétorquer le contraire, je ne te crois pas. Si les gens te jugent, c'est car tu ne leur permets pas d'apprendre à te connaître. Moi je ne te connais pas elle parlait, parlait et ne comprenait guère ce qu'elle disait. Les mots s'échappaient de sa bouche, se déversant en un torrent de phrases. Voilà qu'elle s'était mise en colère, ou du moins, son ton ne trahissait plus l'amusement et elle avait cesser de rire. D'ailleurs, je ne vais pas t'embêter plus longtemps. Elle se leva si brusquement qu'elle manqua de s'écrouler sur le sol mais elle parvint à garder un certain équilibre. Elle tenait encore le thé, ce dont elle ne revenait tout bonnement pas et reprit la parole. Merci pour le thé, je te rendrais ta tasse et le vêtement que tu m'as prêté. Bonne nuit. Sur ce elle se dirigea vers la porte d'une démarche maladroite, la tasse tendue devant elle, sa main tremblant de colère. Elle ouvrit la porte et s'engageant dans le couloir. Elle trébuchait et alla se coller à un mur, encore très proche de la porte de la chambre de James. Elle devait se calmer.

Apparemment, elle n'avait pas trop apprécié sa dernière tirade car elle reprit la parole, mais d'une voix beaucoup plus agressive.
"Je ne juge pas ! Et même si je le faisais, tu ne m'en laisse pas le choix. Tu te fermes aux autres, tu te donnes des airs, mais au fond, tu n'est pas totalement toi-même. Tu peux bien rétorquer le contraire, je ne te crois pas. Si les gens te jugent, c'est car tu ne leur permets pas d'apprendre à te connaître. Moi je ne te connais pas. D'ailleurs, je ne vais pas t'embêter plus longtemps."
Et elle se leva brusquement, manquant de tomber et de s'ébouillanter avec le thé. James était simplement scotché. Il pensait avoir une discution honnête avec elle et voilà qu'elle s'énervait sans raison apparente. A quel moment avait-il dit qu'elle l'embêtait? Il ne comprenait plus rien et l'heure avancé ne l'aidait pas à y voir clair. "Merci pour le thé, je te rendrais ta tasse et le vêtement que tu m'as prêté. Bonne nuit."
Et elle ouvrit la porte pour partir. A ce moment-là, James réagit. Il ne pouvait pas la laisser se balader de la sorte dans les couloirs, vêtue uniquement d'un de ses t-shirt. En plus, elle n'allait surement pas retrouvé sa chambre et elle se couvrirait de ridicule quand les gens la croiserait le lendemain matin. Il la retient par le bras avant qu'elle ne parte trop loin.
"Charity, je m'excuse si je t'ai énervée, ce n'était pas du tout mon intention. Tu ne me déranges pas du tout, j’essayais juste d'être honnête avec toi. Maintenant, si tu veux effectivement partir, dis moi où il faut que je t'escorte parce qu'il est hors de question que je te laisse errer dans les couloirs dans ton etat. Sinon, l'offre tient toujours et tu peux garder mon lit pour la nuit et même écouter ce que j'ai à dire jusqu'au bout, si ça t'intéresse. "

Elle se sentit brusquement étouffée, une colère retenue jaillissant en elle, lui rendant insupportable la présence de James. C'était soudain et elle quitta la chambre avec la précipitation que lui permettait son état. Elle tremblait, Charity sortit dans le couloir, ou le froid pénétrait plus aisément. Mais sa fierté était de retour et elle ne pouvait guère juste rentrer à nouveau chez ce garçon car elle ne pouvait rien faire d'autre et car elle se sentait glacée, uniquement vêtu de ce vêtement qui ne lui appartenait pas. Elle alla s'appuyer contre un mur. Ce n'était pas intentionnel mais elle n'était guère capable de marcher sans tomber hors elle ne voulait pas se retrouver au sol une nouvelle fois. Cela ne paraissait pas envisageable et pourtant, cela allait se produire si elle persistait à faire sa gamine et a vouloir mettre de la distance entre elle et James. Il la rattrapa rapidement, ce n'était guère difficile vu qu'elle se tenait encore à deux pas de l'encadrement de la porte de la chambre du jeune homme. Elle l'écouta sans tourner son visage vers lui. Elle ferma les yeux. C'est rien, c'est moi, je fais... N'importe quoi. Et je ne vais jamais trouver ma chambre donc oui, je vais accepter ta proposition et dormir chez toi mais je me lèverais tôt demain, promis. Il était suffisamment poli pour feindre le contraire mais elle ne doutait pas être de particulière mauvaise compagnie cette nuit-là. Elle ne voulait pas s'imposer mais elle n'avait pas d'autres choix. Charity tâcha de retrouver un certain équilibre et essaya d'atteindre à nouveau la porte. Et je t'écouterais parler. Dit-elle avant de se concentrer sur sa démarche.

Charity n'avait pas été très loin. L'alcool ne devait pas aider, elle ne devait certainement pas se souvenir de la location de sa chambre. C'était tant mieux pour James, ça lui évitait de lui courir après dans les couloirs et de réveiller la moitié de la Quincy House. Elle l'écouta même sans rien dire, jusqu'à ce qu'il est fini.
"C'est rien, c'est moi, je fais... N'importe quoi. Et je ne vais jamais trouver ma chambre donc oui, je vais accepter ta proposition et dormir chez toi mais je me lèverais tôt demain, promis. Et je t'écouterais parler."
Franchement, elle s'étonnait qu'il s'ouvre pas, elle le lui reprochait même, mais quand James le faisait, elle l'envoyait chier. C'était assez contradictoire non? En tout cas, ça confortait James dans son idée qu'il valait mieux faire un premier tri des gens et de laisser sa terrible attitude le faire.
Il guida Charity à l’intérieur et la laissa s'installer, réfléchissant à ce qu'il allait dire à la jeune femme. Après tout, elle avait dit qu'elle l'écouterait, fallait juste trouver quoi lui dire.
"J'ai pas mal changé, dans ma vie. J'étais pas comme ça avant. Mais se dévoiler au premier venu, ça peut faire très mal. Alors j'ai préféré être plus "sélectif", si tu vois ce que je veux dire. Et ça me convient, même si je passe peut-être à côté de personnes génial. Je dis pas que ma "méthode" est parfaite, mais c'est comme ça. "

Elle s'était brusquement mise en colère car elle était épuisée et si elle feignait de n'avoir rien à faire de ce que James pouvait bien penser d'elle, elle s'était sentie vexée, réceptive à ses commentaires et particulièrement irritable. Elle voulait retrouver sa chambre, son lit. Elle se sentait vulnérable, elle l'était tout bonnement. Elle n'était pas capable de marcher, un malaise grandissait en elle dès qu'elle avait le malheur de faire un pas, de mettre un pied devant l'autre. Ses souvenirs étaient brumeux, elle avait perdue toute certitude, toute confiance. Son arrogance éteinte mais rejaillissant par moment était un trait de son caractère qui persistait en dépit de la situation. Elle avait beau être épuisée, Charity n'était pas capable de se résoudre à se taire pour s'endormir. Elle avait pourtant tant besoin de sommeil, elle était stupide de s'accrocher ainsi. Il fallait qu'elle se détende et qu'elle se repose, mais elle rétorquait toujours. Peu être car cet instant était étrange. Elle n'avait eu jamais eu une telle discussion avec James. Elle ne se souviendrait de rien le lendemain, à l'inverse du garçon ce qui rendait la situation risible et pourtant elle ne pouvait pas se résoudre à se taire. Il l'aida à regagner la chambre. Charity se tenait aussi droite qu'elle le pouvait. Elle croisa ses bras contre elle et se laissa tomber sur le lit. Elle écouta James parler. Silencieuse, elle observait le plafond de la pièce. La vie nous influence. Je n'ai pas toujours été aussi fausse dit-elle. Elle ne s'était jamais qualifiée ainsi, mais elle n'en avait jamais penser beaucoup moins. Mais il fallait que je protège mon frère et le reste, ça ne comptait pas. J'imagine que je suis une menteuse, je mens à tout le monde. Elle laissa échapper un petit éclat de rire plein amertume.

Il pouvait voir que Charity était épuisée, qu'elle ferait mieux de se taire et de s'endormir. Mais apparemment, elle ne voulait pas laisser tomber la discution. Peut-être n'aurait-il pas du lui proposer de continuer à parler. Peut-être aurait-il du simplement la ramener et la laisser se coucher. Mais ce qui était fait est fait et il ne servait à rien de se poser toutes ses questions. En tout cas, elle l'écoutait avec attention.
"La vie nous influence. Je n'ai pas toujours été aussi fausse. Mais il fallait que je protège mon frère et le reste, ça ne comptait pas. J'imagine que je suis une menteuse, je mens à tout le monde."
A nouveau, elle semblait se confier à lui. Dire qu'il en était étonné était en dessous de la vérité. Et surtout, il ne s'attendait pas au contenu de ses révélations. Elle toujours si forte et sur d'elle se qualifiait maintenant de fausse et menteuse. Il était un peu mal à l'aise, et pas très sur de ce qu'il devait faire ou dire.
"C'est pas parce qu'on ment qu'on est une mauvaise personne. On peut mentir pour de bonnes raisons. Je suis sur que si tu le fais, c'est parce que tu penses que c'est le mieux à faire. Au final, on ment tous, que ça soit de petit ou de gros mensonges. Mais l'important, c'est de savoir soi-même qui on est. Et toi, tu sais qui tu es? "
Il passa une main sur son visage, dans un geste presque tendre. On pouvait se définir de tellement de façon différentes, mais au fond de soi, on sentait la différence entre la personne qu'on était et celle qu'on montre aux autres. James, par exemple, était très différent du connard sans coeur pour lequel il se faisait passer. Il le savait, bien que parfois il se pose la question de savoir si ce rôle ne devient pas ça véritable personnalité.